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Sources imprimées

* * *

1960

xxx. Rapport du surintendant de l'instruction publique 1959-60. Imprimé par ordre de la législature. Québec, Rédempti Paradis, 1960. xix, 329 p.

"Les programmes d'études et les manuels scolaires.

[...]

Les manuels scolaires ont continué à retenir l'attention soutenue du Comité catholique. En fait, une bonne partie du travail de ses divers organismes a consisté dans l'étude et l'examen des manuels soumis. Plusieurs des projets présentés ont été trouvés conformes aux exigences du programme et aux normes imposées. Ils ont ainsi reçu l'approbation demandée. Ils fourniront au personnel enseignant et aux élèves les instruments nécessaires ou plus appropriés à une meilleure application des différents programmes d'études. (P. xiv)

Le Comité catholique s'est aussi préoccupé de faire disparaître certains abus en ce qui concerne l'emploi de matériel ou de manuels non autorisés dans les écoles. C'est ainsi qu'il a dû proposer des sanctions éventuelles contre des commissions scolaires qui autorisent ou tolèrent l'achat par les élèves d'examens commercialisés ou de manuels non autorisés. Par la même occasion, il a décidé de continuer et d'intensifier les efforts faits en vue de l'établissement de l'uniformité régionale des manuels et de la diminution possible de leur coût. Il a encore déterminé les conditions particulières en vue de l'approbation des cahiers d'exercices." (p. xv).

1960
Filion, Gérard. Les confidences d'un commissaire d'écoles. Montréal, Les éditions de l'homme, 1960. 122 p.

"LA RELIGION DU MANUEL

Quand je suis entré à l'U.C.C., il y a vingt-cinq ans, une des résolutions qui revenait le plus fréquemment devant les congrès régionaux et le congrès général concernait l'uniformité des manuels scolaires. La question est aussi embrouillée qu'elle l'était à cette époque déjà lointaine.

Faut-il accuser d'inaction le Conseil de l'instruction publique et d'incurie le Département de l'instruction publique? Je ne crois pas. Les responsables sont, pour la plupart, les commissaires d'écoles. Le choix des manuels est laissé au caprice des institutrices et des directeurs d'écoles. Une maîtresse préfère l'Histoire du Canada des Frères des Écoles chrétiennes; une autre, celle des Clercs de Saint-Viateur. Tel directeur favorise les manuels de sa communauté, un autre, les ma nuels concurrents. Cet esprit de solidarité n'a pas lieu de nous surprendre, encore moins de nous scandaliser, car il est profondément humain. Le résultat, c'est que les manuels varient d'une école à l'autre, que l'école des filles emploie des livres qui ne sont pas en usage à l'école des garçons.

[80]

Naturellement, ce sont les parents qui payent. Une inspection des armoires et des ravalements des maisons rurales révélerait la présence de monceaux de livres accumulés par les deux dernières générations. Ils dorment là , les feuilles jaunies, les coins rongés par les souris, témoins d'un âge révolu et d'une incurie administrative.

Un remède, la gratuité.

Il existe un seul remède, mais radical, c'est la gratuité des livres de classe. Quand une commissaire scolaire décide de fournir les manuels à tous ses élèves, la première mesure qui s'impose c'est d'en décréter l'uniformité, car la commission est intéressée à économiser des sous. Aussi longtemps que les parents resteront les muettes victimes de l'incurie administrative des commissions scolaires, les instituteurs et institutrices auront beau jeu de laisser libre cours à leur fantaisie pédagogique.

Il n'y a d'ailleurs que les petits Canadiens français de la province de Québec qui soient privés de livres gratuits. Partout ailleurs, même chez nos compatriotes anglo-protestants du Québec, les manuels sont fournis gratuitement avec l'instruction.

Ces dernières années, on a fait reproche au Conseil de l'instruction publique d'autoriser une trop grande variété de manuels. S'il n'en approuvait qu'un seul pour chaque matière, on lui reprocherait de créer un monopole. La variété des manuels est-elle un mal? Il faudrait un examen plus minutieux avant de se prononcer. Un fait est certain, c'est que la concurrence ou plus exactement l'émulation a fait faire d'incroyables progrès à nos méthodes pédagogiques durant les vingt-cinq dernières années. Il suffit de comparer l'équipement des écoles d'aujourd'hui à celui de notre temps, pourtant pas tellement

[81]

éloigné, pour mesurer toute l'amplitude du progrès accompli.

Vaudrait-il mieux organiser tous les cinq ou dix ans un concours ouvert à tous les pédagogues pour chacun des manuels en usage dans nos écoles, et que le meilleur ouvrage devienne pour cinq ans ou dix ans le manuel unique? Il est sûr qu'avec un manuel unique tiré à des centaines de milliers d'exemplaires, le prix en serait sensiblement réduit.

Presque tous les automnes les directeurs d'écoles'arrachent les cheveux parce que la livraison des livres de classe est en retard. En septembre 1956, le programme d'études des huitième et neuvième années entrait en vigueur. Or presque aucun des manuels n'était sur le marché au premier septembre. La plupart étaient en réimpression; d'autres, importés de France, devaient arriver fin octobre ou début de novembre. Il faut se mettre dans la peau du personnel enseignant qui a un programme à suivre sans manuels appropriés. Il faut aussi considérer l'embarras de la commission scolaire qui se voit forcée ou bien d'acheter d'anciens manuels quitte à les remplacer après un m mois ou deux, ou bien de laisser ses élèves sans manuels.

Il existe sûrement un manque de coordination entre le département de l'instruction publique et les éditeurs.

Un nettoyage.

Au chapitre des livres de classe, il convient de protester vivement contre l'introduction dans les écoles depuis quelques années de toutes sortes de feuilles volantes, de résumés miméographiés, destinés, paraît-il, à faciliter le travail du maître et des élèves mais dont les préoccupations mercantiles sont, les trois quarts du temps, la seule raison d'être. Le Code scolaire est formel

[82]

À ce sujet: les commissaires ont l'obligation d voir à ce que seuls les livres de classe autorisés par le Conseil de l'instruction publique soient mis entre les mains des élèves. Ils doivent se montrer inflexibles sur ce chapitre. Tous les rebuts de pédagogie, qui ne portent pas l'estampille du Conseil, doivent être impitoyablement rejetés des écoles. Les manuels que nous avons sont bons ou mauvais; s'ils sont bons, ils doivent suffire; s'ils sont mauvais, qu'on les change.

Un bon maître c'est tout.

Ne sons-nous pas portés à voir la religion, pour ne pas dire la mystique des manuels? Chez les Grecs, tout l'enseignement était oral et on arrivait pourtant à former les esprits les plus lumineux que le monde ait produits.

C'est le maître qui fait la classe. Il agit directement sur des jeunes auditeurs par sa parole, ses gestes, sa prestance, son magnétisme. Il sera parfois un puits de science mais un mauvais instituteur, parce qu'il ne sera pas doué du don de communication. Ce don s'apparente de près à l'éloquence. On l'a défini comme étant la résonnance d'un [sic] âme sincère. On ne se lasse pas d'écouter un homme éloquent, mais on bâille aux corneilles en présence d'un orateur médiocre. Les deux peuvent dire des choses également intéressantes et les bien dire; mais le premier possède le don de communication, le second en est privé.

Les bons maîtres se sont pas nécessairement les plus savants ni les plus bardés de diplômes, mais ceux qui savent expliquer, démontrer, communiquer la science qu'ils possèdent.

Les investissements dans les écoles, le mobilier scolaire, les livres, se sont chiffrés par centaines de millions depuis la fin de la guerre. A-t-on apporté un soin aussi minutieusement extravagant au recrutement, à la formation

[83]

à l'encouragement d'instituteurs et d'institutrices à la fois compétents et consciencieux?

Quand la foi diminue, le culte des idoles et les superstitions ont tendance à se répandre. La religion que nous avons des manuels ne viendrait-elle pas d'une baisse de la foi dans l'éducateur? On s'imagine qu'un texte écrit, même généreusement illustré, peut suppléer à l'ardeur d'un maître qui se donne tout entier à sa tâche." [84]

1960
[Miller. Ph.-A.] Code scolaire de la Province de Québec contenant la loi de l'instruction publique conforme au chapitre 59 des Statuts refondus de la province de Québec, 1941, tel qu'amendé jusqu'au 1er juillet 1960 et certaines lois particulières scolaires. Québec, s.n., 1960. 201 p.

"15. Le surintendant peut retenir la subvention de toute municipalité ou institution d'éducation qui ne lui a pas transmis les rapports [16] prescrits par la présente loi, qui a adopté ou permis l'usage de livres de classe non autorisés, ou qui a refusé ou négligé d'observer quelqu'une des dispositions de la loi ou des règlements concernant l'instruction publique. (p. 16-17).

[...]

Des comités du conseil de l'instruction publique.

[...]

30. Chacun des deux comités doit approuver les livres de classes [sic], cartes, globes, modèles, ou objets quelconques utiles à l'enseignement pour l'usage des écoles de sa croyance religieuse, et, quand il le juge à propos, il peut retirer l'approbation qu'il a donnée. (p. 22).

[...]

221. Il est du devoir des commissaires et des syndics d'écoles:

[...]

4. D'exiger que, dans les écoles sous leur contrôle, on ne se serve que de livres autorisés qui doivent être les mêmes pour toutes les écoles de la municipalité. S'ils requièrent les services d'une congrégation catholique enseignante, il est loisible aux commissaires ou aux syndics d'écoles de faire un contrat avec elle relativement aux livres dont on se servira dans les écoles confiées à cette congrégation; pourvu, toutefois, que ces livres fassent partie de la série approuvée par le comité catholique du conseil de l'instruction publique. Le curé ou le prêtre desservant de l'église catholique romaine a le droit de faire le choix des livres ayant rapport à la religion et à la morale pour l'usage des élèves de sa croyance religieuse, et le comité protestant a les mêmes pouvoirs en ce qui concerne les écoles protestantes; (p. 74).

[...]

15. De fournir, s'il y a lieu, des livres de classe aux enfants des indigents qui fréquentent les écoles sous leur contrôle, ces livres devant être payés à même le fonds scolaire de la municipalité; (p. 75).

[...]

222. Il est loisible aux commissaires ou syndics, avec l'approbation préalable du surintendant, de mettre gratuitement à la disposition des enfants, fréquentant les écoles sous leur contrôle, les livres de classe ou une partie de ces livres.

Les livres ainsi mis à la disposition des enfants sont payés à même les fonds de la corporation scolaire et le gouvernement lui [75] rembourse, à même les fonds votés par la Législature pour fins de subventions aux corporations scolaires, les trois quarts du prix qu'elle a effectivement payé pour ces livres.

Ces livres restent la propriété de la corporation scolaire et chaque élève doit prendre un soin raisonnable de ceux qu'il a reçus et les rendre aux commissaires au fur et à mesure qu'il en a fini.

Les commissaires peuvent faire des règlements pour assurer la conservation des livres et leur remise à la corporation scolaire. Ces règlements entrent en vigueur dès leur approbation par le surintendant.

Seuls, les livres de classe autorisés par le comité compétent du Conseil de l'Instruction publique sont sujets au remboursement prévu au deuxième alinéa du présent article; cependant les cahiers, ou cahiers-manuels, dans lesquels les élèves sont appelés à écrire ou à dessiner, ne sont pas considérés comme livres de classe. (13 Geo. VI, ch. 27, art. 1; 8 Geo. VI, ch. 14, art. 1; Eliz II, ch. 9, art. 23). (p. 75-76).

[...]

458. Pour avoir droit à une part de l'allocation sur le fonds des écoles publiques, il faut qu'une municipalité ait fourni la preuve:

[...]

10° Qu'on n'y emploie que des livres autorisés; (p. 143).

[...]

573. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut acquérir, pour la province, le droit de propriété des livres, cartes géographiques et autres publications quelconques, approuvés par l'un ou l'autre des comités du conseil de l'instruction publique.

574. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut distribuer gratuitement aux élèves des écoles, sous les conditions qui peuvent être imposées, des livres ou séries de livres, cartes géographiques, et autres publications quelconques choisis parmi ceux approuvés par l'un ou l'autre des comités du conseil de l'instruction publique, conformément aux dispositions de l'article 30. (p. 177).

[...]

588. Les enfants des personnes professant la religion judaïque ont les mêmes droits d'être instruits dans les écoles publiques de la province que les enfants protestants, et sont traités de la même manière que les protestants pour toutes les fins scolaires.

Néanmoins, aucun élève de croyance judaïque ne peut être contraint de lire ou d'étudier dans un livre religieux ou de dévotion, ni de prendre part à un exercice religieux ou de dévotion, auquel s'objecte le père, ou, à son défaut, la mère, ou le tuteur, ou la personne qui a la garde ou le soin de cet élève." (p. 181).

1960
Miller, Ph.-A. Code scolaire - Lois et règlements scolaires de la province de Québec - 1960. Québec, Département de l'Instruction Publique, c1960. 219 p.

"APPROBATION DES LIVRES DE CLASSE

Toute personne qui désire soumettre un ouvrage classique, une carte géographique, un film à l'approbation du comité doit, deux mois au moins avant que celui-ci soit appelé à se prononcer, envoyer cet ouvrage au département. (p. 20).

GRATUITÉ DES LIVRES

Les commissions scolaires peuvent, si elles le jugent à propos, mettre gratuitement à la disposition des enfants, fréquentant les écoles sous leur contrôle, les livres de classe ou une partie de ces livres. Toutefois, d'après la teneur de l'article 222, elles doivent au préalable obtenir l'approbation du surintendant. Donc, une fois que les commissaires ont décidé de fournir les livres de classes [sic], en vertu d'une résolution régulièrement adoptée, ils ne doivent pas oublier de faire approuver leur résolution par le surintendant, s'ils veulent que les choses soient faites légalement.

Ces livres sont payés à même les fonds de la corporation scolaire. Les parents ne peuvent être appelés à payer, en plus des taxes régulièrement imposées, un certain montant d'argent à cet effet, directement à la commission scolaire.

Le gouvernement rembourse la commission scolaire des trois quarts du prix qu'elle a effectivement payé pour ces livres. L'autre quart est à la charge de la commission scolaire. [96]

Il est entendu que les livres de classe restent la propriété de la corporation scolaire et que chaque élève doit en prendre un soin raisonnable et les rendre à la commission au fur et à mesure qu'il en a fini.

D'après les dispositions de l'article 222, les cahiers, ou cahiers-manuels, dans lesquels les élèves sont appelés à écrire ou à dessiner, ne sont pas considérés comme livres de classe. Par conséquent, si les commissions mettent gratuitement ces cahiers à la disposition des enfants, elles ne reçoivent aucun remboursement du gouverne-ment sur le coût de ces cahiers.

Les livres de classe à l'usage des instituteurs et des institutrices, que les commissaires sont tenus de leur fournir gratuitement, sont à la charge exclusive de la commission scolaire et aucun remboursement n'est fait par le gouvernement pour ces livres du maître. Il en est de même pour tous les articles ou objets qui constituent le mobilier scolaire et qui doivent se trouver dans chaque classe, conformément aux règlements du Comité catholique.

La taxe de vente ne s'applique pas aux livres, aux fournitures de classe, sauf aux crayons automatiques et aux plumes-fontaine (ch. 88, S.R.Q. 1941 - 8 Geo. VI, ch. 20).

Les commissions peuvent faire des règlements pour assurer la conservation des livres et leur remise à la commission scolaire. Ces règlements, adoptés en vertu d'une résolution, après consultation auprès de l'inspecteur d'écoles, du département ou auprès de toute autre autorité compétente en la matière, entrent en vigueur dès leur approbation par le surintendant. (p. 96-97).

[...]

LIVRES DE CLASSE

Les manuels à l'usage des titulaires de classe et des enfants sont ceux approuvés par le Comité catholique. Ils doivent être les mêmes pour toutes les écoles de la municipalité. Un contrat peut être signé avec une congrégation enseignante relativement aux livres dont on se servira dans les écoles confiées à cette congréga-tion. Les livres ainsi choisis doivent toutefois faire partie de la liste approuvée par le Comité catholique (30-221, paragraphe 4). Le curé a le droit de faire le choix des livres ayant rapport à la religion et à la morale.

Les nouveaux livres de classe mettent la Province au tout premier rang dans l'adaptation de la technique méthodologique aux différents stages de l'évolution psychologique de l'enfant. [107]

Les livres de classe peuvent être fournis gratuitement à tous les enfants de la municipalité, avec l'approbation du surintendant (222). D'autre part, les livres de classe doivent être fournis aux indigents (221, paragraphe 15).

Le département se charge de la confection et de la distribution du journal de la classe, du journal de l'école, du Bulletin aux parents, i.e. de la carte de classement ou de transfert des enfants." (p. 107-108).

1960.01
Lebel, Maurice. "Chronique des livres", L'instruction publique, 4, 5(janvier 1960):432-433.

"Albert Tessier, p.d., membre de la Société Royale du Canada et de la Société des Dix: Québec-Canada - Histoire du Canada - Tome II (1763-1958). Deuxième édition revue et illustrée (6e mille) Québec, Éditions du Pélican, 1958. XII + 308 pages.

Ce volume, si abondamment et élégamment illustré de cartes et de photos - il y en a exactement 67, dont 4 de Sir Wilfrid Laurier, 2 de sir Georges-Étienne Cartier et 2 de Henri Bourassa - est le tome II de l'Histoire du Canada (1763-1958) pour tous; il est animé du même esprit que le premier. L'auteur écrit tout au début de sa Préface: «Ce livre s'attache surtout aux faits et gestes des continuateurs de l'histoire française en Amérique du Nord.» L'ouvrage comprend deux parties: Amérique du Nord Britannique (1763-1867), La Puissance du Canada (1867-1958). La première, à l'instar d'une tragédie, se déroule en trois actes respectivement intitulés: Option (1763-1801), Crises (1801-1841), Redressement (1841-1867). La seconde, à peu près de la même longueur que la première, est cependant morcelée, car elle est divisée en sept chapitres qui ont pour titre: Fédéralisme (1867-1897), Impérialisme (1897-1903), Canada (1900), Nationalisme (1903-1931), Indépendance (1931-1958), Bilan, Mosaïque canadienne. Pas de bibliographie, pas de résumé, pas d'index, mais des tableaux, des vers, des citations, des statistiques, des idées, des points de vue. Rien du manuel rébarbatif et ennuyeux. Mais beaucoup de sous-titres facilitent la lecture de cette revue rapide de l'histoire française du Canada. Évidemment, il s'agit ici de Québec beaucoup plus que du Canada; et cette histoire est apprivoisée pour être lue. Tel est le but premier de l'auteur: rendre notre histoire attrayante, apprivoiser le passé, le faire aimer.

Mgr Tessier est avant tout un terrien, un ardent patriote, un régionaliste, un apôtre, un missionnaire. Cela se voit ou se constate presque à chaque page de son livre. Il monte en épingle des citations bien choisies (hélas! sans jamais indiquer la référence, et, à mon avis, c'est une grave lacune), et il multiplie les conseils, il fait ressortir le rôle du clergé et des éducateurs, il dresse un bilan de [p.432] nos forces, il invite à la méditation et à l'action. C'est tout un programme d'action que renferme ce livre aussi bien qu'une synthèse élégante de deux siècles d'histoire du Canada français.

Cette oeuvre d'établissement rural apparaissait à l'évêque (Mgr Bourget) comme une entreprise d'apostolat religieux et national. Il affecta aux paroisses neuves une partie des fonds recueillis pour la propagation de la foi. Cette phase de notre histoire commande notre attention et notre admiration. Sans autre appui que celui de ses prêtres, notre race, menacée d'étouffement et d'éparpillement, se tailla courageusement une place au soleil et elle assura l'avenir. Souvenons-nous que ce sont des cultivateurs qui ont accompli ce miracle. Ils ont été, jusqu'à nos jours, les vrais bâtisseurs du pays. (p. 140)

Suit une magnifique citation de cet autre terrien qu'est Henri Pourrat: «La terre, voilà l'élément de l'homme... L'homme aura toujours affaire à l'hiver et à l'été, à la pluie et au soleil, affaire à la glèbe et à l'eau, à l'herbe, à l'arbre, au blé, à la vigne. Cela, c'est solide. C'est le simple et l'éternel.» Et pourtant nous sommes en pleine révolution industrielle.

Depuis vingt ans, l'exode rural vers les villes s'est accentué à un rythme affolant. Le même phénomène modifie d'ailleurs à la même allure l'ensemble du pays. Le dernier recensement (1956) donne 34% de population rurale; les agriculteurs sont tombés à 17%.

La situation est encore plus sérieuse dans le Québec: 30% de ruraux et 14% d'agriculteurs, - lors qu'il y a un demi-siècle les agriculteurs québécois comptaient pour plus de 60%. (p. 284).

Mgr Tessier ne recule devant aucune tâche. «Il conviendrait, écrit-il (p. 280), surtout d'éveiller les sens politique de nos députés fédéraux.» Il est beaucoup plus optimiste que moi... Lisez le chapitre IX intitulé Bilan, que l'auteur introduit ainsi: «D'abondantes citations sont groupées dans ce chapitre. Elles ont été soigneusement sélectionnées. Toutes peuvent fournir matière à d'utiles réflexions.»

Il s'agit donc de l'histoire école de patriotisme, de formation morale, d'éducation civique, de civilisation régionale et traditionnelle. Ce tome II de l'histoire de [sic] Québec est fort bien imprimé, de lecture agréable et facile, nourri de citations bien choisies et marqué au coin de la sagesse terrienne. Livre d'idées et livre d'action."

1960.01
Rochette, Damase. "Les connaissances usuelles", L'instruction publique, 4, 5(janv. 1960):384-386.

Voyez le lis des champs». (Mt 6, 28).

L'usage des fascicules

Une enquête faite discrètement à l'occasion d'une série de leçons sur la méthodologie des sciences naturelles récemment données nous a fourni de multiples renseignements sur l'enseignement des connaissances usuelles. Dans certaines écoles, les fascicules sont lus, commentés, exploités; dans d'autres, ils ne servent guère, le titulaire employant tout le temps dont il dispose à l'étude des matières qui comportent un examen officiel à la fin de l'année. Certains titulaires n'ont retenu du programme officiel que la seule dernière ligne dont la mise en pratique est malheureusement trop facile: «Les connaissances usuelles ne sont pas matière d'examen officiel au certificat d'études.» (Progr. d'étu., p. 487).

Pourtant, «aucune matière ne se prête mieux à l'application des cinquième et sixième principes directeurs du programme. On y demande de mettre l'élève en face de problèmes à résoudre, de l'habituer au travail personnel, d'éveiller en lui le goût et la passion de la découverte, de favoriser l'esprit d'initiative, etc." Les fascicules ne sont pas seulement des exposés intéressants; chacun se présente comme un problème à résoudre. Un exemple fera mieux comprendre. Soit le premier fascicule de 3e anne no 301, Les trois classes d'êtres.

Les élèves sont invités à apporter la matière de la prochaine leçon de sciences naturelles: animaux, plantes, cailloux, etc. On ne se fait pas prier. Le matin suivant, sur une table spéciale, se trouvent placés sans ordre des fleurs, des feuilles, des cages renfermant des oiseaux, un aquarium avec poissons, des petits chats dans un panier, un hibou naturalisé, des coquillages, deux collections de papillons. On trouve de même une couleuvre bien vivante, une tortue, une grenouille, des sauterelles, un rat blanc, des géraniums, des bégonias et des mufliers.

L'institutrice, après avoir félicité ses élèves, s'adresse à l'un d'eux:

- Jean-Guy, ne pensez-vous pas que l'on devrait commencer par mettre un peu d'ordre dans toute cette richesse? Comment faut-il procéder, pensez-vous?

