logo manuels scolaires québécois



Université Laval




pix
Manuels scolaires québécois > Sources imprimées
 
Sources imprimées

* * *

1963

xxx. Les diplômés de l'université de Montréal - Mémoire à la commission royale d'enquête sur l'enseignement. S.l., s.n., 1963. 88 p.

"Dans l'opinion publique les manuels scolaires semblent être le facteur essentiel [27] de la formation de l'enfant. Le rôle du professeur semble minimisé à tel point que la littérature distribuée dans le public l'ignore presque totalement. Le manuel ne remplace pas le professeur; ce n'est qu'un auxiliaire nécessaire mais non essentiel. Même si le manuel scolaire occupe un rôle de deuxième importance, il doit posséder certaines qualités fondamentales.

Le manuel scolaire doit, particulièrement au degré primaire, transposer la réalité dans le domaine de l'esprit. Il doit donc être vrai; vrai dans le milieu qu'il représente; vrai dans son enseignement. Il ne sera vrai que si l'auteur sait établir adéquatement le niveau de développement de l'enfant à qui il est destiné. Il est vrai le manuel scolaire si les réalités qu'il contient ne sont pas falsifiées, édulcorées. Vrai également le manuel scolaire qui transmet intégralement la vérité qu'il veut communiquer. A la VERITE, le manuel scolaire doit ajouter la BEAUTE

Le BEAU qui donne à l'esprit la sérénité, la satisfaction, la joie, doit "resplendir" [28] à chaque page du manuel. Les enfants ne sont pas des cobayes; les novateurs qui recherchent dans l'irréel, l'absurde, le contentement de leurs aspirations artistiques ne devraient jamais collaborer à la facture de manuels scolaires. Le BEAU s'enseigne par le BEAU. La présentation typographique, les illustrations doivent refléter cette préoccupation.

Le manuel scolaire doit présenter une image du milieu dans lequel vit l'enfant qui l'utilise. Importer des manuels, même sous le fallacieux prétexte que ceux qui circulent actuellement dans les classes ne sont pas de qualité suffisante, ne serait pas toujours et nécessairement dans l'intérêt de l'éducateur et de l'enfant. La réalité environnante échapperait à l'enfant, et ce serait obliger les jeunes à s'expatrier spirituellement. C'est possible de trouver chez-nous, au Québec, les hommes capables, si on leur en donne le temps, d'écrire d'excellents manuels scolaires. Refuser une telle recherche serait renoncer à un effort nécessaire au progrès de notre enseignement. Au cours des années dernières, les auteurs de manuels ont copié servilement des manuels [29] étrangers; une récidive dans ce procédé misérable constituerait un crime contre l'enfance du Québec.

Certains esprits ont proféré de nombreux anathèmes contre nos manuels scolaires; le ridicule, l'effronterie et parfois le mensonge, telles sont les armes utilisées pour tuer toutes les initiatives possibles dans la composition de manuels scolaires. S'intitulant éducateurs, ces "écrivains" de fraîche date, en mal de publicité, n'ont même pas suggéré la moindre idée constructive. Cet effort ne leur était pas accessible. Tout n'est pas mauvais dans nos manuels scolaires. Des experts pourraient séparer l'ivraie du bon grain, repenser dans notre contexte les matières qui font l'objet de ces manuels et rédiger des oeuvres plus que convenables. Nous le souhaitons et le recommandons fortement.

Le manuel scolaire ne constitue pas le seul matériel pédagogique utilisé dans nos écoles. Certain autres articles de ce matériel pédagogique requièrent une attention particulière. [30]

[...]

LES MANUELS

Le fait de vivre dans un entourage composé en majeure partie de gens de langue anglaise n'a pas pour seul effet d'influencer notre langue. Sur le plan scolaire, il a également donné lieu à une importation relativement importante de manuels de langue anglaise qu'on traduisait par la suite en français.

Nous ne sommes pas opposés à cette pratique, pourvue [sic] qu'elle soit restreinte à certains cas particuliers et qu'on adapte [50] ces manuels à notre mentalité avant de les mettre à la disposition des étudiants.

La Province de Québec compte certainement un nombre suffisant d'éducateurs et de pédagogues qualifiés pour écrire les ouvrages et les manuels dont nous avons besoin. Les manuels typiquement québécois répondront à la demande accrue si les autorités en facilitent la publication.

Nous ne voyons d'ailleurs pas pourquoi les ouvrages américains ou anglais jouissent d'un statut particulier. Nous croyons qu'ils devraient être considérés sur le même pied que les autres ouvrages étrangers nécessaires à l'enseignement." (p. 51)

1963
xxx. Les diplômés de l'université de Montréal - Résumé du mémoire présenté à la commission royale d'enquête sur l'enseignement. S.l., s.n., 1963. 7 p.

"QUATRIÈME RECOMMANDATION

Nous recommandons que les manuels scolaires reflètent les exigences humanistes pour que l'élève puisse, en partant du milieu où il vit, accéder à l'universalité de la connaissance." (p. 2)

1963
xxx. Manuels et matériel didactique autorisés pour l'année scolaire 1963-1964. S.l., département d l'instruction publique, 1963. 180 p.
1963
Bouchard, Maurice. Rapport de la Commission d'enquête sur le commerce du livre dans la province de Québec. S.l., s.n., 1963. 250 p.

AU LIEUTENANT-GOUVERNEUR EN CONSEIL

RAPPORT DE LA COMMISSION D'ENQUÊTE
SUR LE COMMERCE DU LIVRE
DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC

COMMISSAIRE: Maurice BOUCHARD
Professeur au Département des Sciences économiques de l'Université de Montréal

Secrétaire: M. Clément SAINT-GERMAIN

Montréal, décembre 1963

[p. 5]

AU LIEUTENANT-GOUVERNEUR EN CONSEIL

PRÉAMBULE

Constitution de la Commission

Par un Arrêté en Conseil portant le numéro 555, la Chambre du Conseil Exécutif de la Province créait, le 3 avril 1963, une commission d'enquête sur le commerce du livre dans le Québec. Cet Arrêté en Conseil, reproduit en appendice "A", désignait M. Maurice Bouchard comme commissaire et M. Clément Saint-Germain comme secrétaire.

Conformément à la loi des commissions d'enquête (S.R.Q. 1941, c. 9) le Commissaire a prêté serment, comme l'atteste le document annexé aux présentes à l'appendice "B".

Circonstances qui ont provoqué l'enquête

Dans un mémoire présenté le 19 avril 1962 à M. Georges-Émile Lapalme, Ministre des Affaires culturelles, le Conseil supérieur du Livre, faisant état de graves problèmes dans le commerce du livre, demandait la création d'une régie du livre.

Lors d'une réunion tenue le 3 janvier 1963, le Conseil supérieur du Livre décidait de présenter au

[p. 7]

Ministre des affaires culturelles la requête suivante:

"Vu la gravité de la crise qui sévit actuellement en librairie dans la Province de Québec, le Conseil supérieur du Livre, demande respectueusement au Ministre des Affaires culturelles:

    1) de bien vouloir créer, dans les délais les plus rapides, une régie du livre;

    2) ou à défaut d'une régie, de bien vouloir instituer une commission d'enquête chargée d'étudier le problème et de suggérer toute autre solution capable de le résoudre;

    3) de faire savoir immédiatement aux éditeurs et libraires canadiens que le Gouvernement s'intéresse au sort des libraires et qu'il est décidé à intervenir; cette mise en garde aurait pour but d'inciter les intéressés à adopter, dès à présent, une politique plus raisonnable, et à éviter ainsi, qu'en attendant la régie, des événements irréparables ne se produisent.

