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Sources imprimées

* * *

1938

Coughlin, C.A. The Quebec "Padlock Law". Coll. "L'oeuvre des tracts" no 234. Montréal, s.n., 1938. P. 11-16.

[Conférence sur les dangers du communisme au Québec].

"Seizure of comnunistic writings.

A number of seizures of Communistic writings, books, pamphlets, newspapers, circulars, etc., have been made.

The speaker has personally examined a great part of this literature so seized and can assure his hearers that it is not made up of novels by Dickens, such as "Oliver Twist" or the Biographies of great men such as the leader of the C.C.F. Mr. Woodsworth.

It consists of the staple revolutionary works by Marx, Engels, Lenin, Stalin, and others, books, pamphlets, circulars, magazines and posters inculcating the fundamental doctrines of Communism, dialectical materialism, Theism. Class warfare and the exaltation of revolution as the legitimate means to attain the ends of Communism. Many of the works are direct attacks on Christianity and religion.

Some of the seized books are text books actually used in Communistic schools in Montreal, published in Moscow by the Soviet Government. Children attend Communistic Schools after ordinary school hours and they circulate amongts boys and girls attending Catholic and Protestant schools.

These text books exalt the principles of the Russian revolution, hold up Russia as the model for Canadian youth and depreciate Canada. This naturally brings up the question - are we in the Province of Quebec to bring up young Canadians or young Communists? That is one of the questions that must be answsered and Quebec has answered emphatically that it prefers young Canadians." (p. 14).

1938
Legrand, Omer. Code scolaire de la province de Québec - Loi concernant l'Instruction Publique, chapitre 133, S.R.Q., 1925 comprenant les modifications depuis 1925. Montréal, J.-D. de Lamirande et Cie, 1938. xiv, 439 p.

"16. Le surintendant peut retenir la subvention de toute municipalité ou institution d'éducation qui ne lui a pas transmis les rapports prescrits par la présente loi, qui a adopté ou permis l'usage de livres de classe non autorisés, ou qui a refusé ou négligé d'observer quelqu'une des dispositions de la loi ou des règlements concernant l'instruction publique. (p. 11).

[...]

Des comités du conseil de l'instruction publique.

[...]

30. Chacun des deux comités doit approuver les livres de classe, cartes, globes, modèles, ou objets quelconques utiles à l'enseignement pour l'usage des écoles de sa croyance religieuse, et, quand il le juge à propos, il peut retirer l'approbation qu'il a donnée. (p. 19)

[...]

221. Il est du devoir des commissaires et des syndics d'écoles:

[...]

4. D'exiger que, dans les écoles sous leur contrôle, on ne se serve que de livres autorisés qui doivent être les mêmes pour toutes les écoles de la municipalité. S'ils requièrent les services d'une congrégation catholique enseignante, il est loisible aux commissaires ou syndics d'écoles de faire un contrat avec elle relativement aux livres dont on se servira dans les écoles confiées à cette congrégation; pourvu, toutefois, que ces livres fassent partie de la série approuvée par le comité catholique du conseil de l'instruction publique. Le curé ou le prêtre desservant de l'église catholique romaine a le droit de faire le choix des livres ayant rapport à la religion et à la morale pour l'usage des élèves de sa croyance religieuse, et le comité protestant a les mêmes pouvoirs en ce qui concerne les élèves protestants. (p. 93).

[...]

15. De fournir, s'il y a lieu, des livres de classe aux enfants des indigents qui fréquentent les écoles sous leur contrôle, ces livres devant être payés à même le fonds scolaire de la municipalité; (p. 95).

[...]

222. Il est loisible aux commissaires et aux syndics d'écoles de fournir, en tout ou en partie, les livres de classe à tous les enfants qui fréquentent les écoles sous leur contrôle; ces livres sont payés à même le fonds scolaire de la municipalité. (p. 95).

[...]

458. Pour avoir droit à une part de l'allocation sur le fonds des écoles publiques, il faut qu'une municipalité ait fourni la preuve:

[...]

10. Qu'on n'y emploie que des livres autorisés; (p. 195).

[...]

573. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut acquérir, pour la province, le droit de propriété des livres, cartes géographiques et autres publications quelconques, approuvés par l'un ou l'autre des comités du conseil de l'instruction publique.

