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Sources imprimées

* * *

1918

xxx. Ce que l'on dit des ouvrages de Fred.-A. Baillairgé, ptre sur L'histoire sainte - Questions et réponses. S.l., s.n., 1918. 34 p.

[Reproduction de comptes rendus ou d'appréciations envoyées à l'auteur].

1918
Delage, Cyrille-F. Rapport du surintendant de l'instruction publique de la province de Québec pour l'année 1917-1918. Québec, E.-E. Cinq-Mars, 1918. xix, 443 p.

Rapport de l'inspecteur J.-Ed. Boily (Roberval).
"Dans les municipalités bien organisées, les livres sont tenus en dépôt par la commission scolaire, et c'est là le meilleur mode pour obtenir l'uniformité et fournir à chaque élève les livres qui lui sont nécessaires. Mais encore faut-il compter avec la compétence du secrétaire, les bonnes dispositions des commissaires et l'opposition du marchand local. Néanmoins chaque commission scolaire, tout comme nos maisons d'éducation, devrait avoir son dépôt de livres. Il est absurde d'en laisser le monopole aux marchands et la loi devrait couvrir ce point. Ce qui permettrait d'aider les enfants pauvres et contrôler plus efficacement le choix des livres." (p. 12).

Rapport de l'inspecteur L. Longtin (Valleyfield).
"L'uniformité des livres existe dans presque toutes les municipalités de mon district." (p. 93).

Comité protestant.
Réunion du 30 nov. 1917.
"M. Fisher présente un rapport du comité des manuels, ainsi qu'une lettre de MM. Dent, qui offrent une soumission pour l'administration d'un bureau de livres, et il propose, appuyé par le professeur Kneeland, que ce rapport soit adopté et que le secrétaire reçoive instruction de soumettre les documents aux officiers en loi du gouvernement, afin de faire préparer un contrat valable, basé sur cette soumission." (p. 412).

Circulaire aux commissaires d'écoles 8 avril 1918.

"DES LIVRES DE CLASSE.

Le paragraphe 4 de l'article 2709 du Code Scolaire dit «qu'il est du devoir des commissaires d'exiger que, dans les écoles sous leur contrôle, on ne se serve que de livres autorisés qui doivent être les mêmes pour toutes les écoles de la municipalité; s'ils (les commissaires) requièrent les services d'une congrégation catholique enseignante, il est loisible aux commissaires ou syndics d'écoles de faire un contrat avec elle relativement aux livres dont on se servira dans les écoles confiées à cette congrégation, pourvu, toutefois, que ces livres fassent partie de la série approuvée par le Comité Catholique du Conseil de l'Instruction publique.»

L'article 249 des Règlements du Comité Catholique, dit «Les ouvrages recommandés pour l'usage des instituteurs ne doivent pas servir aux élèves comme livres de classe.»

Le droit de faire le choix des livres ayant rapport à la religion et à la morale pour l'usage des élèves de sa croyance est réservé au curé ou prêtre desservant l'Église catholique romaine. (Voir le paragraphe 4 de l'article 2709).

Non seulement la loi fait un devoir aux commissaires de n'introduire dans leurs écoles que des livres autorisés, mais l'article 14 des Règlements du Comité Catholique ordonne la même chose.

Des articles ci-dessus indiqués, il ressort:

1. Que, dans les écoles sous le contrôle des commissaires on ne doit se servir que des livres autorisés par le Comité Catholique;

2. Que ces livres doivent être les mêmes pour toutes les écoles de la municipalité: cependant, il est loisible aux commissaires de s'entendre avec les congrégations qui dirigent des écoles sous contrôle, relativement aux livres dont on se servira dans ces écoles, pourvu, toutefois, que ces livres fassent partie de la série des livres approuvés par le Comité Catholique;

3. Que le choix des livres ayant rapport à la religion et à la morale appartient au curé ou au prêtre desservant la paroisse ou la mission.

Ces articles de la loi et des règlements scolaires sont très sages, et je vous invite, avec instance, à vous y conformer dans toutes les écoles sous votre contrôle. Notre loi d'instruction publique accorde à la municipalité scolaire une autonomie complète. En coordonnant les efforts individuels qui se manifestent par l'organe de la commission scolaire, elle fournit, en pratique, aux contribuables les moyens d'organiser et de diriger eux-mêmes leurs propres écoles. Mais comme il faut de l'unité au point de vue des programmes d'études destinés à une même province, la loi, par les comités du Conseil de l'Instruction publique, fixe un minimum de connaissances qui devront être enseignées dans les écoles. Et pour favoriser cet enseignement, les comités du Conseil (le Comité Catholique dans le cas qui nous occupe), approuvent et recommandent un certain nombre de manuels parmi ceux qui leur sont soumis.

Inutile d'insister sur l'importance qu'il y a pour les commissaires d'écoles d'observer consciencieusement la loi et les règlements concernant l'emploi des livres de classe. Notre loi d'instruction publique tire toute sa force du respect dont on l'entoure." (p. 435-436).

1918
Laberge, Albert. La scouine. Montréal, s.n., 1918. 157 p.

"Mlle Léveillé, la nouvelle institutrice, était blonde et plutôt jolie dans sa robe de mérino bleu. Une boucle de velours noir attachée à ses cheveux lui donnait un air coquet. Sa voix était douce et sympathique comme sa figure.

Tout de suite, elle plut aux enfants.

Vingt-deux élèves s'inscrivirent le lundi, jour de la rentrée des classes. L'avant-midi, Mlle Léveillé se borna à les faire lire et à leur donner une dictée.

Lors de la récréation du midi, chacun s'accorda à dire que la maîtresse n'avait pas un air air sévère.
- Elle se nomme Alice, déclara Marie Leduc.
- I paraît qu'elle donne de longs devoirs, remarqua la Scouine pour dire quelque chose.

L'après-midi, Mlle Léveillé fit faire des exercices d'écriture et un peu d'arithmétique au tableau.
Elle indiqua ensuite les leçons pour le lendemain.
- Elles sont courtes, mais apprenez-les bien, dit-elle. Je vais voir quels sont les travaillants.

