Un guide spirituel discret

Jacques Grand'Maison


Début du chapitre

NOTES


Je voudrais pourtant que ma discrétion
ne masque ni mes angoisses ni ma certitude 1.

Dans le cadre de la thématique culturelle de cet ouvrage, je vais tenter de montrer comment Fernand Dumont a conjugué les deux dimensions de la culture –milieu et horizon – autant par sa vie et ses engagements que par sa pensée et son écriture. Je le ferai en privilégiant son univers spirituel, symbolique, éthique profondément marqué par sa fine intelligence critique de la tradition chrétienne sans cesse confrontée à l'altérité de la modernité séculière, laïque. Bien au-delà des considérations épistémologiques, la plupart des cultures ont à l'horizon de leur parcours, des représentations, des croyances, des métagarants ouverts sur une transcendance.

À tort ou à raison, je pense que ce fond de scène est important pour soupçonner, chez Dumont, la profondeur aussi bien existentielle qu'intellectuelle du rôle joué par la « référence » dans sa compréhension de l'histoire, de la culture, de la religion et de l'aventure humaine elle-même. La question toujours aussi vive de la foi et de la raison est un des aspects les plus intéressants de son itinéraire de vie et de pensée. Sous un mode narratif, je vais tracer ici des jalons de cet itinéraire dont j'ai été à la fois témoin et bénéficiaire reconnaissant. Dumont a été pour moi, comme pour bien d'autres, un guide intellectuel et spirituel aussi discret que précieux.

Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, j'étais membre actif de la Jeunesse étudiante catholique (JEC) au collège. Nous remettions en cause bien des choses de la chrétienté cléricale, de l'éducation qu'on nous transmettait sous forme d'un héritage tout fait, à reproduire intégralement sans la moindre distance critique. Déjà, à cette époque, Fernand Dumont était une de nos principales sources de réflexion et d'accès à la culture moderne.

Des centaines d'étudiants de l'époque le lisaient dans les périodiques de la JEC. Avec lui, nous avons vécu une sorte d'initiation parallèle non seulement aux nouveaux courants de pensée contemporains, mais aussi à d'autres façons d'interpréter et de vivre une tradition spirituelle autrement plus riche et diversifiée que ne le laissaient entendre nos éducateurs du temps. Combien d'ouvrages passionnants de littérature, de philosophie j'ai lus grâce à cette initiation d'un aîné que je ne connaissais pas personnellement à cette époque. Il m'a incité à lire des penseurs d'inspiration chrétienne dont mes maîtres ne parlaient jamais. Comme croyant, j'étais fasciné par le souffle prophétique et libérateur de la foi intelligente d'un Dumont aussi à l'aise dans l'analyse de ses sources que dans le procès d'une certaine chrétienté par une culture moderne à laquelle je tenais tout autant.

Dumont, à distance, marquait mon propre projet vocationnel où je voulais contribuer au façonnement d'une société autre, d'une Église autre, sans pour cela couper mes racines historiques, culturelles et religieuses dont il m'avait révélé les richesses à décanter avec liberté d'esprit et discernement. Liberté dont il témoigne jusque dans ses oeuvres récentes, telle sa magnifique fresque de la Genèse de la société québécoise. En lisant cet ouvrage remarquable, je me disais qu'il l'avait déjà écrit par toute sa vie. Son point de départ biographique en est la plus belle illustration, avec cette discrète touche d'effacement de l'ego comme l'on trouve chez les meilleurs guides intellectuels et spirituels.

Dumont se sait de filiations qui viennent de plus loin que lui et qui vont bien au-delà de sa vie, de sa pensée et de sa foi. Mon compagnonnage avec lui depuis 40 ans m'en a convaincu. Oui, je dis bien compagnonnage, parce que dès les années 1950, j'ai eu le bonheur de croiser sa route dans un projet important de son itinéraire et du mien. Je pense qu'il est d'intérêt pour le lecteur de connaître cet épisode majeur et hélas! peu connu, de l'itinéraire de Dumont.