574. Le lieutenant-gouverneur en conseil peut [242] distribuer gratuitement aux élèves des écoles, sous les conditions qui peuvent être imposées, des livres ou séries de livres, cartes géographiques, et autres publications quelconques choisis parmi ceux approuvés par l'un ou l'autre des comités du conseil de l'instruction publique, conformément aux dispositions de l'article 30. (p. 242-243).

[...]

581. Les enfants des personnes professant la religion judaïque ont les mêmes droits d'être instruits dans les écoles publiques de la province que les enfants protestants, et sont traités de la même manière que les protestants pour toutes les fins scolaires.

Néanmoins, aucun élève de croyance judaïque ne peut être contraint de lire ou d'étudier dans un livre religieux ou de dévotion, ni de prendre part à un exercice religieux ou de dévotion auquel s'objecte le père, ou, à son défaut, la mère, ou le tuteur, ou la personne qui a la garde ou le soin de cet élève." (p. 246). [Les textes de loi ont leur version anglaise en regard].

[...]

[Suivi de]: Règlements du comité catholique du conseil de l'instruction publique. Refondus en 1915 et modifiés jusqu'à juin 1938.

[...]

"14. - Les commissaires ou les syndics d'écoles ne feront usage, pour toutes les écoles de leurs municipalités, que de la même série des livres classiques autorisés. Ils en feront une liste qui sera déposée dans chacune des écoles sous leur contrôle. (p. 314).

[...]

Devoirs des inspecteurs d'écoles .

225. - Les inspecteurs d'écoles doivent:

[...]

14. Transmettre un rapport de leurs visites aux secrétaires trésoriers des municipalités scolaires visitées.

[...]

Dans ces rapports, ils doivent particulièrement appeler l'attention des commissaires ou des syndics des écoles:

[...]

1. Sur:

[...]

(b) L'emploi des livres de classe autorisés, (p. 367)

[...]

Chapitre XI.

Approbation des livres de classe.

243. - Toute personne qui désire soumettre un ouvrage à l'approbation du comité catholique du conseil de l'instruction publique doit, un mois au moins avant les sessions du comité, en envoyer un exemplaire imprimé ou clavigraphié à chacun des membres de ce comité avant que ceux-ci en autorisent l'impression. Il devra aussi en envoyer six exemplaires semblables au département de l'instruction publique en donnant en même temps le prix de chaque exemplaire et celui de la douzaine, ainsi que la mention du cours auquel il est destiné.

244. - Lorsque l'examen d'un ouvrage soumis à l'approbation du comité est renvoyé à quelque personne dont il a fallu s'assurer le concours à raison de ses connaissances spéciales, le surintendant doit exiger de la personne qui demande l'approbation une somme suffisante pour la rémunérer.

245. - L'éditeur de tout livre autorisé doit en déposer un exemplaire de chaque édition au département de l'instruction publique et obtenir du surintendant un certificat attestant qu'il est approuvé; et, chaque fois qu'il en [372] publiera une nouvelle édition, il devra obtenir du surintendant un nouveau certificat attestant que telle édition est approuvée.

246. - Le comité peut, quand il le juge convenable, retirer son approbation à un ouvrage qu'il aura autorisé.

A l'avenir, tout ouvrage qui recevra l'approbation du comité catholique du conseil de l'instruction publique devra porter, avec la mention de cette approbation, la date à laquelle elle a été accordée et indiquer le cours auquel il est destiné. Le défaut de se conformer à cette injonction fera perdre à l'auteur de tel ouvrage l'approbation obtenue.

247. - Tout ouvrage approuvé doit porter le nom de l'éditeur et le prix de chaque exemplaire sur la couverture ou sur la page du titre; il ne peut y être inséré aucune annonce sans le consentement du surintendant de l'instruction publique.

248. - Il faut l'approbation du comité catholique pour pouvoir modifier le texte, la typographie, la reliure, le papier, etc., d'un livre approuvé. Telle approbation ne pourra être accordée que sur présentation au comité catholique d'un sommaire indiquant les changements apportés.

249. - Les ouvrages recommandés pour l'usage des instituteurs ne doivent pas servir aux élèves comme livres de classe.

250. - Tout livre classique devra être imprimé en caractères suffisamment gros et interlignés, et toute gravure devra être faite avec soin et sur papier de très bonne qualité.