La Scouine apprit avec terreur qu'elle devrait étudier la grammaire et l'histoire du Canada. De plus, elle aurait à lire dans le Devoir du Chrétien et dans le psautier. Non bien sûr, qu'elle n'apprendrait pas tout ça. Jamais de la vie.

Le soir, La Scouine s'en retourna songeuse à la maison.

Le lendemain, les plus âgées des élèves récitèrent leurs leçons. Le tour de la Scouine arriva. L'institutrice posa la première question. [p.35].

La Scouine n'ouvrit pas la bouche.

Mlle Léveillé répéta son interrogation.

De nouveau la Scouine resta muette.

Croyant à un défaut de mémoire ou peut-être à une grande timidité et ne voulant pas se montrer trop stricte au début, Mle Léveillé lui donna les premiers mots, pour l'aider, mais la Scouine n'articula pas une parole.
- Mais vous n'avez donc pas étudié? Interrogera la maîtresse devant cet obstiné mutisme.
- Ce n'est pas dans mon livre.
- Pas dans votre livre! Montrez.

La Scouine lui tendit sa grammaire, une vieille grammaire ayant appartenu à ses frères. La première feuille manquait en effet.

Mlle Léveillé regarda longuement l'enfant, mais il n'y avait rien à lire sur cette figure. - Eh bien, pour demain alors, vous apprendrez les deux réponses sur cette page-ci, déclara Mlle Léveillé.

A l'appel de non nom, le mercredi, la Scouine s'avança devant le pupitre de l'institutrice.
- Comment forme-t-on le pluriel dans les noms? interrogea la petite demoiselle blonde.

La Scouine, sans ouvrir la bouche tournait le coin de son tablier bleu à carreaux, entre le pouce et l'index de sa main droite, en regardant le plancher.
- Comment forme-t-on le pluriel dans les noms? questionna de nouveau la maîtresse d'un ton plus bref.
- C'est pas dans mon livre.
- Comment, pas dans votre livre?
D'elle-même, la Scouine le tendit à Mlle [p. 36] Léveillé. Celle-ci ouvrit fébrilement. Une nouvelle feuille manquait.
- Mais elle y était hier. Vous l'avez donc arrachée?

La Scouine restait silencieuse. Voyant l'obstination de l'élève à ne pas répondre, l'institutrice à qui répugnaient les punitions, la renvoya à sa place, ajoutant:
- Mais je vous préviens que demain, vous devrez réciter sans manquer un seul mot les deux réponses en tête de la page quinze. Elles sont dans votre livre celles-là.

En s'entendant appeler le jeudi, la Scouine s'avança sans sourciller.
- Votre leçon était dans votre livre hier soir? interrogea Mlle Léveillé.

- Non, fit laconiquement la Scouine.

Mlle Léveillé lui arracha la grammaire des mains. La page quinze manquait.
-Eh bien, vous l'apprendrez après la classe votre leçon. Vous l'apprendrez dans le livre que vous voudrez, mais vous l'apprendrez cria la maîtresse enfin fâchée.

A cinq heures du soir, Mâço arriva à l'école et demanda à l'institutrice si elle était folle de garder ainsi sa fille quand elle en avait besoin pour l'envoyer chercher les vaches au champ. Mlle Léveillé tenta d'expliquer ce qui était arrivé, mais Mâço ne voulut rien entendre, répétant seulement qu'elle serait en retard pour traire ses vaches. Mâço amena sa fille. Comme la Scouine allait sortir, Mlle Léveillé lui indiqua une autre leçon pour le vendredi.

Le lendemain, ce fut bien autre chose. Lorsque vint le moment de réciter, trois élèves prétendirent [p. 37] avoir perdu leur catéchisme. Les choses se gâtaient. Mlle Léveillé crut qu'il fallait sévir. Elle envoya les trois coupables étudier à genoux. Une fois de plus, elle appela la Scouine devant elle et l'interrogea sur la grammaire.
- C'est pas dans mon livre.
- Tant pis alors. C'est fini de badiner. Tendez la main.

Et la petite demoiselle blonde saisit son martinet.

A cet ordre, la Scouine se mit à crier et à gémir comme si on l'eut martyrisée.
- Tendez la main, commanda la maîtresse.

La Scouine, une expression d'épouvante sur la figure, présenta le bout des doigts, le poignet collé contre la cuisse. Ses genoux tremblaient. Lorsqu'elle vit venir le coup, elle retira le bras et la lanière de cuir ne rencontra que le vide.
- Tendez la main, clama la maîtresse.

La Scouine se tordit, redoublant ses cris de détresse. C'était une plainte aiguë qui s'envolait par les fenêtres. Une voiture passant sur la route s'arrêta et, chez le voisin, la mère Leduc qui faisait cuire sa soupe, sortit sur son perron.

Au troisième coup, la Scouine s'élança hors de la maison, jetant des cris encore plus perçants. Elle s'enfuit en faisant entendre des lamentations terrifiantes. Elle hurlait comme si on eut cherché à l'assasiner.

La fille à Mâço courait de toutes ses forces, levant les talons jusqu'aux fesses et s'éloignant avec des cris de cochon que l'on saigne. Les femmes accouraient sur le pas de leur porte et les hommes travaillant aux champs tournaient la tête, s'arrêtaient [38] saisis, se demandant s'il arrivait un accident quelque part.

La Scouine arriva chez elle essouflée [sic], hors d'haleine.

A sa mère alarmée, elle raconta que la maîtresse lui avait donné douze coups de martinet sur chaque main. Mâço partit immédiatement. Elle arriva comme une furie et, devant tous les élèves, fit une scène terrible à l'institutrice, l'accablant de mille injures. Elle lui déclara que si elle avait dorénavant le malheur de battre ses enfants, elle aurait affaire à elle.
Le soir, dans toutes les familles du rang, on ne parlait que du drame qui s'était passé à l'école. Chacun s'accordait à dire que pour avoir battu une enfant et l'avoir fait pleurer de la sorte, il fallait que la maîtresse fut un vrai bourreau.