Cette résolution fut porté à la connaissance du Ministre des Affaires culturelles dans un second mémoire présenté par le Conseil supérieur du Livre en janvier 1963.

Dans son Arrêté en Conseil du 3 avril 1963, la Chambre du Conseil Exécutif prenait acte de ce mémoire et créait la présente commission d'enquête à partir des considérations suivantes:

"ATTENDU qu'un mémoire présenté par le Conseil supérieur du Livre soutient qu'un grand nombre de librairies du Québec sont menacées de disparaître;

[p. 8]

ATTENDU que la disparition de ces librairies nuirait à l'épanouissement culturel du Québec;

ATTENDU que le conseil d'administration du Conseil supérieur du Livre demande l'institution d'une commission d'enquête chargée d'étudier ce problème et de suggérer des solutions capables de le résoudre;

ATTENDU qu'il est opportun d'étudier tous les problèmes que soulèvent l'édition, le commerce et la diffusion du livre non seulement dans le domaine de la culture, mais aussi dans celui des manuscrits servant à l'enseignement."

Mandat de la commission d'enquête

D'après l'Arrêté en Conseil 555, la commission est "instituée pour faire enquête sur tous les aspects de la production, de la vente et de la distribution du livre au Québec".

Interprétation du mandat par le Commissaire

Étant donné que les problèmes qui ont suscité la tenue de cette enquête se posent dans le secteur du livre de langue française, et que le Conseil supérieur du Livre qui demande l'enquête ne groupe que des organismes professionnels dont les membres sont de langue française et ne produisent que des ouvrages de langue française, nous avons jugé que l'enquête ne devrait couvrir que la production, la vente et la distribution du livre de langue française. Comme par ailleurs, le livre de langue anglaise donne lieu à un commerce qui couvre tout le Canada, l'étude de ce marché nous eut forcé de mener l'enquête sur l'ensemble du territoire

[p. 9]

canadien. Il nous a semblé évident que telle n'était pas la volonté du Gouvernement qui est exprimée par l'Arrêté en Conseil 555.

Cet Arrêté en Conseil stipulant que l'enquête devait porter sur le livre, nous avons considéré comme non couvertes par l'enquête les publications périodiques. Sur ce point, nous avons toutefois fait exception pour les revues scolaires, d'abord parce qu'elles sont utilisées fréquemment comme substituts directs des manuels scolaires qui doivent être étudiés par l'enquête, ensuite, parce que la périodicité de ces publications est un caractère secondaire non indispensable, enfin parce que l'étude des conflits d'intérêts existant dans le domaine des publications scolaires n'eut pas été complète si ces périodiques avaient été exclus de l'enquête.

Nous avons-décidé également que l'industrie de l'imprimerie ne tombait pas, comme telle, dans les limites de notre mandat. Bien qu'il semble se poser des problèmes sérieux dans cette industrie, nous avons jugé nécessaire d'entendre le terme production de l'Arrêté en Conseil 555 dans un sens restreint et limiter l'enquête sur la production au stade de l'édition.

Enfin, étant donné que l'Arrêté en Conseil 555 juxtapose les termes vente et distribution, nous avons compris que l'enquête devait s'intéresser non seulement au commerce du livre mais aussi à la distribution non commerciale du livre, comme ce peut être le cas, par exemple, pour la diffusion d'un certain nombre de publications gouvernementales.

[p. 10]

Travail de la commission

    1- Questionnaires

    Étant donné qu'il n'existe aucune source officielle d'information sur le commerce du livre au Québec, nous avons consacré les premières semaines de l'enquête à élaborer et expédier des questionnaires détaillés, portant sur les divers aspects du commerce. Six questionnaires furent construits et adressés aux intéressés:

      a) Éditeurs de manuels scolaires
      un questionnaire pour chaque établissement
      un questionnaire pour chaque manuel scolaire

      b) Éditeurs de livres non scolaires

      c) Libraires grossistes

      d) Libraires détaillants

      e) Bibliothèques publiques.

    Du 15 mai au 20 juin, un total approximatif de 2, 000 questionnaires furent expédiés aux établissements ou aux institutions entrant dans ces catégories. On trouvera en appendice "C" un exemplaire de chacun de ces questionnaires.

    2- Personnel technique

    À la demande du Commissaire, le Gouvernement adjoignit à la commission deux personnes nécessaires à la bonne marche de l'enquête: un conseiller juridique Me Jean-Claude Royer, et M. Albert Melançon, économiste, qui fut chargé de la compilation et de l'analyse des questionnaires ainsi que de certaines études particulières.

    [p. 11]

    3- Séance s publiques et semi-publiques dans la Province

    Du 25 au 28 juin, la commission siégea en audience publique à Montréal. Les délégués de quinze associations d'auteurs, d'éditeurs et de libraires y présentèrent des mémoires.

    À Québec, des audiences publiques furent tenues les 2 et 3 juillet au cours desquelles six mémoires furent présentés.

    Les dernières audiences publiques eurent lieu à Montréal les 4 et 5 septembre. On y présenta sept autres mémoires ou rapports.

    Les séances semi-publiques s'échelonnèrent sur les mois de juillet, août et septembre. Il y en eut 38.

On trouvera, en appendice "D", un tableau indiquant:

    1- la date et l'endroit des séances publiques de la commission;

    2- le nom des personnes et des groupes qui ont comparu à ces séances;

    3- la cote des mémoires produits devant la commission;

    4- la cote des procès-verbaux des séances publiques;

    5- la date et le nom des personnes et des

    [p. 12]

    groupes qui ont comparu aux séances semi-publiques de la commission;

    6- la cote des procès-verbaux des séances publiques.

En appendice "E", sont déposés:

    1- tous les mémoires présentés à la commission;

    2- les procès-verbaux des séances publiques;

    3- les procès-verbaux des séances semi-publiques.

En appendice "F", nous produisons:

    1- les tableaux des analyses détaillées faites à partir des questionnaires et les commentaires nécessaires à l'interprétation des données;

    2- la liste des établissements et institutions qui ont répondu aux divers questionnaires;

    3- tous autres documents obtenus par la commission et desquels le rapport fait mention.

[p. 13]

4- Voyage d'information en France, en Suisse et en Belgique.

Étant donné l'importance de l'exportation européenne dans le commerce du livre au Québec, il nous a semblé impossible de faire des recommandations réalistes sans sonder sur place l'opinion des éditeurs européens sur leur interprétation des problèmes de notre commerce et sur l'applicabilité de diverses mesures.

Du 2 au 4 octobre, du 8 au 17 octobre et du 20 au 22 octobre, nous avons donc rencontré à Paris les représentants des divers corps professionnels d'éditeurs, d'exportateurs, de libraires, et des directeurs de diverses maisons d'éditions importantes dans le domaine de l'exportation au Canada. Les 4 et 5 octobre, nous eûmes l'avantage de participer au Congrès des éditeurs et des libraires de la Suisse romande, à Fribourg, et d'y rencontrer les représentants du syndicat des éditeurs. Les 17 et 18 octobre, nous allions à Bruxelles discuter avec les divers représentants du syndicat des éditeurs belges.

5- Rédaction du rapport

La rédaction du rapport fut entreprise après le retour d'Europe le 22 octobre, poursuivie durant tout le mois de novembre, et terminée dans la deuxième semaine de décembre.