Toute carte géographique dont on demande l'approbation doit être préalablement soumise a la commission de géographie de Québec, pour examen et rapport au comité catholique." (p. 372-373).

[Suivi de]: School regulations of protestant committee of the courncil of education with amendments to april 1938.

[...]

"Duties of school inspectorc.

8. It is the duty of school inspectors:

[...]

(l) After inspecting the schools of a municipality, to report the results to the commissioners (or trustees), under the following heads.

[...]

(b) the use of the authorized text-books. (p. 385).

[...]

149. Is the duty of a teacher in a public school:

[...]

(9) Not to require any pupil to use as a school text-book any book not included in the list of text-books prescribed for the use of pupils in the municipality; (p. 407).

[...]

152. Pupils are required to procure the text-books and other school requisites indicated by the course of study for the class to which they belong. (p. 408).

[...]

Concerning text-books submitted for authorization.

166. Persons desiring to submit a text-book to the Protestant Committee for authorization shall forward copies of the book to the Director of Protestant Education for examination stating the price to the trade and the retail price.

(2) Before final authorization of any book the publisher must legally bind himself to supply said books, in harmony with price and quality of samples submitted, as may be needed for schools under the jurisdiction of the Protrestant Committee for such terms of years as may be agreed upon.

167. A sample copy of every edition of every book autyhorized by the Protestant Committee shall be deposited in the Department of Education by the [409] publisher, and no edition of any book shall be considered as approved without a certificate to that effect from the Director of Protestant Education, which certificate may be withdrawn at any time at the request of the Committee, after legal notice to the publisher.

168. Every authorized book shall bear the imprint of the publisher, and shall show upon the cover or title page the authorized retail price, and no part of the book shall be used for advertising purposes without the written consent of the Director of Protestant Education.

169. No alterations in contents, topography [sic], binding, paper, or any other material respect, shall in any case be made without the approval of the Protestant Committee.

170. Any books recommended as aids to teachers, for private reference or study, shall not be used as text-books by the pupils." (p. 409-410).

1938.01
Robert, Arthur. "Un manuel de philosophie" Le Canada français, 25, 5(janv. 1938):585-589.

"Les comptes rendus se succèdent du Cursus Philophiae de l'abbé Henri Grenier. Et tous, unanimement, d'en dire beaucoup de bien. Appréciations flatteuses qui sont bien méritées. Car le nouveau manuel marque un véritable progrès dans le domaine philosophique chez nous. Et il est bon de le signaler ...

Depuis 1909 le volume en usage pour l'enseignement de la philosophie dans nos séminaires et collèges classiques était les Elementia Philosophiae Christianae de l'abbé Stanislas Lortie. Pendant plus de vingt-cinq ans, cet ouvrage, en trois tomes, a été le texte dont se sont servies quelques générations de professeurs et d'élèves. Dans le recul du temps, on aperçoit mieux les défauts de ce manuel. Mais la plus élémentaire justice nous oblige à dire qu'il avait de grandes qualités. Et pour l'époque c'était un généreux effort qui dénotait le noble souci et la louable ambition de fournir à nos écoliers les moyens de s'initier à la philosophie de saint Thomas d'Aquin tant recommandée par l'immortel Léon XIII et ses successeurs. Et si l'auteur des Elementa eût vécu, - il est mort en 1912, - il aurait certainement corrigé son oeuvre au long des années. Car lui, plus que tout autre, se rendait compte que la première édition n'était point une édition ne varietur ... Mais n'empêche que les éditions multiples, successivement parues, - tout immuables qu'elles aient été -répondaient toujours, dans une large mesure, aux légitimes exigences des élèves et aussi de leurs professeurs. Le regretté abbé Lortie continuera de mériter de ses compatriotes la reconnaissance à laquelle ont sans cesse droit ceux qui travaillent au perfectionnement intellectuel de leurs semblables. Et la patrie canadienne-française le comptera toujours au nombre de ses plus grands bienfaiteurs.

Mais il ne fallait point que l'admiration pour un manuel se mût en fétichisme. Aussi bien, tout en appréciant les immenses services rendus par les Elementa Philosophiae [585] Christianae, fut-il de bonne guerre d'admettre que les besoins nouveaux réclamaient un nouveau manuel. Sans doute on chuchota de çi de là que Lortie corrigé pouvait encore satisfaire les plus exigeants ... Finalement, l'opinion prévalut qu'un tout autre s'imposait.

