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Sources imprimées

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1996

xxx. Se souvenir et devenir - Rapport du groupe de travail sur l'enseignement de l'histoire. Québec, Ministère de l'éducation, 1996. xi, 80 p.

"2. Le manuel de l'élève.

Dans plusieurs mémoires et au cours des audiences publiques, on a attiré l'attention des membres du Groupe de travail sur une autre difficulté que soulève l'enseignement de l'histoire: l'accessibilité à un manuel pour chaque élève.

Tout le monde convient qu'un manuel est une aide didactique indispensable et qu'il importe que chaque élève puisse disposer personnellement d'un manuel tout au long de l'année scolaire, non seulement en classe, mais aussi à la maison. En effet, dans maintes écoles, l'enseignant ne dispose que d'une trentaine de manuels qu'il utilise en rotation avec plusieurs groupes d'élèves. L'une des répercussions majeures de cette situation est que l'enseignant ne peut donner une lecture ou un exercice à faire à la maison, car l'élève n'a pas accès à un manuel en dehors des heures de classe. Une telle situation ne favorise évidemment pas l'appropriation de la matière et le renforcement des apprentissages.

En conséquence, le Groupe de travail recommande:

Que chaque élève dispose personnellement d'un manuel d'histoire tout au long de l'année scolaire de sorte qu'il lui soit possible de l'apporter à la maison, à des fins d'apprentissage.

Il faut souligner que, pour être utilisé dans les écoles du Québec, tout manuel doit avoir reçu l'approbation du ministre de l'Éducation. Celle-ci n'est accordée que si le manuel satisfait à un certain nombre de prescriptions. Ainsi, pour être approuvés, des manuels actuellement en usage ont dû se conformer à 36 prescriptions pour les sciences humaines au primaire, à 34 prescriptions pour l'histoire générale de 2e secondaire et à 27 pour l'histoire du Québec et du Canada au 4e secondaire (14). C'est peu dire!

Certaines de ces prescriptions paraissent pour le moins discutables. En effet, comment s'assurer que les cartes historiques demeurent rigoureusement précises dans le manuel de 4e secondaire, alors que la "carte indispensable [p. 55] des districts électoraux" (prescription 13) sera caduque bien avant que le manuel ne soit plus en usage? Tout aussi discutable est l'obligation d'une "bibliographie significative" dans le manuel de 4e secondaire (prescription29) quand on sait dans quel état sont les bibliothèques scolaires au Québec (15).

Au Québec, devoir se conformer à ces prescriptions n'est pas la seule responsabilité qui incombe aux auteurs de manuels de sciences humaines et d'histoire. Il leur faut aussi satisfaire aux exigences de la Commission de toponymie et aux règles complexes préservant des éléments discriminatoires et des stéréotypes négatifs, puis finalement se soumettre à l'évaluation sur les plans moral et religieux des comités confessionnels du Conseil supérieur de l'éducation. Les membres se dont d'ailleurs demandés si cette dernière évaluation des manuels de sciences humaines et d'histoire était opportune à notre époque.

Les membres ont également observé que là où il n'existe aucun système officiel d'approbation des manuels et là où les prescriptions sont peu nombreuses, comme en Angleterre, en Italie, en France, dans de nombreux États américains ou des provinces canadiennes, les manuels ne sont pas de moindre qualité. De telles conditions semblent, au contraire, aviver l'imagination et la créativité des auteurs. Les manuels y sont donc nettement plus diversifiés qu'ici et plus susceptibles à tenir compte des besoins variés des élèves. Les enseignants et les écoles savent reconnaître leur qualité et les choisir en conséquence.

Le Groupe de travail recommande donc:

Que le ministère de l'Éducation allège les conditions d'approbation des manuels d'histoire de façon à laisser davantage de place à l'imagination créatrice et à la responsabilité des auteurs, dans le respect toutefois des grandes orientations des programmes.