Le samedi, l'un des commissaires alla voir Mlle Léveillé et lui dit que pareille chose ne pouvait être tolérée. Il comprenait qu'il était bon d'instruire les enfants et qu'on pouvait les réprimander, les punir même, mais non les tuer de coups. Il ajouta que tous les parents révoltés demandaient sa démission.

Le dimanche, avant la messe, l'institutrice alla voir le curé et lui raconta les faits, tels qu'ils étaient arrivés. Patiemment, le prêtre l'écouta jusqu'au bout. Il parut reconnaître que la justice était de son côté, mais lorsque Mlle Léveillé lui demanda d'intervenir auprès des commissaires, il déclara que malgré son vif désir de lui être utile, il ne pouvait se mêler de cette affaire, car ce serait un abus d'autorité. La commission scolaire devrait être laissée libre d'agir à sa guise.

Mlle Léveillé, la petite demoiselle blonde et [39] mince, si gentille dans sa robe bleue, dut s'en aller après une semaine d'enseignement.

Et voilà pourquoi la Scouine n'a jamais appris la règle du pluriel dans les noms."

1918
Louis-Arsène (frère). Mémoire sur l'uniformité des livres à Montréal présenté à M. le surintendant de l'instruction publique par le supérieur provincial des frères de l'instruction chrétienne. S.l., s.n., [1918]. 13 p.

[Texte imprimé à tirage restreint ; la retranscription a été faite à partir de l'exemplaire conservé aux Archives de l'archidiocèse de Rimouski, A-19-3 Instruction publique].

"Monsieur le Surintendant,

La Commission scolaire catholique de Montréal a voulu résoudre cette année une question qui est depuis longtemps à l'ordre du jour dans certains milieux. Elle a décidé d'établir l'uniformité complète des ouvrages classiques dans les écoles de son ressort, même celles qui sont dirigées par des religieux : c'est du moins ce que semblent indiquer certaines déclarations publiées par les journaux, bien que la Commission elle-même ne nous en ait pas prévenu officiellement.

Cette mesure, hâtivement prise, et que l'on voudrait mettre immédiatement à exécution, est de nature à nous créer de sérieuses difficultés.

Je ne veux nullement critiquer en elle-même la thèse de l'uniformité des livres en l'examinant au seul point de vue pédagogique, mais vous exposer simplement les ennuis que nous causerait l'introduction dans nos écoles des ouvrages choisis par la Commission à la place de ceux dont nous sommes les auteurs, et vous prier, si vous le jugez bon, Monsieur le Surintendant, de soumettre cette question au Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique.

DIFFICULTES FINANCIERES.

On nous objectera - on l'a déjà fait - que les arguments que nous produisons contre cette mesure tendent uniquement à masquer des craintes pécuniaires. C'est donc que ceux qui cherchent à établir l'uniformité pensent qu'elle aura véritablement pour effet de léser les intérêts des Communautés religieuses. Les dommages qu'elle nous causerait sont, en effet, réels, et, bien qu'il m'en répugne, j'en dirai un mot.

[p. 1]

Il n'y a que trois ou quatre ans que, confiants dans le texte même de la loi scolaire (art. 2709, 4°), nous avons entrepris de préparer une collection de manuels classiques et de les présenter à l'approbation officielle.

Ces ouvrages sont au nombre d'une vingtaine et forment des séries complètes pour l'enseignement du français, de l'anglais et des mathématiques. Dans chaque série, les livres sont gradués et adaptés aux différents cours. En voici la liste entière:

Français.
Méthode de lecture pour la 1re année.
Exercices de 1re année (lecture-écriture).
Lecture courante, Cours élémentaire.
Lecture courante, Cours moyen.
Lectures littéraires, Cours supérieur (en préparation).
Langue française (grammaire et exercices), C. prép., 2e année.
Langue française (grammaire et exercices), C. élém., 3e et 4e année.
Langue française, Cours moyen et supérieur.

Anglais.

La Classe en anglais, Cours prép.
La Classe en anglais, Cours élém. ler degré, 2e année.
La Classe en anglais, Cours élém. 2e degré, 3e et 4e année.
La Classe en anglais, Cours moyen, 5e et 6e année.

Mathématiques.

Exercices de calcul, 2e année.
Arithmétique, Cours élémentaire.
Arithmétique, Cours moyen et supérieur.
Eléments de Géométrie, Cours académique.
Eléments d'Algèbre, Cours académique.
Notions de Trigonométrie, Cours académique

Divers.
Histoire sainte.
Agriculture.
[p. 2]

Tous sont approuvés par le Comité catholique, à l'exception des Eléments de Géométrie, des Eléments d'Algèbre et des Notions de Trigonométrie. Ces trois derniers ouvrages ont été rédigés conformément aux programmes des Ecoles normales et sont les premiers du genre à être publiés dans la Province de Québec; nous les présenterons, à la session de septembre, à l'examen du Comité catholique.

Le prix extrêmement modique de nos manuels ne nous permettra de rentrer dans nos fonds qu'après plusieurs années, surtout pour certains d'entre eux, ceux de mathématiques particulièrement. Or voilà ces ouvrages, à l'exception d'un seul, La Classe en anglais, proscrits de nos écoles de Montréal qui contiennent la moitié au moins de la population scolaire dont nous sommes chargés! Et cette mesure arrive juste au moment où nous venons de terminer le travail de confection de nos classiques. Nous ne l'aurions jamais entrepris si nous avions su que l'uniformité nous aurait été imposée par la Commission de Montréal. Cet aspect de la question paraîtra très terre à terre sans doute, et un supérieur religieux semble toujours mal venu à l'envisager sérieusement; mais c'est pour lui une simple question de justice: il doit sauvegarder même les intérêts matériels qui lui sont confiés. Toutefois, je n'insisterai pas davantage.

DIFFICULTES PEDAGOGIQUES.