Et parurent, à quelques mois de distance, les deux premiers volumes du Cursus Philosophiae. Le troisième et dernier sera prêt en septembre prochain.

Un gros succès de librairie ... Pourquoi ne pas le proclamer? N'est-ce pas une preuve convaincante de la valeur du Cursus? Toutes les maisons affiliées à Laval et un grand nombre de celles qui sont affiliées à Montréal l'ont adopté. Et les lettres arrivent à l'auteur qui disent la grande satisfaction des professeurs. Bons juges, ils sont heureux d'écrire à un confrère, qui n'ignore pas ses responsabilités, que son travail leur facilite grandement la lourde tâche qui leur incombe.

Il n'entre pas point dans les cadres de ce modeste article de donner une analyse complète du Cursus Philosophiae. Quelques courts aperçus, de façon à justifier le très bienveillant accueil dont il fait l'objet, c'est tout le but que nous nous proposons.

Et tout d'abord, ce qui frappe avant tout, c'est la brièveté du manuel. Vraiment, une concision qui, à certains endroits, déconcerte quelque peu. Et immédiatement on se dit par devers soi que les élèves vont trouver le texte un peu, voire trop aride. Et le mot si connu, - difficile - se présente tout naturellement ...

Un mal pour un bien ... C'est le cas de répéter l'aphorisme ... Mon Dieu, il faut bien que les élèves aient quelque chose à faire, et les professeurs aussi ... Je le sais, quelques-uns soutiennent que le texte que l'on met entre les mains de nos écoliers doit être dilué autant que possible ... Concession, ce semble, à la paresse ... Il y a assez d'autres choses qui la favorisent ..., tandis que la concision force son homme à piocher les paragraphes pour en découvrir toute la susbtantifique moelle. Elle le contraint à penser, plutôt, à repenser les idées de l'auteur. Et, gaudens gaudebo, - elle l'oblige à prendre des notes. Oh! Incomparable remède à la maladie épidémique dont souffrent nos philosophes en herbe, pour ne parler que d'eux, la maladie dangereuse qui [586] s'appelle la passivité. On écoute le professeur, les yeux dans le vague ... Comme des auditeurs qui ont hâte de voir arriver la fin de la classe. Et la fin de la classe arrive. Demandez à nos passifs écoliers ce qu'ils ont retenu. On comprend dès lors la question étonnante que se posent un trop grand nombre de nos bacheliers: la philosophie, à quoi bon?

Nos professeurs, au surplus, trouveront dans cette brièveté un immense avantage, qui est celui de pousser plus outre leurs recherches personnelles. Voilà qui leur permettra de donner des cours vécus, partant, très intéressants. Et l'on ne dira plus après cela, avec un ancien, - un peu trop pessimiste, avouons-le - que l'enseignement de la philosophie chez nous consiste à faire apprendre par coeur des formules sans les comprendre, comme des règles de grammaires [sic], qu'on n'est pas capable d'appliquer ... Exagération, sans doute, mais exagération tant que vous voudrez, exagération qui est passablement vraie!

Et tout cela nous permet d'affirmer que le nouveau manuel, à cause même de sa concision bien caractéristique, est très formateur. Il contribuera efficacement à «faire des cerveaux», pour nous servir d'un terme fort heureux employé par son Éminence le Cardinal-Archevêque de Québec, à propos du Cursus Philosophiae.

Et nous ajouterons, - c'est à notre humble avis, la deuxième qualité du manuel, - qu'il est philosophique au total et thomiste «cent pour cent», comme l' a écrit tout récemment à l'auteur le P,. Vosté, O.P., professeur à l'Angélique, Rome.

Philosophique ... Expression qui peut surprendre. Elle veut dire, en l'occurrence, que le Cursus s'en tient aux strictes questions qui ressortissent à la philosophie. Par exemple, la division Wolfienne de la philosophie, division qui a prévalu trop longtemps, a eu pour malencontreux résultat d'encombrer les manuels de philosophie d'une foule de problèmes qui appartiennent à la science pure. D'où les conflits apparemment insolubles entre les sciences et la philosophie; d'où ces objections quasi irréfutables nées de cette confusion. Nouveauté, c'en est vraiment une ... Et qui se heurte à bien des conceptions auxquelles on tient mordicus depuis toujours. Heureuse nouveauté, ou, si l'on préfère, felix culpa ... Ceux qui ont professé la philosophie pendant quelques années savent toutes les tortures - c'est le mot, - [587] auxquelles les soumettait la réfutation de tous les systèmes en isme, en commençant par l'atomisme, pour la bonne raison qu'ils s'apercevaient facilement que ce laborieux et non satisfaisant travail eût dû être accompli dans un laboratoire et non dans une chaire de métaphysique.