Au milieu des années 1950, les responsables pastoraux du diocèse de Saint-Jérôme ont fait venir une équipe de chercheurs de l'Université Laval sous la conduite de Fernand Dumont et Yves Martin pour entreprendre une étude de développement régional. C'était une première en Amérique du Nord. Une étude sur six régions fort diversifiées du Québec2: région banlieusarde du grand Montréal métropolitain ; région industrielle de Sainte-Thérèse ; région rurale (aujourd'hui Mirabel) ; région tertiaire de Saint- Jérôme ; région d'arrière-pays sous-développé de Lachute ; région touristique des Laurentides.

Ces régions constituent le territoire du diocèse de Saint- Jérôme. Or, ce sont précisément les responsables de ce diocèse qui avaient invité l'équipe Dumont-Martin. L'intention première était de mieux cerner, sur un terrain plus circonscrit, l'évolution de la société et de l'Église, des mentalités et des structures dans une perspective de réformes pertinentes aussi bien dans le champ séculier que dans le champ religieux, et cela, avec les forces vives de divers milieux. Une sorte d'anticipation de la Révolution tranquille des années 1960, même si les artisans de cette recherche-action ne pouvaient prévoir ce grand bouleversement de l'ensemble du Québec. Tout au plus, cette aventure en était un bien modeste jalon. Mais pour nous, de ces régions ciblées et du diocèse, ce fut le commencement d'un long cheminement dans lequel notre propre recherche s'inscrit. Voyons-en sommairement la trame.

L'étude Dumont-Martin, par son approche séculière, opérait une première rupture, un premier déplacement, à savoir non pas d'abord l'Église, mais les milieux humains dans lesquels l'Église avait à se redéfinir, selon sa mission propre, mais aussi avec un souci de service à la collectivité. Dans la foulée de l'équipe Dumont-Martin et des leaderships laïcs et religieux qui y ont travaillé, la pastorale elle-même allait se renouveler en fonction des six pôles régionaux et de leurs propres enjeux humains. Encore ici, ce fut une première en Amérique du Nord. Nous soulignons pareille chose non pas dans un esprit de gloriole, mais pour marquer l'apport inestimable de Fernand Dumont, à un tournant important de notre histoire récente.

Durant les années 1960, nos routes se croisent à nouveau, dans un autre projet collectif qui, lui aussi, a besoin d'être mis en perspective dans le contexte historique du temps. Pendant que les évêques redéfinissaient l'Église, au Concile Vatican II, une société nouvelle plus laïque commençait à prendre corps ici, au Québec, dans le cadre de la Révolution tranquille. Pressés de transmettre les réformes pensées dans la lointaine Rome, les responsables pastoraux n'ont pas su prendre la mesure des changements qui s'étaient produits dans notre propre société. Cet écart a tôt fait de précipiter une double crise: dans l'Église et dans ses rapports à la société. Un peu comme si l'Église et ses acteurs ne savaient plus quels rôles jouer dans un nouveau contexte où l'institution elle-même ne définissait plus les règles du jeu, n'aménageait plus le terrain.

Il aurait fallu repenser la foi chrétienne dans les nouvelles conditions séculières. Les lointains repères de Vatican II, aussi renouvelés fussent-ils, ne pouvaient rencontrer les requêtes d'une nouvelle pertinence de la foi chrétienne dans un type de sécularisation bien spécifique. Le Concile avait peu abordé le phénomène de la sécularisation, et cela, en dépit de ce que bien des théologiens en disent. Dans nos milieux d'Église au Québec, à ce moment-là, nous comprenions mal les causes de l'effondrement de la chrétienté québécoise. Effondrement qui pourtant se préparait surtout depuis la dernière guerre mondiale où à la faveur d'une nouvelle prospérité les mentalités remettaient en cause la religion austère d'hier, son moralisme étroit et rigide, ses reports du bonheur dans l'au-delà de la terre, cette vallée de larmes. Le triomphalisme ecclésial des années 1950 (pensons au cardinal Léger, première manière!), et celui du Concile ont occulté le travail souterrain d'une nouvelle conscience critique chez beaucoup de gens de divers milieux.