Mais l'uniformité entravera la bonne marche de l'enseignement, et, tout d'abord, elle nuira considérablement à la formation de nos futurs maîtres. Nous attachons, comme il est juste, une très grande importance à leur préparation professionnelle. Pendant le scolasticat qui termine la période de leur formation, ils étudient la manière d'enseigner nos manuels, suivant la méthode d'après laquelle ils ont été composés et en recourant aux différents procédés qui s'y rattachent.

Notre méthode de lecture diffère de celle qui a été adoptée par la Commission. Sans vouloir les comparer l'un à l'autre, je rappellerai cependant qu'elle a été reconnue excellente par les divers inspec-

[p. 3]

teurs qui l'ont vue en opération, et qu'elle a d'autre part été approuvée par le Comité catholique. Elle est une adaptation de la méthode dont nos Frères et un grand nombre de religieuses enseignantes se servent en France, dans les colonies françaises, en Orient, en Haïti, etc.

La même remarque peut s'étendre à tous nos autres ouvrages. Si nos élèves-maîtres ne retrouvaient pas dans nos écoles de Montréal les manuels qu'ils apprennent à enseigner à 1'Académie St-Joseph de Laprairie qui nous sert d'école d'application, il leur faudrait un second entraînement pour ne pas être au début trop dépaysés dans leurs classes. N'est-ce pas, en effet, dérouter les jeunes professeurs que de leur mettre entre les mains des livres dont ils ne connaissent ni le plan ni la méthode? On n'enlève pas à un apprenti un outil qu'il sait manier pour lui en imposer un autre différent qui n'est pas meilleur et dont il n'a pas appris à se servir. De telles mesures font tort au maître et aux élèves. Tandis que celui-là est indécis, qu'il hésite, tâtonne et s'égare en essais infructueux pour tirer bon parti d'une méthode qu'il ne connaît pas, ceux-ci sont passifs ou dissipés et perdent leur temps. Au lieu des habitudes d'ordre et de travail qu'ils doivent recevoir à l'école, ils y puiseront peut-être le goût de la paresse et de la turbulence. Très nuisible aux jeunes maîtres en particulier, cette mesure créera plus d'une difficulté à tous ceux qui la subiront, car elle les obligera à changer d'auteurs suivant qu'ils enseigneraient à Montréal ou en dehors. Les instituteurs laïques qui se cantonnent à Montréal ne souffriront de ce changement qu'au début; il n'en sera pas de même de nos religieux auxquels nous ne demandons pas quelle obédience leur plaît. Nous avons préparé pour toutes nos écoles et fait imprimer une répartition mensuelle des programmes officiels, de manière à guider nos maîtres dans leur enseignement tout en leur laissant une certaine liberté d'initiative. Cette répartition mensuelle est faite d'après nos livres classiques; elle indique pour chaque cours les numéros et les pages des manuels que les élèves doivent étudier. Cet excellent instrument de travail serait à peu près inutile pour les maîtres qui n'emploieraient pas nos manuels.

Des remarques qui précèdent, et pour obvier aux inconvénients qu'elles indiquent, faudrait-il conclure à la nécessité de l'uni-

[p. 4]

formité absolue pour la Province? Ce serait figer l'enseignement dans des formes immuables, fermer toutes les portes au progrès pédagogique et se condamner à la routine du statu quo. L'ouvrage posthume de M. de la Bruère, l'Histoire du Conseil de l'Instruction publique, signale d'une façon très heureuse les effets qu'entraînerait une mesure aussi radicale (Voir pp. 106 à 121).

MANQUE D'UNITE DANS LE CHOIX DES MANUELS

Je ne veux pas non plus apprécier les manuels choisis par la Commission de Montréal, mais il suffit de jeter un coup d'oeil sur la liste de ces ouvrages pour avoir l'idée d'un ensemble composite un peu surprenant. Elle laisse l'impression d'un tableau dont chaque partie paraît bien traitée, mais dont l'ensemble manque d'unité, d'harmonie générale. Ainsi, pour les mathématiques et la géographie, par exemple, on nous demande de mettre entre les mains des élèves, suivant le Cours auquel ils appartiennent, des ouvrages pris dans des séries d'auteurs différents, ce qui nuit à l'unité nécessaire à tout enseignement bien coordonné. Les livres d'une même série se complètent. Ils forment un tout indivisible se développant d'après un plan bien déterminé, et ils s'appellent 1'un l'autre. Si le plan suivi pour l'un des livres d'une même série est reconnu excellent, comment le trouver mauvais ou moins bon pour celui qui le précède et le prépare, ou celui qui le développe? Après avoir étudié la géographie dans le Cours moyen des F.F. des Ecoles Chrétiennes, les élèves devront prendre le Cours supérieur des FF. Maristes. Ces deux ouvrages sont très bons, mais ils ne sont pas le développement l'un de l'autre. Il en est de même du Cours moyen d'arithmétique des Clercs de Saint-Viateur et du Cours supérieur des Frères des Ecoles Chrétiennes. Les employer à la suite l'un de l'autre comme le demande la Commission, serait rompre la coordination et l'enchaînement qui doivent nécessairement exister dans l'enseignement des mathématiques. Je me demande quel profit ceux de nos élèves qui se destinent à l'école

[p. 5]

Polytechnique retireraient de l'abandon de notre Cours d'arithmétique, pour se servir de l'ouvrage des Clercs de St-Viateur, puis de celui des FF. des Ecoles Chrétiennes, alors qu'ils devront prendre ensuite notre Algèbre et notre Géométrie qui les préparent directement à leurs examens d'admission, et sont le complément et la suite naturelle de notre arithmétique.