- On pourrait mettre ensemble les êtres qui se ressemblent d'une certaine façon, mademoiselle.

- Si l'on mettait ensemble ceux qui sont vivants, suggéra Lise.

Bientôt, les animaux vivants furent groupés à une extrémité de la table pendant que les plantes diverses et les feuilles étaient disposées à l'autre bout. Au centre, on plaça les cailloux de Jean-Pierre, les vieux sous de Jules et la potiche de porcelaine de Françoise.

Deux grandes divisions apparaissent déjà: les êtres vivants et les êtres non vivants.

Les questions de l'institutrice se poursuivent, et bientôt, les êtres vivants sont divisés de nouveau. Il y aura les vivants animaux qui, tout en possédant la vie, ont la faculté de se mouvoir; ils changent de place. Il y aura ensuite les vivants végétaux qui ont également la vie mais demeurent enracinés au sol. Ainsi apparaissent trois règnes importants: le règne animal, le règne végétal et le règne minéral.

Bientôt, on trouve de nouvelles distinctions parmi les animaux: on fait une famille [p. 384] spéciale de ceux qui sont organisés pour voler dans le airs, on obtient les oiseaux; ceux qui sont organisés pour vivre dans l'eau seront les poissons. La couleuvre de Lucien et la tortue de Pierre permettre [sic] de trouver deux autres familles: les reptiles et les batraciens.

Bref, il serait oiseux de poursuivre.

Le maître fera par lui-même la lecture du fascicule; ce sera sa préparation de classe immédiate. Il lui faudra, toutefois, assez souvent, compléter le matériel apporté par des élèves, mais la chose est facile.

Les élèves travaillent sous sa direction. Par un questionnaire bien conduit, il leur fait découvrir l'objet précis de la leçon. Les élèves trouvent eux-mêmes la solution au problème posé. Voilà de la classe active! «Les élèves sont mis en état de collaboration pour aider le maître à parfaire la documentation de la classe. L'esprit de recherche sera ainsi développé. (op. cité, p. 486).

Ce qui est vrai du premier fascicule l'est également des autres. Ce premier fascicule est toutefois la base de tous les autres; c'était l'un des plus difficiles à composer, mais la réussite est sans conteste.

Le second fascicule de la 3e année a pour titre: Soleil, lune, étoiles. On ne fait pas un cours savant d'astronomie aux bambins, mais quelques réflexions utiles sont groupées sous divers titres:

a) Le soleil est une étoile;

b) le soleil nous donne lumière et chaleur;

c) la lune est un miroir;

d) les étoiles sont des soleils;

e) le mouvement dans le ciel.

De belles illustrations accompagnent un texte simple dont la lecture intéresse les jeunes et les moins jeunes. En certaines localités, les fascicules ayant été apportés au foyer, les membres de la famille ont voulu les lire et ils ont réclamé des fascicules aux écoliers jusqu'à épuisement de la série. Des familles ont même fait l'achat de la série entière pour la placer dans la bibliothèque familiale.

Le fascicule no 303 ramène nos jeunes sur la terre. L'histoire des graines renseigne nos jeunes élèves sur l'origine de la vie végétale. L'histoire d'un pépin d'une pomme Fameuse pourrait être répétée pour une fève, un grain de blé, de maïs ou d'avoine. Les graines renferment une réserve de vie. Tante Marcelle a un tour merveilleux pour répondre aux questions des jeunes. La promenade de l'équipe de l'Éveil, à la recherche des graines, et racontée p. 19, est très intéressante: combien d'institutrices et d'instituteurs pourraient imiter tante Marcelle!

Les jeunes sont ainsi mis en contact intime avec la nature. Ils la voient, la contemplent, l'admirent, la comprennent. Ils saisiront mieux, plus tard, la richesse du passage de l'Évangile dont la première partie est en exergue au début de ce texte: «Voyez les lis des champs; ils ne sèment ni ne moissonnent; je vous le dis pourtant, Salomon, dans toute sa gloire, n'était pas vêtu comme l'un d'eux» (Mt 6, 28).

Le fascicule no 304 vient compléter les notions ci-dessus. Il a pour titre Fleurs et fruits et son texte se révèle très enrichissant. Les fleurs les plus connues passent sous nos yeux, les crocus battant la marche suivis de près par les trilles. Viennent ensuite la sanguinaire, la violette, le pissenlit, la renoncule, la marguerite, l'épervière, le liseron, etc. L'iris et le nénuphar reçoivent une mention spéciale.

Les fleurs de nos parterres suivent et il faut savoir gré à l'auteur ce souci pratique. Les tulipes, les pétunias, les pensées, les zinnias, les mufliers, les oeillets sans oublier les roses.

Les fleurs des légumes deviennent des fruits. Le fascicule mentionne d'abord les fruits canadiens puis les fruits importés. Et un dernier article termine le fascicule: Les fleurs dans la vie.

Le fascicule suivant no 305 concerne les Animaux domestiques. Le plan du travail est simple:

a) les animaux qui nous nourrissent, comme la vache, le porc, le mouton, le lapin, les volailles;

b) les animaux qui nous aident comme le cheval, le chien, le chat.

La visite de la ferme des Blanchette nous permet de faire connaissance avec d'autres animaux, tous très utiles à l'homme.

Le lait, tel est le titre du fascicule suivant. Il fut le premier à recevoir l'approbation officielle et à subir l'impression. Il fut approuvé le 4 mais 1951. Le fascicule no 308, Les meubles, fut le dernier à être approuvé, soit en mai 1958.

Le fascicule no 307 intéressera tout le monde écolier, plus particulièrement la partie féminine. Il a pour titre général: Les habits. [p. 385]

Le plan suivi est celui-ci:
a) comment sont faits nos habits;
b) les habits et la santé;
c) les habits et le confort;
d) les habits et l'élégance;
e) les habits varient selon les climats et les saisons;
f) les habits d'autrefois;
g) les habits chez les Indiens;
h) les uniformes.

Enfin, le dernier fascicule a pour titre: Moyens de communication et il est bien fait pour retenir l'attention des jeunes. On énumère d'abord les moyens de conversation par gestes; les scouts ont leur manière de communiquer un message à distance à l'aide de drapeaux. On peut aussi parler par signes; un mouvement de la tête peut vouloir dire franchement ma pensée sur un sujet; un signe de la main du policier en service et la circulation s'ébranle; un coup de sifflet du même gardien et la circulation s'arrête pour reprendre dans le sens opposé. Des navires en mer communiquent entre eux à l'aide de leur sirène. Les Indiens communiquaient entre eux, à distance, à l'aide de feux et d'écrans de fumée.

Les hommes communiquent encore entre eux par la parole écrite. On sait le rôle joué par la lettre transportée par les trains, les paquebots, les avions. On n'est plus au temps des pigeons voyageurs qui pourtant ont rendu service autrefois.

Enfin, les messages se font encore par télégraphe, par téléphone et par radio. Le récit du fascicule est très intéressant.

Qu'on permette aux élèves l'accès aux fascicules! Qu'on sorte ces plaquettes de la bibliothèque! Elles n'ont pas été imprimées pour demeurer sur les tablettes. Qu'on les mette à contribution et on sera surpris du résultat. Les élèves s'enrichiront de connaissances sans doute, mais la langue en général y gagnera considérablement.

Et ainsi, «les fascicules réaliseront leur rôle à fois formateur et utilitaire. Nos enfants auront, en plus des connaissances acquises, non seulement pris le goût de la lecture, mais ils auront aussi appris comment lire, pourquoi lire et que lire («Progr. d'ét., p. 487).»

1960.02
Allaire, G.-H. "Histoire du Canada - L'épopée canadienne - 6e et 7e années (Clercs de Saint-Viateur)", L'instruction publique, 4, 6(fév. 1960):468-469.

"Les Clercs de Saint-Viateur viennent de publier L'Épopée canadienne, Histoire du Canada pour les classes de 6e et 7e années. Approuvé par le Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique le 18 févier 1959, ce nouveau manuel complète les deux autres déjà publiés par les C.S.V.: Découvreurs et pionniers, pour 4e et 5e, et L'Histoire de notre Pays, pour 8e et 9e années. (Voir L'Instruction publique de janvier 1959, pp. 430-431, et de février 1959, pp. 535-536).

Ordonnance de la matière

Le manuel est divisé en sept périodes, marquant les grandes étapes de notre histoire. En 6e et en 7e années, il convient de donner aux enfants une première vue d'ensemble de toute notre histoire; la division en périodes y contribuera sûrement. Pour en assurer une intelligence précise et prompte, l'auteur a fait précéder chacune de ces périodes d'une page illustrée qui l'identifie, tout en la caractérisant, suivie d'une grande carte qui la circonscrit ou en marque l'évolution. À l'intérieur des périodes, on retrouvera la division habituelle en chapitres, avec titres et sous-titres numérotés. Cette numérotation simplifie le repérage de la matière et permet de la grouper plus facilement en leçons.

Les leçons sont au nombre de cinquante-quatre et correspondent au différents groupes d'exercices qui s'échelonnent tout au long du manuel. Leur longueur en a été calculée de manière à voir toute la matière en un an, à raison de deux leçons d'une demi-heure par semaine.

L'appareil pédagogique

La matière elle-même comporte des récits, des questionnaires, des résumés, des devoirs de revision [sic], des illustrations, des cartes et des exercices.

L'auteur a voulu des récits brefs et nombreux. Chacun d'eux se rattache solidement à une trame historique nette et précise. Les récits doivent être lus attentivement: le maître devra les expliquer, les commenter; il en dégagera les points importants et fera saisir les liens qui enchaînent les événements.

Chaque récit est immédiatement suivi d'un questionnaire portant précisément sur les faits importants qui doivent être retenus par les élèves. Rien n'empêche le professeur de compléter ces questionnaires; mais il doit éviter de donner à la leçon l'allure d'un cours encyclopédique. Une demi-heure d'histoire qui ne serait qu'une longue série de questions et de réponses, à seule fin de remplir un cahier de notes, et accompagnée de détestables pensums, préparerait les enfants à [p. 468] un brillant examen de fin d'année; mais, avec un tel système, pourrait-on se vanter d'avoir fait aimer et comprendre l'histoire du Canada? d'en avoir utilisé les éléments éducatifs? Qu'il suffise, d'ailleurs, de constater que les trois ou quatre questions importantes suivant chacun des cent cinquante récits, supposent un bagage amplement suffisant de connaissances à faire retenir à des enfants de douze à treize ans.

De plus, le professeur trouvera, à la fin de chacun des dix-sept chapitres, un devoir de revision [sic], qui complète les questionnaires et oblige à envisager, d'un point de vue nouveau, des ensembles présentés en récits séparés.

Enfin, chacune des sept grandes périodes s'achève par un résumé des faits importants qui la caractérisent. Ce faisant, l'auteur a voulu faciliter la tâche du professeur qui, à certains stages de son enseignement, désire faire le point, coordonner les connaissances acquises et s'assurer que ses élèves possèdent une vue d'ensemble de la situation et de la marche des événements. Ces résumés doivent être maîtrisés parfaitement par les enfants; ils sont comme la ligne de faîte de notre histoire.

Par de nombreuses illustrations, choisies expressément pour le texte des leçons qu'elles mettent en valeur, l'auteur a donné à son manuel un caractère à la fois artistique et documentaire. Elles s'insèrent dans la trame même des récits, aident l'imagination et fortifient la mémoire de l'élève. L'examen attentif de ces illustrations constitue, pour les enfants, un excellent exercice d'observation et au sûr moyen de rendre la leçon vivante et fructueuse.

Les cartes jouent un rôle analogue à celui des illustrations. De plus, elle apportent à l'étude des faits historiques les clartés et les précisions de la géographie. Le professeur ne manquera pas d'y recourir pour mieux rendre l'aspect réel des événements. Les élèves prendront plaisir et intérêt à retrouver sur les cartes correspondantes, le noms géographiques rencontrés dans les récits. Des études de cartes, insérées dans les exercices, l'y invitent. Une carte à retracer de mémoire est aussi un exercice recommandé.