C'est au sein du laïcat de l'Action catholique que s'est exprimé ouvertement ce contentieux au milieu des années 1960. Les évêques décidèrent alors de mettre en place une commission d'enquête sur la situation des laïcs dans l'Église. Fernand Dumont en fut le président et le maître d'oeuvre. Cette fois, j'ai travaillé avec lui d'une façon beaucoup plus étroite et suivie, pendant quatre ans. Notre recherche a tôt fait de l'élargir à la situation de l'Église elle-même et plus largement au catholicisme d'ici, et cela, dans toutes les régions du Québec. Il y a longtemps que cette entreprise aurait dû être faite, si tant est que notre diagnostic évoqué plus haut ait une quelconque pertinence. Notre rapport débouchait sur une sécularité chrétienne au moment où l'institution ecclésiale se repliait de plus en plus sur le terrain religieux, à l'intérieur de ses murs, dans ses réformes internes. Les orientations que Dumont privilégiait n'ont pas passé cette rampe. Notons ici qu'elles sont aujourd'hui encore plus impératives justement à cause de fortes tendances centripètes qui pourraient faire régresser l'Église à la condition de secte, sur un fond nostalgique de chrétienté perdue. Ajoutons à cela d'énormes problèmes de survie de l'institution, mais le laïc Dumont ne baisse pas facilement les bras, comme nous le verrons un peu plus loin. Ses fidélités à son peuple, à sa foi, à ses filiations historiques sont aussi profondes que ses attachements aux valeurs de la modernité et ses résolutions d'ouvrir de nouveaux chemins d'avenir.

Ouvrons ici une parenthèse sous le signe de l'humour. Lors d'une audience publique de la commission à Gaspé, un vieux pêcheur se lève et m'apostrophe: « Je veux parler au prêtre qui est à côté de monsieur Dumont. Si je comprends bien, quand l'Église allait bien, elle vous appartenait à vous les curés, maintenant qu'elle va mal, vous venez nous dire qu'elle nous appartient. » J'entends encore l'éclat de rire légendaire de Fernand Dumont. Il se bidonnait avec toute la fibre de ses profondes racines « populaires » qu'il n'a jamais cessé d'enrichir. Avec quelle empathie et complicité je l'ai vu écouter respectueusement et soigneusement les gens les plus humbles et cela pendant tant d'années. Il n'a jamais dissocié les deux types de culture qu'il a si bien analysés dans son beau livre: Le lieu de l'homme. Fibre que l'on retrouve dans ses ouvrages les plus savants, tel celui de L'anthropologie en l'absence de l'homme où il pousse beaucoup plus loin sa fine analyse des deux cultures, dans leur dialectique de distance et de proximité. En termes simples, le savant et l'homme du peuple, le laïque et le croyant n'ont cessé de dialoguer en lui et dans son rapport aux autres. Dumont portait son attention jusqu'au coeur de la pratique sociale. Par exemple, lorsqu'il s'en prenait à un certain professionnalisme qui prétend instituer la condition humaine sans la parole, l'expérience et la conscience de ceux qu'il prétend servir. La trahison des clercs prend bien des formes et visages, n'est-ce-pas? Fin de la parenthèse.

Au cours des années 1970, j'ai continué à oeuvrer avec lui à la revue Maintenant. Dumont y a poursuivi ses desseins les plus chers avec une équipe qui n'a cessé de conjuguer sans les emmêler les enjeux les plus cruciaux de la société et de l'Église. Les collaborateurs de l'équipe étaient d'options fort diversifiées, et certains étaient très loin de notre univers religieux. Nous avons vécu ensemble une aventure passionnante qui préfigurait en petit le Québec moderne, pluraliste que nous rêvions et, pour nous croyants, le christianisme que nous voulions vivre. La revue Maintenant a exercé, à cette époque, une influence modeste, mais indéniable. Ce fut un des lieux pour poursuivre le travail de la commission dont j'ai parlé plus haut. Nous étions des chrétiens qui refusaient de rester entre eux et de revendiquer un quelconque monopole culturel, religieux ou moral de la vérité. Dumont y tenait fermement.

Au tournant des années 1980, Dumont mettait en marche une nouvelle équipe de travail sur l'avenir du catholicisme d'ici, et cela, malgré ses énormes tâches séculières à l'Université Laval et à l'Institut québécois de recherche sur la culture dont il fut longtemps le directeur. Là aussi, j'étais de la partie, de son espérance têtue, de sa persévérance aussi constructive que critique. Sans statut officiel dans l'Église, Dumont ne cessait d'être pour beaucoup de chrétiens québécois un guide spirituel pour repenser et renouveler leur foi. À point nommé, il refaisait surface de bien des façons. Je pense à son récent doctorat en théologie publié chez Fides: L'institution de la théologie, Dumont y soulève une question qui déborde la théologie elle-même et concerne les sciences humaines.