On parlera peut-être de l'audace du jeune professeur de notre faculté de Philosophie. En guise de réponse, et non de justification, disons avec Péguy que «l'audace seule est grande». Et c'est vrai!

Mais l'audace, si en réalité audace il y a, s'affirme encore plus au chapitre IV du premier volume (p. 362-367). On y apprend que la matière première, par une série d'évolutions qui se fait sous l'influence d'une cause spirituelle et intelligente, postule l'âme humaine comme sa perfection ultime et sa dernière actuation. C'est en cela que gît surtout le thomisme «cent pour cent»!

Le deuxième volume comprend uniquement la Métaphysique. Il a cent et quelques pages de moins que le premier. C'est dire que la concision en est aussi la précieuse qualité. Métaphysique ostensive et métaphysique défensive, selon qu'elle montre ce qu'est l'être et ses propriétés, ou selon qu'elle défend les premiers principes qui en découlent. Encore ici, de la philosophie, de la philosophie aérée, dégagée de toutes questions d'à côté qui encombrent encore trop de manuels et leur font commettre d'insolubles confusions.

Et cela suffit.

N'allons pas croire cependant que ces quelques lignes à l'adresse du Cursus Philosophiae le consacrent irrémédiablement tabou ... Certes non.

Nous pourrions, par exemple, reprocher au nouvel ouvrage quelques obscurités ou quasi-obscurités ici et là. Obscurités peut-être exigées par le développement de certains arguments. Plus de clarté tout de même dans la démonstration de telle ou telle thèse ne serait pas du luxe. Et puis, la langue, ordinairement conforme à la grammaire, les bons latinistes la souhaiteraient probablement plus élégante! Enfin ... des fautes d'impression déparent certaines pages. Ah! ces typos ... Naturellement c'et toujours de leur faute ...

Petites peccadilles, somme toute, qui n'enlèvent rien à la valeur intrinsèque du manuel.

On ne cesse de le répéter, ce qui nous manque le plus, ce sont des têtes bien faites. Or, rien comme la philosophie [588] thomiste pour redresser les esprits et les mettre sur la bonne voie. Et, sans donner plus qu'il ne faut d'importance aux manuels, quels qu'ils soient, nous croyons sincèrement que le Cursus Philosophiae sera entre les mains de la génération montante un excellent instrument de travail. Ainsi nos jeunes pourront s'imprégner jusqu'à la moelle de cette philosophiae perennis dont les bouleversements actuels démontrent de plus en plus toute l'urgence nécessité."

1938.10
xxx. "Mon premier livre", L'enseignement primaire, 2, 1(juill.-oct. 1938):39.

"Avis aux institutrices et aux commissions scolaires.

Le département de l'Instruction publique distribue depuis septembre dernier un nouveau manuel de lecture pour les commençants. Ce manuel est destiné surtout aux enfants des écoles rurales et leur sera fourni gratuitement par l'intermédiaire des secrétaires-trésoriers.

Toutefois il importe que ces derniers sachent limiter les quantités au strict nécessaire, vu le grand nombre de demandes auxquelles il nous faut satisfaire.

Plusieurs nous écrivent pour nous dire qu'ils ont dû mettre l'ancienne édition de côté parce qu'elle diffère de la nouvelle. Nous ne pouvons approuver cette manière de faire. Sans doute, il serait irrationnel que tous les élèves d'une même classe n'aient pas le même manuel, mais rien ne s'oppose à ce que, pour cette année du moins, on utilise l'ancienne édition dans une école ou dans deux classes différentes de la même école, et la nouvelle édition, dans une autre classe ou un autre école."

1938.10.29
Riverin, Paul. "Est-ce une concurrence loyale? - Les industries de communautés, qui éludent la loi des salaires et évitent les taxes, doivent-elles faire la concurrence aux autres industries?", Le jour, 29 oct. 1938, p. 8.