3. Le matériel audiovisuel et l'enseignement de l'histoire.

Personne ne conteste la nécessité de recourir à des moyens pédagogiques diversifiés pour susciter l'intérêt de l'élève et soutenir ses apprentissages. Un matériel audiovisuel bien conçu constitue un auxiliaire didactique indispensable; il importe donc que l'enseignant y ait facilement accès. Toutefois, pour jouer son véritable rôle d'outil pédagogique, tout matériel audiovisuel doit être adapté aux besoins, adapté aux programmes d'histoire, tenir compte de l'historiographie récente et des nouvelles réalités internationales et conçu pour s'intégrer facilement dans la démarche d'enseignement-apprentissage. [p. 56]

Certaines personnes ont rappelé aux membres du Groupe de travail l'état quasi généralisé de désuétude du matériel audiovisuel existant, les difficultés d'utilisation qu'il pose en classe et l'absence totale de matériel pour de nombreux éléments des programmes.

En conséquence, le Groupe de travail recommande:

Que, dans le respect de sa mission éducative, Télé-Québec consacre les ressources financières nécessaires à la production, en collaboration avec des enseignants, de matériel audiovisuel approprié à l'enseignement de l'histoire.

(14) Voir: Document d'information, Le matériel didactique de base nécessaire à l'enseignement du programme de sciences humaines au primaire: devis, MEQ, juillet 1982; Document d'information, Le matériel de base nécessaire à l'enseignement du programme d'histoire générale - 2e secondaire, formation générale: devis, Québec, MEQ, avril 1982; Document d'information, Le matériel didactique de base nécessaire à l'enseignement de l'histoire du Québec et du Canada, 4e secondaire, formation générale et professionnelle: devis,Québec, MEQ, août 1982.

(15) Document d'information. Le matériel didactique de base nécessaire à l'enseignement de l'histoire du Québec et du Canada, 4e secondaire... p. 57 et 83."

1996
Maillet, Antonine. Le chemin Saint-Jacques. Montréal, Leméac, 1996. 370 p.

"On m'introduisit à la «réserve», ce lieu sacro-saint de la bibliothèque la plus prestigieuse du monde [la bibliothèque nationale de France]. Je tournais la tête sans bouger le torse, osant à peine effleurer de mes yeux ces tonnes de bouquins jaunis, cornés, mais enluminés durant des siècles par des moines de génie. Je songeai à mon père qui avait enseigné les rudiments de grammaire française à trois générations d'Acadiens dans de vieux livres cornés et jaunis, mais usagés, surannés et qui n'avaient plus cours dans aucune école de France ou du Québec, et que l'Acadie se devait pourtant d'accueillir comme un don. Mon père et ma mère avaient fait répéter je-suis-tu-es-il-est-nous-sommes-vous-êtes-ils-sont à des centaines d'enfants appelés un jour à s'arracher de leur gangue primitive et entrer de pied ferme chez leurs contemporains. Entre les milliers de livres transcripteurs de la pensée de six millénaires de civilisation et les maigres rayons de ma bibliothèque familiale ou scolaire, je mesurais le gouffre qui me séparait de mes origines et que je devais pourtant franchir si ma quête avait quelque chance d'aboutir." (p. 274).

1996.01.16
Leduc, Louise. "Réforme du français au secondaire - Faux départ - L'indécision du ministre Garon déstabilise les éditeurs scolaire", Le Devoir, 16 janvier 1996, p. B-1.

"En gestation depuis huit ans, le programme de français au secondaire est encore une fois en suspens pour réévaluation. Mot d'ordre du ministère de l'Éducation aux éditeurs scolaires: attendez de nouvelles directives avant de passer à l'imprimerie. Ce nouveau faux départ n'est pas sans déstabiliser les maison déjà bien engagées dans la course.

Parce qu'il s'agit bel et bien d'une course. Au delà des sacro-saints principes de qualité du livre éducatif, les règles du marché s'appliquent et chaque éditeur connaît l'importance d'introduire le premier son matériel dans les écoles.

Pour brasser de bonnes affaires, il faut devancer le signal de départ du ministre qui, d'une part, tient la bride des éditeurs, mais garde, d'autre part, septembre 1997 dans sa ligner de mire pour l'implantation du programme.

Malgré ces contradictions, l'édition scolaire demeure encore aujourd'hui la plus lucrative de toutes. Selon une étude réalisés par le revue Livre d'ici, les revenus moyens d'un éditeur scolaire s'élèvent à 2,4 millions (56% de toutes les recettes d'édition au Québec), loin devant l'éditeur «littéraire» qui ne peut guère espérer plus de 315 700$ annuellement.