La même critique pourrait s'adresser aux ouvrages choisis pour la langue française et pour la langue anglaise. Le livre de rédaction des Frères du Sacré-Coeur est très bien fait, mais il fera double emploi avec la Grammaire de Claude Augé qui contient des notions de style et un grand nombre de rédactions et d'exercices de langage; les donner aux mêmes élèves sera peu utile, pour ne pas dire davantage, et très dispendieux. Le Dominion Speller, indiqué de la 3e à la 8e année pour les élèves de langue française, ne complète pas précisément notre Cours d'anglais: ces deux ouvrages, conçus sur un plan et dans un but différents, ne vont guère ensemble, surtout au Cours élémentaire. Les Readers à l'usage des élèves de langue anglaise sont pris dans deux séries excellentes; mais il eût beaucoup mieux valu, semble-t-il, adopter soit la série entière de Sadlier, soit celle des Frères des Ecoles Chrétiennes, plutôt que deux livres dans chacune des séries.

C'est précisément dans le but d'éviter les inconvénients qu'offre l'emploi pour la même matière du programme, de manuels qui ne sont pas faits d'après un même plan et ne contiennent pas les mêmes définitions et les mêmes formules, que nous avons tenu à compléter chacune de nos séries.

Pendant quelques années, nous avons hésité à publier un Cours supérieur de langue française à cause des dépenses considérables que nécessitait l'impression de cet ouvrage et du faible débit sur lequel nous pouvions compter dans nos écoles. Après s'être servis de notre Cours moyen de langue française, nos élèves prenaient le Cours supérieur des Frères des Ecoles Chrétiennes. Mais nos professeurs trouvaient si incommode cette manière de procéder que nous avons dû faire paraître il y a deux ans notre Cours supérieur de langue française qui termine la série et nous dispense d'avoir recours à un autre auteur.

Je me permettrai de faire remarquer que le plan de notre

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Cours de langue française se rapproche de celui de notre Cours de langue anglaise, adopté par la Commission. On y a multiplié les exercices de vocabulaire et de langage, et l'étude de la langue s'y fait surtout au moyen de textes à la portée des enfants et de nombreuses gravures. Les deux séries devraient être employées simultanément : or, l'une est rejetée. De plus, nos livres de lecture française ont aussi été composés de manière à fortifier et étendre l'enseignement donné dans notre Cours de langue française. Ces livres de lecture sont illustrés de gravures très lisibles en rapport avec chaque leçon, et toutes les leçons commencent par l'explication des mots difficiles et elles se terminent par un questionnaire détaillé et l'indication de quelques devoirs (rédactions, exercices grammaticaux, de vocabulaire, etc.) en rapport avec la leçon. C'est la manière dont les meilleurs auteurs comprennent aujourd'hui la lecture; la seule d'ailleurs qui semble rationnelle, si l'on veut que cet exercice tende efficacement à aiguiser l'esprit, à fortifier le jugement, et devienne un moyen de formation de la langue maternelle. A ce point de vue, les ouvrages qui ne contiennent que des textes purs et simples sont inférieurs aux nôtres.

Aussi nos professeurs auront lieu de regretter le changement, sinon à cause de la valeur intrinsèque des livres, au moins parce que ce changement brisera l'unité que peut offrir toute collection complète de classiques.

La Grammaire de C. Augé, revue par M. Desrosiers, excellente d'ailleurs au point de vue de la méthode, n'a pas de partie du maître en rapport avec l'édition canadienne. La librairie Beauchemin nous a fait savoir que les parties du maître de l'édition française peuvent servir. Or, il y a quatre livres pour l'édition française et trois pour l'édition canadienne, et les numéros des deux éditions ne se correspondent pas. On ne trouvera certainement pas dans l'édition française les exercices spéciaux à l'édition canadienne. Celle-ci garde l'ancienne nomenclature grammaticale que nous n'enseignons plus, tandis que les parties du maîtres présentent la nouvelle nomenclature, plus simple, plus rationnelle, qui doit forcément prévaloir tôt ou tard ici comme en France, et que le Comité catholique a recommandée en donnant son approbation à plusieurs ouvrages canadiens qui l'exposent.

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Ce même ouvrage contient, dans le Cours préparatoire (ler Livre), des exemples d'écriture française, laquelle n'est pas enseignée au Canada. L'enfant aura donc devant les yeux des modèles opposés aux principes qui lui sont donnés par le maître, ou que présente la méthode d'écriture qu'on lui fait suivre, ce qui est anti-pédagogique. Il y a du reste, dans l'ensemble des ouvrages recommandés par la Commission, au moins quatre genres DIFFÉRENTS d'écriture, qui tous ont leur mérite, mais ne peuvent être employés simultanément sans de sérieux inconvénients:
l° Ecriture canadienne du Cours gradué d'écriture normale, de la librairie Beauchemin.
2° Ecriture canadienne dans la Méthode phonique de lecture et le 2e Livre de lecture courante des Frères des Ecoles Chrétiennes.
3° Ecriture française dans le ler Livre de Grammaire de C. Augé.
4° Ecriture canadienne dans le Dominion Speller (qui doit être donné aux élèves français de 3e année).

Question de détail, sans doute, mais qu'il ne faut pas négliger, surtout lorsqu'il s'agit de ne pas embrouiller l'esprit d'enfants de sept à dix ans.

L'esprit de suite et la simplicité sont d'une importance primordiale en pédagogie. C'est pourquoi, au sujet de cette question de l'écriture, nous avons choisi des modèles manuscrits très simples, différant aussi peu que possible des caractères moulés et se retrouvant dans tous les tableaux et livres à l'usage des élèves: tableaux de lecture, méthode de lecture, exercices de première année, méthode d'écriture, etc.

Si on voulait établir l'uniformité définitive, on aurait pu, ce semble, éviter la regrettable confusion que ne manquera pas de créer l'emploi de certains des manuels imposés, confusion que n'ont peut- être pas entrevue ceux qui avaient à faire le choix des manuels.

