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Journal d'éducation

1881 (janv.) - 1882 (janv.)

Identification

À partir d'octobre 1879, le Journal d'éducation est publié, une fois par semaine, dans le quotidien Le Courrier du Canada. À compter de janvier 1881, ces feuillets sont retirées du journal pour être imprimés sous la forme d'une revue, qui paraîtra chaque semaine durant un an.

Historique

Le Journal d'éducation est un hebdomadaire publié à Québec, par Léger et Brousseau, propriétaires du Courrier du Canada. La page en-tête de la revue signale que la rédaction et l'administration du Journal d'éducation s'effectuent aussi chez Léger et Brousseau. De plus, on y définit le public auquel s'adresse la revue : «À l'usage des instituteurs et des institutrices, des professeurs, des pères et des mères de famille, et de toutes les personnes qui veulent rappeler ou compléter leurs études premières, ou qui voudraient suppléer à ces études.»

L'hebdomadaire paraît le jeudi. Tous les numéros consistent en un cahier de douze pages à deux colonnes et sont livrés sous la forme d'un volume annuel de 624 pages. L'abonnement coûte une piastre par an pour le Canada et les Etats-Unis, et 12 francs 50 pour la France et l'Union postale.

La table des matières comprend les sections suivantes : Pédagogie, Méthodes de style, Canevas et modèles de composition, Éducation par les fables, Petites leçons morales, Acquisition des idées, Exercices de syntaxe, Dictées, Déclamation, Incorrections de langage. De plus, chaque discipline est représentée (histoire, géographie, mathématiques, etc.). Quelques sections viennent alléger ce programme en sortant du cadre scolaire: elles s'intitulent «Maximes et politesse», «Articles variés». Enfin, chaque numéro se termine sur un cantique accompagné de sa partition.

La revue dépasse les frontières du Québec, si l'on se fie au tarif de l'abonnement prévu en francs et à un article publié dans le premier numéro du Journal d'éducation. Il s'agit d'un extrait du Bulletin de l'Institut géographique international de Berne qui met de l'avant les qualités de la nouvelle revue québécoise : elle fournit de bons conseils pédagogiques et on la recommande aux professeurs ainsi qu'aux parents désireux d'encadrer leurs enfants.

Cet hebdomadaire pédagogique s'inscrit dans un espace occupé alors par L'École primaire et par le Journal d'instruction publique. La rivalité avec ces deux journaux et le dépit d'avoir perdu la course se font ressentir dans le mot d'adieu, publié dans le dernier numéro du Journal d'éducation: "Notre volume, même borné à 600 pages, contient d'ailleurs une fois et demie la matière du Journal de l'Instruction publique de Montréal (384 pages) et deux fois et demie la matière de L'Enseignement primaire de Québec (240 pages)". On souligne que malgré cette disparité, le prix de l'abonnement est le même pour les trois revues et les abonnés sont invités à en recruter d'autres.

Cet appel ne semble pas avoir trouvé d'écho puisque la publication du 5 janvier 1882, qui ne comporte d'ailleurs que quatre pages, sera la dernière. Aucune mention de cet état de fait ne figure dans le Journal d'éducation, mais Le Courrier du Canada signale brièvement que la publication reprendra si elle bénéficie d'une subvention gouvernementale, ce qui ne sera pas le cas.

Orientation

Comme l'indique l'en-tête du journal, celui-ci s'adresse surtout aux enseignants et son contenu est presque uniquement scolaire. La table des matières renseigne clairement, elle aussi, sur la vocation du journal. Très axé sur la pratique, celui-ci fournit des exercices directement utilisables en classe et des conseils portant sur le déroulement des leçons. Dès le premier numéro, on signale que la revue se limitera strictement à sa vocation pédagogique et que «toute polémique sera exclue de nos colonnes».

On y mentionne également qu'on conservera l'esprit des feuillets publiés auparavant dans Le Courrier du Canada, or ce quotidien est défini comme un journal de droite très doctrinaire, un «organe religieux de tendance ultramontaine». Pour Labarrère-Paulé (1963), le Journal d'éducation a été créé avec l'objectif de récupérer les instituteurs laïques, jugés dangereux pour leurs idées libérales. Ce serait donc dans un but politique que, pour la première fois, un quotidien ouvre ses colonnes à des exercices pratiques pour les enseignants. De plus, à partir d'avril 1880, le Journal d'éducation est publié doublement dans Le Courrier du Canada, soit dans l'édition hebdomadaire et dans l'édition quotidienne du jeudi. Cette décision peut s'interpréter comme une tactique visant à attirer les enseignants vers les idées conservatrices du journal.

On ne peut étudier la vocation du Journal d'éducation sans la mettre en parallèle avec celle du Journal d'instruction publique et celle de L'enseignement primaire). Même si les trois revues se rejoignent autour d'un tronc commun voué à la pédagogie, chacune possède ses caractéristiques propres. Ainsi, le JIP se définit par son universalité et cette qualité semble faire défaut au Journal d'éducation, que Labarrère-Paulé (1963) qualifie, à juste titre, de journal sans âme. De son côté, l'EP se distingue par son ouverture d'esprit, à l'image de celle de son fondateur, Cloutier. Politique et vocation semblent d'autant plus liées qu'à Jean-Baptiste Coutier, fondateur de l'EP, s'oppose Napoléon Lacasse, qui semble être le principal rédacteur du Journal d'éducation. Malgré leurs points communs (tous deux sont professeurs d'école normale et publient des manuels scolaires), ces deux personnages s'opposent sur le plan politique, Cloutier est d'allégeance libérale alors que Lacasse est soutenu par le parti conservateur.

En conclusion, la rigueur et l'austérité semblent être l'apanage de cette publication, qui a connu une vie brève en dépit du fait qu'elle représente, pour cette période, la revue pédagogique la plus spécialisée.

Bibliographie

Beaulieu, André et J. Hamelin. La Presse québécoise des origines à nos jours, t. 2 (1860-1879). Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1975, p. 298.

Labarrère-Paulé, André. Les laïques et la presse pédagogique au Canada français au 19e siècle. Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1963.

Têtu, Horace. Journaux et revues de Québec par ordre chronologique., Québec, s. n., 1881.

Têtu, Horace, Historique des journaux de Québec. Nouv. éd. rev., augm., et annot., Québec, s. n., 1889.

Martine Nachbauer     

Page modifiée le : 16-05-2016
 

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