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La Petite École
1927-1938

La Petite École. Revue mensuelle de Pédagogie et de Méthodologie
1938-1941

L'École. Revue pédagogique canadienne-française
1941-1955

L'École primaire
1955-1966

L'École secondaire
1955-1969

L'École élémentaire
1966-1969

Identification

La Petite École naît d'un besoin très particulier: fournir un organe mensuel pouvant appuyer la cause des instituteurs et institutrices des écoles rurales du Québec. Tout au long de son existence, la revue connaîtra des changements importants qui modifieront considérablement ses objectifs et son orientation.

Première période : 1927-1938. La revue porte officiellement le nom de La Petite École. Bulletin de l'Association des Écoles rurales catholiques de la Province de Québec. Revue mensuelle de l'Instituteur et de l'Institutrice. Elle est administrée par l'Association des écoles rurales catholiques et supervisée par l'aumônier de l'association, l'Abbé Adélard Desrosiers, principal de l'École normale Jacques-Cartier. De 1927 à 1929, la direction revient à un groupe d'instituteurs anonymes. A partir de 1929, c'est Marie-Aurore Létourneau, sous le nom de plume Vérinique, qui prend en charge la revue. La Petite École est publiée à tous les mois, sauf en juillet et août, et comporte en moyenne une trentaine de pages. L'abonnement est de 1 dollar par année.

Deuxième période: 1938-1941. La Petite École change de direction et de nom et devient La Petite École. Revue mensuelle de Pédagogie et de Méthodologie. Au cours de cette période, la revue sera administrée et rédigée par les Frères de l'instruction chrétienne (FIC). L'abonnement annuel est deux dollars.

Troisième période: 1941-1955. En septembre 1941, La Petite École devient L'École. Revue pédagogique canadienne-française. Elle est toujours administrée par les Frères de l'instruction chrétienne.

Quatrième période: 1955-1969. Toujours sous la direction des Frères de l'instruction chrétienne, L'École se scinde en deux et devient L'École primaire (L'École élémentaire à partir de 1966) et L'École secondaire. La revue disparaît en 1969.

Historique

La Petite École
1927-1938

Dès sa naissance en 1927, La Petite École s'affiche d'emblée comme l'organe nécessaire pour servir la cause des instituteurs et institutrices membres de l'Association des écoles rurales catholiques. L'objectif principal de la revue est moins de fournir un outil pédagogique que de constituer une tribune pour revendiquer le droit d'obtenir de meilleures conditions salariales:

En prenant un abonnement, pour l'année, à votre Bulletin de «LA PETITE ÉCOLE» vous vous assurez un prompt moyen d'arriver au principal but assigné: nous voulons que le minimum du salaire dans les écoles rurales et les petites villes soit de 500$ pour les institutrices et de 800$ pour les instituteurs, ce qui est fort juste et admis pour toute personne bien pensante si nous voulons que l'enseignement devienne une carrière dans nos belles campagnes aussi bien comme il existe dans nos villes. (1)

Ainsi, les premières années de la revue seront presque entièrement consacrées à la réalité socioprofessionnelle des instituteurs et institutrices de la campagne. La devise du bulletin étant «Le frère aidé de son frère est comme une ville forte», La Petite École espère voir sa cause entendue auprès des commissions scolaires urbaines. Les pages de la revue sont donc, pour une majeure partie, occupées par des articles concernant la constitution et les règlements de l'Association, par des rapports de Congrès, par des communiqués et des lettres qui touchent à la profession, au salaire et au manque de personnel masculin qui puisse assurer l'éducation des garçons dans les campagnes. De plus, on compte un bon nombre d'articles consacrés à la question du Bureau central des examinateurs, au recrutement du personnel enseignant, aux programmes et à la formation pédagogique du corps professoral. A l'occasion, on retrouve des textes d'opinion, des poèmes, des blagues et des anecdotes ainsi que des articles sur des sujets variés. En ce sens, l'isolement auquel font face les instituteurs des campagnes est un thème particulièrement discuté dans les pages de La Petite École.

