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Sources imprimées

* * *

1906

xxx. Mémoire de l'association des inspecteurs d'écoles catholiques présenté au Conseil exécutif, à la Législature, et au Comité catholique du Conseil de l'instruction publique. S.l., s.n., 1906. 7 p. ISBN 0-665-83337-7.

"UNIFORMITÉ DES LIVRES

Considérant qu'il arrive très souvent que le changement de titulaire dans une école amène le changement de livres;

Considérant que ce procédé est un fardeau pour les familles pauvres qui envoient plusieurs enfants à l'école;

Nous prions l'hon. Surintendant de prendre les mesures nécessaires pour rendre locale l'uniformité des livres en faisant observer l'article 215, paragraphe 4e, [p. 3] des lois scolaires. Nous sommes d'avis que l'uniformité des livres doit se comprendre pour chaque municipalité seulement, et que la présente loi, à cet effet, est suffisante et qu'il n'y a pas lieu de la changer." (p. 3-4)

1906
Boucher de la Bruère, Pierre. Rapport du surintendant de l'instruction publique de la province de Québec pour l'année 1904-1905. Québec, Charles Pageau, 1906. xxx, 464 p.

Rapport de l'inspecteur D. Bégin (Rimouski).
"Ce qui est bien regrettable aussi, c'est le manque de livres de lecture appropriés à l'âge et au degré d'avancement des élèves. Dans la grande majorité de mes écoles, on n'y voit que l'A.B.C. ou Mon premier livre et le «Devoir du Chrétien». On donne ce dernier livre à de petits enfants qui n'en comprennent pas un mot. Il faudrait une série de livres mieux gradués et plus conformes au développement des élèves." (p. 6).

Rapport de l'inspecteur L.-A. Guay (Lévis).
"Tous les livres en usage sont approuvés, ou à peu près." (p. 64).

Rapport de l'inspecteur R. J. Hewton (Richmond).
"La distribution des dictionnaires et des autres livres de lecture a augmenté l'émulation des élèves et produit des effets proportionnés." (p. 72).

1906
Cazes, Paul de. Règlements refondus du comité catholique du conseil de l'instruction publique de la province de Québec - Sanctionnés le 25 mai 1906. Québec, s.n., 1906. 184 p. ISBN 0-665-82640-0.

"Dispositions générales.

[...]

14.- Les commissaires ou les syndics d'écoles ne feront usage, pour toutes les écoles de leurs municipalités, que de la même série des livres classiques autorisés. Ils en feront une liste qui sera déposée dans chacune des écoles sous leur contrôle. (p. 14).

[...]

Chapitre III

Section I Organisation pédagogique des écoles.

[...]

X. Le manuel. - «Le meilleur livre élémentaire, écrivait Lhomond dans la préface de sa grammaire, c'est la voix du maître. Rien ne peut tenir lieu de ce secours. Prétendre qu'un livre muet puisse le remplacer c'est pure charlatanerie.» Ces paroles sont très sages. Personne aujourd'hui n'est tenté d'y contredire.

Toutefois, il n'en reste pas moins indéniable que l'emploi du manuel est nécessaire. Un enseignement purement oral fatiguerait le maître et les élèves. Avec ce système il y aurait, en outre, le danger de ne laisser dans la mémoire des enfants que des impressions fugitives, et celui de condamner trop souvent à un funeste désoeuvrement toute une portion de la classe.

Ce qu'il faut éviter, c'est l'usage trop exclusif du manuel. Le maître doit se servir du manuel, il ne doit jamais en abuser et négliger la leçon orale.

Pour que l'étude d'un texte puisse être de quelque ressource pratique aux élèves, il faut que cette étude soit précédée, ou tout au moins accompagnée, d'une explication sérieuse donnée par l'instituteur. A défaut de cette explication, les [25] élèves sont jetés sans préparation dans l'inconnu; et tous leurs efforts restent stériles, ou à peu près. La mémoire peut bien se charger de mots, mais l'intelligence est vide d'idées précises et justes. Ils sont fatalement livrés à l'ennui d'abord, à un invincible dégoût ensuite. Le livre finit par leur inspirer une horreur instinctive, dont ils auront plus tard mille peines à se défendre.

En résumé, le manuel n'est qu'un auxiliaire.