Il faut cependant rendre cette justice à la Commission de Montréal qu'elle a fait de très grands efforts pour donner aux éditeurs de la ville et aux Congrégations religieuses qu'elle emploie une part relative, mais équitable dans la distribution des livres. Mais ce souci, légitime jusqu'à un certain point, de satisfaire les uns et les autres nuit au

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bien général et est pratiquement impossible à concilier avec les vrais intérêts pédagogiques: ceux-ci demandent avant tout qu'il y ait unité de plan et d'exécution dans les ouvrages dont on se sert pour les différentes matières, et cette unité existe d'autant moins qu'on a recours à un plus grand nombre d'auteurs et d'éditeurs. L'uniformité, si elle était maintenue à Montréal, amènerait presque forcément la Commission, à cause des inconvénients que je viens de signaler, à faire faire, sur un plan unique et sous son contrôle immédiat, une série complète de livres classiques. Ce serait un mal, très certainement, à cause de la suppression de la concurrence, mais au point de vue pédagogiques l'enseignement en souffrirait moins que d'un choix non judicieux des livres, effectué avec le désir de ménager des intérêts particuliers. Aussi la liberté semble-t-elle être la seule solution qui puisse donner vraiment satisfaction à tout le monde.

L'UNIFORMITE N'EST PAS NECESSAIREMENT L'ECONOMIE.

L'uniformité n'est pas seulement d'une valeur au moins douteuse pour quiconque l'envisage au point de vue pédagogique, mais la manière dont on a décidé de l'appliquer va contre les fins qu'on se propose.

On veut, dit-on, faire éviter des dépenses aux familles, et l'on parle d'obliger les écoliers à acheter de nouveaux livres, alors que ceux dont ils se servent sont excellents et peuvent les conduire à la fin de leur cours. Ainsi tel élève qui vient d'entrer au Cours moyen ou au Cours supérieur et qui s'est procuré pour $ 4.00 ou $ 5.00 de livres devrait, dès septembre prochain, les mettre de côté pour en acheter une nouvelle collection tout aussi coûteuse. Depuis de nombreuses années, dans telle école, dans telle paroisse de Montréal, tels et tels livres étaient en usage et passaient de main en main dans la même famille, le petit frère prenant les livres de son grand frère, etc.; tous ces classiques ne pourront plus servir, et cela pour favoriser, d'une façon très problématique quelques familles qui ont l'habitude de changer de quartier et qui dé-

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pensent peut-être $150 par an en frais de déménagement. Les frais que ces gens encourraient pour l'achat de nouveaux classiques sont bien minimes si on les compare à ceux auxquels ils se condamnent par ailleurs.

On comprendrait qu'on introduise graduellement la série des nouveaux manuels, à mesure qu'on en a besoin dans les classes, en commençant par les élèves de première année. Mais il ne serait pas équitable pour les familles de faire mettre de côté des livres excellents pour les remplacer immédiatement par d'autres, dans le seul but de créer, d'un seul coup, l'uniformité. Le grand argument que font valoir les partisans de cette mesure, c'est l'économie qui en résultera pour les pauvres: ceux-ci pourront douter de la valeur de l'argument.

J'ai déjà fait remarquer qu'en choisissant des ouvrages de différents auteurs ou éditeurs pour la même matière on augmente sans nécessité les dépenses à faire par les élèves. Alors qu'un livre suffirait, on en indique quelquefois deux: ainsi les élèves qui ont notre Cours d'anglais n'ont pas besoin d'un Speller spécial.

La loi, du reste, autorise les Commissions scolaires à donner les livres gratuitement, non seulement aux nécessiteux, mais à tous les élèves de la municipalité: l'art. 2709a du Code scolaire donne à la Commissions de Montréal un bon moyen de laisser la liberté dans le choix des livres sans grever le budget de la classe indigente.

LE CODE SCOLAIRE ET LA COMMISSION.

Le Code scolaire (art. 2709, 4°) permet aux Commissaires de faire des contrats spéciaux avec les Communautés au sujet des livres de classe. Cet article semble applicable à la nouvelle loi établissant la Commission scolaire de Montréal. Cette loi dit qu'il est du devoir de la Commission centrale d'établir l'uniformité dans les écoles sous son contrôle, mais rien n'indique une restriction spéciale au sujet des Congrégations. C'est une question d'interprétation dont la solution est du ressort du Surintendant et du Comité catholique. Il paraît évident que

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la loi a voulu surtout l'uniformité par paroisse - et encore elle permet des exceptions en faveur des Congrégations -; mais vouloir appliquer cette uniformité à toutes les paroisses de Montréal, c'est-à-dire à une population catholique de cinq cent mille âmes, c'est aller très certainement vers l'établissement de l'uniformité pour toute la Province, et se placer en contradiction avec l'esprit qui a toujours guidé sur cette question le Comité catholique, comme le montre fort bien le récent ouvrage de M. de la Bruère.

J'espère, Monsieur le Surintendant, que le Comité catholique voudra bien engager la Commission scolaire de Montréal à maintenir le principe de la liberté pour les Congrégations religieuses de se servir des livres qu'elles ont composés pour leur usage, pourvu qu'ils aient reçu l'approbation officielle. En maintenant ce principe inscrit dans les Règlements de l'ancienne Commission de Montréal, la Commission actuelle ne fera que suivre, Monsieur le Surintendant, les suggestions de votre circulaire du 8 avril dernier qui rappelle très opportunément les droits que la loi confère aux autorités scolaires pour l'adoption des livres des Communautés enseignantes.

Il est naturel qu'on leur demande de prendre les ouvrages de la liste de la Commission lorsqu'elles n'en possèdent pas de semblables, mais il ne paraît pas convenable qu'on les force à mettre de côté leurs propres ouvrages, de même qu'il ne semble pas qu'on puisse raisonnablement exiger qu'un directeur ou un professeur mette de côté les livres dont il est l'auteur, et qui sont le fruit de son expérience pédagogique pour en introduire d'autres dans son école ou dans sa classe.

En outre, des Congrégations religieuses comme la nôtre font de l'enseignement leur oeuvre unique, et on doit bien leur reconnaître une certaine compétence en cette matière. C'est du reste leur intérêt de se servir des meilleurs instruments de travail, et aucun livre n'est approuvé par les supérieurs sans qu'il n'ait été étudié à fond et soumis à un comité choisi parmi les sujets les plus instruits et les plus expérimentés de la Congrégation. Les livres reçoivent de plus l'approbation du Comité catholique qui peut la leur retirer s'il juge qu'ils ne sont plus à jour.