Contenu du rapport

Le présent rapport se divise en deux parties:

[p. 14]

La première partie, qui traite de l'approbation et de l'édition des manuels scolaires, contient trois chapitre [sic]:
Chapitre I- Procédures d'approbation et modalités d'achat des manuels scolaires p. 19.
Chapitre II- La production des manuels scolaires dans la Province de Québec p. 59.
Chapitre III- Conclusions et recommandations p. 109.
La seconde partie, qui traite du commerce du livre de langue française dans la Province de Québec, contient quatre chapitres:
Chapitre IV- Principes d'une politique relative au commerce de librairie p. 125.
Chapitre V- Caractéristiques et problèmes du commerce de librairie p. 135.
Chapitre VI- L'aide à l'édition p. 197.
Chapitre VII- Questions diverses p. 215.
Appendices p. 223.

[p. 15]
1963.02
xxx. "Rédaction de nouveaux catéchismes pour le Québec", L'instruction publique, 7, 6(fév. 1963):540.

"Nous aurons de nouveaux catéchismes au cours primaire. C'est une décision des évêques de la province de Québec. Ces derniers ont, en effet, confié à l'Office Catéchistique Provincial le soin de rédiger de nouveaux manuels de religion pour toutes les classes du cours primaire.

Cette décision est le fruit de plusieurs années de recherches, de consultations et d'expériences. Depuis dix ans, l'Office Catéchistique Provincial organise des congrès, des journées d'études et s'emploie à coordonner les efforts de plusieurs comités spécialement intéressés à l'enseignement religieux. Il y a deux ans, par exemple, l'Office réunissait cinquante diplômés et responsables de la catéchèse et les consultait sur les travaux qu'il devrait entreprendre dans un avenir prochain. Ces catéchètes formulaient un certain nombre de suggestions parmi lesquelles ils signalaient l'urgence de la rénovation des manuels au cours primaire.

La réalisation de ce voeu est devenue possible grâce à l'évolution du mouvement catéchistique dans la province. C'est pourquoi les Évêques ont libéré à temps partiel trois de ces catéchètes et les ont adjoints à l'Office Catéchistique Provincial. Ce sont M.M. les abbés Réginald Marsolais, diplômé de l'Institut Supérieur Catéchétique de Paris et directeur de l'enseignement religieux dans le diocèse de Joliette; Marcel Caron, diplômé de l'Institut de Catéchèse de Lumen Vitae (Bruxelles) et responsable de l'enseignement religieux dans le diocèse de Sainte-Anne-de-la-Pocatière; Jean-Paul Bérubé, diplômé de l'Institut de Catéchèse de Lumen Vitae (Bruxelles) et responsable de l'enseignement religieux dans le diocèse de Rimouski.

Jusqu'ici, ces derniers ont unifié leurs vues autour de certains grands principes qui commanderont leur action. Ils ont réfléchi en commun sur quelques ouvrages essentiels et ont commencé une série de consultations auprès de spécialistes européens et canadiens. Par la suite, ils continueront à recueillir les opinions de personnes compétentes en matière d'enseignement religieux.

Doter une province de nouveaux catéchismes est une oeuvre importante qui doit intéresser toute la communauté chrétienne. C'est pourquoi les responsables sollicitent les remarques et suggestions de tous ceux qui croient pouvoir leur apporter quelque lumière aussi bien au plan pédagogique qu'au plan doctrinal.

Toute communication pourrait être adressée comme suit: L'Office Catéchistique Provincial, 1845, boulevard Pie IX, Montréal 4."

1963.02
Huot, Maurice. "Le manuel d'histoire unique", Vie française, 17, 11-12(juill.-août 1963):328-330.

"A plusieurs reprises, durant ces dernières années, de gens bien intentionnés ont suggéré pour les fins de la bonne entente entre les deux grandes nations, d'en venir à un manuel d'histoire du Canada standardisé.

On parlait de ce projet de rêveurs en 1941, et sans doute avant, comme en témoignent les journaux et revues du temps.

Des anglophones très prévenants avaient décidé que le manuel d'histoire ferait merveille pour fondre les deux nations! On raisonnait en somme de cette façon: l'histoire telle qu'enseignée, exploite systématiquement les préjugés antibritanniques, il faut donc que l'histoire telle que racontée aux jeunes français comme aux jeune anglais, soit dépouillée de tous les faits qui risquent de raviver de vieilles haines ou bien qu'ils soient racontés de façon non choquante pour personne. C'est une question d'omissions et de rédaction euphémique.

Il ne faut pas réfléchir longtemps pour réaliser que jamais les Anglo-Canadiens ne seraient intéressés par notre histoire à nous. Pour eux, le Canada n'existe vraiment que depuis la Conquête; avant, c'est de la pré-histoire où se mêle beaucoup de légende. Mais les faits sont les faits et nul ne peut les renier. L'histoire du Canada n'a jamais été dans aucun manuel une école de haine. Verrait-on l'Histoire de France amputée des récits sur Jeanne d'Arc, sous prétexte que cela puisse nuire à l'Entente cordiale entre la France et l'Angleterre?

La bonne entente entre les Canadiens français et Anglophones réside ailleurs que dans le tripotage de l'histoire du [p. 328] pays. Nos gens des deux langues doivent être assez adultes pour s'entendre sans ignorer le passé. Un manuel d'histoire du Canada unique et standardisé, surtout falsifié, non jamais.

Et puisque nous en sommes au chapitre de l'Histoire, on peut rappeler que la connaissance de celle-ci est indispensable et qu'elle doit être enseignée.

Dans une conférence qu'il prononçait en avril 1956, à la Société du Bon Parler français, M. Lecour-Gayet disait:

«Dans le trouble ou l'humanité se débat, sa pensée, chose curieuse, se tourne rarement vers le passé. Des conceptions nouvelles, des solutions inusitées, voilà ce qu'elle recherche, voilà par quels moyens elle prétend trouver son équilibre. Dans un siècle où les découvertes scientifiques ont bouleversé les conditions de vie, regarder par derrière semble un paradoxe. Puisque tout est changé, quels enseignements pourraient apporter nos ancêtres qui n'ont pas connu nos problèmes? Raisonnement attirant mais spécieux. S'il existe peu de ressemblance entre l'âge des cavernes et celui des atomes, il est douteux que la pensée ait évolué au même rythme que la technique. La nature humaine s'est-elle vraiment transformée depuis que les prédications du Christ ont essayé d'inculquer au monde le sens de la bonté, le goût de la paix».

«De là découle l'intérêt de la science historique. Limitée à la connaissance des faits, elle apporterait une faible contribution au développement de l'esprit. Étudier des régimes politiques périmés, des formes de vie disparues, à quoi bon?»

«S'encombrer la mémoire: tâche ingrate, acrobatie intellectuelle, d'où le cerveau ne tirerait d'autre profit qu'une souplesse accrue sans que l'intelligence s'y développât de manière durable. Ce n'est pas dans cet esprit qu'il faut aborder l'examen du passé.»

«Non que l'Histoire se répète: conception dangereuse qui risquerait de conduire à un fatalisme fait de lassitude où à [p. 329] un mysticisme empreint de naïveté. Mais si les situations ne sont jamais identiques et leurs conséquences presque toujours différentes, il existe néanmoins une fixité certaine des mobiles humains. Cela suffit pour que la connaissance de l'histoire puisse nous apporter des leçons et des inspirations.» Aujourd'hui plus que jamais devant un avenir aux contours obscurs, le Canada a besoin de se rattacher à un passé glorieux et par plus d'un point lumineux. Les Canadiens français en tout cas trouveront dans leur passé la force et la confiance. Mais encore faut-il que cette histoire leur soit bien enseignée." (Texte paru initialement dans Le bien public, 5 juillet 1963).

