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Sources imprimées

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1942

xxx. "Directives sur les nouveaux manuels de lecture en première et en deuxième années", L'école canadienne, 18, 4(déc. 1942): 163-166.

"Deux nouveaux manuels ont été introduits dans les classes de 1ère et 2ème années, au début de septembre 1942. En première année, "Mon premier livre de Lecture" - en deuxième année, "Mon deuxième livre de lecture", par Mlles Forest et Ouimet.

On a longuement exposé, dans une conférence aux titulaires de ces deux classes, l'esprit, les buts, les méthodes et procédés de ces nouveaux volumes.

Pour permettre aux maîtres et aux maîtresses de se familiariser davantage avec leurs manuels, nous avons cru utile de leur résumer brièvement ces explications :

A -"Mon premier livre de lecture".

1 - L'esprit de ce premier livre est d'offrir au petit enfant qui fréquente la classe pour la première fois un vrai livre d'enfant, parfaitement adapté à sa psychologie et qui va lui présenter, comme un conte en images, la leçon qu'il doit apprendre et qu'il devra retenir.

2 - Les buts qu'on s'est proposés sont les suivants: habituer l'enfant à observer, parce que c'est par les sens que la vie de l'intelligence s'éveille et qu'elle s'alimente ensuite; lui apprendre à parler, parce que plus il aura de facilité à s'exprimer plus il apprendra rapidement à lire; lui enseigner les rudiments de la lecture par l'étude des sons, des articulations qui servent à former les syllabes, les mots, les phrases de la langue écrite; l'initier de bonne heure à l'orthographe d'usage par le moyen de l'épellation ; lui apprendre à écrire ce qu'il lit et à bien former ses lettres ; travailler enfin à sa formation par toute une série dé petites leçons de morale individuelle, familiale, sociale, nationale, religieuse qui se dégagent des divers récits et causeries que contient leur livre.

3-Ce manuel fait usage d'une double méthode. D'abord de la méthode phonique à l'aide de laquelle l'enfant apprend les sons et articulations qui l'initient rapidement à la lecture. Ensuite, de la méthode alphabétique qui lui enseigne graduellement à écrire correctement les mots qu'il apprend à lire par sons et articulations.

4-Les deux procédés essentiels pour enseigner à l'enfant les sons et les articulations sont le récit et la gravure. A l'aide d'un joli petit récit qui frappe vivement son imagination on fait découvrir à l'enfant un son ou une articulation qu'il doit bien reconnaître d'abord et graver dans sa mémoire ensuite. La gravure vient illustrer le récit et remet sous les yeux de, l'enfant les personnages en cause, [p. 163] puis, plus particulièrement, l'action ou l'objet qui lui rappelle le son ou l'articulation à retenir.

On peut ajouter à ces deux procédés essentiels des procédés secondaires comme des surnoms et des gestes qui facilitent à l'enfant la reconnaissance des sons et articulations qu'il a appris. C'est la première étape.

La seconde consiste à enseigner le signe qui représente le son ou l'articulation que l'enfant vient d'apprendre. On indique d'abord où il est placé, bien en évidence dans le livre, on s'attarde à montrer comment il est fait, de quoi il se compose ; on le dessine et le fait dessiner tant que l'enfant ne réussit pas à en reproduire la forme suffisamment exacte.

La troisième étape comporte la lecture proprement dite qu'il faut aborder lentement et faire exécuter sans exagération, selon les recommandations indiquées.

La méthode phonétique prédomine dans les vingt premières leçons, mais l'enfant est cependant initié à la méthode alphabétique par un procédé très simple qu'on a appelé le "baptême des lettres" et qui consiste à faire connaître le véritable nom de chacune des lettres apprises et à l'aide desquelles l'enfant débute dans les exercices d'épellation proprement dite.

La deuxième partie du manuel insiste davantage sur la méthode alphabétique, mais les leçons suivent sensiblement la même marche, sauf qu'elles ne contiennent plus de récits. On tiendra compte, dans cette seconde partie, des remarques suivantes:

C'est à l'occasion de l'étude des voyelles composées eu, ou que l'enfant est initié à la syllabe inverse. Il a suffi de faire suivre ces sons d'une consonne. Dès lors, on peut aborder la syllabe inverse, la syllabe fermée, la consonne doublée, en faisant remarquer à l'enfant la place de la consonne dans ces différentes syllabes, mais sans lui faire croire à des difficultés nouvelles et insurmontables. Il en est de même pour les articulations complexes dans lesquelles chaque consonne conserve sa prononciation propre. On appuiera davantage sur les voyelles nasales, les diphtongues et les équivalents qui constituent une plus grande difficulté pour l'enfant. Enfin, il ne faudrait pas négliger les exercices écrits, exercices de calligraphie et les causeries sur image que contient cette seconde partie.