Outre les exercices de cartographie, le professeur trouvera, à la fin de chaque leçon, diverses tâches individuelles ou collectives: dramatisations et reconstitutions historiques, discussions et recherches, enquêtes, identifications, tableaux récapitulatifs, lectures et visites recommandées, chronologies historiques, histoire locale, etc.

Les exercices, tout comme les questionnaires, n'ont nullement la prétention de fournir aux maîtres une liste complète des différents genres de travaux possibles pour une leçon donnée. L'auteur indique seulement ceux qui semblent développer davantage les qualités de réflexion des écoliers, leur initiative personnelle, leur esprit d'entreprise ou de coopération. Libre au maître d'adopter ceux qui lui conviennent et d'en imaginer de semblables aux leçons suivantes. Ce qui compte, c'est de ne point négliger les avantages qu'offrent ces excellents moyens d'assimilation et de formation.

Ainsi, par exemple, il est évident que nombre de leçons se prêtent à la dramatisation et à la discussion. Le maître, qui préfère ce genre d'exercices, n'aura qu'à y revenir, s'inspirant au besoin de la marche suggérée dans le manuel, là où ces procédés sont utilisés. En effet, l'auteur a préféré exploiter chacun des exercices qu'il suggère, en montrant tout le parti qu'on en peut tirer, afin de piquer la curiosité et d'inciter à l'action. Ce but atteint, il ne restera plus au professeur qu'à canaliser les énergies, tout en laissant aux enfants une certaine liberté dans les recherches et les méthodes de travail.

Le maître encouragera surtout les entreprises par équipes, en particulier dans le domaine de la documentation et de l'histoire locale, favorisant ainsi l'application des méthodes actives.

L'appareil pédagogique ne doit pas, bien entendu, faire oublier l'essentiel, c'est-à-dire l'esprit même dans lequel l'ouvrage a été conçu. En racontant le passé de notre pays, la lente et laborieuse formation de notre peuple, l'auteur de L'Épopée canadienne a voulu faire naître et fortifier, chez les écoliers, un patriotisme sain, qui se manifestera par la volonté d'être des citoyens agissants et méritants dans une nation en plein essor."

1960.02.24
xxx. "Réunion des 23 et 24 février 1960", Comité catholique du conseil de l'instruction publique - Procès-verbal de la séance des 23 et 24 février 1960 (S.l., s.n., 1960):113-160.

"[...].

Gratuité des manuels

La Commission [de permanence] prend connaissance des nouvelles dispositions de la Loi de l'Instruction publique concernant la gratuité des manuels et se demande s'il n'y aurait pas lieu d'étudier cette question afin de permettre aux élèves de conserver au besoin certains ouvrages qui pourraient constituer dans chaque foyer un commencement de bibliothèque familiale.

Monsieur le Surintendant exprime l'opinion qu'une étude complète et approfondie devrait être faite de toute la question des manuels scolaires: approbation, prix, distribution, etc." (p. 122).

1960.03
Rochette, Damase. "Les connaissances usuelles", L'instruction publique, 4, 7(mars 1960):555-557.

"Lorsque l'élève arrive en 8e année, l'ensemble de ses connaissances scientifiques est déjà remarquable. Nous supposons, il va sans dire, que l'on a su exploiter les sources très riches que constituent les fascicules. Dans ce dernier article, nous ne ferons de considérations que sur les fascicules des deux dernières années du cours élémentaire.

Aidé des remarques judicieuses de son maître, l'élève se rend compte qu'il est entouré de mystères. Les choses les plus simples ne peuvent être définies avec clarté, et quelle difficulté pour son jeune esprit d'accepter que l'eau qu'il boit est composée de deux gaz! Comment l'union de deux éléments gazeux et invisibles comme l'hydrogène et l'oxygène peut-elle former de l'eau?

Rien de plus indispensable à nos poumons que l'air que nous respirons. Mais qu'est-ce que l'air? Qu'est-ce que le vent? Pourquoi la température change-t-elle? Pourquoi est-elle tantôt basse, tantôt élevée?

Après avoir étudié le fascicule no 601, L'Air, et le fascicule no 602, La température, l'élève de 6e année ne sera pas devenu unj météorologiste, mais il saura qu'est l'atmosphère, ce que contient l'air que nous respirons, ce qu'est la pression atmosphérique. Ce que sont les courants d'air, quels sont les services que rend l'air dans l'industrie (air comprimé), etc., et cela représente un programme remarquable.

L'attention de l'élève est ensuite appelée sur le genre de vie de certains animaux. Il verra l'organisation d'une ruche d'abeilles; on lui fera remarquer les moeurs des fourmis; les castors seront observés à leur travail. Un fascicule spécial décrira comment certains animaux peuvent défendre leur vie contre des ennemis beaucoup plus forts qu'eux.

Deux fascicules vont ensuite donner des détails très intéressants sur les céréales (605) et sur la multiplication des plantes en général (604).

Un fascicule étudiera le fer, le cuivre et l'aluminium, surtout comme métaux entrant dans les constructions. Un autre parlera des plastiques. Suivront les plaquettes intitulées Le Pétrole, La Soie, Les Bateaux, Les Ponts et les Tunnels.

En résumé, à toutes les connaissances acquises déjà en 3e, en 4e et en 5e année - 31 fascicules -, les élèves de 6e année ajoutent un apport important: ils perfectionnent leurs connaissances en sciences naturelles, prennent un premier contact avec la chimie, enrichissent leur savoir sur l'industrie des plastiques et sur celle de la soie. Entre temps, ils auront fait connaissance avec la navigation et auront appris quels sont, dans le monde, les principaux ponts, remarquables par leurs dimensions et leur structure de même que les tunnels les plus longs ou ceux qui ont nécessité des travaux compliqués et hardis.

Toutes ces connaissances doivent s'acquérir par l'observation directe ou l'observation [p. 555] indirecte. «Il n'y a jamais de temps perdu, si vous occupez l'élève à faire observer, comparer, dessiner et rédiger.» (R. Bauduin, insp. d'Académie.)

La 7e année en est une de fin de cours. C'est probablement la raison pour laquelle 19 fascicules constituent le programme de connaissances usuelles de cette année.

Les élèves font d'abord une étude sérieuse du squelette humain. Les noms des principaux os sont mentionnés et des vignettes montrent comment ils s'emboîtent et s'articulent. Puis viennent les muscles, le système nerveux, le système respiratoire. La somme des connaissances biologiques renfermées dans cette brochure est étonnante.

La physique a aussi sa grosse part. Tour à tour, on étudiera Les Merveilles de l'Électricité, La Télégraphie et le le Téléphone, La Radio, Le Sons.

La zoologie revient encore en surface avec les fascicules qui suivent: Les Insectes, Les Poissons, L'Hiver et les Animaux.

Une part importante est donnée à la botanique. On étudiera le rôle des feuille dans le fascicule intitulé Une usine en Travail; les plantes textiles seront étudiées dans un autre ayant pour titre: Lin, chanvre, Coton; enfin, le fascicule La Forêt nous en énumère d'abord les bienfaits: elle freine l'érosion; elle règle le débit des cours d'eau; elle constitue un refuge pour le animaux sauvages; elle offre un rendez-vous récréatif aux touristes; elle fournit du bois de construction, du bois d'ameublement, etc.

La seconde partie de la plaquette énumère les principales régions forestières de la province ainsi que les essences les plus importantes qui y croissent. Enfin, dans une troisième partie, le sujet si important de la conservation est traité.

Disons que les brochures dont les noms suivent se rapportent à l'industrie en général: Les Mines, L'Aviation, La Cellulose, Le Bois de Construction.

Un autre fascicule indique les changements sociaux apportés par certaines inventions. Il mentionne les avantages nombreux que les inventions ont procurés aux humains, mais il a soin d'énumérer également l'abus que l'homme peut en faire.

L'astronomie n'a pas été oubliée. Le Système solaire constitue l'un des plus beaux fascicules de la 7e année, et l'un de ceux que les élèves lisent avec le plus d'intérêt. Et cela donne raison à un pédagogue de renom qui écrivait récemment: «La première science, et d'où sortit la première idée de loi naturelle, fut partout l'astronomie; et les objets astronomiques sont justement les seuls qui soient hors de nos prises et que nous ne puissions changer. Ainsi l'astronomie fut protégée contre cette curiosité indiscrète qui change l'objet au lieu de le considérer avec patience. Et encore maintenant, l'expérimentation, dont on fait grand cas, n'instruit que l'homme prudent et formé par l'astronomie, c'est-à-dire celui qui a observé longtemps.» Il y a deux fascicules qui se rapportent à l'astronomie: l'un pour les classes de troisième année, l'autre pour celles de septième année. On s'attend, naturellement, à ce que le sujet soit repris, plus scientifiquement, au cours secondaire.

La plaquette intitulée Sécurité publique énumère les différents services qui se partagent l'administration d'un [sic] ville: aqueduc, assainissement, incendies, santé, police, éclairage, etc. De belles leçons de civisme s'en dégagent.

Enfin, une dernière plaquette a pour titre Équilibre dans la nature. Elle ne vient pas au dernier rang de la liste des 62 brochures, mais il me plaît de lui donner cette place. Il semble qu'elle forme comme une synthèse de toutes les autres. Le firmament, l'air, la terre, les eaux, les animaux, les plantes, les inventions modernes de toutes sortes, le sous-sol, etc. ont été tour à tour observés et étudiés. De l'ensemble des observations, il découle qu'une sage distribution règne dans l'univers, qu'un équilibre merveilleux y maintient un ordre réel que l'homme ne peut briser sans en ressentir le contrecoup, Dieu est grand dans ses oeuvres.

Existe-t-il un ordre à suivre?

Le fascicule L'Électricité porte le numéro 701; c'est son numéro d'ordre. Est-ce à dire qu'il faille commencer, en 7e année, l'étude des fascicules par le numéro 701? On peut le faire, mais on n'y est pas tenu. Cette étude peut aussi bien débuter par le no 711 ou tout autre; l'essentiel est de voir ce programme formateur tout entier pendant l'année scolaire. Et ce qui est dit pour la classe de 7e année peut être répété pour les autres années du cours. Que les maîtres se réjouissent: pour cette matière au moins, ils peuvent commencer là où ils désirent!

On va plus loin dans certains pays. Dans Cahiers de pédagogie moderne, sous le titre [p. 556] L'enseignement des sciences à l'école primaire, nous lisons ceci: "Dans les leçons de choses du cours élémentaire et du cours moyen et dans les leçons de sciences, ne soyez jamais l'esclave des programmes." La phrase est signée d'un inspecteur d'Académie qui d'ailleurs donne beaucoup d'autres conseils excellents; que ne loue-t-on ses services pour une tournée de conférences dans la province! Le Programme d'Études, édition 1951, p. 486, donne d'ailleurs raison au savant inspecteur qui a signé les lignes ci-dessus: "en connaissances usuelles, le maître veillera non pas tant à suivre l'ordre numérique des sujets à étudier qu'à profiter des diverses saisons ou de circonstances particulières pour faire aborder avec intérêt la matière au programme.»

Chaque fascicule sera abordé en classe avec une certaine solennité qui saura capter l'attention des élèves. S'agit-il, par exemple, du fascicule no 715 ayant pour titre Bois de Construction, le maître choisira des spécimens de bois et demandera aux élèves d'apporter également leur contribution. Tous les arbres des environs seront examinés à fond: tronc, écorce, branches, feuilles, fleurs, fruits. On saura mettre l'odorat à contribution dans la reconnaissance des essences forestières. Les résineux dégagent une senteur spéciale. Le merisier (bouleau), le frêne, le cerisier, etc., peuvent également se distinguer à la senteur qu'ils dégagent. On passe ensuite aux caractéristiques qui distinguent les familles d'arbres. On peut les distinguer à leur écorce, à la forme et à la grandeur de leurs feuilles, à leurs fleurs, à leurs fruits.