Hurtubise, Mondia, Beauchemin, le Centre éducatif et culturel sont déjà montés dans le train de la réforme depuis longtemps, croyant y trouver leur compte. Marc-Aimé Guérin, lui, se retire du jeu. «Avec la prolifération des photocopies dans les écoles, il n'y a plus de place pour l'édition. On est à l'époque des feuilles volantes: finis les beaux manuels lucratifs. S'ajoutent à cela des programmes farfelus nous obligeant à faire des manuels qu'on n'aime pas, et les mouvements syndicaux qui s'immiscent dans les débats...»

Devant toute cette pagaille, Guérin jette l'éponge à toutes fins utiles sur l'édition au Québec «pour se tourner vers d'autres provinces canadiennes et certains pays africains, là où une certaine cohérence existe encore».

Chose certaine, la politique du petit pas en avant, du petit pas en arrière cause de sérieux maux de tête aux éditeurs en lice.

L'un d'eux, préférant garder l'anonymat, s'inquiète: «On travaille sans filet. Des auteurs ont été engagés et la rédaction de manuels est déjà avancée. Si le ministère de l'Éducation change le tir, il nous faudra recommencer certaines parties des manuels en cours, avec les coûts que cela occasionnera.»

Alors même que la réforme n'est pas encore arrêtée, Jacques Rochefort annonce que ses premiers manuels seront terminés dès le printemps1996, prêts à solliciter leur approbation du ministère de l'Éducation. «Les auteurs, les chercheurs, les réviseurs et les maquettistes sont en place depuis longtemps.»

Les gens à courtiser? Les professeurs eux-mêmes. «Lorsqu'on publie un ouvrage, on leur envoie des exemplaires et on les rencontre. Le processus d'achat s'est décentralisé au fil des ans et ce sont souvent les professeurs qui choisissent leur matériel.»

Même dans la rédaction d'une grammaire, travail de longue haleine s'il en est, le linguiste François Morin n'exclut pas la possibilité d'être coiffé au fil d'arrivée. Il est possible que certains éditeurs fassent vite et se rabattent sur une grammaire traditionnelle et ce, même s'il est désormais admis que des failles sont devenues proverbiales. «Le bureau d'approbation du ministère approuve parfois n'importe quoi et le marché n'est pas nécessairement bon juge du matériel didactique disponible.» La compétition est très forte, admet Milena Stojanac d'Hurtubise HMH. «Les budgets des commissions scolaires sont coupés. Rares sont les maisons à risquer les investissements que nécessite la production de coûteux manuels de base, quatre couleurs à caisse rigide. Les éditeurs se détournent de plus en plus de ces manuels.»

Marcel Chabot, responsable au ministère de l'Éducation de guider les éditeurs vers du matériel scolaire conforme aux programmes, est aussi préoccupé du coût final du livre. «Les éditeurs ne doivent pas perdre de vue que les livres sont distribués gratuitement aux élèves. Nous devons rappeler aux maisons qu'il y a un seuil à ne pas dépasser au point de vue de la sophistication.» Ces consignes, entre autres informations, sont transmises lors de réunions organisées par le ministère à l'intention des éditeurs scolaires, "pour que la ligne de départ soit la même pour tous", conclut M. Chabot."

1996.01.18
xxx. "Secondaire V - Manuel de biologie qui rappelle la théorie raélienne", Le soleil, 18 janvier 1996, p. A 11.

"C'est en exposant la théorie raélienne selon laquelle la vie a été créée en laboratoire par des extraterrestres qu'un manuel de biologie de secondaire V ouvre son chapitre sur l'origine de la vie.

En première page de la section 5 du manuel intitulé "La vie, un équilibre à maintenir", on peut notamment lire: «Le message extraordinaire reçu par Claude Vorilhon (Raël) expliquait comment des êtres sur une lointaine planète avaient découvert le secret de la vie et avaient créé en laboratoire des êtres vivants. Toutes les formes de vie qui peuplent la Terre seraient issues de ces laboratoires.»