Et son utilité varie selon les spécialités. Voici, relativement à son mode d'emploi, quelques principes empruntés aux meilleurs traités de pédagogie. Dans la lecture, évidemment, le manuel est appelé à jouer un grand rôle - de plus en plus prépondérant au fur et à mesure du progrès des élèves. En catéchisme et dans les récitations de mémoire, le texte doit s'apprendre à la lettre et le livre est la condition même du travail. En histoire, le manuel n'est qu'un aide-mémoire, un moyen de recherche et de contrôle. En mathématiques et en grammaire, le tableau noir et la leçon orale sont presque tout. En géographie et dans les leçons de sciences, le livre ne peut venir utilement qu'après l'étude de la carte ou l'observation des phénomènes, et son importance est bien secondaire.

Mais encore une fois, et c'est le point à retenir, toute étude dans un manuel, pour être profitable, suppose et exige des explications suffisantes et de nombreuses interrogations de contrôle.

Le livre ne devient l'ami de l'enfant, que quand celui-ci le comprend bien, quand il lui sert d'auxiliaire pour retrouver les choses dont le maître lui a parlé. Il l'ouvre alors avec plaisir, et se plaît à chercher et à apprendre la leçon qui lui a été expliquée.

Mai il importe que les élèves, après avoir étudié le texte, ne soient pas forcés de le réciter mot à mot. Sans doute, le maître sera nécessairement amené à exiger le texte exact, littéral, quand il s'agira d'une définition qui ne comporte pas d'à peu près, d'une formule qui doit rester gravée dans la mémoire, des résumés de l'histoire, des prières, des leçons de catéchisme et des morceaux qui servent d'exercices de diction. Pour le reste, il acceptera volontiers tout ce qui reproduira la pensée du manuel, sous quelque forme que l'enfant l'exprime. Il encouragera même les écoliers à dire les choses à leur façon, se contentant de redresser avec douceur les incorrections de langage et les termes impropres." (p. 25-26).

[...]

Chapitre V]

Règlements concernant les instituteurs

[...]

172. Il est du devoir de chaque instituteur:

[...]

8° De ne permettre que l'usage des livres autorisés; (p. 136).

[...]

Approbation des livres de classe.

232. - Toute personne qui désire soumettre un ouvrage à l'approbation du comité catholique du conseil de l'instruction publique doit, un mois au moins avant les sessions du comité, en envoyer six exemplaires au surintendant en lui donnant en même temps le prix de chaque exemplaire et celui de la douzaine; il devra aussi envoyer un exemplaire de cet ouvrage à chacun des membres du comité catholique.

233. - Lorsque l'examen d'un ouvrage soumis à l'approbation du comité est renvoyé à quelque personne dont il a fallu s'assurer le concours à raison de ses connaissances spéciales, le surintendant doit exiger de la personne qui demande l'approbation une somme suffisante pour la rémunérer.

234. - L'éditeur de tout livre autorisé doit en déposer un exemplaire de chaque édition au département de l'instruction publique et obtenir du surintendant un certificat attestant qu'il est approuvé; et chaque fois qu'il en publiera une nouvelle édition, il devra obtenir du surintendant un nouveau certificat attestant que telle édition est approuvée.

235. - Le comité peut, quand il le juge convenable, retirer son approbation à un ouvrage qu'il aura autorisé.

236. - Tout ouvrage approuvé doit porter le nom de l'éditeur et le prix de chaque exemplaire sur la couverture ou sur la page de titre; il ne peut y être inséré aucune annonce sans le consentement du surintendant de l'instruction publique.

237. - Il faut l'approbation du comité catholique pour pouvoir modifier le texte, la typographie, la reliure, le papier, etc., d'un livre approuvé.

238. - Les ouvrages recommandés pour l'usage des instituteurs ne doivent pas servir aux élèves comme livres de classe." (p. 167).

1906
Leblond de Brumath, Adrien. Le livre d'or de l'académie commerciale catholique de Montréal contenant de nombreux renseignements sur l'organisation de l'enseignement primaire laïque à Montréal. S.l., s.n., 1906. 224 p. ISBN 0-665-74973-2.

"Liste des livres et fournitures de classe en rapport avec le programme des études approuvé par le Bureau des Commissaires catholiques de Montréal:

LIVRES FRANÇAIS
1. Le catéchisme des provinces ecclésiastiques de Québec, Montréal et Ottawa ............................ $0.06
2. Le premier livre de lecture, par Magnan [sic; lire Montpetit] ............................ $0.10
3. Montpetit, 2e livre ............................ $0.18
4. do 3e livre ............................ $0.23
5. do 4e livre ............................ $0.36
6. do 5e livre ............................ $0.45
[p. 124]
7. Nouveau traité des devoirs du chrétien envers Dieu ............................ $0.20
8. Fables de La Fontaine ............................ $0.20
9. Offices de la sainte Vierge (lecture latine) ............................ $0.23
10. Premier livre de grammaire, par Claude Augé ............................ $0.15
11. deuxième do do do ............................ $0.25
12. troisième do do do ............................ $0.45
13. Histoire sainte, par Rossignon ............................ $0.15
14. Grandes lignes de l'histoire du Canada ............................ $0.23
15. Abrégé de l'histoire de France, par Rossignon ............................ $0.18
16. do d'Angleterre, par Drioux.......................... $0.30
17. Nouvelle géographie intermédiaire, par les Frères des Écoles ............................ $0.40
18. Dictionnaire Guérin ............................ $1.00
19. do Larousse, ill., avec 4,000 articles concernant le Canada...... $0.90
20. Dictionnaire Hocquart ............................ $0.30
21. Sténographie de Duployé ............................ $0.05
LIVRES ANGLAIS
22. The Catechism of the Ecclesiastical Provinces of Quebec, Montreal and Ottawa ............. $0.06
23. Butler' Catechism for the Province of Quebec ............ $0.05
24. Dominion 1st Reader, 1st part ............................ $0.07
25. do do 2nd part............................ $0.09
26. do 2nd Reader ............................ $0.23
27. do 3rd do............................ $0.35
28. do 4th do............................ $0.50
29. Lennie's English Grammar improved ............................ $0.28
30. Nouveau cours de langue anglaise, selon la méthode d'Ollendorf ............................ $0.28
31. Dictionnaire anglais français et français-anglais. ............................ $0.60
32. Collin's pocket dictionary ............................ $0.15
33. Elementary Arithmetic, by Kirkland & Scott, édition française ............................ $0.25
34. Elementary Arithmetic, by Kirkland & Scott, édition française ............................ $0.30
[p. 125]
35. Commercial Arithmetic, by the Christian Brothers ............................ $0.60
36. A new catechism of sacred history, by Mrs. Sadlier ............................ $0.15
37. Outlines of Canadian history ............................ $0.23
38. History of the United States, by Mrs. Sadlier ............................ $0.33
39. New intermediate Geography, by the Christian Brothers ............................ $0.40
40. Williams & Rodgers First lessons in Book-keeping ............................ $1.00
41. do New complete do ............................ $0.23
42. Bridge's Algebra ............................ $0.40
43. Pernin's Phonographic ............................ $0.50
FOURNITURES DE CLASSE
44. Ardoise No 3, 6 x 9 ............................ $0.65
45. do No 5, 7 ½ x 11 ............................ $0.08
46. do No 6, 9 x 12 ............................ $0.65
47. Cahiers d'écriture Payson, Dunton et Scribner, grande série ............................ $0.10
48. Cahiers d'écriture Payson, Dunton et Scribner, petite série ............................ $0.07
49. Cahiers de devoirs jouraliers, de 0.03 à ............................ $0.10
50.. Flanelle verte ............................ $0.35
51. Patent cover and blotter for copy-books, large or small ............................ $0.02
52. Trois blancs pour la tenue des livres, à 0.15 chaque [sic] ............................ $0.45
53. Blancs pour la tenue des livres, la série de 4 cahiers ............................ $0.36
54. Cahiers de notes ............................ $0.05
55. Papier à devoirs, la main ............................ $0.20
56. Plumes et porte-lume, de 0.01 à ............................ $0.05
54. Crayons de mine et d'ardoise, de 0.01 à ............................ $0.05"
[p. 126]
1906.02
xxx. "Bibliographie", L'enseignement primaire, 27, 6(février 1906):376.

"Traité élémentaire de zoologie et d'hygiène par l'abbé V.-A. Huard. Volume in-8 de 260 pages, illustré de 202 gravures dans le texte. C'est le premier ouvrage de ce genre dans la province de Québec; c'est aussi le seul traité d'histoire naturelle qui ait été fait spécialement au point de vue de notre province.

Ce livre arrive à son heure: chacun sait que le nouveau programme d'études exige l'enseignement oral des sciences naturelles, comprenant spécialement, entr'autres notions, le règne animal et l'hygiène. On voit de suite quels services le traité de Zoologie et d'Hygiène de M. l'abbé Huard rendra aux candidats qui se préparent à subir l'examen devant le Bureau central. Le directeur du Naturaliste canadien fait autorité dans le domaine des sciences naturelles: son dernier ouvrage se recommande donc particulièrement à l'attention du personnel enseignant."

1906.02
xxx. "La grammaire Larive & Fleury", L'enseignement primaire, 27, 6(février 1906):331-332.