Tout au long de son mandat, La Petite École semble avoir eu des difficultés matérielles. Dans l'éditorial du mois de mai 1929, Véronique, la directrice, laisse entendre qu'à plusieurs reprises il y eut du retard dans la distribution de la revue; il semble même qu'à certaines périodes la revue ne fut pas distribuée. (2) De plus, la revue semble ne pas pouvoir remplir ses promesses lorsqu'elle annonce à ses lecteurs qu'elle remet à plus tard la fondation d'une nouvelle revue destinée à la jeunesse écolière, «les cœurs vaillants». D'ailleurs, cette revue ne verra jamais le jour. On peut comprendre la récurrence de ce problème lorsque la directrice annonce, dans les années 1934-1936, que sa maladie prolongée occasionne un ralentissement considérable des activités de la revue.

En ce qui concerne les ressources financières, La Petite École compte beaucoup sur le recrutement et le réabonnement de ses membres. A plusieurs reprises, la directrice lance un «concours de solidarité» qui consiste à rallier le plus de monde possible autour de la revue. Par conséquent, la Petite École ne refuse pas l'aide d'autrui. En effet, en 1929, la revue remercie généreusement la Commission des écoles catholiques de Montréal pour sa collaboration apportée à l'œuvre de la Petite École en lui faisant parvenir un chèque de 200 dollars. (3) De plus, en 1936, La Petite École publie une annonce générale à l'attention des autres journaux, revues et périodiques pour qu'ils leur consacrent de la publicité:

A tous ces propagateurs de grandes idées et ces solliciteurs de beaux gestes nous les prions fervemment de nous concéder un petit espace dans leurs colonnes, pour annoncer notre «bienfaisant ORGANE» afin de hâter le redressement des légitimes salaires, du personnel enseignant de nos campagnes: et cela, en dehors de toutes spéculations politiques ou autres. (4)

Le désir de La Petite École de faire entendre sa cause mène la directrice à participer, au cours de l'année 1934, à des causeries données sous les auspices de «La Presse» à tous les mercredis après-midi sur les ondes de CKAC ;(5) ces causeries sont reproduites intégralement dans la revue. De plus, toujours dans le but d'agir en faveur de la revue, la directrice réussi à faire en sorte que La Petite École figure à l'Exposition Mondiale de la presse catholique qui se tient en avril 1936 au Vatican. (6)

En mars 1938, La Petit École annonce le décès de la directrice, Marie-Aurore Létourneau (Véronique). D'avril à juin 1938, la directrice de la revue sera Emma Gendron. Durant ces deux mois, la revue invite les lecteurs à se procurer les fascicules produits par les Frères de l'instruction chrétienne et qui résument les principaux points du programme à étudier pour les examens de juin. Cette nouveauté annonce d'ailleurs la prise en charge ultérieure de la revue par les FIC.

La Petite École. Revue mensuelle de Pédagogie et de Méthodologie
1938-1941

En Septembre 1938, La Petite École change d'administration et de contenu: elle passe aux mains des Frères de l'instruction chrétienne. C'est le Frère Gabriel-Joseph qui en est le directeur. Dans cette nouvelle Petite École, il n'est désormais plus question de l'Association des écoles rurales catholiques de la province de Québec et du salaire des instituteurs et institutrices de campagne. En fait, il semble plutôt qu'elle s'adresse à l'ensemble des instituteurs, religieux ou laïcs. Dans l'éditorial de ce même numéro, il est noté que la nouvelle Petite École se donne comme objectif de suivre les traces de C.-J. Magnan, ancien directeur de l'Enseignement primaire, et de continuer son œuvre. Elle s'efforcera ainsi de soulager le travail des enseignants «par des préparations de classe appropriées aux programmes officiels et embrassant tout le champ de l'instruction et de l'éducation». (7)

C'est donc dans un but utilitaire que La Petite École renaît de ses cendres. En effet, elle propose de compléter la formation des maîtres et des maîtresses en leur fournissant le matériel nécessaire pour la réalisation de leur classe. Elle affirme également avoir l'intention d'élaborer un programme et de donner des directives pédagogiques pour toutes les années du cours primaire, de la 1e année jusqu'à la 8e. En fait, la revue se propose d'emblée comme un outil qui peut facilement accompagner le programme officiel. (8) Ainsi, on y retrouve le programme et les exercices pour les matières de religion, langues française et anglaise, histoire du Canada, géographie, arithmétique, etc. On indique également le manuel scolaire à utiliser suivant les matières à l'étude. A quelques reprises, la revue présente des articles généraux sur l'éducation ou sur les activités pédagogiques tel les congrès, les séminaires et les journées d'étude, mais ils se font plutôt rares.

