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The gazette of education and friend of man

1830 (octobre)

Identification

The gazette of education and friend of man est une revue pédagogique qui ne contient qu'un seul volume et deux numéros, soit ceux des 13 et 20 octobre 1830 et qui fait en tout 16 pages.

Historique

Publiée à Montréal par Joseph Lancaster, éducateur anglais, The gazette of education and friend of man se voulait une revue destinée à offrir des essais originaux sur l'éducation mais en fait, elle s'est révélée davantage comme un organe publicitaire pour le compte personnel du fondateur. C'est donc sous le patronage de Sir James Kempt que Lancaster, dans cette revue, expose ses propres vues et ses expériences en matière éducative.

Joseph Lancaster est surtout connu de ses contemporains pour avoir élaboré un système d'éducation destiné aux enfants pauvres et basé sur la «méthode du monitorat» ou encore «l'enseignement mutuel». Son système eut un impact considérable dans plusieurs pays dont le Canada. Le président de la Chambre d'assemblée, Louis-Joseph Papineau, avait d'ailleurs versé une subvention à Lancaster afin que celui-ci poursuive ses recherches sur le système d'enseignement au Canada. Lancaster s'installe donc au Canada en 1828 et donne des conférences, enseigne et visite des écoles avant de se lancer dans la rédaction de cette revue.

Quelques indications sur les théories pédagogiques du fondateur de la revue

Dans un rapport de la chambre d'assemblée datant de 1815 sur «l'état et les progrès de l'éducation», le comité de l'éducation avait inséré une traduction de Improvments in Education by Jospeph Lancaster louant ainsi les théories pédagogiques de ce dernier. On y expose la méthode de Lancaster, jugée «peu coûteuse» et «prompte pour répandre l'éducation élémentaire». Cette méthode soutient qu'il est possible d'instruire gratuitement et en peu de temps le plus grand nombre d'enfants pauvres sans fournir plus d'effort qu'il n'en faut. De plus, elle encourage «l'établissement d'écoles gratuites et l'avancement des sciences» tels que souhaité par le rapport (1).

Le principe fondamental de la méthode du monitorat de Lancaster est celui de la hiérarchie: le maître dirige la classe et les enfants les plus âgés dirigent les plus jeunes. Le but de cette méthode est de faire de l'enfant un «sous-précepteur», c'est-à-dire un élève dont la responsabilité est soit «d'enseigner, soit de tenir l'ordre.» Ainsi, les élèves les plus doués servent d'assistant au maître pour instruire les moins doués ce qui permet la présence d'un seul maître pour une classe très nombreuse. Cette méthode a l'avantage d'être économique et très active. D'abord, au niveau du matériel scolaire, elle ne nécessite que le strict minimum. Par exemple, l'enseignement de l'écriture se fait à l'aide de bacs de sable et on apprend aux enfants à épeler en écrivant, ce qui diminue considérablement les dépenses car on diminue le nombre de manuels à acheter; cette méthode offre également l'avantage d'occuper tous les élèves en même temps.

D'après Lancaster «l'influence du maître sur ses écoliers et celle qu'ils ont les uns les autres» demeure l'objet constant de ses études. C'est par la maîtrise de cette influence qu'il est possible de favoriser le progrès dans une classe tout en gagnant du temps. En se copiant les uns les autres, les écoliers sont amenés à se surpasser (système d'émulation) afin de recevoir mérites, médailles et places d'honneur (système de récompenses). En fait, il faut créer dans la classe une atmosphère compétitive et de relative autonomie afin de conjuguer apprentissage, temps et excellence.

Au Bas-Canada, à partir des années 1810, cette méthode est reprise dans bon nombre d'écoles de Québec et de Montréal ainsi que fortement propagée par l'éducateur Joseph-François Perrault. Plus tard, cette méthode rencontrera une vive opposition de la part des clergés anglican et catholique ce qui entraînera la fermeture de quelques écoles dirigées sous le modèle lancastérien.