Après une courte description de la théorie raélienne, les auteurs du manuel, Denise Bergeron et Gilles Isabelle, interpellent le lecteur: «Que penser d'un tel phénomène? Fumisterie, religion nouvelle ou fait véridique, qui sait. Il n'en demeure pas moins que cela constitue une autre hypothèse par laquelle l'être humain tente d'expliquer son origine sur la Terre.»

Théories générales

La suite du chapitre est quant à elle relativement classique dans sa forme et dans son contenu. On y expose des théories scientifiques généralement reconnues.

Pour l'auteur, Gilles Isabelle, professeur de biologie au collège Mont-Saint-Louis, à Montréal, cette mise en situation qui ouvre le chapitre respecte tout à fait les directives du ministère de l'Éducation qui préconisent de «mettre les étudiants en situation d'éveil.»

«À l'époque, en 1988, les raéliens étaient très d'actualité et cette mise en situation donnait un exemple des idées que l'on se fait des origines de la vie», explique M. Isabelle.

Manuel pas approuvé

Lundi, au bureau de l'approbation du matériel didactique du ministère de l'Éducation, on signalait que ce manuel n'avait pas été approuvé et que, par conséquent, il ne pouvait pas être utilisé dans les écoles.

Pourtant, Gilbert Martin, de l'Association des professeurs de sciences du Québec, déclarait hier que le manuel était utilisé partout dans la province. À la Commission des écoles catholiques de Montréal, la plus importante du Québec, on indique que le manuel est utilisé dans quelques écoles et on déclare ignorer qu'il n'était pas approuvé par le ministère.

Selon Claude Legault, directeur de Lidec (la maison qui édite le manuel), l'ouvrage n'a pas été approuvé à cause d'un problème de féminisation des textes. Cela n'a toutefois pas empêché des ventes d'environ 1000 exemplaires par an depuis 1989.

Le ministre de l'éducation, Jean Garon, est actuellement en France. Il n'a pas été en mesure de donner son opinion sur le contenu du manuel en question."

1996.05.16
Hachey, Isabelle. "Colloque sur l'enseignement de l'histoire dans les écoles secondaires du Québec - Dis-mois qui est ton prof, je te dirai de que tu penses - Nos manuels scolaires sont-ils souverainistes?, Le devoir, 16 mai 1996, p. 1 et A-8.

"L'Acte de l'Amérique britannique de 1867 est-il le fruit d'un pacte entre deux peuples fondateurs ou est-il né de la volonté des anglophones d'asservir à tout jamais les Canadiens français? Pour les élèves du secondaire de la province, la réponse à cette question dépend du professeur qui leur livrera la matière. En fait, il y a presque autant d'interprétations des événements qui ont façonné le pays que d'historiens.

Bas-Canada, un castor misérable, tire péniblement une charrette conduite par Haut-Canada, un autre castor qui porte triomphalement l'étendard de la "race supérieure". Derrière la charrette, enchaînés, des personnages représentant «notre religion», «notre langue» et «nos moeurs» semblent résignés à leur triste sort...

Cette caricature, sans légende, a été tirée d'un manuel d'histoire destiné aux jeunes Québécois de niveau secondaire par Monique Nemni, professeur de linguistique à l'Université du Québec à Montréal. Une caricature qui démontre bien, selon elle, que les manuels scolaires québécois sont carrément infestés de messages - subtils ou non - visant à faire mousser la cause souverainiste.

Mme Nemni participait hier à un colloque portant sur l'enseignement de l'histoire dans les écoles secondaires de la province, dans le cadre de la semaine de l'ACFAS, à l'Université McGill.

«Le nationalisme au Québec n'est pas l'affaire de quelques professeurs zélés, mais il traverse tout le système scolaire. Il part du [p. 1] ministère de l'éducation, il se transmet à travers les manuels et il s'enseigne dans les écoles», déplore Mme Nemni, qui a lancé une charge à fond de train contre les manuels d'histoire québécois dont le contenu est, selon elle, plus que biaisé: «Le Canada n'existe que dans ses rapports de domination avec le Québec. On parle constamment de l'ingérence d'Ottawa et de la protection de l'autonomie provinciale. Il n'y a aucune image positive de ce pays!»

