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Suisse

En dehors de la France où l’Institut des Frères des écoles chrétiennes a été fondé en 1680, et de l’Italie où les frères étaient présents à Rome depuis 1702 pour des raisons religieuses – Jean-Baptiste de La Salle marquait ainsi son attachement au siège du catholicisme – la fondation d’une première maison à Estavayer en Suisse en 1750 marque le début de l’expansion internationale de l’Institut des Frères des écoles chrétiennes.

En ce milieu du XVIIIe siècle, l'institut des Frères des écoles chrétiennes était déjà bien structuré et établi solidement en France. Le roi Louis XV avait accordé des lettres patentes en 1724 et le pape Benoit XIII avait approuvé cet institut par une bulle en1725. Entre 1719, date de la mort du fondateur, et 1750, 72 nouvelles maisons ont été ouvertes en France. La structuration administrative interne avait abouti à la création en 1771 de trois provinces.

Par ailleurs on sait que « L’accroissement du nombre des écoles tenues par les Frères entre 1726 et 1751 a participé au progrès de la scolarisation en France, durant la même période. Les deux pôles principaux d’implantation des écoles des frères, Nord et Sud-Est, correspondent aux régions où les progrès de l’alphabétisation ont été les plus sensibles durant la même période ». (Henri Bédel, Initiation à l’histoire de l’institut des Frères des écoles chrétiennes – XVIIIe siècle – 1726-1804, 1997, p. 55).

L'institut des Frères des écoles chrétiennes avait donc déjà acquis une certaine réputation et il n'est donc pas tellement surprenant qu'on en ait entendu parler à Estavayer et que les autorités de cette ville aient fait appel aux membres de cet institut pour diriger leur école de garçons.

Quel intérêt représente l’ouverture de communautés de l’institut d’abord à Estavayer (1888) et ensuite à Fribourg-ville (1933)? Cela tient à ce que les noms de ces deux localités sont entrés très tôt dans l’histoire de l’institut des Frères des écoles chrétiennes.

Pourquoi Estavayer? Parce que durant la révolution française, cette maison a continué à faire partie de la structure officielle de l’institut, reconnue par l’église, alors qu’il avait été légalement supprimé en France par la loi du 18 août 1792.

Pourquoi Fribourg-ville? Parce que le premier biographe de Saint Jean-Baptiste de La Salle - Frère Bernard Dauge - est né à Fribourg (Suisse) le 24 juin 1697. Il est entré dans l’institut des Frères des écoles chrétiennes au mois de mars 1713. Suite à toutes sortes de difficultés, son oeuvre biographique ne put être publiée. De tout son travail, il ne reste qu’un court manuscrit de 86 pages et qui ne couvre que la période de 1651 à 1688 de la vie de J.-B. de La Salle.

Au cours des XIXe et XXe siècles les Frères des écoles chrétiennes sont non seulement revenus temporairement à Estavayer, mais ont œuvré à Genève dans trois écoles paroissiales (écoles St-Germain, Plainpalais et Notre-Dame); dans le canton de Fribourg (Châtel-Saint-Denis, Attalens, Rue, Fribourg-ville, Montet (Broyce), Drognens); dans le canton de Vaud (Rolle et Vevey); en Valais (Vionnaz); à Neuchâtel; à Immensee (Schwyz); à Knutwil (Lucerne) et à Zurich. Des communautés se sont ouvertes et fermées: certaines fondations ont été plutôt temporaires, d’autres ont duré. Depuis 1863 les frères sont à Neuchâtel. Les oeuvres dans lesquelles les frères établis en Suisse se sont engagés, ont été fort variées: écoles primaires et secondaires, maisons de rééducation, orphelinats, école de langue, centre thérapeutique pour toxicomanes, aumônerie de prison et également un centre d‘accueil spirituel.

Des citoyens suisses se sont sentis appelés à la vocation de Frères des écoles chrétiennes. Ils n’ont jamais été très nombreux à la fois. Si par la suite certains ont changé d’orientation, d'autres sont morts Frères des écoles chrétiennes. Parmi eux il y en a qui ont servi en dehors de la Suisse: en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie, au Canada, au Mexique, à Cuba, en Éthiopie, en Inde, au Pérou, au Rwanda, au Kenya et en Guyane française.

Actuellement les communautés religieuses actives du monde occidental vivent une diminution numérique importante. La relève fait cruellement défaut. Il n'en va pas autrement chez les Frères des écoles chrétiennes. Quelque chose se meurt. Le passé est le passé. Mais ce passé a été une richesse et révèle une dynamique. Le charisme lasallien est toujours vivant comme le montre à l’évidence le livre intitulé « Je veux aller dans ton école » du frère Nicolas Capelle paru en 2006 et les travaux des Assemblées internationales de la mission éducative lasallienne qui se sont tenues à Rome en 2006 et 2013 avec à chaque fois 140 délégués du monde entier, dont 60% étaient des laïcs.

Pendant plus de deux siècles, on peut dire que les Frères se sont suffi; à eux-mêmes, ouvrant et animant une multitude d’écoles, de pensionnats et oeuvres éducatives de différents types. Leur nombre a beaucoup augmenté. Aujourd’hui nous sommes moins nombreux et notre vision et notre fonctionnement ont changé. « L’école des Frères » est devenue « l’école lasallienne », changement de terminologie significatif. Pour se maintenir, un institut religieux a besoin de renouvellement permanent par l’arrivée de nouveaux candidats. Ceci manque cruellement dans les instituts de religieux frères, en France et dans la plupart des pays européens et de l’Amérique du Nord. Mais le mouvement d’association avec les laïcs s’est beaucoup développé. Après avoir expérimenté la collaboration et le partenariat entre frères et non-frères, la réalité de l’ASSOCIATION s’est progressivement imposée dans notre vie d’institut et sont apparus des associés lasalliens. Les associés sont des hommes et des femmes prenant un engagement à travailler au service d’une oeuvre lasallienne en accord avec le « Projet éducatif lasallien » et dans l’esprit de Saint Jean-Baptiste de La Salle ainsi que dans la tradition des frères. Beaucoup de ces associés continuent de se former dans le cadre du Centre lasallien français de Paris (CLF) ou par d’autres programmes de rencontres de formation. Succédant à diverses formes d’association entre frères et laïcs, proposant un nouvel approfondissement de l’association frères lasalliens et non-frères, la Fraternité éducative La Salle a vu le jour en octobre 2011. En France elle compte aujourd’hui environ 600 membres répartis entre une quarantaine de fraternités. « La Fraternité éducative La Salle est un lieu source où l’on est en confiance pour donner du sens à ce qu’on vit dans un esprit de foi, de fraternité et de service, axes essentiels de la démarche lasallienne pour construire l’homme et dire Dieu. Ce lieu source nous renvoie vers nos lieux éducatifs, nous met en mouvement pour reconnaître le Christ présent dans la mission éducative partagée. En effet, ce qui est essentiel, c’est la mission. Être membre de la Fraternité éducative La Salle donne du sens à son engagement et aide à mieux vivre ensemble la mission. » (Texte inspirateur du 27 mars 2013 de la Fraternité éducative La Salle, France).

Frère Othmar Würth.

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