Orientation de la revue

L'orientation de la revue se manifeste à travers l'exposé des conceptions de l'éducation propre à Lancaster, lesquelles apparaissent nettement universelles, humanistes voire libérales. Lancaster exprime ainsi les principaux sujets de cette publication: l'éducation et l'éducation sans prosélytisme, l'institution philanthrope, le progrès scientifique et, de façon générale, toute invention ou objet qui peut exalter l'esprit ou civiliser et améliorer la condition de l'homme. Cette vision reflète, selon Lancaster, 35 années d'expérience en éducation et d'engagement au profit de son expansion envers les "children of all nations". Lancaster espère ainsi, par le biais de cette publication, préparer l'esprit du public à entrer dans des détails fondés sur des faits .vidents et sur de simples expériences, et qui concernent chaque parent, chaque famille et école dans le monde. De plus, par le biais de cette revue, il entend promouvoir l'éducation à travers les provinces britanniques de l'Amérique du Nord, plus spécialement au Bas-Canada, tout en éveillant l'esprit de l'industrie et de l'émulation (2).

Le public visé par la revue n'est pas clairement défini mais on s'attend bien sûr qu'il soit anglophone. Cependant, de façon très large, Lancaster dit vouloir s'adresser à l'ami de l'homme (comme le titre de la revue l'indique d'ailleurs) c'est-à-dire, aux chrétiens mais plus spécialement, aux amis de la connaissance et de la science. A y regarder de plus près, il semble que la revue soit adressée à un réseau de relations particulières, soit celui qui entoure le fondateur. Nous pouvons penser ici aux membres de la Royal lancastarian Society qui administre les dons ainsi qu'à tous ceux qui ont contribué, d'une façon ou d'une autre, au développement du système d'éducation de Lancaster.

Le contenu de la revue reflète d'ailleurs très bien cette orientation. Lancaster entend donner des biographies d'individus qui se sont montrés pleins d'humanisme; il traite aussi d'institutions qui, à certains moments, ont contribué à améliorer la vie du monde (3). Ainsi, le contenu du premier numéro retrace les anecdotes originales des rois d'Angleterre Georges III et IV ou plutôt, les rencontres entre ces derniers et Lancaster concernant le financement et l'extension du système lancastérien: «The late king's donations and annual subscription, intended to advance the progress of my system.» (4) Dans ce numéro, c'est davantage un hommage qui rend compte de la contribution de la couronne britannique au système de Lancaster qu'un exposé de la pensée de ce dernier. Ponctué à l'occasion de poèmes qui vantent les mérites des innovations de Lancaster en soulignant qu'elles sont un «system of genius», le numéro comprend également une note critique sur le gouvernement français de l'époque ainsi qu'une énigme qui se veut instructive.

Par contre, dans le deuxième numéro, les bienfaits du système lancastérien y sont davantage exposés. Le premier article traite des expériences faites auprès des jeunes illettrés et des résultats qui s'en suivent. Lancaster remarque, entre autres, que les résultats ont été moins heureux du côté des jeunes Canadiens (5). Malgré les difficultés des enfants, dans l'ensemble, les résultats montrent que la méthode est efficace; en quelques mois, les enfants savent lire. Cette méthode est d'ailleurs appliquée dans plusieurs pays à travers le monde. De courtes enquêtes démontrent que celle-ci est utilisée en Russie, en France, au Danemark et en Chine, ce qui contribue évidemment au progrès de l'éducation.

Bibliographie

Beaulieu, André et Jean Hamelin. La presse québécoise des origines à nos jours, t.1 (1764-1859), Québec, Les presses de l'Université Laval, 1973, p. 69-70.

Lysons-Balcon, Heather. "Lancaster, Joseph", Dictionnaire biographique du Canada - volume VII de 1851 à 1860 (Sainte-Foy, Les presses de l'université Laval, 1988):520-522.

Notes

(1) Proceeding of House of Assembly in the First Session, Québec, 1815, p. 27.

(2) Joseph Lancaster, "Introductory Adress to the Public, on the First Number of The Gazette of Education, and Friend of Man", 1, 1, (oct.1830):1-2.

(3) Ibid. p. 1.

(4) Joseph Lancaster, «Original anecdote of King George the Fourth by Joseph Lancaster in a letter to a friend», 1, 1, (oct.1830):10.

(5) Anonyme, (sans titre), 1, 2, (oct.1830):6.

Charlène Paradis     

Page modifiée le : 16-05-2016
 

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