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Sources imprimées

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1992

xxx. Cadre de référence pour la conception et l'évaluation du matériel didactique de base conçu en fonction du programme d'études - Formation personnelle et sociale - Primaire. Coll. "Guide pédagogique". S.l., Ministère de l'éducation, 1992. 41 p.
1992
xxx. Evaluation et sélection du matériel didactique. S.l., Ministère de l'éducation, [1992]. 64 p.
1992
xxx. La représentation de la société québécoise dans les manuels scolaires (Suggestion concernant l'intégration de la diversité culturelle dans les représentations et les stratégies pédagogiques proposées). S.l., Ministère de l'éducation, c1992. 105 p. Isbn: 2-5502-3323-9
1992
xxx. Mathématique 116 (068-116) - Cadre de référence pour la conception et l'évaluation du matériel didactique de base conçu en fonction du programme d'études - Guide spécifique. S.l., Ministère de l'éducation du Québec, 1992. 41 p.
1992.12.14
Montpetit, Carole. "Un auteur dénonce les conflits d'intérêts dans le choix des manuels scolaires - Des conseillers pédagogiques recommandent à leur employeur des grammaires et des manuels dont ils sont les auteurs", Le devoir, 14 décembre 1992, p. 1 et 4.

"Des conseillers pédagogiques des commissions scolaires du Québec se placent en conflit d'intérêt en recommandant aux directeurs d'écoles secondaires des grammaires scolaires qu'ils ont eux-mêmes rédigées.

Par ailleurs, des conseillers pédagogiques et des professeurs, embauchés à contrat par le ministère de l'Éducation, jouissent présentement, sans contrainte, du privilège de la connaissance des futurs programmes scolaires, pour procéder à la rédaction des manuels scolaires qui seront imposés à l'ensemble des élèves.

Le tout a cours sans que l'ensemble des commissions scolaires, ou le ministère de l'Éducation, ne soient soumis à un code d'éthique ou de déontologie généralisé réglementant le commerce du livre scolaire.

C'est du moins ce que dénonce Jacques David, professeur de français à la commission scolaire Sault-Saint-Louis, dans un ouvrage intitulé L'écriture, une passion à éveiller, qui vient d'être publié aux éditions de l'Étoile polaire.

Dans un ouvrage, qui recommande qu'une enquête soit faite sur le commerce du manuel scolaire au Québec, M. David fait état d'un trafic d'influence sévissant dans le cadre de recommandations et de choix de livres scolaires, notamment au plan de la grammaire, à l'usage des élèves du secondaire.

L'auteur, qui a lui-même écrit une grammaire intitulée Le Code grammatical, approuvée par le ministère, mentionne des cas d'ouvrages suggérés au programme de français, écrits par un conseiller pédagogique travaillant dans cette même commission scolaire, ou même participant au comité de sélection chargé de faire des recommandations aux directeurs d'école quant aux ouvrages suggérés au programme.

A titre d'exemple, M. David cite le cas d'une conseillère pédagogique responsable du comité de sélection des grammaires à la commission scolaire Sault-Saint-Louis, Mme Francine Noiseux, qui plaçait sur la liste des deux ouvrages recommandés aux directeurs d'écoles, en 1989, le Code 001, destiné aux élèves de 1ère secondaire, ouvrage à la rédaction duquel ladite conseillère avait participé.

«L'auteur du Code 001, Yvon Bellemare, est conseiller pédagogique à la commission scolaires [sic] des Mille-Iles, ajoute M. David. Or, au début de son livre, M. Bellemare adresse des remerciements à Mme Francine Noiseux ainsi [p. 1] qu'à deux autres conseillers pédagogiques respectivement des commissions scolaires Jérôme-Le-Royer et des Mille-Iles pour leur vif intérêt à la collection de Code 001».

M. David signale également que seulement quatre grammaires figuraient, l'an dernier, sur la liste des ouvrages à la disposition des professeurs de français du secondaire de la Commission des écoles catholiques de Montréal (CÉCM).

De cette liste, un ouvrage, soit Le petit Code, qui est accompagné d'un cahier d'exercices, a été écrit par deux conseillers pédagogiques de cette même commission scolaire, soit M. Jean-Pierre Issenhut et Mme Suzanne Martin.