1963.02
Lebel, Maurice. "Compte rendu de «Le Français au Secondaire. Tome I. Initiation littéraire»", L'instruction publique, 7, 6(fév. 1963):565-566.

"Collection Lagarde et Michard. Jean Fournier, Maurice Bastide, Jeanne-Marie Dulong. Le Français au Secondaire. Tome I. Initiation littéraire (Adaptation canadienne du volume français, Classe de 6e, Eléments - 8e). Montréal, Centre Éducatif et Culturel, Inc., 1962. 464 pages.

Le Français au Secondaire, Tome I, est l'adaptation canadienne du premier livre de l'initiation littéraire de la collection, aujourd'hui fameuse, Lagarde et Michard. Cette édition canadienne du volume français, Classe de 6e (Éléments - 8e) est principalement l'oeuvre de madame Jeanne-Marie Dulong, licenciée ès lettres (Toulouse et Nancy), chargée de leçons, d'explications de textes aux cours d'été de français à l'Université Laval et professeur de français dans l'enseignement secondaire de Québec, où elle professe depuis une dizaine d'années. On lit dans la Préface et l'Avant-Propos:

... l'auteur s'est proposé surtout de donner aux élèves l'occasion de mieux connaître leur pays et leur langue à travers les écrivains canadiens.

Pour ce faire, on a insisté sur les réalités proprement canadiennes, par exemple sur le vocabulaire de l'hiver, la neige, la glace, etc., aussi bien pour développer les connaissances de l'esprit de l'enfant que pour lui apprendre à «voir» son pays.

En insérant ces textes, nous pensons qu'il retrouvera la flore, la faune, le genre de vie propre à son milieu.

Comme en première année du cours secondaire l'élève doit s'initier intensément à l'explication de textes - à laquelle il devrait être consacré au minimum deux heures par semaine -, l'abondance et la variété des extraits du présent recueil ne peuvent que faciliter le travail des maîtres et, à travers les questionnaires, développer chez l'enfant le sens de l'observation, le goût et le sens critique. (p. 4)

Nous avons tenu à n'admettre que des texte attrayants et dignes de la langue dans laquelle ils ont été écrits. Nouveaux, sinon inédits, nombreux et variés, et, toutes les fois qu'il était logique de le faire, reliés à l'oeuvre dont ils ne sont souvent qu'une part, ces extraits réservent une place importante à la poésie, et à la poésie régulière surtout, par où il est naturel que commence toute initiation poétique (p. 5).

Celui (l'ordre des textes) que nous avons adopté n'est pas purement arbitraire: tout en tenant compte du calendrier, nous avons groupé des textes gradués, de prose ou de poésie, en liaison avec les programmes d'histoire ancienne, de géographie, de sciences naturelles, sans en exclure la fantaisie et la récréation, qu'il nous a semblé légitime de réserver pour la fin de chaque trimestre (p. 6).

Tel est l'esprit de ce nouveau manuel scolaire. Il comprend, outre 48 clichés à la fois nets et bien choisis, un important Mémo grammatical (pp. 448-458) sur la langue, la syntaxe et la versification, un Index grammatical (pp. 459-460), et la présentation de 163 morceaux, dont 62 sont en vers; trois textes (pp. 398-406) sont la traduction des auteurs. Du début à la page 325, chaque extrait est suivi d'un questionnaire, Comprendre et Expliquer, puis d'Exercices complémentaires; de la page 326 à 447 - cette partie comprend des contes et récits du Moyen Âge, des scènes choisies de Molière, des pages empruntées aux Aventures de Télémaque, des récits tirés de l'Antiquité ou consacrés à l'Antiquité, des morceaux appartenant aux littératures étrangères ou relatifs à la découverte et à l'exploration du monde -, les textes sont suivis de Directions de lecture. [p. 565]

Voici les noms des 23 auteurs canadiens - parmi eux je range à dessein Louis Hémon et Constantin Weyer, qui ont écrit sur notre pays où ils ont longtemps vécu-, dont les textes sont expliqués dans ce manuel: Nérée Beauchemin, Blanche Lamontagne-Beauregard, W. Chapman, René Chopin, Robert Choquette, Octave Crémazie, Louis Dantin, L. Desrosiers, L. Fréchette, St-Denis Garneau (sic) - Saint-Denys Garneau -, A. Grandbois, G. Guèvremont, Anne Hébert, Roger Lemelin, Albert Lozeau, Paul Morin, Émile Nelligan, Damase Potvin, Robert de Roquebrune, Gabrielle Roy, Mgr F.-A. Savard.

Le tome I de la Collection Lagarde et Michard prend place dans une famille déjà fort avantageusement connue et appréciée. Il est fort bien présenté au point de vue pédagogique et typographique. Rares y sont les coquilles. Il renferme une foule de textes clairement annotés, intéressants, variés et bien choisis; les élèves d'Éléments ou de 8e année profiteront beaucoup à les lire, à les comprendre et à les expliquer, comme ils feront avec plaisir, j'en suis sûr, les exercices complémentaires de grammaire, de composition et de lecture. Ce qui compte par-dessus [sic] tout, c'est la connaissance et l'étude des textes de composition; rien ne développe plus l'esprit et la volonté que l'explication de texte et la rédaction. En insistant là-dessus [sic], les auteurs de cet excellent manuel ont voulu contribuer au progrès des études de français, à l'éducation de l'esprit et du caractère des élèves. J'ai tout lieu de croire qu'ils ne seront pas déçus dans leur dessein."

1963.03
Lebel, Maurice. "Compte rendu de Comment composer» par les CSV", L'instruction publique, 7, 7(mars 1963):680.

"Collection Deschamps - Les Clercs de Saint-Viateur. Comment Composer. Illustration et mise en page: Wilfrid Corbeil, c.s.v. Classe de 8e. Montréal, Centre de Psychologie et de Pédagogie, 1962. 284 pages.

Ce manuel, tiré à 10,000 exemplaires et préparé par un groupe de professeurs du Collège Bourget, à Rigaud, où le Père Philippe Deschamps, c.s.v. - de là la Collection Deschamps - enseigna plusieurs années et publia ses premiers livres avant de devenir professeur à l'Université Laval, ce manuel est une véritable invitation à l'art d'écrire, qui a pour base le vocabulaire, la phrase et la composition. Il comprend deux parties d'inégale longueur. La première, Du mot à la composition (pp. 167-257). Suit, en appendice (pp. 259-277), une initiation à la poésie, c'est-à-dire un heureux choix de dix poèmes canadiens et français, dont cinq sont suivis d'un questionnaire. Un ordre des matières fort bien fait figure en page 279. Les illustrations et la mise en page sont de ce grand artiste-peintre, architecte, dessinateur, musicien et maître en vitrail qu'est le R. Père Wilfrid Corbeil, c.s.v., professeur au Séminaire de Joliette. Superbes sont les photos (p. 28, p. 94, p. 121, p. 151, p. 230)! La collection du Séminaire de Joliette est riche aussi en oeuvres d'artistes canadiens, tels que P. E. Borduas (p. 59), Ozias Leduc (p. 55), Henri Masson (p. 230); des peintures de Denys Matte (p. 125), et de Jean-Paul Lemieux (p. 149), une gouache (p. 277) et deux abstractions (p. 162, 270), oeuvres d'élèves de collège et deux toiles (p. 131, p. 205) du R. Père Corbeil lui-même. Toutes ces illustrations, et j'en passe, servent à aérer les textes, à éveiller l'esprit d'observation à affiner le goût et prêtent à des compositions écrites ou orales. Je les ai examinées à loisir avec d'autant plus d'agrément que le manuel ne comporte pas de table; une lacune qu'il serait facile de réparer.