"Notre métier de journaliste nous met en relation avec une foule d'imprimeurs. C'est en causant avec eux que nous apprenons, sur certaines anomalies, des renseignements que le public ne devrait pas ignorer.

Notre journal a pour mission de dire ce que la grande presse est obligée de taire. C'est notre rôle, et parce que nous voulons le remplir convenablement, une foule de compatriotes considèrent notre oeuvre comme nécessaire.

Nous ne manquons pas d'adversaires. Nombre de nos opinions les ont froissés; mais nous savons, par contre, que plusieurs de ces adversaires seront heureux, un jour ou l'autre, d'avoir à leur disposition un organe libre, où ils peuvent dire ou faire dire ce qu'ils ne sauraient exprimer ailleurs.

Pour cette raison, nous croyons devoir consacrer quelques lignes au fonctionnement de certaines industries qui vivent en marge de la vie économique ordinaire et qui suscitent à l'industrie régulière une concurrence peu équitable.

Les imprimeries sont dans ce cas. Il existe, dans Montréal, neuf grandes industries de communautés religieuses, dont les ouvriers, en grande partie, ne reçoivent pas les salaires exigés par la loi des conventions collectives ou par les unions ouvrières. Sans doute, quelques travailleurs laïques peuvent avoir les émoluments convenus par la loi ou les unions, mais il existe, dans ces mêmes maisons, plusieurs ouvriers facilement invisibles, dont la collaboration est nécessairement impayée et dont le travail est, par conséquent, fait au rabais On sait ce que nous voulons dire.

Aucune critique sérieuse ne serait faite contre le fonctionnement de ces industries si le travail y était consacré entièrement aux besoins de la communauté, si, pour être plus précis, les travaux y étaient d'ordre religieux ou éducatif et non pas d'ordre commercial. Il serait extrêmement malheureux que les imprimeries en question arrachent aux ateliers dits laïques, où bien des pères de famille gagnent leur vie, des "contrats" de l'extérieur. Ainsi, quand on sait qu'une communauté d'un village voisin de Montréal a pu, grâce à une grosse imprimerie, où marchent quatre puissantes linotypes, obtenir d'imprimer 125,000 volumes de Mon Premier Livre, de C.J. Magnan (livre qu'on devrait probablement remplacer par un autre) on se demande si les concurrents évincés n'ont pas quelque raison de se plaindre.

Certes, les industries créées par les communautés religieuses ont été organisées avec les meilleures intentions du monde. Personne ne pouvait les empêcher ou les entraver. Mais à une époque où tant de petites entreprises périclitent et où les laïques ont tant besoin de gagner pour conserver leur capital, il est dangereux de leur susciter d'injustes concurrences.

Les communautés sont privilégiées. C'est dans l'ordre. A cause de leur oeuvre, souvent faite de dévouement, on leur a accordé des exonérations de taxes plus que généreuses. Il ne faudrait toutefois pas exagérer: si on fonde des industries payantes, si on entre dans le commerce, il faut qu'on soit sur le même pied que tous les autres tant au point de vue des taxes que des salaires. Sinon, on multiplie les mécontente-ments et on prépare, même aux communautés, des inimités. C'est ce qu'il faut éviter."

1938.11.05
Riverin, Paul. "Les imprimeries des maisons religieuses", Le jour , 5 nov. 1938, p. 5.

"Dans notre édition de la semaine dernière, nous parlions de la concurrence que font aux imprimeries laïques les imprimeries des maisons religieuses. Notre article ayant provoqué maints commentaires dans le public, particulièrement chez les imprimeurs, force nous est d'étudier plus profondément la question.

Loin de nous l'idée de nier aux communautés le droit de posséder leur atelier et d'imprimer certains livres, manuels, cahiers, feuillets, etc., à l'usage de la maison ou pour propagande religieuse. Nous parlons strictement d'ateliers qui deviennent de véritables entreprises commerciales et qui font aux industries du même genre, soumises à toutes les taxes, à toutes les lois ouvrières et à tous les risques de l'initiative privée - l'imprimerie de communauté n'est pas privée dans le vrai sens du mot -, une concurrence impossible, sinon ruineuse.