On n'insistera pas sur les essences d'arbres complètement absentes de la région: le pin de la Colombie britannique, par exemple. Quant aux arbres de la région, l'élève devra être capable de les nommer tous.

Les élèves de 7e année arriveront au cours secondaire bien préparé [sic] au programme de sciences qui les attend, à condition toutefois que tous les fascicules leur aient été expliqués. Faut-il redire aux maîtres de ne pas négliger cet enseignement sous le pauvre prétexte que les connaissances ne sont pas une matière sur laquelle un examen sera donné à la fin de l'année!

Monsieur R. Bauduin, inspecteur d'Académie, que j'ai déjà cité, dit encore: «L'enseignement scientifique à l'école primaire doit être un enseignement de culture; il doit jouer un rôle important dans la formation de l'esprit. C'est un enseignement qui développe l'esprit. C'est un enseignement qui développe les qualités humaines. Il faut, à mon sens, cesser d'opposer les disciplines culturelles aux disciplines non culturelles, car toutes les disciplines, puisqu'elles mettent en jeu des qualités propres à l'homme, sont culturelles. Les leçons de sciences, basées sur l'observation concrète, en développant les qualités de l'esprit par l'observation, la réflexion, le raisonnement, l'apprentissage de la concision et de la clarté dans l'expression de la pensée, ont autant de valeur formatrice que l'étude des passions d'Hermione ou le raisonnement abstrait géométrique. Cet enseignement doit faire connaître les grands phénomènes de la vie, apporter des connaissances indispensables à un minimum de culture générale, quelle que soit l'orientation future de nos élèves.»

Qu'on le remarque bien, on parle de culture et de culture par les sciences! et à l'école primaire, s'il vous plaît! Et cela a bien lieu en France!

Dans certains milieux, on fait au programme élémentaire le reproche d'avoir été préparé pour des sous-doués. Les programmes particuliers de chacune des disciplines méritent-ils ce reproche humiliant? La réponse à cette question est d'importance et réclame un examen de conscience sérieux. En attendant un redressement - si tel redressement est nécessaire -, que notre enseignement effectif compense pour ce qui pourrait exister d'hésitant et de trop primaire dans un programme qui doit, toutefois, demeurer primaire."

1960.04
De Grandpré, Marcel. "L'élaboration et le choix des manuels", L'instruction publique, 4, 8(av. 1960):620-622, 626.

"Il s'imprime chaque année dans tout l'univers environ cinq milliards de volumes dont à peu près la moitié sont des manuels scolaires. Ces chiffres ne manquent pas d'impressionner, mais ils ne sont qu'un point de départ. En effet, il n'y a aujourd'hui qu'un peu plus d'un enfant sur deux dans le monde qui bénéficie d'un stage même bref à l'école. Cependant, dans tous les pays, la scolarisation se développe à un rythme accéléré et l'on peut prévoir que dans une décade ou deux tous les enfants du monde iront à l'école, qu'ils y parcourront tous le cycle des classes élémentaires et qu'une proportion toujours croissante avancera dans les études secondaires et universitaires. Avant longtemps, la consommation mondiale des manuels scolaires sera donc le double, puis le triple de ce qu'elle est aujourd'hui!

Des milliards de dollars seront engagés dans cette industrie. L'efficacité du travail des maîtres en classe dépendra de la façon dont seront investis ces capitaux. Toute l'humanité a donc un intérêt primordial à obtenir pour ses école des manuels bien adaptés aux programmes et aux enfants. C'est pourquoi le Bureau International d'Éducation a estimé utile, à l'occasion de sa vingt-deuxième Conférence internationale de l'Instruction publique tenue à Genève, en 1959, de faire une enquête sur Les manuels de l'enseignement primaire: élaboration, choix, utilisation (248 p., Publication n. 203 du B.I.E.). Soixante-neuf pays ont participé à cette enquête et ont élaboré à ce sujet la Recommandation n. 48 aux Ministères de l'Instruction publique qui comprend 47 articles et qu'on trouve dans le compte rendu de la Conférence (212 p., Publication n. 207 du B.I.E.). Nous nous arrêterons quelques instants à cette documentation pour en tirer des réflexions sur la situation actuelle dans notre milieu. [p. 620]

Élaboration des manuels

La mise en vigueur d'un nouveau programme d'études pour les écoles élémentaires, il y a une quinzaine d'années, a rendu nécessaire la préparation de nouveaux manuels pour toutes les matières et toutes les classes. Le personnel enseignant a été aux prises, pendant la période de transition, avec une situation qui laissait évidemment à désirer: l'obligation d'enseigner selon l'esprit du nouveau programme avec des manuels inspirés de méthodes abandonnées.

Comme dans les deux tiers des pays, les autorités du Département de l'Instruction publique ont laissé à l'initiative privée la responsabilité de préparer les manuels nouveaux. De nombreux auteurs se sont mis à l'oeuvre et l'on a vu bientôt apparaître des projets puis des textes définitifs qui ont peu à peu répondu aux exigences des premières années puis du cycle complet des écoles élémentaires. Le programme des écoles secondaires était, pendant cette période, en préparation et nous assistons maintenant à la production des manuels qui permettent de l'enseigner.

Dans un quart des pays environ, les autorités scolaires confient elles-mêmes la rédaction des manuels à des commissions spécialement nommées ou à des auteurs choisis dans le personnel administratif ou enseignant ou bien à des spécialistes. Dans ces cas, le soin de l'édition est d'ordinaire à la charge entière de l'État.

On ne fait qu'exceptionnellement un essai généralisé d'un manuel nouveau. Le plus souvent, les auteurs peuvent tout au plus mettre leur texte à l'épreuve dans leur classe ou dans leur école, parfois dans un groupe d'écoles, dans des laboratoires pédagogiques ou des classes expérimentales.

Dans le quart des pays, l'édition est faite par l'État soit directement soit par l'intermédiaire d'une maison officielle. Ailleurs, l'État intervient seulement pour les manuels dont le tirage est trop restreint pour couvrir convenablement les frais et les risques. En général, quand la rédaction des manuels est laissée à l'initiative privée, ce sont aussi des maisons d'édition privées qui en entreprennent la publication. Il faut alors que les autorités scolaires s'occupent de contrôler la valeur pédagogique des manuels et, d'autre part, de réglementer leur usage de manière à encourager et à stimuler leur renouvellement.

Choix des manuels

Le régime adopté ici est celui de plus de la moitié des pays: l'autorité supérieure oblige à soumettre les manuels à des commissions spécialisées qui en approuvent un certain nombre parmi lesquels les autorités locales peuvent choisir librement. Le choix n'est imposé directement dans les écoles que dans les pays où l'État fait rédiger et publier les manuels ou n'en approuve qu'un seul par matière. Dans une dizaine de pays, on ne fait même pas de liste officielle pour suggérer des manuels conformes au programme: les autorités locales, parfois même les maîtres, sont alors complètement libres de choisir le manuel qui leur paraît le meilleur.

La durée de l'approbation des manuels varie beaucoup d'un pays à l'autre et même d'une matière à l'autre. Elle est, en effet, très difficile à doser de façon à sauvegarder tous les intérêts. L'importance du marché dépend de celle de la [p. 621] population scolaire. Dans un milieu restreint comme le nôtre, les classes de l'école élémentaire font une consommation de manuels qui permet des profits intéressants et assez rapides, tandis qu'à l'école secondaire, surtout dans les matières spéciales à chaque cours, on ne peut toujours produire à un prix raisonnable un manuel aussi bien préparé typografiquement qu'on le désirerait. La réglementation dans ce domaine doit donc être assez souple pour restreindre la concurrence et garantir un usage assez long aux manuels dont le marché est restreint, tout en stimulant prudemment l'émulation quand la vente permet de faire des profits appréciables. Les perfectionnements de détail apportées aux programmes sont un excellent moyen également pour provoquer l'amélioration des manuels à l'occasion de leurs rééditions.

Utilisation des manuels

Les auteurs de manuels dépendent en définitive de l'utilisation qu'on a l'intention de faire de leurs ouvrages et donc de la conception qu'on en a dans le personnel enseignant. C'est justement une orientation neuve exigée par les programmes actuels qui a provoqué le changement de tous les manuels à la fois dans leur contenu, dans leur présentation et dans leur esprit.

On considère aujourd'hui le manuel beaucoup moins comme un livre d'étude que comme un moyen de formation. Le maître dispose d'un programme détaillé qui lui explique les objectifs lointains et immédiats de chaque matière et de chacune de ses parties. Il doit sans doute faire apprendre les notions précises comme autrefois, mais on lui demande de consacrer plus d'attention à les faire assimiler et utiliser. C'est pourquoi tous les manuels se préoccupent davantage de l'enfant: on s'adresse à lui en termes connus, on lui propose les notions dans l'ordre le plus conforme à son développement actuel même aux dépens de la logique adulte, on donne une allure attrayante et esthétique à la présentation matérielle.

La rédaction et l'édition des manuels deviennent ainsi presque forcément une oeuvre de collaboration: le rédacteur, le spécialiste de la science au programme, l'enseignant, l'artiste, le technicien des arts graphiques, l'éditeur doivent penser ensemble les problèmes complexes dont la solution sera un ouvrage bien fait, simple, agréable, instructif et formateur.

L'augmentation de la population scolaire, l'accroissement de la durée de la scolarité entraîneront la création de nouveaux programmes, la rédaction de nouveaux manuels. Dans les écoles normales, les futurs maîtres prennent contact avec tout le programme et un grand nombre de manuels. Il sera utile d'assurer le même avantage, de façon permanente, aux maîtres en exercice pour qu'ils aient une vue d'ensemble sur les nouvelles tendances même en dehors de leur classe ou de leur matière.

Il deviendra nécessaire et possible également d'aider systématiquement ceux qui songent à entreprendre la préparation de manuels ou à y participer. Dans plusieurs pays, des centres de documentation pédagogique sont à la disposition de qui veut consulter des collections étrangères de manuels pour y puiser des idées. Des expositions itinérantes vont parfois à la rencontre des maîtres et des auteurs éventuels. (Suite à la page 626) [p. 622]

Certains organismes internationaux ou nationaux prêtent ne assistance technique directe à ceux qui sont à réaliser un projet. L'Office of Education du gouvernement des États-Unis organise, par exemple, des workshops où des techniciens dirigent le travail de groupes de spécialistes. Il vient de publier un excellent ouvrage sur la préparation des manuels et, de manière générale, de la littérature pour enfants: Barbara Nolen et Della Goez, Writer's handbook for the development of educational materials, Washington, D.C., Office of Education, 1959, 10-183 p., Bulletin 1959, no 19. On trouvera des compléments intéressants dans deux chapitres (p. 240-257) de: Education for the better living, The role of school in community improvements, Washington, D.C., Office of Education, 1957, 12-339 p., Buletin 1956, no 9.

On pourrait souhaiter également que le public en général reçoive une meilleure information sur les manuels. Tous les parents constatent aisément que les livres de classe sont mieux présentés qu'autrefois, mais des explications claires à la télévision et dans les journaux ne seraient pas superflues. On pourrait y mettre en évidence les caractéristiques des méthodes exigées par les programmes ainsi que la manière dont y répondent les manuels actuels. L'appui de l'opinion publique est de plus en plus importante en éducation. Il faudrait lui donner un aliment positif qui aille plus en profondeur que les données économiques controversées."

1960.04
Lebel, Maurice. "Chronique des livres", L'instruction publique, 4, 8(av. 1960):couvertures 3 et 4.

"J.-P. Vinay et J. Darbelnet. Stylistique comparée du Français et de l'Anglais. Méthode de Traduction. Paris, Didier; Montréal, Beauchemin, 1958. 332 pages. 24 cm.