«Le secret de l'art d'écrire est d'observer, de réfléchir, de lire de bons écrivains», lit-on à la page 111. Et d'écrire, pourrait-on ajouter. Dans leur «À lire» (pp. 7-8), les auteurs définissent l'esprit du manuel et décrivent la méthode de travail; celle-ci comporte l'observation, la réflexion, l'expression. Les élèves doivent apprendre à lire les bons écrivains, à étudier leur procédés de composition et à écrire comme eux; les modèles, qu'on leur met sous les yeux, appartiennent à la France et au Canada français; des extraits d'une vingtaine de nos écrivains figurent dans ce manuel. Chaque chapitre de la Première Partie suit un plan uniforme: A - Textes d'Observation; B - Leçon; - C - Textes d'application. Le chapitre III sur les couleurs est magnifique; il sera une véritable joie et révélation pour les élèves. D'ailleurs, tout ce qui a trait au vocabulaire sensoriel (pp. 14-59) est fait de main de maître; on aimerait avoir 10 ou 11 ans! La Seconde Partie: De l'Explication française à la Rédaction obéit aussi à un plan uniforme, chaque chapitre comportant les divisions suivantes: Textes, Vocabulaires, Phrase, Composition, Rédaction; mais elle est moins hardie et moins originale que la première. Dans l'une et l'autre, le choix des textes est très heureux; les bas de page ne sont pas alourdis de notes illisibles et pédantes, qui détournent de la lecture attentive et répétée des extraits. C'est à force de lire et de relire de beaux textes de prose et de poésie (que de beaux poèmes dans ce manuel!) qu'on apprend à écrire et qu'on aime écrire. C'est aussi à force d'observer, de réfléchir et d'écrire qu'on apprend à écrire. Heureux les élèves de 8e qui auront ce manuel entre les mains! Ils ne s'ennuieront certes pas, si leur professeur est à la hauteur de la tâche.

Voilà un manuel marqué au coin du goût et de la finesse, qui révèle un point tournant dans l'art, si difficile, d'enseigner la composition aux élèves."

1963.03
Lebel, Maurice. "Compte rendu de Phonétique théorique et pratique (français moderne) par Jeanne Demers et René Charbonneau", L'instruction publique, 7, 7(mars 1963):679-680.

"Jeanne Demers avec la collaboration de l'abbé René Charbonneau. Phonétique théorique et pratique (français moderne). Montréal, Centre de psychologie et de pédagogie, 1962. 136 p.

Cette troisième édition est l'oeuvre de Jeanne Demers, M.A., ancien professeur aux cours d'été de l'Université Laval, chargée de cours à la Faculté des Lettres de l'Université de Montréal; l'auteur l'a préparée avec la collaboration de l'abbé René Charbonneau, M.A., diplômé en phonétique de la Sorbonne et professeur au Département de Linguistique de l'Université de Montréal. Ce manuel élémentaire et pratique, sans être une méthode en soi, obéit à un plan logique, que les professeurs de phonétique ne doivent pas suivre d'ailleurs systématiquement. Il attache une importance considérable à la pratique par les exercices artificiels et par l'étude des extraits de poésie et de prose. Il comprend, outre une bibliographie judicieuse (pp. 127-128) - l'auteur aurait pu mentionner la plus récente édition de l'ouvrage classique de Maurice Grevisse, Le Bon Usage -, une fiche personnelle, une table des dessins, et une table des symboles, des conseils aux étudiants, une série de cinq chapitres solidement charpentés et respectivement intitulés: Généralités, Voyelles, Consonnes et Semi-Consonnes, Faits phonétiques, Exercices. Le lecteur y trouvera les principales lois de la phonétique française, des exercices avec la transcription en symboles internationaux, la pratique par imitation à côté de la pratique scientifique, "avec des règles précises et des moyens de contrôle". Tous les textes, à l'exception de ceux de Corneille, de La Fontaine et de Voltaire, sont empruntés aux écrivains des XIXe et XXe siècles; une trentaine d'auteurs y sont cités. Dommage que le manuel ne possède point un index des noms propres! Les textes sont si intéressants et si habilement choisis! [p. 679]

Riches de leur expérience de l'enseignement, Mme Jeanne Demers et M. l'abbé René Charbonneau donnent de précieux conseils aux jeunes professeurs et aux étudiants. Leur ouvrage est maniable, utile, pratique, Il est clair, bien aéré et bien présenté au double point de vue typographique et pédagogique. Je laisse aux phonéticiens de métier le soin de l'apprécier sur le plan scientifique. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'il est fait sans prétention et sans pédantisme."

1963.12
Pelletier-Rowan, Renée. "Dieu tu aimeras dorénavant!", Chatelaine, déc. 1963, p. 15-17, 58-61.

"Le petit catéchisme et ses 198 questions et réponses à mémoriser seront bientôt mis de côté. On n 'imposera plus à l'enfant des formules abstraites, on le laissera puiser dans sa jeune expérience les mots et les images d'un Dieu tout aimable. Voici en quoi consiste cette révolution dans l'enseignement de la religion au Québec.

Noël! C'est le moment de l'année où, dans nos vies, la présence de Dieu se fait le plus sentir. Et pourtant, décembre ne retrouve-t-il pas nombre d'entre nous incapables d'expliquer à nos petits toute la grandeur, toute la portée de cette incarnation du Verbe qui s'est fait chair pour sauver l'humanité. Pourquoi? Est-ce que nos parents, nos professeurs n'auraient pas su définir pour nous tous, en des termes qui nous auraient touchés, ce mystère joyeux entre tous?

Comme vous, j'ai des enfants qui fréquentent l'école primaire. Comme vous, j'ai à subir chaque soir, durant l'année scolaire, la fastidieuse récitation des leçons. Je le fais évidemment, convaincue que cela fait partie de mon rôle d'éducatrice. Et, en principe, je suis d'accord avec la matière étudiée par mes enfants, quoique plusieurs manuels me semblent bien démodés. Cependant, tout au long de cette dernière année, je n'ai pu [p. 15] m'empêcher de rager intérieurement contre les inepties, les formules toutes [sic] faites, les mots incompréhensibles enseignés à mon fils dans son manuel de catéchisme. Voici l'expérience que j'ai vécue.

Nous étions au début de juin, tôt après le souper. Il fait beau et chaud; la rue retentit des jeux et des rires des enfants du voisinage. Pourtant je suis là, enfermée dans la chambre de mon fils de huit ans, élève en troisième année à la Commission scolaire de Montréal. Il me récite comme un perroquet, depuis plus de deux heures, les 198 réponses du "Catéchisme catholique" qui est au programme de l'année à ce niveau du primaire.

Je n'ai jamais accepté que mon fils répète des phrases qu'il ne comprend pas. Or, c'est bien ce qu'il fait depuis le début de la séance de récitation des leçons. J'ai tenté quelques explications et je suis à bout de patience. Je voudrais couper court mais il insiste: «Maman, le professeur l'a dit: je dois tout savoir par coeur ... par coeur, tu entends ... si je veux réussir l'examen de catéchisme pour passer en 4ème année.»