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En interdisant dans ses écoles certains ouvrages recommandés par le Comité catholique, une Commission comme celle de Montréal qui contrôle le tiers des élèves de la Province, délivre très certainement à ces ouvrages une sorte de certificat d'infériorité et fait tort à leurs auteurs, surtout si elle croit devoir requérir leurs services.

CE QUE NOUS DEMANDONS.

Nous ne demandons pas que la Commission scolaire adopte pour ses écoles un seul de nos ouvrages, - pas même notre Cours d'anglais qu'elle a décidé de prendre -; nous demandons simplement qu'elle nous autorise à nous servir de nos propres ouvrages dans les écoles dirigées par nous. Au seul point de vue pécuniaire, il serait plus avantageux probablement pour nous de sacrifier la liberté de nous servir exclusivement de nos livres, à condition que notre Cours d'anglais, par exemple, fût mis entre les mains des cent mille élèves de Montréal, mais nous ne faisons point de cette question et nous ne voulons point en faire dans l'avenir une question d'argent. Elle est pour les Congrégations religieuses une question de principe, et notre vénérable Père Fondateur, l'abbé J. de la Mennais a toujours été opposé à l'uniformité; aussi, on ne peut s'étonner que ses fils ne soient pas en faveur de cette mesure.

REMETTRE A PLUS TARD L'APPLICATION GENERALE DE LA MESURE.

Il est une chose au moins qui pourrait être demandée à la Commission de Montréal, c'est qu'elle attendît le mois de septembre 1919 pour introduire 1'uniformité dans ses écoles. Ce retard permettrait au Département de l'Instruction publique, au Comité catholique, à la

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Commission elle-même, et à toutes les personnes intéressées dans cette question complexe, de l'étudier plus à fond, et on éviterait ainsi probablement bien des difficultés. Nous vivons à une époque si incertaine à tant de points de vue qu'il paraîtrait sage de renvoyer à plus tard la solution d'une question aussi délicate. Si l'on veut, du reste, que les professeurs se mettent au courant des nouveaux ouvrages, il faut bien leur laisser le temps de les étudier.

On peut aussi difficilement, semble-t-il, nous forcer à reprendre l'ancienne nomenclature grammaticale pour retourner à la nouvelle dans quelques années. Aussi, quand bien même nous accepterions l'uniformité en principe, nous ne pourrions abandonner Cours de langue française que lorsque la Grammaire de Claude Augé aurait été mise au point.

SOUHAIT FINAL.

J'ose, en terminant, exprimer de nouveau l'espoir que le Comité catholique, reconnaissant les efforts que les Congrégations religieuses ont tentés, dans ces dernières années, pour améliorer leurs livres classiques, voudra bien s'intéresser à l'importante question que j'ai eu l'honneur de vous soumettre et lui donner une solution prompte et satisfaisante pour toutes les parties intéressées.

Veuillez me pardonner la longueur de ce mémoire et agréer, Monsieur le Surintendant, l'expression de mes respectueux hommages,

F. Louis-Arsène, Provincial des Frères de l'Instruction Chrétienne.
Laprairie, ler le, juillet 1918.

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NOTE

pour MM. les Membres du Comité catholique.

Le mémoire confidentiel ci-joint n'a été imprimé qu'à un très petit nombre d'exemplaires et communiqué seulement aux membres du Comité catholique. Il avait été présenté à M. le Surintendant au moment de la session de mai du Comité catholique. Celui-ci n'ayant pu s'en occuper à cette époque, nous attendons la session de septembre, afin d'avoir l'avis du Département de l'instruction publique sur cette question de l'uniformité des livres à Montréal, et de le transmettre à notre Supérieur général et à son Conseil qui en ont besoin pour prendre eux-mêmes une décision sur la conduite que la Congrégation doit tenir vis-à-vis de la Commission de Montréal, dans le cas où elle exigerait l'application absolue de 1'uniformité.

C'est pourquoi, au commencement de ce mois, nos Directeurs d'écoles ont continué à employer ceux de nos livres qui sont approuvés par le Comité catholique, bien que beaucoup ne soient pas dans la liste de la Commission. Ils ont cependant fait un premier pas vers l'uniformité en introduisant dans les classes les livres recommandés par la Commission scolaire en dehors de ceux que nous éditons. Il n'y a pas eu, d'autre part, de contrat spécial d'engagement entre notre Congrégation et la Commission, et aucune spécification écrite, signée par les deux parties, ne parle de la question de l'abandon de nos livres.

J'espère que la Commission scolaire de Montréal ne trouvera pas mauvais que nous nous prévalions de notre droit d'appel au Surintendant pour le règlement d'une question douteuse, et qu'avant d'accepter la mesure qu'on désire nous imposer, nous attendions les instructions définitives de nos supérieurs majeurs.

Le Prov. des FF. de l'I. C.,
F. Louis-Arsène.
Laprairie, le 13 septembre 1918."

1918.04.08
[Circulaire du surintendant de l'instruction publique Cyrille-F. Delage aux commissaires et syndics. On peut en consulter un exemplaire aux archives nationales du Québec, fonds E13, dossier 650/1918].

"Des livres de classe.

Le paragraphe 4 de l'article 2709 du Code scolaire dit "qu'il est du devoir des commissaires d'exiger que, dans les écoles sous leur contrôle, on ne se serve que de livres autorisés qui doivent être les mêmes pour toutes les écoles de la municipalité; s'ils (les commissaires) requièrent les services d'une congrégation catholique enseignante, il est loisible aux commissaires ou syndics d'écoles de faire un contrat avec elle relativement aux livres dont on se servira dans les écoles confiées à cette congrégation, pourvu, toutefois, que ces livres fassent partie de la série approuvée par le comité catholique du conseil de l'instruction publique.»