«Cette liste comprend quatre grammaires, écrit-il, (I) Grévisse (I) (une grammaire française), et (I) Cherdon (I) (une grammaire belge); le (I) Code 001 (I) et (i) Le Petit Code (I) de Martin et Issenhut sont des livres québécois; il se trouve par hasard que ces deux derniers auteurs étaient également conseillers à la CÉCM lorsque le choix a été imposé».

Au plan des cahiers d'exercices prescrits aux élèves, M. David relève que les conseillers pédagogiques de la CÉCM laissent trois possibilités aux professeurs de français du secondaire.

«Le (I) cahier 002 (I) est autorisé, écrit M. David, mais, disent les conseillers, il nécessite le (I) Code 002 (I), et ce dernier n'est pas autorisé dans les classes de la CÉCM. Le cahier (I) Journal de bord (I) est autorisé, mais disent les conseillers, dans ce cahier il n'y a aucune syntaxe, donc il n'est évidemment pas recommandable. Enfin, le cahier du (I) Petit Code (I), de nos deux conseillers pédagogiques, est recommandé sans une seule restriction».

Selon M. David, «c'est ainsi que chacun des conseillers (ères) a pu se faire 150 000$ de profit et qu'une multinationale étrangère a pu se faire 1 000 000$ avec notre langue nationale sur le dos des écoliers».

A la CÉCM, on précisait cette semaine que les deux personnes mises en cause dans le livre de M. David, soit Suzanne Martin et Jean-Pierre Issenhut, n'exerçaient plus, à l'heure actuelle, les fonctions de conseillers pédagogiques à la CÉCM.

Par ailleurs, à la CÉCM, on souligne que depuis 1989, la commission scolaire s'est dotée d'une politique obligeant les auteurs d'ouvrages à signaler leur production à leur employeur, ainsi qu'à s'abstenir de participer à tout comité de sélection chargé d'analyser et de recommander ces ouvrages aux directeurs d'école.

Dans une lettre adressée à M. David, le directeur-général adjoint de la CÉCM, M. René Desjarlais, le 23 mai 1991, affirmait d'autre part que ni depuis 1989, ni au cours des années antérieures, les deux conseillers pédagogiques avaient été mêlés de quelque façon que ce soit à la sélection des ouvrages pour les élèves du secondaire de la CÉCM.

«Beaucoup de commissions scolaires se dont dotées de telles politiques pour éviter le conflit d'intérêt, poursuit M. Michel Decelles, directeur-général des ressources didactiques et de la formation à distance au ministère de l'Éducation. Mais ce n'est pas le cas de toutes les commissions scolaires. Par ailleurs, présentement, il est vrai qu'aucune clause du contrat liant un professionnel au ministère n'oblige ce dernier à ne pas profiter des informations récoltées au cours de se fonctions pour procéder à la rédaction de matériel scolaire après avoir effectué un travail au ministère»."

1992.12.15
Montpetit, Carole. "Quand les manuels servent à embrouiller - Les quinze grammaires autorisées au secondaire créent la confusion chez les élèves", Le devoir, 15 décembre 1992, p. 1 et 4.

"Les élèves du secondaire des écoles québécoises étudient le français dans une telle profusion d'ouvrages et de manuels scolaires qu'ils terminent souvent leur cours sans même savoir ce qu'est un sujet, un verbe et un complément.

Depuis plusieurs années, l'enseignement de la grammaire française n'est soumis à aucune norme provinciale. Les commissions scolaires choisissent, parmi une quinzaine de grammaires, toutes autorisées, qui utilisent des terminologies variant considérablement de l'une à l'autre.

C'est ce que dit Jacques David, lui-même auteur d'un Code grammatical.

Dans son récent livre, L'écriture, une passion à éveiller, M. David dénonce le désordre créé par le trop grand choix des grammaires suggérées par les conseils pédagogiques des commissions scolaires du Québec.

"Ces grammaires utilisent des terminologies et des méthodologies différentes. Et la confusion dans le choix d'un manuel de grammaire à utiliser n'est pas étrangère aux difficultés que la moyenne des élèves québécois éprouvent en français", dit-il en entrevue.