Ce fort volume de 332 pages est tout ensemble une étude de stylistique comparée et un précis ou un traité de traduction. Il s'adresse tout particulièrement aux meilleurs élèves de collège, aux étudiant de Faculté, aux spécialistes de français, que ceux-ci soient anglophones ou francophones, aux journalistes et aux traducteurs de métier, aux éducateurs et aux écrivains. Les linguistes et les stylisticiens vont en faire leur gibier. Il constitue le premier ouvrage de la Bibliothèque de Stylistique comparée, dont M. A. Malblanc est directeur. Publié conjointement à Paris et à Montréal sous l'invocation, peut-on dire, de saint Jérôme, patron et prince des traducteurs, dont on voit la forte silhouette sur la vignette de la page de titre, il est l'oeuvre de deux universitaires de France, de deux linguistes, qui enseignent depuis près de quinze ans le français et la linguistique en Amérique et qui possèdent chacun une très riche culture anglaise.

L'ouvrage comporte, outre un lumineux avertissement par M. Malblanc (pp. 1-2), la liste des sigles et abréviations (p. 3), un glossaire des termes techniques (pp. 4-16) - la consultation de ce glossaire par les profanes est indispensable -, une Préface (pp. 17-22) où les auteurs décrivent la genèse, la nature et la fin de leur étude, une Introduction substantielle (pp. 23-54) et méthodique, où tous les termes essentiels sont bien définis; suivent les trois parties fondamentales du livre: I. Le Lexique (pp. 58-90), II. L'Agencement (pp. 91-156), III. Le Message (pp. 157-266), formant un tout organique d'après un plan logique et progressif. Dans la Conclusion (pp. 267-269), les auteurs réaffirment leur conception de la traduction. Pour eux, la traduction est une discipline exacte, scolaire, professionnelle, linguistique, indissociable de la stylistique comparée, véritable science humaine, quoi qu'on en dise en certains milieux. Il ne faut jamais sacrifier la précision et l'exactitude à la littérature, entendez par là, à la paraphrase, à l'interprétation fantaisiste, au coup de pouce de l'écrivain-traducteur qui se projette dans sa traduction comme l'a fait hélas! À plusieurs reprises André Gide lui-même dans sa traduction de Hamlet. Dans les appendices, MM. Darbelnet et Vinay présentent un choix de textes accompagné de traduction [sic] et de commentaire [sic] (pp. 279-303), et c'est la partie la plus instructive des cinq appendices (pp. 270-324). L'Index (pp. 304-317) est aussi très pratique.

Quant à la Bibliographie (pp. 320-324), elle aurait pu être dressée autrement: les ouvrages auraient pu être séparés des articles de revue. J'ai relevé, crayon en main, 34 ouvrages mentionnés dans le livre dont aucun ne figure dans la bibliographie. Et pourtant, pour n'en citer que dix, les titres suivant auraient pu être groupés dans la bibliographie. Lexique de Terminologie linguistique, Le Langage et la Vie, La Vie des Mots, Usage et Abusage, Dictionary of Clichés, Le Style administratif, Du Tac au Tac, La Preuve par l'Etymologie, L'Inversion en Français moderne, Échelles de Conversion. La Théorie de la Traduction (pp. 320-321) ne mentionne aucun essai des plus célèbres traducteurs contemporains de l'antiquité classique, voire de la littérature anglaise contemporaine [couverture 3] ou de la littérature américaine. Et l'ouvrage du professeur H. Frei, Le Livre des deux mille Phrases a paru en 1953 (p. 175) et non en 1943 (p. 324). En fait, c'est en 1953 qu'il a été publié.

A trois reprises au moins (p. 1, p. 21, p. 26), les auteurs insistent su le caractère linguistique de leur ouvrage; on n'y trouvera point de recettes toutes faites pour la traduction automatique de l'anglais au français. La traduction est une discipline précise, exigeante, qui possède des techniques et des problèmes particuliers. La théorie que MM. Darbelnet et Vinay en donne repose tout ensemble sur la structure linguistique - c'est une application de la théorie linguistique de Ferdinand de Saussure et de Charles Bally, aux problèmes de la traduction - et sur la psychologie des anglophones et des francophones. La traduction est conçue comme une application pratique de la stylistique comparée; si chaque époque juge le bon de refaire les traduction des époques précédentes - cela n'est pas vrai de tous les textes traduits -, c'est que chaque époque se fait une conception propre de la traduction et tient à coeur de maintenir bien vivant l'amour des classiques. Dans cet ouvrage, l'on se sert en grande partie de la terminologie de F. de Saussure. On établit aussi deux distinctions nouvelles entre le bon usage et la langue vulgaire, d'une part, les préoccupations esthétiques et les préoccupations utilitaires, d'autre part.

Ce livre est truffé d'exemples empruntés aux écrivains modernes, aux journaux, aux revues, aux annonces, aux avis courants. Il abonde aussi en expressions, en idiotismes (pp. 39-42), en notations psychologiques pénétrantes sur les différences entre le français et l'anglais (pp. 59-62) - quant au grec (p. 223e), il est autrement riche que le français en particules; ce dernier est même extrêmement pauvre à cet égard, et l'on est allé jusqu'à écrire tout un livre pour montrer qu'on pourrait se passer de la conjugaison car -; et que de mots courants en anglais: facilities, pattern, emergency, privacy, qui sont dépourvus d'équivalents commodes en français! Ainsi les fameuses Slippery when Wet (p. 22, p. 100), chaussée glissante par temps humide, Wet Paint, Attention à peinture, etdes dizaines d'autres, sont traduites correctement dans ce livre. Je me suis même amusé à dresser la liste complète des innombrables expressions courantes que les auteurs ont traduites; elles couvent une trentaine de pages de papier pour écolier. Précieux index personnel. Les manchettes de nos journaux n'ont pas échappé, cela va sans dire, à l'oeil perçant des deux linguistiques; ils connaissent bien, comme le professeur R. Etiemble, Le Sabir nord-atlantique (p. 53). Aussi leur livre est-il utile et pratique, constructif et instructif.

Grâce à la remarquable clarté de la présentation, au grand nombre de titres, de sous-titres, de charnières, de renvois et de schémas, grâce à la numérotation de thèmes (de 1 à 259) e à l'emploi systématique des caractères gras, grâce à la définition des termes techniques et à un précieux Index, cet ouvrage peut se consulter aisément et servir de base à un enseignement fécond de l'anglais et du français; sans compter qu'il renferme de judicieux conseils et d'excellentes méthodes de travail. Clair, méthodique, bien divisé, rempli de mots, d'expression [sic] et d'exemples, riche d'idées, marqué au coin de l'expérience et de l'érudition, plein de remarques pénétrantes, ce premier ouvrage de la Bibliothèque de Stylistique comparée fait honneur et au directeur de la Collection et aux auteurs eux-mêmes. Il est fort bien imprimé et élégamment présenté. Il est l'oeuvre de deux maîtres."

1960.07
Mercier, Philippe. "Mgr Paul Mayrand, P.A., Catéchisme expliqué. 688 pages. Évêché, Nicolet", Revue eucharistique du clergé, 63, 7-8 (juillet-août 1960):445-446.

"Les lecteurs de notre Revue, surtout les éducateurs, ont pu lire avec intérêt les articles de Mgr Paul Mayrand, P.A., sur l'enseignement du Catéchisme. Ces leçons de pédagogie sont le fruit d'une longue expérience, d'un travail ardu remis souvent sur le métier. Car en plus d'enseigner le catéchisme durant de nombreuses années, Mgr Mayrand en a fait des commentaires écrits publiés de façon méthodique dans différentes Revues.

Il eut été regrettable de ne pas donner à ces articles plus de publicité. Grâce à la clairvoyante intervention de Son Excellence Monseigneur Martin, Evêque de Nicolet, ces leçons écrites ont été recueillies, remaniées, complétées, et enfin viennent d'être éditées, au plus grand profit des professeurs de catéchisme ou encore des adultes qui veulent rafraîchir leurs connaissances religieuses. L'adaptation de ces commentaires au nouveau catéchisme de Québec facilitera aux maîtres la préparation de leur leçon quotidienne.

La présentation typographique en caractères variés, accentués selon l'importance de la matière, ajoute aussi à la valeur du manuel qui, par ailleurs est d'un format commode et d'une reliure solide. [p.445]

Tout contribue donc à faire de ce commentaire un livre pratique qui rendra de grands services à ceux qui ont la délicate mission de l'enseignement religieux.

Monseigneur l'Evêque de Nicolet avec justesse a donc pu décerner à l'auteur cet éloge: "Votre connaissance très approfondie de la Sainte Théologie et votre vaste expérience des âmes dans le saint ministère ont fait de vous un catéchiste incomparable."

En redisant à Mgr Mayrand ces mêmes hommages, nous souhaitons une large diffusion à son manuel pour le plus grand avantage des catéchismes et le plus grand bien des âmes."

1960.09
Jules-Émile (frère). "Manuels de langue française approuvés par le Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique", L'instruction publique, 5, 1(sept. 1960):45-47.

"Tout le monde semble être d'accord pour admettre la pauvreté et l'incorrection de la langue parlée ou écrite de l'écolier québécois. Sans doute, le milieu de l'enfant, son foyer et plus encore la rue qu'il fréquente sont-ils ici les grands responsables. Mais les leçons de l'école obvient-elles autant qu'elles le pourraient à ce mal? (cette dépravation?) La façon générale d'enseigner la grammaire ne vise-t-elle pas plus le français écrit que le français oral? Il est vrai qu'on ne peut transformer la classe en salle de récréation où chacun dirait tout ce qui vient à la bouche. Dans un groupe d'une trentaine d'élèves, il est impossible de donner bien souvent la parole à chacun. Cependant, tout en restant orienté vers l'écrit, l'enseignement du français peut facilement s'organiser en vue de l'oral.

Par définition, la grammaire n'est-elle pas «l'art de parler et d'écrire correctement»? Même à propos de sujets non strictement grammaticaux, la correction ne pourrait-elle garder ses droits? En réalité, c'est faire du français et du bon français que de redresser toute faute d'énonciation dans les multiples matières abordées en classe. L'idéal du professeur, tout au long du jour, devrait être d'amener l'élève à s'exprimer aussi clairement et aussi élégamment que possible chaque fois qu'il en a l'occasion. Par ailleurs, le cours de français qui poursuivrait à la fois ce double objectif: langue parlée, langue écrite peut s'imaginer facilement. Le présent article voudrait faire voir à quel point le manuel de Langue Française, par les Frères Maristes, 4e et 5e, 6e et 7e années, est un outil propre à exercer l'élève à la pratique du bon parler. Voyons par quelles méthodes il s'efforce d'y parvenir.

Tout d'abord, il multiplie les questions-causeries. Il y en a toujours deux au début de chaque centre d'intérêt: un sur la gravure illustrant le texte principal; l'autre sur le texte lui-même. Il faut avoir regardé les dessins si expressifs de l'illustrateur Jacques Gagnier, pour entrevoir combien ils se prêtent à une causerie animée. Ils concrétisent toujours un sujet propre à captiver l'élève de dix ou onze ans. Citons: matin de rentrée, qui ne présente pas moins de 28 personnages en groupes ou en attitudes diverses - baseball, 13 personnages - chant en famille, 9 personnages - la bénédiction du Jour de l'an, 9 personnages - on prépare Noël, 8 personnages - première neige, 10 personnages - la fête de maman, 6 personnages - à quoi pensent nos papas, 4 personnages - les fleurs, 4 personnages - la veillée en famille, 12 personnages - sports d'hiver, 9 personnages - les petits fruits, 7 personnages, etc.

Parmi les textes secondaires, voici des sujets qui se prêtent aussi sans peine à une conversation entre élèves et maître: l'heure de la classe - le jeu - un cerf-volant - chasse à l'orignal - à la pêche - en route pour les chantiers - flottage du bois - plantation d'un arbre - empiler du bois - les machines agricoles - parade de nuit - les petits zouaves - l'écho - le [p. 45] jeu de couteau - les cloches vont-elles à Rome? - les métiers des oiseaux - le jeune charpentier - hippodrome - à la cabane - histoire d'un grain de blé - Castor-agile apprend de sa maman à connaître les quenouilles - la cueillette des petits fruits - les pommes - la petite merise - les conseils du vent - etc. Avec le style alerte de Félix Leclerc, de tels sujets prennent, pour des jeunes, un charme irrésistible.