Pour mon fils, comme pour tous les autres écoliers du Québec, c'est donc cela le catéchisme - la religion catholique - un examen à passer au même titre que l'histoire, la grammaire ou la géographie? A vingt ans, que restera-t-il de ces 198 réponses apprises au rythme du magnétophone? Il me revient tout à coup en mémoire un aveu de ce jeune ouvrier qui déclarait à un colloque à Montréal: «Oui, il y a une crise religieuse dans mon milieu. Vous voulez savoir pourquoi? Parce qu'à l'école, on nous a enseigné les mystères et les dogmes de la foi avec des questions et des réponses à apprendre par coeur; rendus à vingt ans, il ne nous reste plus rien d'intéressant à appliquer dans notre vie d'homme.»

Décidément, je ne puis plus accepter cette situation. J'ai déjà essayé de donner à mon enfant de explications supplémentaires au cours de l'année. Peine perdue. Pourtant mon fils réussit fort bien dans ses études. Les réponses de ce manuel de catéchisme seraient-elles trop abstraites, mal formulées et d'une phraséologie difficile sinon impossible à mémoriser. Voyez un peu vous-même:

- Qu'est-ce que Dieu? - Dieu est un pur esprit infiniment parfait.

- Qu'est-ce qu'un mystère? - Un mystère est une vérité révélée que nous ne pouvons pas comprendre.

- Quels sont les trois principaux mystères de la religion? - La Sainte Trinité, l'Incarnation et la Rédemption.

Quelle récitation sèche, sans aucune image, que de mots compliqués à retenir et qui signifient quoi au juste dans la tête d'un enfant de huit ans?

Les parents, a-t-on maintes fois répété, sont les premiers éducateurs religieux de leurs enfants. Mais comment s'y prendre? Y a-t-il une autre méthode que celle du "Catéchisme [p. 16] catholique" appris à l'école?

On parle dans les réunions parents-maîtres, à la radio, à la télévision et dans les journaux de renouveau catéchétique, de programme sans manuel, d'une pédagogie de la foi importée d'Europe. Qu'est-ce donc que cette nouvelle technique d'enseignement apporterait de plus à nos enfants? Où est-elle pratiquée? Ces questions, je les posées à un professeur de catéchèse qui est en même temps mère de famille, madame Marthe Henripin du Collège Marie-de-France. Et voici ce qu'elle m'a répondu:

Oui, il existe une méthode nouvelle d'enseignement du catéchisme. Il est maintenant possible aussi bien au Québec que dans plusieurs pays d'Europe où cette technique a été propagée, de présenter Dieu aux enfants de façon différente. Il ne s'agit plus de leur expliquer uniquement des mots, de leur faire répéter des réponses, mais bien d'établir une relation vivante entre Dieu et l'enfant. La religion n'est pas un code de bonne conduite ou de route à apprendre par coeur pour mériter le paradis à la fin de nos jours.

C'est cela le renouveau catéchistique don on parle?

C'est cela et bien autres choses encore. Evidemment, il n'est pas question de changer la religion comme certains esprits étroits nous l'ont reproché. Nous enseignons la même doctrine catholique et nous n'avons pas le prétention de transformer le dogme et la morale. Nous puisons notre enseignement au coeur de la Bible; nous racontons l'histoire de Dieu à l'enfant et nous lui apprenons à se familiariser avec les personnages des Saintes Écritures. Le message biblique que nous considérions obscur et sans intérêt dans notre jeunesse - parce que personne ne nous l'avait expliqué - est en effet extrêmement riche et coloré, mieux adapté à la psychologie et aux besoins de l'enfant que n'importe quelle formule toute faite qui ne correspond chez lui à aucun élément déjà connu. Dans le Bible il découvre les héros, des personnages fantastiques, des «amis» de Dieu, des gens qui exécutent au sein de l'univers des tâches bien précises, des tâches qui évoquent des images chez lui. Nous devons amener l'enfant à faire siennes dans la vie de tous les jours les attitudes de ces personnages. Et pour cela nous devons éveiller son imagination par des moyens concrets.

- Y a-t-il [p. 17] longtemps que le renouveau catéchétique existe? Et pourquoi n'utilise-t-on pas davantage cette nouvelle pédagogie de la foi au Québec?

- L'idée même de renouveau catéchétique n'est pas neuve. On le vit déjà en Europe, particulièrement en Allemagne, en France, en Belgique et en Autriche depuis une vingtaine d'années. Basé sur ce qu'il est désormais convenu d'appeler les "méthodes actives" d'enseignement, le renouveau catéchétique amène l'enfant à une découverte personnelle vivante et progressive de Dieu à travers la création, tout en respectant le rythme particulier de son développement psychologique. En France, les initiateurs de ce mouvement furent l'abbé Joseph Colomb, p.s.s. et Marie Fargues. Des psychologues et catéchistes de l'enfance tels que Montessori, Lubienska de Lenval, Françoise Derkenne et les Jésuites Lefebvre et Périn ont aussi élaboré chacun dans leur domaine, des thèses et des données précises afin de préparer l'enfant à une rencontre avec un être invisible, puissant et bon. Cette rencontre du tout-petit avec son Dieu fait partie d'un développement psychologique normal e il faut prendre toutes les précautions pour que ce contact se fasse dans les meilleures conditions possibles.

Je ne peux m'empêcher de me rappeler mon fils parlant de péchés mortels ou véniels, de l'enfer, de Satan et de ses mille démons armés de cornes et de fourches ... mais mon interlocutrice ajoute:

- A l'heure actuelle quelques écoles poursuivent cette expérience. Nombre de professeurs s'initient à cette méthode à l'Institut supérieur des sciences religieuses de l'université de Montréal et à l'Institut catéchétique de Québec. Certaines classes expérimentales ont aussi été organisées, notamment par la Commission des Ecoles catholiques de Montréal.

C'est à l'école Saint-Emile de Montréal que je me suis présentée afin d'assister à une classe de catéchisme "nouvelle vague". J'y rencontrai Mademoiselle Ginette Deschênes, qui m'expliqua, qu'à la demande du Centre catéchétique diocésain, la Commission scolaire consentait, en septembre 1962, à sortir des cadres réguliers de l'enseignement de la religion pour poursuivre dans cette maison, sous sa direction, une expérience-pilote hors-programme, au niveau des quatre premiers degrés du primaire.

Je constatai tout d'abord avec surprise que les enfants qui fréquentent ces cours n'ont pas de leçons de catéchisme à apprendre le soir à la maison. «Ils ne savent pas leur catéchisme, me dit Mademoiselle Deschênes, dans le sens où on l'entend généralement. D'autre part, ils connaissent quelques récits bibliques que nous leur avons racontés., Nous tâchons surtout de leur faire découvrir le véritable sens d'une prière de louange, d'admiration et de remerciement. Notre but est non pas d'arriver à en faire de bons chrétiens, mais de véritables «amis de Dieu», selon leur propre expression.»

Trois mots reviennent fréquemment dans le vocabulaire employé par le professeur. Trois mots qui ont dans cet enseignement une signification précise: émerveillement, amour et louange. Que signifient ces mots pour un enfant de six ans? Comment susciter chez lui l'émerveillement, l'amour et la lourange pur un être invisible, fusse-t-il Dieu?

Le révérend père Roger Grenier, prédicateur du carême à Notre, affirmait à ce sujet: «Il faut susciter l'émerveillement chez l'enfant: c'est extrêmement facile car c'est prêt de sa psychologie. Une fleur est belle, elle pousse, elle s' épanouit, elle boit l'eau du verre. Voilà un motif simple, à la portée du tout-petit, et qui l'émerveillera. Il est inutile de mentir en lui disant que c'est Dieu qui fait pousser la fleur. Il apprendra tôt ou tard qu'à partir d'une toute petite graine, il possède lui aussi le don merveilleux de faire croître une plante. Il est déjà suffisamment émerveillé de regarder grandir cette fleur, de savoir qu'elle absorbe l'eau, qu'elle respire l'air, et que Dieu permet tout cela. C'est parce qu'il permet ces choses extraordinaires, ces phénomènes étonnants, qu'il faut apprendre à l'enfant à lui rendre grâce par la louange.»

