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Sources imprimées

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2000

xxx. Le manuel scolaire, un outil essentiel. Montréal, Association nationale des éditeurs de livres, c2000. 11 p.

2000.06.07
Chouinard, Marie-Andrée. "Les changements pédagogiques signent-ils la fin des manuels scolaires?", Le devoir, 7 juin 2000, p. A 1 et A 8.

"Les éditeurs de manuels scolaires voient dans la réforme de l'éducation des éléments de bouleversement majeur: alors qu'ils craignent d'une part que la nouvelle pédagogie n'envoie les bouquins au rancart, ils affirment d'autre part que l'échéancier serré du ministère ne leur permettra pas de fournir des manuels et des guides approuvés pour septembre.

Après l'avènement de la réforme de l'éducation, qui doit prendre son envol dans les classes maternelles, première et deuxième années dès septembre, le changement du matériel scolaire utilisé actuellement est nécessaire. Or, même si certains éditeurs ont pris le «risque» calculé de démarrer le processus de production du nouveau matériel sans même que le nouveau programme ne soit approuvé - ce qui ne sera pas fait avant la mi-juin - ils estiment aujourd'hui être dans l'incapacité de produire du matériel approuvé pour septembre, date d'entrée en vigueur «progressive» de la réforme.

«Il est possible qu'il y ait des manuels scolaires disponibles en septembre, mais ils ne seront certainement pas approuvés» a expliqué hier Raymond Vézina, vice-président de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL) et président de la section de l'édition scolaire.

Le nouveau programme n'étant toujours pas disponible en raison des récentes corrections proposées par la Commission des programmes d'études, les éditeurs ne savent pas encore lesquels d'entre eux ont pris un risque démesuré en faisant imprimer des milliers de pages sur la base d'une seule hypothèse.

Les nouveaux manuels scolaires et guides de l'enseignant doivent transiter d'abord par le Bureau [p. A 1] d'approbation des ressources didactiques du ministère de l'Éducation puis par le Comité d'évaluation des ressources avant de recevoir l'aval final du ministre. Il a été impossible hier de savoir s'il y avait déjà du matériel en processus d'analyse ou en voie d'approbation pour septembre, un processus qui prendrait de 11 à 12 semaines, selon Raymond Vézina.

Le temps de procéder aux modifications requises puis d'envoyer le matériel revu à l'impression, «on ne pourra pas être prêt avant la fin de l'été, et c'est sans compter le processus d'approbation du ministère», explique M. Vézina. Les classes devront donc compter sur du matériel non approuvé, ce qui pourrait faire l'objet d'une dérogation permise par le ministre, ou encore recourir à l'ancien matériel pour une période transitoire.

Préoccupés non seulement par le bien-être des enfants mais aussi par leur propre santé financière, les éditeurs s'interrogent également quant aux finalités de la réforme: les changements pédagogiques signent-ils la fin des manuels scolaires? Telle est la question que se posent les éditeurs de matériel scolaire après avoir entendu à maintes reprises les tenants de la réforme vanter les mérites de la pédagogie par projets. «Le bruit court qui est répandu actuellement, c'est qu'il y a une espèce de discréditation du manuel scolaire, a expliqué hier Raymond Vézina. Depuis des années, le pivot de l'enseignement, c'est le guide et le manuel. On a tout à coup l'impression que les livres deviennent secondaires dans les plans du ministère. [...] Je fais confiance aux enseignants, mais auront-ils le temps de tout faire seuls sans avoir à se référer aux manuels?» Les éditeurs, qui ne peuvent préciser si leurs craintes se transposeront dans la réalité, craignent ultimement une chute dramatique de leurs affaires. «Le danger avec cet éparpillement de l'enseignement est de ne plus acheter les manuels scolaires» ajoute M. Vézina. Pour prévenir cette baisse potentielle, l'ANEL a d'ailleurs réagi récemment en produisant une petite brochure intitulée Le manuel scolaire, un outil essentiel, lequel vante les mérites du matériel qu'ils produisent. «Compagnon de tous les jours, le manuel scolaire choisi sera, pour l'élève, le principal outil d'apprentissage, le fil conducteur de son cheminement», peut-on lire dans la brochure diffusée à travers le réseau de l'enseignement. «Il constituera le pivot sur lequel l'enseignant s'appuiera pour préparer et structurer son enseignement

Dans une lettre expédiée au ministre de l'Éducation en mars dernier, Raymond Vézina soulignait également la «confusion» qu'entraîne la formulation du nouveau régime pédagogique, selon lequel l'élève «doit avoir accès au matériel didactique», ce qui constitue une nuance avec la Loi sur l'instruction publique, qui stipule que l'élève doit «disposer personnellement» du manuel. «On peut dire que le régime pédagogique est un symptôme du système, et ça peut être un indice de la volonté de ne pas faire appliquer la loi

Au ministère, le porte-parole du ministre de l'Education, Alain Leclerc, a expliqué hier que la réforme valorisait effectivement une plus grande initiative de la part des enseignants, qui auront une marge de manoeuvre plus importante et iront bien au delà du guide de l'enseignant et du manuel scolaire. Selon les statistiques de 1995, l'édition scolaire représentait 42% de l'ensemble des livres édités au Québec. En 1998, l'édition scolaire se chiffrait à 461 titres différents produits à un total de 1,8 millions d'exemplaires, vendus au prix moyen de 43$."


Page modifiée le : 17-05-2016
 

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