B -"Mon deuxième livre de lecture"

1-L'esprit de ce second manuel est de présenter sous une forme tout à fait originale, non pas un simple livre de lecture, mais un véritable cours de français en un seul volume pour les élèves de deuxième année, avec une matière d'une grande richesse et d'une grande variété, qui dépasse cependant ni les cadres du programme officiel ni la capacité intellectuelle de l'enfant, parce que tout y est mis à sa portée par des procédés pédagogiques adaptés à sa psychologie. C'est, en un mot, le livre unique de français, pour deuxième année, que nous attendions depuis si longtemps et qui répond parfaitement aux exigences de la pédagogie moderne.

2-Les buts qu'on s'est proposé sont les suivants: faire disparaître dans l'enseignement de la langue maternelle, les cloisons étanches et [p. 164] coordonner tous les exercices de français vers l'acquisition d'une langue vivante et articulée que l'enfant apprend à parler, à lire et à écrire correctement; réunir en un seul manuel toute la matière nécessaire au travail exigé par le programme officiel, en langue française, pour les élèves de deuxième année; mettre entre les mains de l'enfant un livre vraiment fait pour lui, qui fait appel à toutes ses facultés, lui parle le langage de l'enfant, lui inspire l'amour de sa langue en même temps que le désir de la mieux connaître, de la mieux parler, de la mieux écrire; introduire enfin dans nos écoles, un manuel essentiellement canadiens-français et catholique, qui développe dans l'âme de l'enfant la fierté nationale et le sens religieux et lui apprend les vertus qui font l'homme, le citoyen, le chrétien.

3 - La méthode dont il est question dans ce manuel se rapporte exclusiement à l'enseignement de la langue française. On peut la désigner sous le nom de méthode concentrique ou méthode du centre d'intérêt. Elle consiste à prendre pour centre d'intérêt un texte de lecture sur lequel greffent tous les exercices d'une leçon et autour duquel gravitent toutes les activités de l'enfant. Des exercices préliminaires mettent en relief une difficulté à vaincre ; le texte en est l'application pratique. Un questionnaire, un vocabulaire, des exercices de phraséologie et d'orthographe se rattachent au texte pour familiariser l'enfant avec les idées qu'il contient et lui permettre de le lire, d'en causer verbalement ou par écrit avec grande facilité. C'est la mise en application des méthodes inductive et déductive, avec tous les avantages qu'elles comportent.

4 - Comme le texte de lecture constitue le centre d'intérêt, c'est de lui qu'il faut toujours partir, de lui qu'il faut sans cesse parler, vers lui qu'il faut toujours ramener l'enfant.

Voici donc la marche que l'on devrait suivre dans l'étude d'une leçon. La première étape consiste à éveiller la curiosité de l'enfant et à exciter son intérêt en le mettant en face de la gravure qui illustre son texte de lecture et en essayant de la lui faire interpréter. Pour le récompenser de ses efforts et lui faire désirer de lire son texte le plus tôt possible, on lui raconte brièvement l'histoire dont il est question. Voilà la première étape.

La seconde étape consiste à aborder les mots d'épellation en faisant bien observer à l'enfant la difficulté sur laquelle ils portent. Après avoir accompli ce travail d'une manière intelligente et non pas simplement mécanique, on retourne au texte pour faire découvrir à l'enfant les mots de ce texte qui sont l'application de la difficulté qu'il vient de vaincre en épellation.

La troisième étape a pour objet un court exercice préliminaire de lecture, sur des phrases détachées, dans lesquelles on a introduit des mots d'application de la difficulté à vaincre. Elle débute par une courte conversation sur le sujet du texte et sur la gravure qui l'illustre afin de familiariser de plus en plus l'enfant avec les idées contenues dans le texte qu'il lira bientôt et exciter de plus en plus sa curiosité. [p. 165]

La quatrième étape est la plus importante puisque c'est l'étude véritable du texte. Comme entrée en matière, on replace l'enfant en face de la gravure et on lui fait brièvement raconter l'histoire dont il s'agit. Le maître lit ensuite lentement et s'arrête après chaque phrase pour poser à l'enfant une question dont la réponse doit être la phrase du texte. Le texte ainsi défriché, l'enfant le lit avec intelligence et couramment. Si l'enfant éprouve quelque difficulté à lire une phrase, on lui pose une question pour lui remettre en esprit l'idée contenue dans la phrase.