L'article 249 des Règlements du comité catholique, dit «Les ouvrages recommandés pour l'usage des instituteurs ne doivent pas servir aux élèves comme livres de classe.»

Le droit de faire le choix des livres ayant rapport à la religion et à la morale pour l'usage des élèves de sa croyance est réservée [sic] au curé ou prêtre desservant de l'église catholique romaine. (Voir le paragraphe 4 de l'article 2709).

Non seulement la loi fait un devoir aux commissaires de n'introduire dans leurs écoles que des livres autorisés, mais l'article 14 des Règlements du Comité catholique ordonne la même chose.

Des articles ci-dessus indiqués, il ressort:

1- Que, dans les écoles sous le contrôle des commissaires, on ne doit se servir que des livres autorisés par le Comité catholique;

2- Que ces livres doivent être les mêmes pour toutes les écoles de la municipalité: cependant, il est loisible aux commissaires de s'entendre avec les congrégations qui dirigent des écoles sous contrôle, relativement aux livres dont on se servira dans ces écoles, pourvu, toutefois, que ces livres fassent partie de la série des livres approuvés par le Comité catholique;

3- Que le choix des livres ayant rapport à la religion et à la morale appartient au curé ou au prêtre desservant la paroisse ou la mission.

Ces articles de la loi et des règlement scolaires sont très sages, et je vous invite, avec instance, à vous y conformer dans toutes les écoles sous votre contrôle. Notre loi d'instruction publique accorde à la municipalité scolaire une autonomie presque complète. En coordonnant les efforts individuels qui se manifestent par l'organe de la commission scolaire, elle fournit, en pratique, aux contribuables les moyens d'organiser et de diriger eux-mêmes leurs propres écoles. Mais comme il faut de l'unité au point de vue des programmes d'études destinés à une même province, la loi, par les comités du Conseil de l'Instruction publique, fixe un minimum de connaissances qui devront être enseignées dans nos écoles. Et pour favoriser cet enseignement, les comités du Conseil (le Comité catholique dans le cas qui nous occupe), approuvent et recommandent un certain nombre de manuels parmi ceux qui leur sont soumis.

Inutile d'insister sur l'importance qu'il y a pour les commissaires d'écoles d'observer consciencieusement la loi et les règlements concernant l'emploi des livres de classe. Notre loi d'instruction publique tire toute sa force du respect dont on l'entoure."

1918.06.04
xxx. "Réforme de notre système d'éducation - Un comité de citoyens s'occupe d'élaborer un programme tendant à améliorer notre système d'enseignement - Un rapport", La patrie, 6 avril 1918, p. 9.

"Un comité canadien-français, ayant pour mission d'apporter certaines réformes à l'enseignement primaire dans la province de Québec, s'est réuni, hier soir, à l'Ecole Technique de Montréal pour adopter un rapport ayant trait à cet enseignement et préparé par certains spécialistes en matière d'instruction primaire.

A cette réunion, on remarquait les personnalités suivantes: l'hon. Sénateur Béique, M. Jules Desmarais, secrétaire de l'hon. Sénateur L. O. David, l'hon. Sénateur Dandurand, l'hon. J. R. Décarie, l'hon. Georges Simard, MM. Gaspard DeSerres, président de l'Ecole Technique, L. J. Tarte, Athanase David, M.P.P., Aimé Geoffrion, C.R., le Dr Lessard, le Dr de Lotbinière Harwood, Victor Morin, Fernand Rinfret, Ludger Gravel, A. V. Désaulniers, Labarre, Macheras, Directeur de l'Ecole Technique, Leblond de Brumath, Léon Lorrain, A.McNicoll, le Dr Dubé.

Avant de donner le rapport lu à cette réunion, nous nous permettrons de prier respectueusement le conseil de l'Instruction Publique de vouloir bien exercer son influence auprès des écoles indépendantes pour qu'elles appliquent le programme officiel des écoles primaires.

Voici donc le rapport qui a été soumis à la réunion d'hier soir.

Nous publions ci-dessous, pour l'information de nos lecteurs, le texte d'un rapport que vient de préparer un comité dont les membres jouissent d'une très grande autorité dans les milieux scolaires. Ce rapport se passe de commentaires: nous le publions tel qu'il nous a été communiqué.

Montréal, le 22 mars 1918.
Une réunion nombreuse de Canadiens-français, qui sont à Montréal à la tête de l'industrie, du commerce et des professions libérales, ou qui font partie de la Chambre de Commerce, du Board of Trade et de la société Saint-Jean-Baptiste, s'est tenue au commencement de janvier dans un but patriotique et utilitaire, celui de chercher à donner plus d'efficacité pratique à nos écoles primaires, et de prier respectueusement le Gouvernement et le Conseil de l'Instruction publique d'étudier les moyens d'atteindre de but.

Les personnes qui composaient cette réunion, bien convaincues qu'elles sont appuyées par leurs compatriotes, qui tous veulent voir notre peuple avancer par l'instruction dans la voie du progrès, ont nommé un comité d'études, et ce comité a l'honneur de soumettre le rapport suivant:

La principale amélioration consisterait, croyons-nous, à réformer le programme des matières, qui est surchargé et qui pourrait être mieux réparti.

Nous nous permettons les suggestions suivantes:

1- Supprimer les livres pour l'enseignement de l'histoire Sainte et les remplacer par une série de tableaux qui, expliqués par le maître, parleraient mieux à l'intelligence des enfants;

2- Supprimer l'histoire Sainte dans les classes de 5ème et 6ème année.

3- Supprimer l'histoire du Canada dans les deux premières années, et dans la 7ème et 8ème année, quatre années de cette histoire devant être amplement suffisantes;

4- Supprimer l'histoire ancienne dans la 8ème année.

5- Supprimer la lecture latine dans la 4ème, 5ème, 7ème et 8ème année. Il nous semble superflu d'enseigner pendant cinq ans à lire en latin.

6- Supprimer l'organisation administrative, politique, judiciaire, Québec et Canada, qui, d'après le programme, doit s'enseigner dans toutes les classes à partir de la 3ème année.

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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