Certains esprits laïques ont peine à comprendre que Dumont puisse avoir une entière liberté intellectuelle, à cause de sa foi et de ses présupposés théologiques. C'est ce que laissait entendre à mots couverts le sociologue Lucien Goldmann dans sa préface à un livre de Dumont: La dialectique de l'objet économique. Dans son ouvrage sur l'institution de la théologie, Dumont propose une problématique qui le situe très bien comme scientifique et croyant. Je pense qu'elle intéressera le lecteur:

La théologie dépend dès son origine d'une référence toute formée. Elle se reporte à une communauté rassemblée par la foi, à une Écriture qu'elle ne confond pas avec un recueil documentaire, à un magistère apte à définir, à une Tradition qui influe sur la logique de son propre développement. [...] Nulle autre science, dira-t-on, n'accepte pareil impératif au seuil de ses investigations. Cela ne suffit-il pas à disqualifier ses prétentions scientifiques, quelles que soient par ailleurs ses homologies avec d'autres disciplines? Ce soupçon, ce procès ne doit pas être écarté sans précautions. Car il se pourrait que là résident effectivement l'intérêt, le défi de la théologie pour une plus vaste épistémologie des sciences humaines3.

Dumont commence par rappeler ici que la culture dont proviennent les sciences humaines ne leur soumet pas une matière informe qui laisserait entière liberté aux constructions du savoir:

Les phénomènes humains ont ceci de singulier d'être à double fond, pour ainsi dire. Ce sont des données évidemment, mais des données interprétées par des sujets, des consciences. Au surplus, ces interprétations sont inscrites dans des oeuvres, des institutions, des pratiques. À ces interprétations, le scientifique participe; sans quoi elles lui seraient incompréhensibles. Ces oeuvres, ces institutions, ces pratiques, ce sont des théories d'avant la théorie: des modèles d'intelligibilité des réalités humaines dont on rend compte en respectant leur nature. Les données que considère le scientifique sont déjà une référence4.

Dumont ajoute une deuxième considération. « Toutes les sciences, particulièrement les sciences humaines, ne se réduisent pas à un ensemble de théories et de méthodes5. » Dans plusieurs de ses ouvrages, il a débusqué ce que souvent elles cachaient, qu'il s'agisse de postulats non avoués ou non explicités critiquement, qu'il s'agisse de croyances et d'idéologies6. Pensons à la « contrainte », chez Freud; au « travail », chez Marx ; à la « structure », chez Lévis- Strauss ; à « l'épistémè », chez Foucault. Ces présupposés sont des idéologies scientifiques de l'ordre de la référence. Un peu comme ce que l'on reproche à la théologie. « Ce qui est ainsi dissimulé, la théologie le met abruptement au jour7. »

Si les sciences de la culture n'existent pas sans la médiation des idéologies, elles renvoient à ce qu'il faut bien appeler des croyances. Les conflits qui les animent ne relèvent pas uniquement de la logique des théories ou de la précision des méthodes. Mais ce serait trop peu dire que la théologie, elle aussi, est tributaire de croyances de cette espèce. Pour elle, la foi n'est pas un parti pris de départ, elle est au commencement et à la fin de son travail. Bien plus, la théologie ne confond pas la croyance avec la foi ; au nom de celle-ci, elle se fait critique de celle-là. [...] C'est que la théologie est une attitude envers la raison. Loin de lui interdire quelque espace réservé, elle la provoque, en une polémique encore, à s'ouvrir à un plus vaste exercice8.