Mme Nemni, qui est également codirectrice de la revue Cité libre, cite en exemple le passage d'un manuel portant sur l'enlèvement du ministre Pierre Laporte par le FLQ en 1970: «Quelques semaines plus tard, le délégué commercial est libéré, mais le ministre est retrouvé mort», peut-on lire dans le manuel. «On ne sait pas s'il n'a pas eu une attaque cardiaque! Les mots "terroriste", "otage", "assassin.", "coupable" ont disparus [sic]» affirme Mme Nemni, qui a également retracé, à la fin de ce manuel, cette question de réflexion en classe qui l'a fait sursauter: "Faut-il fêter le 1er juillet?»

Tous les élèves de la province doivent suivre un cours d'histoire obligatoire en secondaire IV, intitulé «Histoire du Québec et du Canada». Le programme du cours est établi par le ministère de l'Éducation, qui a aussi le pouvoir d'approuver ou de refuser les manuels scolaires utilisés par les professeurs. Mais pour Mme Nemni, le mot «Canada» devrait être biffé de l'intitulé du cours afin de refléter la réalité. «A dire vrai, je crois que c'est plutôt l'histoire du nationalisme québécois. Je pense qu'il est impossible de penser qu'avec un tel programme on puisse conclure en disant "oui, je veux rester au Canada, le Canada est mon pays".»

René Durocher est l'auteur de l'un des manuels critiqués par Mme Nemni. Selon lui, il n'y a pas de conspiration nationaliste au sein du gouvernement: «Le ministère ne décide pas de l'histoire mais de l'enseignement de l'histoire. Le programme est élaboré par une équipe formée d'enseignants, d'historiens et de fonctionnaires", dit-il. M. Durocher, professeur à l'Université de Montréal, estime qu'enseigner l'histoire au Québec est un exercice périlleux. "Les Québécois constituent-ils un peuple qui a une histoire propre, ou le Québec est-il une simple province dans le grand tout canadien? Le péché ultime aux yeux de certains, c'est de présenter l'histoire du Québec comme celle d'une nation», a-t-il lancé lors de son allocution comme une réplique à peine voilée aux accusations de Mme Nemni.

M. Durocher considère quant à lui que le Québec est bel et bien une nation. Et l'enseignement de l'histoire constitue à son avis, un outil efficace pour les élèves qui veulent définir leur identité. «On doit tenir compte de la fonction identitaire de l'histoire, qui contribue à l'enracinement du citoyen membre d'une communauté dotée d'une mémoire collective» affirme-t-il.

Bien que l'enseignant ait un plus grand rôle à jouer en classe que les livres scolaires qu'il utilise, Cornelius Jaenen, professeur à l'Université d'Ottawa, estime qu'un manuel scolaire peut dicter, par des moyens détournés, beaucoup d'attitudes, et renforcer bien des stéréotypes sociaux. Ce que je crains beaucoup, c'est que l'histoire comme sujet scolaire se prête trop souvent à la propagande, à l'endoctrinement. Toute histoire est une interprétation du passé, d'accord, mais toutes les interprétations ne se valent pas!» La solution au problème, selon lui, est de bien faire comprendre aux élèves que les historiens ne sont pas toujours d'accord sur l'interprétation de certains faits et événements passés. «Il est important de maintenir un équilibre vis-à-vis les différentes interprétations de notre histoire», dit-il.

Car l'historien est avant tout un être humain qui peut difficilement s'abstraire totalement de son milieu et faire table rase de son passé et de ses valeurs. D'où l'importance, affirme M. Jaenen, de constituer une équipe d'auteurs pour rédiger un manuel scolaire plutôt que de se fier à un seul auteur.

Toutefois, pour tous les conférenciers, la solution n'est surtout pas de créer un manuel officiel unique qui ménagerait les susceptibilités de tout le monde. Car bien que le débat d'hier ait été mouvementé, voire houleux à certains moments, on en a tout de même tiré des conclusions révélatrices. Ainsi, selon M. Durocher, «il est bon d'avoir deux points de vue différents pour créer des échanges et des débats. L'histoire n'est pas une vérité unique!»"

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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