La cinquième étape embrasse tous les exercices qui se greffent sur le texte: conversation sur la lecture, étude du vocabulaire qui y est connexe, exercices de phraséologie, dictée.

Chaque leçon se termine par une petite initiation grammaticale, selon la méthode inductive, qui ne comporte aucune définition de mémoire mais une simple connaissance pratique des faits grammaticaux les plus élémentaires. A la rigueur, ce petit programme de grammaire peut être étudié séparément.

Pour l'année courante, voici la répartition que l'on voudra bien suivre fidèlement:

a) On aura soin d'abord de revoir fréquemment, au cours de l'année, un certain nombre de difficultés du premier livre que les enfants n'ont peut-être pas eu le temps d'assimiler suffisamment. Cette revue peut se faire à dates fixes ou occasionnellement.

B) Grammaire. - A partir du 26 octobre, les élèves auront à voir une leçon de grammaire par semaine, c'est-à-dire huit avant le jour de l'An et le reste de janvier à la fin d'avril. Mai et juin seront consacrés à la revue de la matière.

c) Exercices de langage.- En reportant à l'heure du calcul les trois exercices qui ont trait à l'arithmétique, vous ferez les treize exercices qui restent, au rythme de deux par mois, à partir de novembre, de manière à terminer au début de mai.

d) Lecture. - En lecture vous étudierez les leçons deux, trois, quatre et cinq, avec tout ce qu'elles comportent d'exercices, d'ici à là fin de décembre. De janvier à la fin de mars, vous verrez, de la même manière, les leçons, six, sept, huit, neuf, dix onze. En avril et mai, vous vous contenterez des six leçons suivantes: 1e) "Lise revient à l'école", page 50 ; 2e) "La petite patrie", page 62; 3e) La tire", page 76; 4e) , 5e, 6e) "Voyage à Montréal", page 94. Ceci donne deux semaines pour chaque leçon. - Quant aux autres lectures, vous profiterez du moment favorable pour les lire à vos élèves, à titre récréatif.

e) Récitations. - Vous ferez apprendre, pour cette année, "La "mause [sic] plume" d'ici à janvier, "Le papilIon" de janvier à juin.

/) Chants. - Si vous en avez le temps, vous pourrez enseigner quequel-uns des chants contenus dans le volume.

Nous comptons sur votre conscience professionnelle et sur votre dévouement dans l'utilisation de ces nouveaux manuels."

1942.01.03
Riverin, Paul. "Quand finira le scandale des manuels?", Le jour, 3 janvier 1948, p. 8.

"Les manuels scolaires servent plutôt des buts commerciaux que des fins éducatives. - Une clientèle d'un demi-million d'acheteurs. - Le gouvernement devrait faire le choix et acquérir tous les droits de distribution.

Un éducateur de Montréal nous disait hier même: «Vous devriez insister pour qu'on mette un terme au scandale des manuels scolaires. Imaginez que, pour doubler les ventes de l'abécédaire, on a fait un manuel différent pour les petites filles et les petits garçons de six ans. On veut empêcher ce dernier de passer son livre à sa petite soeur et vice-versa. De la sorte, le profit est plus grand. Et paye Baptiste!

Ce n'est pas unique. La plupart des congrégations enseignantes tiennent mordicus à alimenter leur commerce de livres et même leurs imprimeries. Le marché du livre d'écoles est considérable. Plus d'un demi-million de jeunes fréquentent nos institutions scolaires. Il n'existe pas un seul marché aussi fructueux au Canada.

L'appat [sic] du gain l'emporte, bien souvent, sur la passion de culture. On a tout intérêt à multiplier les manuels, à les amender, les corriger d'année en année, les faire varier d'une école à l'autre. Les parents qui ont cinq à six enfants à l'étude n'en peuvent mais.

