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Jacques Bernier, rencontre d'un donateur

Entrevue avec Jacques Bernier, donateur à la Bibliothèque
Professeur retraité du Département des sciences historiques de l'Université Laval

Entrevue réalisée par Katie Lepage, directrice au développement philanthropique de la Bibliothèque
Octobre 2022

C’est avec beaucoup de plaisir que j’ai eu l’occasion de m’entretenir dernièrement avec M. Jacques Bernier au sujet du Fonds de développement de la Bibliothèque de la Fondation de l’Université Laval. Contribuant à ce fonds depuis 41 ans, Monsieur Bernier a dernièrement reçu le titre de chevalier du Cercle de la rectrice. J’étais donc désireuse de connaître les raisons pour lesquelles il est important, à ses yeux, de contribuer à ce fonds.

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D’abord, dit-il sans hésitation « je donne à ce fonds parce que la bibliothèque est essentielle à l’université. Il n’y a d’université sans bibliothèque. Il n’y a pas de grande université sans grande bibliothèque. Les bibliothèques sont la mémoire de l’humanité. Comme le disait Hermann Hesse, sans l’écrit, sans les livres et sans les bibliothèques, l’histoire n’existe pas, pas plus que le concept d’humanité ».

Dans cet esprit, il donne à la Bibliothèque pour qu’elle puisse notamment continuer à accroître, de façon plus marquée encore, ses ressources en histoire de la médecine et de la santé, un champ de recherche encore jeune. Car, à son avis, on cherchera de plus en plus à savoir d’où viennent nos institutions, nos connaissances, nos croyances et nos pratiques dans ces domaines, et les raisons pour lesquelles elles se sont développées de telle ou telle façon. Dans un contexte où la santé devient un objet de préoccupation de plus en plus important, il est nécessaire que la Bibliothèque soit bien équipée et que les étudiants et les étudiantes, ainsi que les chercheurs et les chercheuses puissent y trouver toute la documentation nécessaire pour répondre à leurs questions et à celles de la société. Tout en abordant ce sujet, il me recommande chaudement un livre qui l’a marqué : Pensées pour moi-même de Marc-Aurèle, un philosophe de l’Antiquité.

Sur un autre plan, Monsieur Bernier pense qu’il faut aussi donner au Fonds de la Bibliothèque pour que l’édifice central (le pavillon Jean-Charles-Bonenfant) devienne, dans le prolongement des travaux réalisés au deuxième et au quatrième étage, un lieu plus invitant et plus vivant. C’est du reste avec des étoiles dans les yeux qu’il me parle de la nouvelle British Library, rue Euston à Londres. Cette bibliothèque est toujours un lieu destiné avant tout aux chercheurs, mais elle s’est agrandie et modernisée en se rapprochant aussi du public. En effet, au rez-de-chaussée, on a aménagé un bel et grand espace où quiconque peut venir y écouter une conférence, voir une exposition, acheter un livre ou un souvenir, et y déguster un excellent café.

Je voudrais aussi vous dire un mot de l’homme. Monsieur Bernier a fait ses études primaires dans sa ville natale, Normandin, une petite localité au nord du Saguenay—Lac-Saint-Jean. Il est ensuite passé au cours classique, cours qu’il a terminé au Séminaire de Chicoutimi en 1966. Dans le cadre du cours de philosophie donné par l’abbé Jean-Paul Tremblay, Monsieur Bernier se souvient d’avoir fait une lecture fascinante sur le développement de la méthode scientifique en médecine au 19e siècle. Il s’agissait du livre du physiologiste Claude Bernard, Introduction à l’étude de la médecine expérimentale. Passionné d’histoire et attiré par l’enseignement, il s’est inscrit cette année-là à la Faculté des lettres de l’Université Laval. Il a obtenu la licence en 1969 et la maîtrise en 1971.

Par la suite, Monsieur Bernier a pris une année de pause pour aller travailler et améliorer son anglais à Toronto. C’est là, comme préposé aux malades dans le plus vieil hôpital psychiatrique de la ville, le Queen Street Mental Health Center, qu’il a commencé à manifester de l’intérêt pour l’histoire de la médecine. Cette même année, il est aussi devenu correcteur dans le cours d’introduction en histoire du Québec que donnait alors l’historien Jean-Pierre Wallot à l’Université de Toronto.

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Lancement du livre avec M. Dion des Presses de l'Université Laval et Jean de Bonville

Grâce à une bourse du Conseil des arts, il est ensuite parti à Paris où il a fait, à l’École Pratique des Hautes Études, un mémoire sur l’hôpital de Bicêtre au 18e siècle qu’il a terminé en 1975. Puis, attiré par l’histoire de la médecine et de la santé au Québec, il s’est inscrit à l’École des hautes études en sciences sociales pour réaliser un projet de recherche sur les origines de la profession médicale au Québec. Soutenue en 1987, sa thèse a été publiée en 1989 aux Presses de l’Université Laval, sous le titre La médecine au Québec : naissance et évolution d’une profession.

À son retour au pays, Monsieur Bernier a occupé divers postes en histoire des sciences et des techniques. Il a d’abord été assistant de recherche pendant une année au Musée de l’Homme à Ottawa (aujourd’hui « Musée canadien de l’histoire »), dans le cadre d’un projet d’exposition sur les artisans du bois à Québec, au début du 19e siècle. De 1976 à 1978, il a été assistant de recherche et chargé de cours en histoire des sciences à l’Institut d’histoire et de sociopolitique des sciences de l’Université de Montréal.

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Jacques Bernier et Claude Galarneau

C’est à la suite de ce parcours que Monsieur Bernier est devenu, en mai 1978, professeur au Département des sciences historiques de l’Université Laval. Depuis, il cherche à approfondir l’histoire de la médecine et de la santé au Québec en donnant des cours, en dirigeant des étudiants à la maîtrise et au doctorat, en contribuant à la mise au point d’instruments de recherche, en écrivant des biographies médicales pour le Dictionnaire biographique du Canada et en faisant des recherches sur l’histoire des maladies. Son livre sur la tuberculose, l’une des principales causes de décès au cours des deux derniers siècles, a été publié en 2018 aux Presses de l’Université Laval et a pour titre Médecine et idéologies. La tuberculose au Québec, XVIIIe-XXe siècles. Monsieur Bernier a aussi collaboré au Bulletin canadien d’histoire de la médecine, en plus de présider la Société canadienne d’histoire de la médecine, de 1995 à 1997. Il a été chercheur invité en histoire de la médecine à l’University of British Columbia (1984-1985), à l’University of Cambridge (1991-1992), et professeur invité élu à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (automne 1999). Il a aussi été membre du Comité du programme du Congrès annuel de l’American Association for the History of Medecine à deux reprises, soit en 1998 et en 2007.

Monsieur Bernier est indéniablement un homme actif, en forme et il a manifestement à cœur l’avenir de l’Université Laval.

Comme lui, vous aimeriez contribuer à l’un des fonds de la Bibliothèque? C’est par ici : https://www.ulaval.ca/fondation/donner/interets/bibliotheque/