Ces manuels abordent généralement toute nouvelle notion dans un dialogue intitulé grammaire parlée: c'est d'abord la règle qu'on induit de phrases-types. Trois ou quatre exercices oraux suivent propres à faire assimiler la connaissance acquise. Dès que le professeur a saisi l'esprit du procédé, il lui est facile d'en tirer un double parti: en premier lieu, il y trouvera une excellente préparation de sa leçon et n'aura plus qu'à transposer au tableau les exemples du manuel avec «mots-vedette», et à développer le petit interrogatoire tout préparé à cet effet. Puis le manuel lui fournira trois ou quatre exercices utiles à la mise en pratique immédiate de la notion enseignée. Le manuel et le cahier correspondant offriront encore un même nombre de travaux plus longs pour le devoir à la maison. De cette façon, se trouvera garantie à la fois la formation au français oral et au français écrit que doit poursuivre toute leçon de grammaire.

Mais les manuels, par beaucoup d'autres moyens, assurent l'apprentissage de la langue orale. Mentionnons, à cet égard, les deux sections affectées à la recherche du beau langage que présente chaque centre d'intérêt. Elles sont amorcées par des formules bien frappées, propres à faire naître et à cultiver le goût de l'expression élégante: «Je suis fier de bien parler - Mal parler devrait gêner. - Parler français, c'est d'abord parler franc. - C'est ma langue, je la parle bien. - Langage soigné, politesse de la pensée. - Beau langage peut aider à grossir les gages.»

Les difficultés phonétiques sont ensuite abordées de façon méthodique et corrective, toujours accompagnées d'exercices d'entraînement pour assouplir les organes vocaux et former aux bonnes habitudes de la prononciation. Le leçon se termine habituellement par une devinette facultative et une jolie récitation qui met en oeuvre les sons étudiés, tout en ornant l'imagination et la mémoire de formes verbales heureuses.

La conjugaison orale, réalisée le plus souvent à l'aide de phrases complètes, apporte elle aussi son appoint au français parlé.

De multiples exercices oraux intitulés Recherche de belles expressions et de phrases bien faites favorisent, chez les élèves, d'abord l'observation puis la pratique des tournures heureuses, rencontrées dans la lecture des textes suivis. D'autres consistant soit à remplacer une expression courante par l'expression littéraire du texte lu, soit destinés, au contraire, à prouver que l'expression fleurie (recherchée) est comprise et que l'élève peut la traduire en style courant, permettent aussi un exercice de langage bien efficace.

L'étude du vocabulaire elle-même, présentée le plus souvent sous forme de choix entre deux sens, l'un juste l'autre faux, pour définir un mot, met également l'élève dans l'occasion d'amorcer un brin de causerie. Dans le volume destiné aux 6e et 7e années, la correction du langage affecte un ordre plus méthodique. Certains lieux communs du parler usuel ou du vocabulaire des jeux, de l'habillement, des voyages de l'auto, de la cuisine, de la température, etc., y sont traitées d'une façon plus systématique.

A la fin de chaque centre d'intérêt, les rédactions orales et écrites exploitent les connaissances nouvelles et le vocabulaire appris et provoquent ainsi un nouvel exercice de beau et de bon langage: TV, ciné ou photo-rédaction, les sujets, toujours attrayants, se prêtent d'abord à un très fructueux exercice oral, avant d'être écrits dans le cahier. Ils utilisent aussi l'une ou l'autre des lectures qui ont développé le centre d'intérêt, tandis que les exercices de phraséologie appliquent l'analyse des propositions. Magnifique préparation à la composition orale qui viendra sans doute bientôt, et avec combien de raison, s'ajouter à la liste des matières d'examen. [p. 46]

Résumons-nous: questionnaires-causeries - exercices de grammaire et conjugaison parlée, exercices de recherche de beau langage, des [sic] belles expressions, de phrases bien construites, exercices de diction, étude méthodique du vocabulaire, exercices de vocabulaire correctif, rédactions ou compositions orales: au total, plusieurs centaines d'exercices (plus de 500!) spécifiquement oraux, à peu près la moitié des tâches présentées par chacun des manuels prônés.

Comme on le voit, ces volumes poursuivent constamment l'acquisition simultanée de la langue parlée et de la langue écrite. Le professeur fidèle à l'esprit qui en inspire toutes les pages, sera continuellement obligé de développer chez ses élèves cette double culture. Ceux-ci, qui ne demandent qu'à s'exprimer, s'ils voient chez leur maître le souci de l'expression correcte, apprendront peu à peu à faire usage d'une langue pure et élégante.

L'enseignement du français lui même, par l'intérêt des textes, par un bon dosage des exercices oraux et écrits, en deviendra plus vivant, plus agréable et partant plus efficace.

Qu'on n'aille pas dire que cette façon de procéder est beaucoup plus onéreuse pour le maître. On pourrait le croire de prime abord. Mais l'intérêt que l'élève y trouvera remplaçant peu à peu l'ennui qu'exhalait le procédé routinier: grammaire-exercices écrits, et l'équilibre que l'on introduira entre la grammaire parlée et la grammaire écrite auront tôt fait de transformer une discipline, tenue longtemps pour fastidieuse, en une occupation pleine d'attraits.

Loin de vouloir cependant inférer que ces manuels ouvrent l'ère de la grammaire sans larmes et sans efforts, affirmons qu'ils sont simplement conçus de façon à établir un bon dosage entre la langue parlée et la langue écrite. Les auteurs voudraient que ce soit la grammaire dialoguée entre élèves et professeur."

1960.10
Joly, Richard. "Exploitez vos manuels", L'instruction publique, 5, 2(oct. 1960):159-161.

"Même si l'éducateur dispose d'excellents manuels pour l'enseignement de «Renseignements sur les écoles et les professions», il n'en demeure pas moins que cet enseignement présente de grandes difficultés. Les ouvrages approuvés (1) constituent en effet de solides points de départ, mais ils ne fournissent pas au professeur tous les renseignements nécessaires pour donner à ses élèves une information complète.

Difficultés rencontrées

Nous croyons sincèrement que, dans leur présentation actuelle (2), ces manuels peuvent apporter une assistance de première valeur aux adolescents et à leurs maîtres. Tout en reconnaissant à chaque série de cahiers des traits caractéristiques particuliers - et cela même pour un niveau scolaire identique -, nous jugeons particulièrement importantes les dispositions suivantes qui se retrouvent d'un manuel à l'autre:

a) la structure des cahiers qui en fait à la fois des recueils d'exercices et des sources d'explication de la matière;

b) une conception méthodologique qui suit de très près les directives et les objectifs du programme;

c) de nombreuses suggestions pratiques (à l'élève et au maître) visant à réaliser certaines conditions nécessaires à l'enseignement de cette discipline: individualisation, adaptation, localisation, etc.;

d) une présentation typographique et une illustration soignées.

Par ailleurs - il est si rare qu'il n'y ait pas de "par ailleurs" dans des situations de ce genre! -, le meilleur manuel imaginable ne peut changer la nature de la discipline en cause! Ces conditions que nous mentionnons il y a un instant (adaptation, localisation, etc.) rendent impossible la rédaction d'un manuel satisfaisant pour tous. «L'information professionnelle sans douleur» est un mythe, comme le sont tant de «sans douleur» en pédagogie.

S'il est possible de présenter la même syntaxe de la proposition relative à Rouyn et à Gaspé, il n'est pas possible d'y parler des mêmes institutions d'enseignement. S'il est vrai que les éléments de botanique de 1950 sont encore parfaitement utilisables en 1960, les perspectives d'embauchage dans les entreprises commerciales peuvent varier d'un semestre à l'autre. Nous avons assez insisté sur ce point dans notre article précédent pour que nous puissions nous en dispenser d'en reprendre l'analyse, ou de souligner à nouveau que, même avec les manuels dont nous disposons, il faut s'engager sur ce terrain «les yeux bien ouverts».

Suggestions pratiques

Les suggestions suivantes permettront, croyons-nous, de tirer un meilleur profit de la consultation et de l'usage des manuels autorisés pour cette matière. 1. Préparation soignée. Le peu de temps prévu à l'horaire pour les "Renseignements [p. 159]

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(1) Rappelons que ces manuels sont tous édités par le Centre de Psychologie et de Pédagogie (8225, boul. Saint-Laurent, Montréal 11). Le catalogue de cet éditeur fournit des renseignements très utiles à leur sujet.

(2) On peut obtenir du même éditeur des feuillets complémentaires qui permettent de corriger rapidement les textes conformément aux modifications importantes qu'a subies le cours secondaire depuis septembre dernier.

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sur les écoles et les professions» et la nécessité de présenter à l'élève des cahiers peu coûteux ont forcé les auteurs à réduire au minimum le format et le texte de leurs ouvrages. Certaines descriptions de professions sont donc très concises, certains portraits psychologiques sont réduits à leur plus simple expression. Aux données de base qu'apporte le «livre de l'élève» doivent s'ajouter des commentaires fournis pour le «livre du maître». Dans presque toutes les leçons, la documentation proposée doit être adaptée au milieu concerné. Il va de soi que si le maître "découvre" un cahier en même temps que l'élève, il s'expose à des omissions et à des erreurs regrettables.

2. Organisation des exercices. Certains exercices ou travaux collectifs (particulièrement dans les cahiers de Chevrier) demandent une préparation qui peut être assez longue. Causeries, débats, examens de prospectus, évaluation de la documentation obtenue d'entreprises industrielles ou commerciales, étude des répertoires régionaux d'institutions de types particuliers: voilà autant d'activités qui ne peuvent être entreprises du jour au lendemain.

3. Addition d'une bibliographie aux manuels. Comme nous le disions plus haut, les manuels approuvés contiennent un strict minimum de documentation. A moins de posséder par expérience une somme appréciable de connaissances touchant le monde du travail, le maître devra régulièrement chercher ailleurs des descriptions de tâches, des échelles de rémunération, des énumérations d'aptitudes. Nous parlerons prochainement (en décembre) de la manière de recueillir une telle documentation. Soulignons pour l'instant qu'on peut se procurer une documentation très convenable pour environ cinquante dollars et qu'une bonne partie du travail d'organisation (commande des publications, classement, renouvellement de certains documents, notamment des prospectus) peut être accomplie par les élèves.

4. Travaux spécialisés. En 7e et en 9e années, les programmes recommandent que, pendant les dernières périodes consacrées à l'information d'orientation, les élèves d'une même classe soient groupés selon la voie qu'ils ont choisie pour approfondir l'étude de tel cours ou de telle profession: tous les futurs «classiques» ensemble en 7e, tous les futurs «sciences-lettres» ensemble en 9e scientifique. Les manuels contiennent des exercices spéciaux pour chaque équipe.

En théorie, constituer les groupes devrait donc être facile (si les élèves ont fait leur choix ...), mais, dans la pratique, cette façon de procéder se révélera sans doute plus compliquée. Il faudra assurément s'abstenir de violenter les élèves qui n'auraient pas encore arrêté leur choix. Il pourrait être préjudiciable de trop influencer un élève qui ne serait pas assez mûr pour se décider lui-même, et l'on ne se méfiera jamais trop des dirigismes en ce domaine... même animés des meilleures intentions. Dans ces cas d'indécision, il ne faudrait jamais forcer l'adhésion de l'élève à une équipe de préférence à une autre, mais plutôt encourager une étude personnelle en se référant aux explications du début de l'année et aux travaux demandés aux équipes spécialisées.

Correction des exercices

En information scolaire et professionnelle, peut-être encore plus qu'en toute autre discipline, l'activité personnelle de l'élève est une condition fondamentale de succès. Cette activité se manifestera de plusieurs façons; elle paraîtra avec évidence dans le soin que l'élève apportera à préparer les exercices qui lui seront proposés.