En juin 1941, la Petite École annonce quelques changements dans le contenu de la revue qui devient L'École. Revue pédagogique canadienne-française.

L'École. Revue pédagogique canadienne-française.
1941-1956

La Petite École débute l'année scolaire 1941-1942 par quelques modifications quant à son appellation et à son contenu:

La Petite École a grandi … L'École Revue pédagogique canadienne-française, est appelée à la continuer, en jouant le même rôle, voire même en élargissant les horizons … Eh bien, oui, tel qu'annoncé dans l'exemplaire de juin, et sans nuire aux cours inférieur et moyen, L'École» traitera en 1941-42 des matières principales concernant les cours supérieurs de la 10e, 11e et 12e année. (9)

Dans sa nouvelle édition, L'École affirme avoir toujours l'intention de servir d'outil pour la préparation des classes primaires. Elle insiste également dans sa volonté d'unifier sa répartition mensuelle des matières avec celle de l'Enseignement primaire dans le but de «rendre service au personnel enseignant, de simplifier la tâche de MM. les Inspecteurs d'écoles, et d'apporter plus d'unité dans l'enseignement.» (10) Mais en ce qui concerne la répartition mensuelle des classes primaires supérieures, elle est remise à une date ultérieure en raison des modifications en cours dans le programme d'études de ces classes. (11)

En septembre 1944, pour des raisons de santé, le frère Gabriel-Joseph, quitte son poste de direction qu'il occupait depuis 1938. C'est le frère Théodore qui le remplace.

Tout au long de son mandat, L'École multiplie ses actions pédagogiques notamment en créant, à partir de 1948, les «feuilles volantes» qui se veulent un complément à la revue et un cahier d'exercice pour les élèves:

Ce supplément mensuel destiné aux élèves de 3e à 7e année inclusivement, en plus d'étendre davantage les exercices sur les matières principales du programme, comporte des pages intéressantes pour les enfants sur les sujets dont le développement ne peut trouver place dans L'ÉCOLE. Chacune des 32 pages dont il se compose est une leçon toute préparée pour le maître et des plus attrayantes pour les écoliers, ceux-ci ayant en main le texte de la leçon avec photos, dessins, gravures appropriées. (12)

La direction profite également des pages de la Petite École pour faire l'annonce des revues, catalogues, brochures et autres documents pédagogiques disponibles à la procure des Frères de l'instruction chrétienne. Par exemple, on y retrouve des annonces de la revue L'Abeille destinée aux jeunes élèves du primaire élémentaire (1e à 7e année), de la revue L'Étudiant destinée aux garçons du primaire complémentaire et supérieur (8e à 12e année) ainsi que de la brochure Miettes d'Évangile distribuée aux élèves pour parfaire leur éducation chrétienne. En 1954, la direction des revues pédagogiques de la procure des FIC annonce la création de la revue L'Étudiante pour les jeunes filles du cours complémentaire et supérieur. Cette revue vient contrebalancer en quelque sorte l'absence des feuilles volantes pour ce niveau.

A partir de l'année scolaire 1949-1950, L'École subit des changements successifs. D'abord, dans la présentation du contenu: les exercices concernant le primaire supérieur sont retirés, les corrigés des feuilles volantes y sont insérés et les rubriques deviennent plus brèves. La rubrique «Formation chrétienne» est retirée pour être remplacée par la rubrique «Éducation et enseignement» à laquelle on consacre une série d'articles sur le cinéma. Notons également que le prix de l'abonnement passe de 2 dollars à 2 dollars 50. Ensuite, le Frère Théodore confie à des mains plus jeunes la direction de la revue. C'est le Frère Léontin-Jean qui devient le directeur de la revue. Et à partir de l'année scolaire 1953-1954, on introduit dans la revue le programme de religion qui accompagne le catéchisme belge, Témoins du Christ. A cet effet, on consacre une rubrique à la méthodologie catéchistique propre à cette collection. Enfin, les exercices du primaire supérieur sont réintroduits mais seulement pour la 12e année. Ceux de la 10e et de la 11e années se retrouvent dans les revues L'Étudiant et L'Étudiante.