On nous dit que l'instruction entraînera la gratuité des livres. En effet, on ne saurait forcer les enfants à fréquenter l'école sans leur en procurer les moyens essentiels. On n'apprend pas sans livre. C'est peut-être là une des raisons de la résistance obstinée de certains éléments à la loi de scolarité obligatoire.

Quoi qu'il en soit, le gouvernement se doit de prendre en mains le problème des manuels. Par un comité de pédagogues, il lui faudra choisir les traités les plus pratiques, en créer de nouveaux, en faire venir de l'étranger au besoin. Les livres d'écoles, une fois choisis, devraient devenir la propriété de l'autorité suprême. Celle-ci achèterait les droits exclusifs d'édition, de distribution, de correction ou de suppression.

Nous ne connaissons aucun autre moyen efficace de résoudre la question à la satisfaction de tous. Les parents y feraient une économie considérable; l'instituteur jouierait [sic] d'un certain esprit de suite; les enfants seraient moins perdus en un tas d'imperfections ou d'absurdités. Et des intentions plus pures présideraient à l'édition des livres nouveaux.

L'école n'est pas et ne doit pas être nécessairement une source de profits matériels pour certaines corporations. Nous avons toujours recommandé à l'Etat de s'arranger pour payer de meilleurs salaires au personnel enseignant; nous n'avons jamais encouragé la transformation de l'école en marché du livre.

Nous nous rappelons toujours cet être divin, qui, paraissant indigné à la porte d'un temple célèbre, en chassa les vendeurs en gestes énergiques. Nous recommandons à tous les intéressés la lecture de cette palpitante histoire."

1942.12
xxx. "Directives sur les nouveaux manuels de lecture en première et en deuxième années", L'école canadienne, 18, 4(déc. 1942): 163-166.

"Deux nouveaux manuels ont été introduits dans les classes de 1ère et 2ème années, au début de septembre 1942. En première année, "Mon premier livre de Lecture" - en deuxième année, "Mon deuxième livre de lecture", par Mlles Forest et Ouimet.

On a longuement exposé, dans une conférence aux titulaires de ces deux classes, l'esprit, les buts, les méthodes et procédés de ces nouveaux volumes.

Pour permettre aux maîtres et aux maîtresses de se familiariser davantage avec leurs manuels, nous avons cru utile de leur résumer brièvement ces explications :

A -"Mon premier livre de lecture".

1 - L'esprit de ce premier livre est d'offrir au petit enfant qui fréquente la classe pour la première fois un vrai livre d'enfant, parfaitement adapté à sa psychologie et qui va lui présenter, comme un conte en images, la leçon qu'il doit apprendre et qu'il devra retenir.

2 - Les buts qu'on s'est proposés sont les suivants: habituer l'enfant à observer, parce que c'est par les sens que la vie de l'intelligence s'éveille et qu'elle s'alimente ensuite; lui apprendre à parler, parce que plus il aura de facilité à s'exprimer plus il apprendra rapidement à lire; lui enseigner les rudiments de la lecture par l'étude des sons, des articulations qui servent à former les syllabes, les mots, les phrases de la langue écrite; l'initier de bonne heure à l'orthographe d'usage par le moyen de l'épellation ; lui apprendre à écrire ce qu'il lit et à bien former ses lettres ; travailler enfin à sa formation par toute une série dé petites leçons de morale individuelle, familiale, sociale, nationale, religieuse qui se dégagent des divers récits et causeries que contient leur livre.

3-Ce manuel fait usage d'une double méthode. D'abord de la méthode phonique à l'aide de laquelle l'enfant apprend les sons et articulations qui l'initient rapidement à la lecture. Ensuite, de la méthode alphabétique qui lui enseigne graduellement à écrire correctement les mots qu'il apprend à lire par sons et articulations.

4-Les deux procédés essentiels pour enseigner à l'enfant les sons et les articulations sont le récit et la gravure. A l'aide d'un joli petit récit qui frappe vivement son imagination on fait découvrir à l'enfant un son ou une articulation qu'il doit bien reconnaître d'abord et graver dans sa mémoire ensuite. La gravure vient illustrer le récit et remet sous les yeux de, l'enfant les personnages en cause, [p. 163] puis, plus particulièrement, l'action ou l'objet qui lui rappelle le son ou l'articulation à retenir.

On peut ajouter à ces deux procédés essentiels des procédés secondaires comme des surnoms et des gestes qui facilitent à l'enfant la reconnaissance des sons et articulations qu'il a appris. C'est la première étape.