«Proposés», très rarement «imposés». Les «Renseignements» ne sont sanctionnés par aucun examen officiel précisément pour marquer le caractère personnel du travail d'orientation et pour souligner à quel point l'initiative individuelle est nécessaire dans ce domaine. Nous n'accorderions donc que peu de confiance à une correction rigide, uniforme de ces exercices. Tout en reconnaissant que la loi de l'inertie joue ici comme ailleurs, nous ne pensons pas que la meilleure façon de contrarier ses manifestations soit celle qui évalue en points et en sixièmes (comme si la chose était possible!) les réponses fournies dans les travaux proposés à la suite de chaque leçon.

Il faut souligner avec vigueur l'obligation morale grave qu'il y a pour le maître [p. 160] d'user d'une discrétion absolue dans l'interprétation des réponses à certains questionnaires. Que l'auteur d'un cahier les désigne du nom de «Réflexion» ou qu'il laisse à l'élève toute liberté d'écrire ou de conserver pour soi ses réponses, le maître ne respectera jamais trop les secrets ou les notes personnelles qu'il pourrait découvrir dans certains cahiers. On n'est jamais justifié, de toute évidence, de les divulguer à toute la classe, et encore moins de s'en amuser, ou de s'en servir comme exemples d'un travail mal fait, d'un rêve irréalisable, etc. Tous le manuels que nous utilisons (ceux de 8e peut-être un peu plus que les autres) touchent facilement à l'intimité de la personne et imposent des attitudes de respect qui sont d'authentiques devoirs d'état."

1960.12.01
Dugas, Gaston. "Le cartel (?) des manuels scolaires: Editeurs et libraires feront la paix, mais les écoles tiennent à leur enquête", La Presse, 1er déc. 1960, p. 39.

"Des querelles existent depuis longtemps autour des manuels scolaires et les critiques de toutes sortes, souvent justifiées, son [sic] nombreuses. Il y a quelques mois, une mésentente entre éditeurs de manuels scolaires et libraires éclatait au grand jour et il y a trois semaines, la Fédération des commissions scolaires catholiques du Québec réclamait du gouvernement "une enquête pour découvrir si la Société des éditeurs ne violait pas la loi des cartels". Par la même occasion, la fédération demandait que des dispositions soient prises pour empêcher tous les abus dans ce domaine.

Depuis, cependant, la situation a évolué et le principal objet du différent opposant éditeurs et libraires devrait disparaître lundi prochain avec l'élimination d'un système de remises que les libraires jugent discriminatoire. De ce côté là, les nuages se dissipent mais les commissions scolaires ne semblent pas avoir l'intention d'abandonner la partie aussi facilement. Une enquête sera probablement demandée au ministère de la Justice sur l'existence possible d'un cartel dans l'industrie du manuel scolaire.

Entre temps, le département de l'Instruction publique a mis en branle une enquête qui devra déterminer si les prix des manuels scolaires sont exagérés. Cette mission a été confiée par le Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique au sous-comité du prix des manuels, à sa réunion de mai dernier. Ce sous-comité a choisi, au hasard, un certain nombre de manuels scolaires et a demandé à des experts de déterminer si les prix exigés sont trop élevés. Le rapport de l'enquête ne sera malheureusement pas prêt pour la réunion que le Comité catholique doit tenir vers la mi-décembre. Il faudra donc attendre à l'assemblée de février prochain pour connaître les résultats de cette enquête-maison.

Voilà une situation bien confuse, confusion qui s'envenime quand on étudie un peu la façon dont les manuels sont approuvés par le Comité catholique et qui le devient davantage quand on aborde la question du cartel. Des avis légaux ont en effet été demandés: certains juristes soutiennent carrément que les éditeurs ont établi certaine forme de cartel, d'autres sont indécis et plusieurs, enfin, sont prêts à défendre la cause de la Société des éditeurs. De quoi s'agit-il dont exactement?

La Société des éditeurs canadiens de manuels scolaires a été fondée il y a quelques mois dans le but, fort louable, de réduire les prix des manuels. On voulait aussi, et surtout, éviter par là une concurrence que certains gros éditeurs étaient en mesure d'entreprendre en accordant des remises très fortes directement aux commissions scolaires, aux collèges et aux communautés religieuses.

Cette concurrence aurait eu pour effet de rendre la vie dure à certains autres éditeurs tout en entraînant la fermeture de plusieurs librairies qui comptent beaucoup sur la vente des manuels pour assurer leur survie. Les commissions scolaires auraient pu en effet acheter à meilleur compte en s'adressant directement aux maisons d'éditions.

La Société des éditeurs promulgua plusieurs règlements, dont un limitait à 20 pour cent la remise que les éditeurs comme les librairies, pouvaient accorder aux commissions scolaires, aux collèges et aux communautés. Cette pratique existait depuis bien longtemps, disent les éditeurs. En même temps cependant, ils réduisaient de 33 1/3 à 28 pour cent, la remise accordée de tout temps aux libraires détaillants. Pour obtenir la remise de 33 1/3 pour cent, le libraire devait être considéré comme distributeur et vendre à ce titre quelque $20,000 de manuels par année. C'est ce qu'ont soutenu les libraires dans un communiqué, il y a quelques mois.

Ce fut un tollé général de la part des libraires qui, depuis, se sont également formés en association, la Société des libraires canadiens, organisme groupant actuellement quelque 60 membres, soit la moitié des gens engagés dans cette profession. Ce nombre doit être augmenté par l'adhésion des libraires de la région de Québec. Les libraires ont alors accusé les éditeurs de leur mettre le couteau à la gorge en accordant des remises de 20 pour cent, plus une surremise pouvant aller jusqu'à 5 ou 6 pour cent en ne chargeant aucun frais de transport (les éditeurs soutiennent que le transport gratuit ne peut constituer qu'une remise de 1 ou 2 pour cent). Les libraires ont soutenu de leur côté qu'il leur fallait accorder les mêmes remises pour recevoir des commandes, ce qui ne leur donnait qu'une marge de profit de 2 à 3 pour cent seulement.

Du côté des éditeurs comme du côté des libraires, les règlements n'ont pas toujours été observés à la lettre. On a vu par exemple un libraire accorder 24 pour cent de remise à une commission scolaire dans l'espoir que son chiffre d'affaires lui ferait obtenir le titre de distributeur (avec 33 1/3 de remise), de libraire détaillant qu'il était (avec 28 pour cent de remise).

Pour une raison qui n'est pas très claire, la Société des éditeurs semble être revenue sur sa décision. Le bureau de la Société a été unanime à recommander que la remise aux libraires soit reportée, pour tous, à 33 1/3 pour cent. Cette recomman-dation sera présentée à une réunion générale de la Société, le 5 décembre. Les libraires interrogés ont tous déclaré que cette mesure règlera le différend.

Mais tout cela n'éliminera pas l'action de la Fédération des commissions scolaires, qui n'est pas intéressée à la mésentente entre éditeurs et libraires, mais qui en veut à la fixation de la remise à un maximum de 20 pour cent. M. Paul Desroschers, président de la Fédération, a dit à ce sujet que l'exécutif est lié par la résolution adoptée vendredi le 11 novembre, au terme du congrès annuel, à Montréal.

Le petit Larousse définit ainsi le cartel: "Entente formée entre producteurs d'une même branche d'industrie conservant chacun leur autonomie financière en vue de la défense des prix par la limitation de la concurrence entre les participants".

La presque totalité des éditeurs québecois [sic] sont membres de la Société fondée il y a quelques mois. Les Presses Universitaires Laval sont parmi les éditeurs qui n'en font pas partie. M. Ralph Hugson, le directeur de la librairie de cette maison, a déclaré qu'une opinion légale avait été demandée à un avocat en vue de Québec. Après avoir étudié plusieurs documents officiels, les statuts et règlements de la Société, ce juriste (dont le nom n'a pas été dévoilé) aurait carrément déclaré qu'il s'agit d'un cartel non dans la détermination du prix de vente (puisque c'est le Comité catholique qui fixe le prix, après suggestion de l'éditeur), mais dans la condition de revente, par le contrôle des remises et par certaines autres conditions imposées par les éditeurs aux libraires. Il croit aussi que la Société protège les gros éditeurs qui ne publient pas beaucoup de manuels scolaires en leur accordant la remise de 33 1/3.

Les conditions fixées, présumément pour protéger les libraires. Il croit aussi que la Société protège les gros éditeurs Hugson [sic]. Cela fait un peu penser aux pays colonialistes qui envahissent des petites nations sous prétexte de les protéger.

On nous a signalé que l'intention des éditeurs était probablement bonne à maints points de vue, mais que la meilleure solution n'avait pas été trouvée, que toutes les avenues n'avaient pas été explorées. L'explication donnée par les éditeurs eux-mêmes est cependant très plausible.

Ces derniers disent que si l'on ne fixe pas une remise uniforme, sans qu'il soit pour cela question de fixer des prix uniformes, la concurrence fera monter considérablement les remises accordées aux divers acheteurs. Les gros éditeurs tiendront le coup, mais une bonne partie des libraires devront fermer leurs portes. Il y a ici un aspect culturel à considérer.

Ainsi, on donne l'exemple du Centre de psychologie et de pédagogie, de Montréal, devenu depuis quelques années la plus grande maison d'éditions de manuels scolaires. Le Centre pourrait certainement donner jusqu'à 30 pour cent de remise en vendant directement aux commissions scolaires; ses profits augmenteraient mais plusieurs petits libraires disparaîtraient. Il serait ainsi beaucoup plus profitable au Centre de ne pas faire partie de la Société des éditeurs et pourtant, le président de cette maison a accepté de présider les destinées de la Société."

1960.12.01
Dugas, Gaston. "Qui écrit les manuels scolaires? Les laïcs ont pris la tête", La Presse, 1er déc. 1960, p. 39.

"Les Frères enseignants ont perdu, depuis quelques années, la haute main sur la publication des manuels scolaires. Les laïcs, de plus en plus, écrivent et publient des manuels qui sont approuvés par le Comité catholique.

Les Frères des Ecoles Chrétiennes, par exemple, éditaient quelque 170 manuels scolaires il y a 20 ans: ils n'éditent maintenant qu'environ 25 manuels approuvés par le Comité catholique. D'autre part, le Centre de psychologie et de pédagogie, qui est devenu en moins de vingt ans d'existence la plus importante maison d'éditions de manuels scolaires catholiques de la province, en comptait un total de 109 en mai dernier.

L'explication de ce renversement est assez simple, selon un représentant des Frères des Ecoles Chrétiennes: "Nos Frères n'écrivent plus", a-t-il dit. D'autre part, les laïcs, eux, se sont mis à la tâche et ils écrivent de plus en plus. Et si le Centre de psychologie et de pédagogie a atteint l'envergure qu'on lui connaît aujourd'hui, c'est que les conditions offertes aux auteurs sont plus favorables que celles des autres maisons d'éditions, de l'aveu même de ces dernières.

Le procédé d'approbation.

Avant d'être approuvé par le Comité catholique, un manuel passe par de nombreuses mains. Prenons l'exemple d'un manuel de français, pour l'école élémentaire. Le manuscrit proposé est d'abord soumis au sous-comité de français des écoles élémentaires; puis à la commission des écoles élémentaires qui, à son tour, le soumet pour approbation au Comité catholique.

Toutes les personnes appelées à étudier les manuscrits sont, en théorie, des spécialistes dans les matières traitées. Dans toutes les sous-commissions, comme dans les sous-comités, on compte au moins un Frère et une Soeur, souvent un prêtre, et plusieurs laïcs. La procédure employée est très compliquée et devrait normalement être modifiée au cours d'une prochaine réunion du Comité catholique, mais il est difficile, dans les circonstances actuelles, de prendre au sérieux certaines rumeurs selon lesquelles une entente existerait en vue de favoriser un éditeur plus qu'un autre. Le pourcentage des manuscrits présentés par les Frères des Ecoles Chrétiennes, par exemple, est plus élevé que celui des manuels présentés par le Centre et approuvés."

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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