En 1955-1956, L'École annonce un changement important: sa division en deux sections distinctes, l'une étant consacrée au cours primaire (1e à 7e année) et l'autre, au cours secondaire (8e à 12e année). Pour ce qui est du cours primaire, la revue affirme rester identique à l'ancienne publication en ce qui concerne la religion, les mathématiques, l'anglais, l'enseignement ménager et le dessin. Par contre, elle ne publiera plus de textes français spéciaux mais plutôt des exercices supplémentaires qui reproduisent les centres d'intérêt des nouveaux manuels en usage, soit ceux des Frères du Sacré-Cœur et ceux des Frères de l'instruction chrétienne. En ce qui concerne le cours secondaire, L'École reprend la matière des revues L'Étudiant et L'Étudiante. Et à la demande du Département de l'instruction publique, L'École s'engage à y introduire des pages vouées plus spécialement à la culture générale. Finalement, en raison du faible nombre de professeurs au cours secondaire et donc de la clientèle-cible comme de la longueur et de la difficulté des travaux, l'abonnement à la revue est majoré à 4 dollars. (13)

L'École primaire
L'École secondaire
1955-1969
L'école élémentaire
1966-1969

A partir de ce moment, L'École subit des changements qui ne compromettent pas cependant le contenu de la revue. En effet, de 1955 à 1969, la revue demeure fidèle à sa mission d'accompagner le programme scolaire officiel. Les modifications qu'elle subit sont en fonction de celles qui se font dans le monde l'éducation. A partir de 1956, le cours secondaire tel qu'il est connu aujourd'hui, est créé. L'École s'adapte à cette nouvelle situation en produisant deux revues, L'École primaire et L'École secondaire. La première regroupe les années du primaire (1e à 7e année) mais à partir de l'année scolaire 1966-1967 elle devient L'École élémentaire et divise son contenu selon les degrés: un volume pour les 1e-2e et 3e années, un pour les 4e-5e et 6e années et un dernier pour la 7e année. Du côté de L'École secondaire, le contenu se divise également selon les degrés en 1961: un volume pour les 8e et 9e années et un autre pour les 10e et 11e années, la 12e année se trouvant désormais dans la revue L'Étudiant. Cette répartition demeure définitive jusqu'à la fin de la publication de la revue des Frères de l'instruction chrétienne en 1969.

Orientation

1927-1938

L'objectif que se donne La Petite École dès sa création, est clair et évident: revendiquer les droits du personnel enseignant des campagnes et surtout, obtenir un redressement des salaires. Comme le fait d'ailleurs remarquer l'Abbé Adélard Desrosiers, «la question scolaire, pour le personnel enseignant, est une question de salaire plus encore que de diplôme.» (14) Ainsi, à tout moment, on rappelle au lecteur l'importance de La Petite École et des buts qu'elle poursuit:

Notre revue, La Petite École, ce qu'elle est: un LIEN qui sert à unir plus étroitement d'esprit et de cœur «nos éducateurs canadiens français». Un FOYER d'où rayonne sur tous les domaines de l'éducation une vivifiante chaleur, une bienfaisante lumière; […] un CENTRE […] un MOYEN de poursuivre une campagne d'éducation dans le but admirable de faire de l'enseignement à la petite école une carrière stable et plus attrayante; un ORGANE indispensable à l'œuvre que poursuit l'Association. (15)

De plus, le style de la revue n'hésite pas à se vêtir d'un caractère édifiant. Les pages de La Petite École sont agrémentées de poèmes, de textes d'opinions et de remerciements particuliers qui concerne l'œuvre de la revue:

Pourquoi je l'aime ! … parce qu'elle est catholique, canadienne française «POURQUOI JE L'AIME ? … Elle est l'APPUI des instituteurs et des institutrices, surtout de ceux et celles qui se dévouent obscurément à la campagne, à la «Petite Ecole»… loin du bien et de l'aisance que l'on retrouve dans nos métropoles. La vie rurale est pénible; elle recèle des sacrifices insoupçonnés et le plus souvent connus et non appréciés par celui qui en est l'objet. Avocate des intérêts du professeur rural, cette revue s'évertue, par ses justes revendications à améliorer le salaire et le vivre de ceux qui dépensent sans compter, leur jeunesse, leur santé, les heures de leur vie utile au profit de l'enfant de la campagne. (16)