La seconde consiste à enseigner le signe qui représente le son ou l'articulation que l'enfant vient d'apprendre. On indique d'abord où il est placé, bien en évidence dans le livre, on s'attarde à montrer comment il est fait, de quoi il se compose ; on le dessine et le fait dessiner tant que l'enfant ne réussit pas à en reproduire la forme suffisamment exacte.

La troisième étape comporte la lecture proprement dite qu'il faut aborder lentement et faire exécuter sans exagération, selon les recommandations indiquées.

La méthode phonétique prédomine dans les vingt premières leçons, mais l'enfant est cependant initié à la méthode alphabétique par un procédé très simple qu'on a appelé le "baptême des lettres" et qui consiste à faire connaître le véritable nom de chacune des lettres apprises et à l'aide desquelles l'enfant débute dans les exercices d'épellation proprement dite.

La deuxième partie du manuel insiste davantage sur la méthode alphabétique, mais les leçons suivent sensiblement la même marche, sauf qu'elles ne contiennent plus de récits. On tiendra compte, dans cette seconde partie, des remarques suivantes:

C'est à l'occasion de l'étude des voyelles composées eu, ou que l'enfant est initié à la syllabe inverse. Il a suffi de faire suivre ces sons d'une consonne. Dès lors, on peut aborder la syllabe inverse, la syllabe fermée, la consonne doublée, en faisant remarquer à l'enfant la place de la consonne dans ces différentes syllabes, mais sans lui faire croire à des difficultés nouvelles et insurmontables. Il en est de même pour les articulations complexes dans lesquelles chaque consonne conserve sa prononciation propre. On appuiera davantage sur les voyelles nasales, les diphtongues et les équivalents qui constituent une plus grande difficulté pour l'enfant. Enfin, il ne faudrait pas négliger les exercices écrits, exercices de calligraphie et les causeries sur image que contient cette seconde partie.

B -"Mon deuxième livre de lecture"

1-L'esprit de ce second manuel est de présenter sous une forme tout à fait originale, non pas un simple livre de lecture, mais un véritable cours de français en un seul volume pour les élèves de deuxième année, avec une matière d'une grande richesse et d'une grande variété, qui dépasse cependant ni les cadres du programme officiel ni la capacité intellectuelle de l'enfant, parce que tout y est mis à sa portée par des procédés pédagogiques adaptés à sa psychologie. C'est, en un mot, le livre unique de français, pour deuxième année, que nous attendions depuis si longtemps et qui répond parfaitement aux exigences de la pédagogie moderne.

2-Les buts qu'on s'est proposé sont les suivants: faire disparaître dans l'enseignement de la langue maternelle, les cloisons étanches et [p. 164] coordonner tous les exercices de français vers l'acquisition d'une langue vivante et articulée que l'enfant apprend à parler, à lire et à écrire correctement; réunir en un seul manuel toute la matière nécessaire au travail exigé par le programme officiel, en langue française, pour les élèves de deuxième année; mettre entre les mains de l'enfant un livre vraiment fait pour lui, qui fait appel à toutes ses facultés, lui parle le langage de l'enfant, lui inspire l'amour de sa langue en même temps que le désir de la mieux connaître, de la mieux parler, de la mieux écrire; introduire enfin dans nos écoles, un manuel essentiellement canadiens-français et catholique, qui développe dans l'âme de l'enfant la fierté nationale et le sens religieux et lui apprend les vertus qui font l'homme, le citoyen, le chrétien.

3 - La méthode dont il est question dans ce manuel se rapporte exclusiement à l'enseignement de la langue française. On peut la désigner sous le nom de méthode concentrique ou méthode du centre d'intérêt. Elle consiste à prendre pour centre d'intérêt un texte de lecture sur lequel greffent tous les exercices d'une leçon et autour duquel gravitent toutes les activités de l'enfant. Des exercices préliminaires mettent en relief une difficulté à vaincre ; le texte en est l'application pratique. Un questionnaire, un vocabulaire, des exercices de phraséologie et d'orthographe se rattachent au texte pour familiariser l'enfant avec les idées qu'il contient et lui permettre de le lire, d'en causer verbalement ou par écrit avec grande facilité. C'est la mise en application des méthodes inductive et déductive, avec tous les avantages qu'elles comportent.