Les élèves du secondaire de la commission scolaire Sault-Saint-Louis ont utilisé pas moins de six grammaires différentes depuis 1988, explique M. David.

Ils ont dû apprivoiser successivement La grammaire Cherdon, Le Code 001 (pour les élèves de 1ère secondaire), Le Code 002 (pour les élèves de 2ème secondaire), La grammaire par l'exemple, de Mareuil, Le Code grammatical, de Jacques David, et La grammaire Grévisse.

Parmi la quinzaine de livres de grammaire approuvés par le ministère pour le secondaire, on retrouve des terminologies variant de l'"article" au "déterminant", de l'«épithète» à «l'indicateur», de la «conjonction» au «mot de liaison», le tout ayant pour but, dit-on, de rendre l'apprentissage de la grammaire française plus facile à l'élève...

«J'enseigne en 1ère secondaire, et j'ai des élèves qui arrivent de différentes municipalités, dit Jacques Blais, professeur de français à l'école secondaire Mont-Sainte-Anne, près de Québec. Lorsque je parle d'un déterminant, un autre parle d'un article, ou d'un indicateur. Et lorsque je parle de conjugaisons de verbes, de l'indicatif présent ou de l'imparfait, il arrive que les élèves ne savent pas de quoi il s'agit».

«En fait, dit-il, je dirais que le tiers de mes élèves de 1ère secondaire n'ont tout simplement jamais fait de conjugaisons de verbes au moment d'entrer au secondaire».

A l'heure actuelle, une forte proportion de professeurs de français enseignent toujours exclusivement à partir des productions écrites présentées par les élèves, dit M. Blais. Ainsi, les règles de grammaire sont enseignées en vertu du plus grand nombre de fautes relevées dans une classe dans les textes des enfants.

Par ailleurs, 80% des grammaires scolaires approuvées par le ministère sont des «facilitants», qui utilisent un «code» pour [p. 1] rendre la grammaire plus digestible aux étudiants, ajoute pour sa part Réjean Blais, conseiller pédagogique à la commission scolaire de Jonquière.

«Vous avez des grammaires qui sont normatives, dit-il. Ce sont des codes qui tentent d'expliquer la grammaire, écrits par des auteurs de matériel qui se veut "facilitant" pour l'élève. Il faut dire que nous avons conçu énormément de termes de grammaire au Québec au cours des dernières années. On synthétise dans des ouvrages que l'on met à la disposition des élèves, et on se retrouve avec des élèves qui ne savent pas identifier un sujet.»

«J'entendais récemment un enseignant qui blâmait les grammairiens de tout rendre facile. Où est la rigueur que l'on met dans l'enseignement de la langue?».

Dans son récent livre, M. David ajoute que les commissions scolaires du Québec ont procédé depuis cinq ans, à l'achat d'une multitude de livres de grammaires [sic] qui dorment sur les tablettes des professeurs.

«Des grammaires utilisent des notions de 'verbes introducteurs', par exemple, inconnues de quiconque a étudié le français il y a plusieurs années. Ce qui fait que personnellement je n'ai été d'aucun support à mon fils qui étudie au secondaire lorsqu'est venu le temps de l'aider à terminer son devoir de français», dit-il.

Au ministère de l'Éducation du Québec, on reconnaît que les élèves ont accès à un nombre très varié de grammaires scolaires et d'ouvrages de référence.

Par ailleurs, si le ministère s'apprête à préciser ses recommandations quant à la terminologie à privilégier dans ces manuels, il n'est pas question pour l'instant de réduire la liste des ouvrages de référence approuvés par le ministère à un seul titre.

«Il existe une école de pensée, heureusement marginale, qui croit que l'on devrait mettre un seul ouvrage de référence au programme", explique Michel De Celles, directeur général des ressources didactiques et de la formation à distance au ministère de l'Éducation du Québec. Nous croyons cependant que l'approbation de plusieurs ouvrages de référence laissent heureusement une certaine latitude aux commissions scolaires et aux directeurs d'école. Il se peut très bien qu'une commission scolaire privilégie un mode d'enseignement alors que sa voisine en privilégiera un autre, et c'est très bien comme ça», conclut-il."

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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