De ce fait, dévouée autant qu'elle l'est aux conditions difficiles des enseignants de campagne, en oublie presque son rôle pédagogique. En effet, on retrouve très peu d'articles pédagogiques, ce qu'on lui reproche d'ailleurs à plusieurs reprises. Des plaintes venant des lectrices demandent que soient insérés dans la revue les rapports des surintendants, les chroniques des faits importants du monde l'éducation et autres statistiques en rapport avec les maisons d'enseignement. (17) La Petite École répond à ces demandes périodiquement; on insère à l'occasion des articles traitant de questions pédagogiques particulières ou d'autres sur la morale chrétienne et on publie à l'occasion les statistiques scolaires. En fait, on remarque que La Petite École se destine davantage à l'institutrice de campagne qu'à l'ensemble du personnel enseignant et ce, surtout depuis que Véronique en est la directrice en 1929. Outre sa fonction de servir d'outil pour revendiquer les droits des institutrices, La Petite École devient ainsi une sorte de revue «féminine» au contenu léger et littéraire: «La Petite École restera votre organe: par elle, vous ferez valoir vos droits, vous y trouverez l'énoncé de vos devoirs; vous y trouverez de belles pages dont la lecture repose l'esprit». (18) On y retrouve également des articles sur l'institutrice laïque et ses caractéristiques, ses devoirs et sa mission et des articles sur la femme au foyer et la vie familiale où l'on propose quelques trucs et astuces, par exemple, comment conserver le poisson frais, comment raviver la soie de son parapluie ou encore comment parfumer le linge. On publie aussi des articles sur la mode, la beauté et le vieillissement.

Au cours des années 1930, La Petite École semble changer quelque peu d'orientation. En fait, elle élargit le cadre de sa mission: «Notre revue n'est-elle pas avant tout une oeuvre d'apostolat moral, ayant pour mission de soutenir et de stimuler l'ardeur des nôtres à la tâche si méritoire et féconde, mais aussi ingrate d'instruire les petites âmes». (19) Elle se donne également comme devoir de promouvoir la vie à la campagne et de faire aimer la nature aux enfants. C'est ce qui explique d'ailleurs l'importance accordée à l'enseignement agricole dans les pages de La Petite École. Mais plus concrètement, on espère une adaptation des matières et du programme aux réalités rurales: «On peut facilement renchérir les applications du livre à des exemples pratiques touchant l'agriculture». (20) On insiste également pour que les jeunes filles reçoivent un enseignement agricole et qu'elles marient les cultivateurs afin d'éviter l'exode rural. De cette façon, La Petite École contribue à promouvoir les bienfaits de vivre à la campagne tout en dénonçant «la vie déprimante» qu'on mène dans les villes.

1938-1969

Lorsque les Frères de l'instruction chrétienne prennent en main La Petite École jusqu'en 1969, il n'est désormais plus question des institutrices et des difficultés de la vie à la campagne. La nouvelle Petite École entend s'adresser à tout le corps professoral. Son objectif est essentiellement de constituer un guide pratique pour les enseignants afin qu'ils puissent préparer leur classe. Voici comment le Frère Gabriel-Joseph la conçoit:

Je crois et même je pourrais affirmer que cette revue pratique vous est devenue nécessaire, voire indispensable dans l'accomplissement de votre labeur quotidien. […] Les abonnements nombreux sont venus réjouir tous ceux qui se dévouent à cette œuvre d'éducation […] Des encouragements nombreux et bienfaisants nous sont aussi venus de MM. les Inspecteurs d'écoles et des Commissions scolaires, qui comprennent l'importance d'un tel guide et le favorisent dans leurs écoles respectives. (21)

Il est donc aisé de comprendre la fonction utilitaire de cette revue qui sert d'accompagnement au programme scolaire officiel: toutes les matières sont présentées selon leur répartition mensuelle, des exercices sont proposés pour chacune des matières et à partir de 1946, la revue propose dans ses numéros de mai et de juin des exercices de révision qui comprennent une «très grande variété de questions et de problèmes au moyen desquels il sera assez facile de se rendre compte si le programme a été suffisamment compris et retenu.» (22) D'ailleurs, cet objectif explique les nombreuses modifications effectuées tant au niveau du titre que du contenu de la revue. Le désir de s'adapter au programme scolaire en vigueur amène la direction à réviser fréquemment le contenu des matières à l'étude mais aussi à maximiser l'emploi de la revue:

Ces nouveautés, et quelques autres encore que le lecteur découvrira en parcourant les pages de L'ÉCOLE, n'ont d'autre raison d'être que de rendre cette revue encore plus pratique. On l'appréciera davantage du fait qu'elle entend se maintenir sur la voie du progrès et ne pas s'écarter du but spécial qu'elle s'est fixée -d'alléger dans toute la mesure du possible, la lourde tâche quotidienne du professeur. (23)

L'Ecole s'avère donc un outil plus qu'une revue pédagogique d'intérêt général. Les seuls articles de contenu que l'on peut trouver dans la revue concernent la religion. En effet, la religion est considérée comme la matière scolaire la plus nécessaire d'entre toutes. Une rubrique est ainsi consacrée à la formation chrétienne. Au cours des années 1940, une série d'articles s'applique à montrer l'importance de l'Action catholique à l'école ainsi qu'à l'éducation sociale et au catéchisme. Au tournant des années 1950, la tendance est à la liturgie, à la vie chrétienne à l'école ainsi qu'aux Évangiles et à la figure de Jésus-Christ que l'on prend davantage comme modèle.

Lorsque la revue se scinde en deux pour desservir les deux niveaux primaire et secondaire, L'École ne change rien à son orientation principale qui est de fournir un complément au programme scolaire. De plus, elle produit les mêmes éditoriaux et les mêmes rubriques sur la formation chrétienne pour les deux volumes. La tendance se maintien ainsi jusqu'en 1969.

Notes

(1) François Cloutier, "Aux instituteurs et institutrices de la «Petite École»", La Petite École, 11(avril 1927):14.

(2) Véronique, "Le but que nous poursuivons" PE, 10(mai 1929):5.

(3) S.n., s.t., PE, 1(sept.1929):4.

(4) Véronique, "Aux journaux, revues, périodiques», PE, 6(fév.1936): 164.

(5) Véronique, "La petite École ", PE, 10, (juin 1934):293.

(6) Véronique,"A mes chers lecteurs et abonnés », janv- fév, no 5-6, p.129.

(7) S.n., "Éditorial», La Petite École. Revue mensuelle de Pédagogie et de Méthodologie, 11e année, no. 1, (sept. 1938): p.4.

(8) S.n.,"Notre programme », PE, 11, 2(ot. 1938):69.

(9) S.n., "Le mot de la direction«L'école» en 1941-1942…", L'École. Revue pédagogique canadienne française, 14, 8(sept. 1941):8.

(10) S.n.,"A nos abonnés", L'École, 11, 10(juin 1942):722.

(11) Frère Gabriel-Joseph, "Le mot du Directeur .Votre mission … "», L'École, 15, 1(sept.1942):2.

(12) Frère Théodore, "L'ÉCOLE progresse …. "», L'École, 21,1, (sept. 1948):1.

(13) La Direction, "Nos projets pour 1955-56", L'École, 26, 10, (juin 1955):18.

(14) S.n., s.t., PE, 8 (Avril 1928):17.

(15) S.n., "Notre Revue, La Petite École", PE, 13(jan. 1929):12.

(16) S.n., s.t., PE, 1(sept. 1929):8.

(17) Marie-Claire Devauy, "Appréciations des nôtres", PE, 2(oct. 1929):38.

(18) S.n,"Monsieur Albert Ferland", PE, 1(sept. 1930):6.

(19) S.n.,"Huitième année", PE, 9(mai 1934):259.

(20) Adrien Froment, "Conférences pédagogiques. Ruralisation de l'enseignement", PE,7(mars 1931):208.

(21) Frère Gabriel-Joseph, "Propos de fin d'année…", L'École, 15, 10, (juin 1943):793.

(22) Frère Théodore, "L'année scolaire s'achève …", L'École, 18, 10(juin 1946):723.

(23) Frère Théodore, "Un mot de la direction …", L'École, 19, 1(sept. 1946): 2.

Charlène Paradis

Page modifiée le : 16-05-2016
 

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