Ce qui semble essentiel chez tous les professeurs de catéchèse que j'ai rencontrés, c'est d'abord de faire naître chez l'élève le sens de l'admiration qui conduit naturellement à des actes de louange et de prière. Ainsi l'enfant remerciera spontanément son Seigneur comme il remercie sa mère ou son frère qui lui offre un cadeau. En d'autres mots, il s'agit d susciter un dialogue avec Dieu qui s'établira dans un climat de joie et d'épanouissement et sans formules apprises au départ.

Plus de petit catéchisme

Est-ce que cela signifie que toute question ou réponse à mémoriser est définitivement exclue ce l'enseignement, ai-je demandé à Mademoiselle Deschênes.

- Pour l'instant, nous n'employons aucun manuel de religion. Nous considérons que le «Catéchisme catholique» ne répond pas à notre forme d'enseignement et il n'existe pas encore de livre nouveau. Cependant, cela ne veut pas dire que l'enfant n'a absolument rien à mémoriser. Disons que chez nous il le fait avec un certain dosage et dans un esprit totalement différent.

Nous voulons former l'enfant à la prière en lui apprenant comment on prie avant de lui enseigner des formules toutes faites. Le titulaire d'une classe le prépare d'abord en le faisant entrer dans des attitudes bibliques et liturgiques. Il y arrive en lui racontant, comme je vous l'ai déjà dit, des récits puisés dans les Saintes Ecritures. Avec les petits de six et sept ans, c'est très facile. Mais au début de notre expérience, nous avons observé un certain dépaysement chez les élèves déjà rompus à la discipline de la prière collective, rédigée en groupe. Ensuite, durant une deuxième période, le professeur apprend à l'enfant le contenu des prières [p. 58] «Je vous salue Marie», «Notre Père», «Je crois en Dieu». Cette période est très longue et peut facilement s'échelonner sur un ou deux ans. Ce n'est qu'à la troisième étape que l'enfant mémorisera la prière officielle. Quant aux élèves plus âgés de 3ème et 4ème année, nous essayons de les familiariser progressivement avec les prières de la messe et de leur faire aimer les psaumes.»

Toutes ces explications ne m'ont pas encore convaincue. J'insiste pour assister à une leçon. Je me fais le plus invisible possible, au fond de la classe et voici ce que je vois.

Nous assistons à une leçon

Une trentaine de petits garçons de six ans environ dont c'est la première année à l'école. Ils font fils de professionnels, d'employés de bureaux, de commerçants et d'ouvriers et représentent le milieu canadien-français moyen. On sent dans la pièce une atmosphère de détente et des rires prêts à fuser. Ces jeunes élèves ne semblent point du tout crispés et sont loin de redouter - comme nous l'avons déjà fait - l'ennuyeuse leçon de catéchisme.

Le cours débute par un exercice de maîtrise corporelle. Mes petits garçons, avec tout le sérieux possible à cet âge, s'exercent à marcher droit sur une ligne tracée sur le plancher de la classe. Cet exercice emprunté à la méthode Montessori aide l'enfant à devenir maître de ses gestes , de ses yeux, de ses oreilles, de ses mains, de ses pieds. Il apprendra ainsi à contrôler l'un après l'autre tous ses sens. Son corps deviendra attentif et souple. Certains jours ce sera l'exercice du silence complet préparant l'enfant à la conquête extrêmement difficile de l'immobilité quasi complète du corps. Ainsi il apprendra le sens du silence intérieur et extérieur. Il se mettra en état d'écoute. Donc, mes petits bonshommes marchent sur la corde raide par égard pour la magnifique histoire de Dieu qui va maintenant leur être racontée. L'exercice a duré environ cinq minutes.

Le professeur reprend sa place: les enfants aussi. Et la causerie qui durera environ dix minutes commence. La leçon d'aujourd'hui porte sur la «Vision de Moïse au buisson ardent.» Moïse, explique le professeur, est l'un des nombreux amis à qui le Seigneur s'est révélé. Mais voici comment les choses se sont passées entre ces deux-là. Un jour, Moïse a entendu Dieu lui parler. C'était un jour où Moïse était triste. Il croyait Dieu parti. «Je suis seul, pensait-il, et je n'ai personne pour m'aider, pour causer.

L'institutrice poursuit son récit dans une langue concrète, sobre. Point de «petit Jésus», «petit sacrifice pour faire plaisir au petit Jésus», «beau petit cantique» ou «belle petite Marie toute bleue». Ce langage niais et stupide a été banni. Point non plus de mots savants tels que «révélation du message de Dieu», etc.

Tout au long du récit, l'institutrice exécute des gestes. Si Moïse salue le Seigneur, elle exécute le grand salut, si Moïse est joyeux, elle manifeste sa joie. Ainsi, sans jamais forcer un élève à exécuter un geste, l'institutrice suggère. Et j'ai vu plusieurs enfants refaire spontanément les mêmes gestes alors que d'autres, les yeux rivés sur la narratrice, écoutaient, perdus, immobiles dans une méditation silencieuse.

La prière étant considérée comme un aboutissement normal à la leçon, l'institutrice, à la fin de l'histoire, enchaîne: «Mes enfants, vous avez vu le salut que Moïse a fait devant Dieu quand il a su que c'tait son Dieu qui venait de le rencontrer au milieu de la grande flamme. Nous allons bien nous tenir. Nous ferons le silence, puis nous mettrons nos mains devant nos yeux et nous ferons le salut de Moïse à Dieu puisque nous sommes nous aussi comme Moïse des amis de Dieu." Les petits élèves mettent lentement les deux mains sur leurs yeux, s'inclinent profondément, ne bougent plus quelques secondes. C'est leur façon de prier. Ils n'ont prononcé aucune parole. Mademoiselle Deschênes leur suggère de refaire, avant de se coucher le soir, le même salut à Dieu et leur remet à chacun une reproduction de Moïse au buisson ardent, l'histoire qu'ils viennent d'entendre.

La dernière partie de la leçon, qui ne durera en tout que trente minutes, est un échange de propos entre le professeur et les enfants. «Vous arrive-t-il vous aussi de vous sentir parfois seuls et tristes?» Plusieurs petits garçons lèvent la main. «Oui, répond l'un, quand je suis seul dans la cour de récréation.» «Oui, quand mon père me laisse seul dans l'automobile pour faire une course.» «Oui, ajoute un autre, quand je me couche le soir et qu'il fait noir.» Le professeur en profite pour dire aux enfants que quand papa et maman ne sont pas là, ils ne sont jamais seuls; il y a toujours Dieu qui veille sur eux. Cette partie de la leçon est très concrète et les enfants peuvent passer immédiatement aux travaux pratiques.

Comme ils n'ont aucun manuel, ils monteront eux-mêmes, tout au long de l'année, un cahier de religion qui sera constitué presque exclusivement de dessins libres, de découpages collés, de bricolages. "Les dessins, m'explique Ginette Deschênes, sont malhabiles mais fort révélateurs. Comme nous n'avons aucun système de notes ni de leçons à réciter, ils constituent pour nous une façon de voir si le cours a été compris. Ils nous aident également à connaître l'enfant qui est libre d'illustrer ce qu'il a retenu dans la leçon. L'importance accordée aux personnages, la couleur, le mouvement, les oublis même, aident à déceler des difficultés d'adaptation chez certains élèves à qui on peut encore accorder une attention spéciale.