Le débat ne date pas d'hier. Il y a des années que des imprimeries des maisons religieuses inquiètent les ateliers concurrents. En 1934, les autorités diocésaines intervenaient en faveur des maîtres-imprimeurs et faisaient signer aux communautés intéressées (13 mars 1934) le document suivant:

A - 1. - Les communautés religieuses n'imprimeront désormais aucun travail d'imprimerie à caractère profane ou commercial et venant de l'extérieur; 2. - elles encourageront leurs employés laïques à s'agréger aux syndicats catholiques et se conformeront aux règlements qui régissent ces syndicats - heures de travail, salaires, apprentissage, etc.;

B. - L'Association des Maîtres-Imprimeurs de Montréal et les syndicats catholiques (de l'imprimerie) reconnaissent aux communautés le droit d'imprimer, dans les conditions plus haut énumérées, des livres, pamphlets et revues ayant un caractère religieux, social ou éducationnel et dont les auteurs ou directeurs sont des prêtres ou des religieux;

C. - Pour régler chacun des différends pouvant surgir, à l'avenir, autour de la présente entente, on nommera un comité d'arbitrage composé de cinq membres, dont 1. - deux laïcs, l'un des Maîtres-Imprimeurs et l'autre, des Syndicats catholiques; 2. - deux religieux délégués par S.E. Mgr l'Archevêque-coadjuteur; 3. - le directeur diocésain de l'Action catholique, président de droit.

La présente entente est conclue pour une période de deux ans à compter du 13 mars 1934.

Ont signé ce document, les représentants de huit communautés religieuses et ceux des Maîtres-Imprimeurs et métiers alliés de l'imprimerie.

En imposant de telles conditions, l'autorité diocésaine se conformait au code de droit canonique (Adrien Cance, docteur en théologie, tome I, 152: «L'exercice du négoce ou commerce est interdit à tous les clercs, religieux et religieuses. Cette défense a pour objet le négoce proprement dit ou commerce lucratif, qui consiste à acheter des objets pour les revendre plus cher, sans leur avoir fait subir aucune transformation, et ensuite une autre sorte de négoce, dit industriel, qui consiste à acheter des objets pour les revendre avec bénéfice après les avoir fait transformer par des ouvriers engagés à cet effet

L'entente mentionnée plus haut a pris fin en mars 1936. Nous ne saurions dire si elle a été respectée à la lettre. Ce que nous savons, c'est qu'il existe, dans Montréal, une vingtaine d'imprimeries religieuses importantes, dont quatre ou cinq au moins exécutent des travaux commerciaux venus de l'extérieur et vendus avec profit, en concurrence avec l'imprimerie laïque.

Nous pourrions nommer tel Ordre religieux qui, pour éviter la critique et sauver les apparences, a passé son imprimerie au nom d'un contremaître. Nous connaissons aussi telle communauté qui est parfaitement organisée - ce dont on la félicite - qui imprime des manuels de la Commission des Ecoles protestantes; aux portes de Montréal, une autre imprimerie, non moins puissamment organisée, reçoit des «contrats» du gouvernement.

Si nous allions faire une incursion dans la région de Québec, nous trouverions, et cela, même sans inclure une imprimerie d'apparence laïque, celle de l'Action catholique, qui fait la vie dure à tout le monde. Nous reviendrons là-dessus.

Or, au printemps de 1937, les Frères des Ecoles Chrétiennes faisaient consacrer, par les bills 104 et 105, par une loi d'exception, leur «droit» de se livrer par toute la province au commerce et à l'industrie de l'imprimerie, du réglage, de la reliure, etc., etc., concurrence avec les imprimeries laïques. Là-dessus, les Maîtres-Imprimeurs (tiré de la revue le Maître-Imprimeur, avril 1937) faisaient tenir au Conseil législatif la protestation suivante:

«Attendu que l'industrie de l'imprimerie doit faire face à la concurrence de toutes les communautés religieuses de cette ville et de cette province qui exploitent des établissements d'imprimerie où elles font des travaux d'ordre commercial, causant ainsi un préjudice sérieux aux établissements du même genre exploités par des laïcs;

Attendu qu'il est impossible d'astreindre les imprimeries de toutes les communautés aux mêmes conditions d'exploitation que les imprimeries laïques, à cause de la nature particulière des imprimeries appartenant à ces religieux;

Attendu que, dans l'ensemble, les communautés et ordres religieux jouissent d'exemptions de taxes, soit partielles, soit étendues;