4 - Comme le texte de lecture constitue le centre d'intérêt, c'est de lui qu'il faut toujours partir, de lui qu'il faut sans cesse parler, vers lui qu'il faut toujours ramener l'enfant.

Voici donc la marche que l'on devrait suivre dans l'étude d'une leçon. La première étape consiste à éveiller la curiosité de l'enfant et à exciter son intérêt en le mettant en face de la gravure qui illustre son texte de lecture et en essayant de la lui faire interpréter. Pour le récompenser de ses efforts et lui faire désirer de lire son texte le plus tôt possible, on lui raconte brièvement l'histoire dont il est question. Voilà la première étape.

La seconde étape consiste à aborder les mots d'épellation en faisant bien observer à l'enfant la difficulté sur laquelle ils portent. Après avoir accompli ce travail d'une manière intelligente et non pas simplement mécanique, on retourne au texte pour faire découvrir à l'enfant les mots de ce texte qui sont l'application de la difficulté qu'il vient de vaincre en épellation.

La troisième étape a pour objet un court exercice préliminaire de lecture, sur des phrases détachées, dans lesquelles on a introduit des mots d'application de la difficulté à vaincre. Elle débute par une courte conversation sur le sujet du texte et sur la gravure qui l'illustre afin de familiariser de plus en plus l'enfant avec les idées contenues dans le texte qu'il lira bientôt et exciter de plus en plus sa curiosité. [p. 165]

La quatrième étape est la plus importante puisque c'est l'étude véritable du texte. Comme entrée en matière, on replace l'enfant en face de la gravure et on lui fait brièvement raconter l'histoire dont il s'agit. Le maître lit ensuite lentement et s'arrête après chaque phrase pour poser à l'enfant une question dont la réponse doit être la phrase du texte. Le texte ainsi défriché, l'enfant le lit avec intelligence et couramment. Si l'enfant éprouve quelque difficulté à lire une phrase, on lui pose une question pour lui remettre en esprit l'idée contenue dans la phrase.

La cinquième étape embrasse tous les exercices qui se greffent sur le texte: conversation sur la lecture, étude du vocabulaire qui y est connexe, exercices de phraséologie, dictée.

Chaque leçon se termine par une petite initiation grammaticale, selon la méthode inductive, qui ne comporte aucune définition de mémoire mais une simple connaissance pratique des faits grammaticaux les plus élémentaires. A la rigueur, ce petit programme de grammaire peut être étudié séparément.

Pour l'année courante, voici la répartition que l'on voudra bien suivre fidèlement:

a) On aura soin d'abord de revoir fréquemment, au cours de l'année, un certain nombre de difficultés du premier livre que les enfants n'ont peut-être pas eu le temps d'assimiler suffisamment. Cette revue peut se faire à dates fixes ou occasionnellement.

B) Grammaire. - A partir du 26 octobre, les élèves auront à voir une leçon de grammaire par semaine, c'est-à-dire huit avant le jour de l'An et le reste de janvier à la fin d'avril. Mai et juin seront consacrés à la revue de la matière.

c) Exercices de langage.- En reportant à l'heure du calcul les trois exercices qui ont trait à l'arithmétique, vous ferez les treize exercices qui restent, au rythme de deux par mois, à partir de novembre, de manière à terminer au début de mai.

d) Lecture. - En lecture vous étudierez les leçons deux, trois, quatre et cinq, avec tout ce qu'elles comportent d'exercices, d'ici à là fin de décembre. De janvier à la fin de mars, vous verrez, de la même manière, les leçons, six, sept, huit, neuf, dix onze. En avril et mai, vous vous contenterez des six leçons suivantes: 1e) "Lise revient à l'école", page 50 ; 2e) "La petite patrie", page 62; 3e) La tire", page 76; 4e) , 5e, 6e) "Voyage à Montréal", page 94. Ceci donne deux semaines pour chaque leçon. - Quant aux autres lectures, vous profiterez du moment favorable pour les lire à vos élèves, à titre récréatif.

e) Récitations. - Vous ferez apprendre, pour cette année, "La "mause [sic] plume" d'ici à janvier, "Le papilIon" de janvier à juin.

f) Chants. - Si vous en avez le temps, vous pourrez enseigner quequel-uns des chants contenus dans le volume.

Nous comptons sur votre conscience professionnelle et sur votre dévouement dans l'utilisation de ces nouveaux manuels."

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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