J'aurais ici le goût de taquiner mon ami Fernand sur sa clé maîtresse qu'est la référence dans ses ouvrages depuis plus de vingt ans. Je pense, par exemple, à sa typologie de la communauté où il distingue les communautés d'appartenance, d'intégration, de référence. Celle- ci semble toujours la meilleure clé. Comme disait un de mes vieux professeurs, il y aurait une bonne thèse de doctorat à faire sur cela. Dans son ouvrage Le sort de la culture, Dumont révèle la fine pointe critique, peut-être, de la vertu qu'il accroche à la référence. Il s'agit de son chapitre sur la situation de l'éthique. Je pense que cette longue citation vaut la peine d'être rapportée ici:

Pour que les hommes refusent ce qui ferait de la morale l'une des pièces d'un mécanisme social convenablement régi par la régulation, pour qu'ils consentent au dialogue quant à leurs morales par provision, ne leur faut-il pas admettre un principe, certain celui-là: qu'ils sont tous sous la dépendance de quelque valeur fondamentale et qu'ils ne sauraient s'approprier comme un objet de manipulation et de domination. Encore une fois, je ne dis pas que cette transcendance doit prendre le nom du Dieu du christianisme ou d'un autre Dieu. La transcendance est d'abord sans nom ; il n'est pas indispensable à l'éthique de la nommer. Il lui suffit de proclamer que toute personne, quelle qu'elle soit, en représente l'irremplaçable figure, et que, au nom de cette seule raison, chacun d'entre nous convoque à une communauté de personnes, à une communauté éthique9.

Je suis enclin à me rendre à ce raisonnement surtout dans le contexte de nos sociétés occidentales positivistes avec leurs systèmes dont l'idéologie est leur propre fonctionnement, pour rependre un diagnostic d'Habermas. Mais cette fois, je suis Dumont à mon corps défendant, car on a commis bien des crimes au nom d'une transcendance. Mais, le procès demeure: peut-on faire une société qui tienne sans transcendance? Question qui concerne tout aussi vivement la sociologie, la philosophie et la théologie, la morale aussi bien que la religion et que dire de la politique! L'histoire nous enseigne que toutes les sociétés ont eu des métagarants. Et plusieurs esprits laïques commencent à s'inquiéter de leur effacement dans les nôtres en Occident. Dumont qui est de toutes les disciplines précitées a posé le problème avec lucidité et à- propos.

Mais je ne puis terminer cet hommage sur une note aussi sèche. Je sais trop la simple et profonde humanité de cet être que j'aime et admire. À témoin cette interpellation qu'il lançait récemment à son Église:

Nous nous retrouvons devant une crise de l'expérience chrétienne en ce sens que la culture, les modes de vie, l'évolution des moeurs sont devenus progressivement étrangers à la foi. [...] Il me semble que ce dont nous avons vraiment besoin est moins d'une réflexion sur ce qui ne marche pas dans l'Église que d'une réflexion sur le christianisme lui-même. Plus que rappeler des vérités chrétiennes, il nous faut questionner de l'intérieur cette évolution des moeurs, des idéaux qui nous sont proposés. [...] Les chrétiens d'aujourd'hui sont des hommes et des femmes le plus souvent déchirés, bouleversés, vivant dans un monde où tout est sans cesse remis en cause. Est-ce que dans l'Église transparaît quelque chose du tragique de cette situation?

Voilà exprimée avec une belle liberté d'esprit et une fine fibre d'humanité, la foi de ce savant croyant qui n'a écarté aucune de ses filiations historiques, culturelles et spirituelles. Il leur a donné une intelligente fécondité et un solide élan de renouvellement. Sur l'horizon d'une espérance à la fois inculturée et transcendante.

NOTES

CIBLE.GIF1. Fernand Dumont, Pour une conversion de la pensée chrétienne, Montréal, HMH, 1964, p. 10.

CIBLE.GIF2. Fernand Dumont et Yves Martin, L'analyse des structures sociales régionales, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1963.

CIBLE.GIF3. Fernand Dumont, L'institution de la théologie, Montréal, Fides, 1987, p. 281-282. Voir aussi son essai précurseur: Pour une conversion de la pensée chrétienne.

CIBLE.GIF4. Ibid., p. 282.

CIBLE.GIF5. Ibid.

CIBLE.GIF6. Fernand Dumont, Les idéologies, Paris, Presses universitaires de France, 1974 et La dialectique de l'objet économique, Paris, Anthropos, 1970.

CIBLE.GIF7. Fernand Dumont, L'institution de la théologie, p. 283.

CIBLE.GIF8. Ibid.

CIBLE.GIF9. Fernand Dumont, Le sort de la culture, Montréal, L'Hexagone, 1987, p. 198.


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