Attendu que les communautés et ordres religieux peuvent mettre, et dans certains cas, mettent l'ensemble des biens, des ressources et du personnel de leurs maisons ou sociétés à la disposition et au service de leurs établissements d'imprimerie;

Attendu que ces institutions entreprennent pour le commerce et l'industrie, dans des conditions particulièrement avantageuses que leur crée leur situation particulière, en regard du fisc, des exigences des salariés et en presque tous les cas, des dépenses d'administration réduites au minimum, des travaux d'impression où elles entrent directement en concurrence avec des imprimeries laïques qui n'ont et ne sauraient avoir les mêmes ressources, et placent des maisons commerciales dans des conditions tout à fait défavorables vis-à-vis leur clientèle commerciale;

Attendu que les communautés religieuses ont toujours débuté dans l'industrie de l'imprimerie, avec l'intention de se borner à exécuter leurs propres travaux et ont augmenté leur matériel d'année en année, jusqu'à ce qu'elles soient forcées d'accepter et de solliciter des travaux purement commerciaux pour utiliser leur matériel, devenu, par la suite, trop considérable pour leurs besoins personnels;

Attendu que dans le seul district de Montréal, une vingtaine de communautés religieuses opèrent des imprimeries dont quelques-unes peuvent avantageusement être comparées aux plus importantes de la Province;

Attendu qu'un capital d'environ trente (30) millions de dollars est engagé dans l'industrie de l'imprimerie dans le Province de Québec; somme considérable qu'il s'agit de protéger (voir statistiques fédérales, 1934);

Attendu que plus de huit (8) mille personnes reçoivent près de dix (10) millions de dollars en salaires, par an, de cette industrie dans notre Province (voir statistiques fédérales, 1934);

Attendu que plusieurs communautés religieuses emploient presque exclusivement des religieux dans ces ateliers, pour l'exécution de ces travaux, rendant impossible le contrôle des salaires payés, exigibles en vertu des lois ouvrières et des contrats collectifs de travail;

Attendu qu'une quantité de laïcs sont de ce fait privés de travail et voient d'un très mauvais oeil l'ingérence des communautés religieuses dans le domaine commercial;

Attendu que cette concurrence faire dans le domaine commercial et industriel par les institutions, ordres, communautés et maisons de religieux, à toute une section de l'élément laïc, ajoute aux difficultés de celui-ci, déjà aux prises avec la concurrence des imprimeries des autres provinces non astreintes aux exigences des contrats collectifs;

Attendu que, selon les principes du droit canon, les institutions, sociétés, maisons, communautés et ordres de caractère religieux ne peuvent et ne doivent pas faire de commerce, pas plus dans le champ de l'imprimerie que dans des domaines analogues;

Attendu que les Maîtres-Imprimeurs croient utile, non seulement dans la défense de leurs intérêts légitimes, exposés à une concurrence sérieuse et dommageable, mais dans la défense des intérêts religieux bien entendus, de travailler à faire cesser un état de chose aussi préjudiciable;

En considération des faits énumérés ci-haut, l'Association des Maîtres-Imprimeurs de Montréal s'objecte à l'insertion, dans la clause 4a du bill 104 et dans la clause 5 du bill 105, de tout ce qui pourrait conférer aux RR. FF. des Ecoles chrétiennes le droit de faire des imprimés de quelque nature que ce soit, et prie les Honorables Membres du Conseil Législatif de biffer de ces clauses tout ce qui concerne l'industrie de l'imprimerie.

Notre Corporation Professionnelle désire, en plus, que si, dans l'avenir d'autres communautés demandent par charte le droit de faire des impressions ou d'avoir un atelier d'imprimerie, ce droit ne leur soit pas conféré, ce pour toutes les raisons sus-énumérées.»

Pour tout résumer, les conditions dans lesquelles opèrent les imprimeries religieuses sont tellement plus avantageuses que celles qui sont faites aux imprimeries laïques qu'il est profondément injuste pour ces dernières de laisser se développer, au sein d'une même province, de tels négoces qui sont la ruine des autres et qui, par contre-coup, désorganisent une foule d'entreprises.

Déjà les communautés jouissent, chez nous, d'avantages considérables. Personne ne s'en plaindra. Mais, de grâce, qu'on laisse à Marie son rôle, et à Marthe le sien. «Porro unum necessarium».

La question n'est pas épuisée. On nous permettra d'y revenir."

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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