«En un mot, la catéchèse utilise à son tour le dessin, comme la psychologie et la psychiatrie, pour établir des diagnostics.» Toutes les méthodes actives d'enseignement empruntent d'ailleurs illustration, graphique, modelage et bricolage pour permettre à l'élève de s'exprimer librement.

Plus de notes ou de rang

Cet enseignement si peu traditionnel au premier abord surprendra encore plus les parents quand ils apprendront que leurs rejetons n'auront plus de [p. 59] notes ni de rang en religion. Afin de savoir si l'enfant a retenu quelque chose de la leçon, nous a expliqué Mademoiselle Deschênes, nous utilisons le dessin pour les tout-petits ou un rapide exercice oral ou écrit pour les plus âgés. De toute façon, quel que soit le résultat, l'élève ne recevra aucune note. Nous ne voulons pas que son intérêt pour la matière religieuse s'établisse sur une question de chiffres. Si l'enfant n'a pas compris notre enseignement, ce n'est pas sa faute, c'est la nôtre. Il ne sera ni plus mauvais chrétien, ni meilleur catholique parce qu'il sera premier en religion. Cette forme de calcul n'a rien à voir avec Dieu.»

Voilà un point qui soulève mon enthousiasme pour le renouveau catéchétique. La religion n'et plus considérée comme une matière scolaire, mais fait partie de la formation morale et strictement personnelle de chaque individu, formation qu'un foyer catholique désire normalement donner à ses membres. La santé morale de mon enfant sera maintenant à ma charge et éducateurs et clercs seront là pour me seconder.

Je me sens un peu désemparée, prise au dépourvu face à ces nouvelles responsabilités. Tout est tellement différent: je suis certaine que plusieurs mères de famille auront la même réaction que moi. Ne serait-il pas souhaitable qu'une série de cours d'initiation à l'adresse des parents soucieux de remplir leur rôle en matière d'éducation religieuse soit mise sur pied?

A ce sujet, l'institutrice me rappelle qu'à l'Ecole Saint-Emile on insiste justement pour établir une collaboration parents-maîtres. «Au début de l'année, nous convions des parents à une rencontre pour leur expliquer notre façon de travailler. Ces rencontres se renouvellent deux ou trois fois au cours de l'hiver et les parents nous font part, de leur côté, de leurs objections, de leurs découvertes, des progrès ou des problèmes constatés chez leurs enfants.» Je doute toutefois que ces rencontres soient suffisantes.

En somme, l'école continuera comme par le passé à jouer son rôle, mais le renouveau catéchétique exigera beaucoup plus des parents. «Plusieurs d'entre nous», disait une autre mère de famille, Madame Pierrette Dubuc, au même congrès, «souhaitent que la première communion de l'enfant de six ans se fasse entre son père et sa mère. Les en empêcher serait les priver d'un joie naturelle, celle qui consiste pour les parents à faire faire à leurs petits leurs premiers pas dans la vie spirituelle comme ils ont pu le faire dans la vie physique.

Puisqu'il n'y a pas de manuel répondant aux exigences de la catéchèse, il faudra en créer. Et c'est à quoi s'emploient quatre professeurs sous la direction de l'abbé Robert Gaudet, secrétaire de l'Office catéchétique provincial, organisme responsable de la rédaction des nouveaux manuels de catéchisme.

«Notre préoccupation dominante», m'a expliqué l'abbé Réginald Marsolais qui travaille à l'élaboration du programme pour les élèves de première année, "est d'éveiller le tout-petit au sens de Dieu, au sens de la prière, de susciter chez lui des attitudes religieuses fondamentales et d'éveiller sa conscience morale.

«Il nous semble nécessaire, pour en arriver là, que l'enfant, dès cet âge, ait quelque chose à mémoriser, des phrases courtes , des paroles de Dieu: «Seigneur, Tu es beau, Tu es grand», «Aimez-vous les uns, les autres», «Parce que j'aime mon Père, je fais toujours sa volonté». Mais on mettra entre les mains de l'élève un album catéchétique plutôt qu'un manuel.»

Cela suppose une imagerie appropriée puisque par définition album veut dire un cahier cartonné ou relié, destiné à recevoir des notes, des dessins, des photographies, etc. Cela encore une fois me fait peur. L'imagerie religieuse, hélas, est si pauvre! Cet album comportera un thème par semaine et au début de chaque thème, une fiche guidera les parents dans leur rôle de premiers éducateurs de la foi de leurs enfants.

Nous avons également demandé en quelle année se ferait l'initiation sacramentelle.

Cette question reste malheureusement sans réponse précise, mais il semble, après les délibérations du congrès catéchétique de Québec, que les autorités envisageraient d'échelonner sur quelques mois la réception des sacrements de Pénitence, de Confirmation et d'Eucharistie et de ne pas les dispenser nécessairement en première année. «Le nouveau programme, tel que nous l'envisageons actuellement, explique l'abbé Marsolais, permettra l'acheminement des enfants aux sacrements quand ils seront prêts à en tirer profit.» Pour la majorité d'entre eux l'initiation sacramentelle ne se ferait qu'en deuxième année, Pour quoi ce recul? D'une part, parce que la plupart sont trop jeunes psychologiquement, à six ans, pour recevoir ces sacrements; d'autre part, parce qu'ils n'ont pas reçu à la maison une initiation religieuse suffisante ou qu'ils en reçoivent une mauvaise qu'il faut reprendre à leur entrée à l' école. Mais il pourrait y avoir des exceptions.

Le nouveau programme de 1ère année est déjà en vigueur à titre expérimental dans quinze classes à travers six diocèses. Il englobe cinq cents enfants de milieux différents, donc cinq cents familles.

Une fois par mois environ, il y a, dans ces diocèses, des rencontres parents-maîtres-clergé. Leur but est de connaître l'avis et les réactions de chacun et, au besoin, d'apporter les mises au point nécessaires. Sont prévues également des consultations avec des spécialistes de la catéchèse. Si tout va tel que prévu, le nouveau programme de première année sera en vigueur partout à travers la province à compter de septembre 1964.

Il y a aussi pénurie de professeurs spécialisés en catéchèse. «A quoi serviront les meilleurs manuels du monde, me dit l'abbé Gaudet, tant que nos professeurs n'auront pas été formés à cette nouvelle discipline». A l'heure actuelle presque tous ceux qui dispensent cet enseignement au Canada ont fait leurs études à l'étranger. Il est grand temps que les commissions scolaires permettent à des groupes de professeurs de prendre un ou deux ans pour se spécialiser et que de jeunes professeurs sortant des écoles normales se dirigent vers cet enseignement. Evidemment, le clergé peut fournir quelques recrues; mais en général il serait bon que les laïcs soient initiés le plus tôt possible à cette discipline qui leur revient en tant qu'éducateurs.

Le renouveau catéchétique, on s'en rend compte, est un travail de longue haleine qui, pour réussir, doit monopoliser les efforts de tous. Il traverse à l'heure présente une période d'essai. Il n'en sortira vainqueur, fort et bien établi que s'il reçoit de la part des parents et des éducateurs l'encouragement et la collaboration indispensables. Si nous considérons que l'enseignement tel qu'il se pratique chez nous doit être repensé, rénové, adapté, nous ne pouvons que donner notre appui à cette forme nouvelle d'enseignement qui voit le jour chez nous après avoir été expérimenté dans plusieurs pays européens."

Page modifiée le : 17-05-2016
 

© Université Laval