"Elle sera dorénavant d'accord avec les moeurs françaises nouvelles. Ainsi, à la page 3, on lisait autrefois: «Dieu, enfant, animal». On lit aujourd'hui: «Vin, enfant, animal». - Page 6, «Adam» et «Eve» ont cédé la place à «Robert» et à «Jules.» - Page 10, les homonymes «autel» et «hôtel» sont remplacés par «peau» et «pot». - Page 17, la "cloche de l'église" devient la «cloche de l'école»; les «marches de l'autel» deviennent les «marches de l'escalier»; le «curé du village» se transforme en «fête du village». - Page 21, les mots «église» et «Dieu» sont changés en simples prénoms, «Robert, Paul.» - Pages 27, 30, 37, l'«église» n'est plus qu'une «maison»; et la «religion», une «construction.»

Page 39, il y avait: «Le péché cherche à nous séduire.» Le péché, c'est une expression terriblement chrétienne et qui fait songer à la loi divine, à la confession, à l'expiation! Or, les libres-penseurs ne pèchent pas. Ils ont l'habitude de déclarer que leur conscience ne leur reproche rien. Donc, au lieu du péché, le «mal.» C'est la même chose assurément; mais par cette substitution, on fait coup double. On écarte l'idée religieuse et on satisfait les gens qui condamnent la religion comme un mal.

Le«Dieu miséricordieux envers les pécheurs» (page 42) est remplacé par le «blé, utile à l'homme»; et (page 43), la «Providence» disparaît devant «l'industrie». [331]

La page 45 contenait ces inquiétantes et, en somme, inconvenantes formules: «Une douceur d'ange. - Donnez-nous notre pain quotidien. - La colère de Dieu». Les grammairiens se sont ingéniés pour en effacer tout souvenir; et ils ont écrit:«Un garde des forêts. - Le père gagne le pain de chaque jour . - L'amitié d'un frère.» Ainsi, la transformation est complète. Personne, évidemment, ne supposera que la règle grammaticale indiquée par les mots «Un garde des forêts» avait pour exemple primitif: «Une douceur d'ange.» Mais personne non plus ne comprendra la manière dont les idées se suivent dans l'esprit des grammairiens laïcisateurs et gratteurs. C'est un mystère.

A la page 52, «mon âme» devient «mon arme»; et (page 53), «le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis» devient «le père» qui «a sacrifié sa vie pour ses enfants.» Et (page 66), le «Dieu qui a créé le monde,» devant quelle autorité doit-il abdiquer? Il cède la place au «soleil, qui éclaire la terre.» Le soleil serait considéré comme suffisamment laïcisé, quoique jadis il ait fait l'objet d'un culte.

«Les grammairiens, dit M. Eugène Tavernier, dans l'Univers, ne font que suivre le mouvement par lequel est emportée la pédagogie incrédule.

«La Revue (française) de L'Enseignement primaire, engage les instituteurs à se débarrasser de l'obsession de l'enseignement moral» (livraison du 1er octobre). C'est un grave symptôme nouveau qui montre l'accélération du désordre mental auquel sont en proie les hommes qui, précisément, se sont chargés de rétablir la mentalité.

«Nous n'aurions qu'à citer la dite Revue pédagogique pour montrer que tout s'écroule.» - La croix."

1906.04
xxx. "Bibliographie", L'enseignement primaire, 27, 8(avril 1906):505-507.

"Abrégé chronologique de l'histoire du Canada. Par les Frères maristes, Iberville, P.Q. A notre sens, c'est le plus intéressant abrégé d'histoire du Canada qui ait été publié jusqu'à ce jour. Il est destiné aux écoles intermédiaires, supérieures et commerciales et rédigé conformément au nouveau programme. Orné de portraits et de cartes historiques, l'Abrégé chronologique est d'une lecture agréable et facile: la géographie accompagne l'histoire. Les leçons supplémentaires placées à la suite des chapitres ajoutent un intérêt tout particulier à l'ouvrage. Dans ces leçons supplémentaires, l'auteur, avec un tact et un talent remarquables, fait revivre les choses canadiennes de jadis. La couverture du manuel même offre l'objet d'une jolie leçon: la Croix, l'Epée et la Charrue.

Nous offrons nos hommages les plus sincères à l'auteur de l'Abrégé chronologique, et nous souhaitons que ce petit manuel se répande promptement dans toutes nos écoles, où il contribuera à faire connaître et aimer l'histoire du Canada. L'Abrégé chronologique contient tout ce qu'un petit Canadien doit au moins savoir en fait d'histoire nationale au sortir de l'école primaire. Ce manuel peut aussi rendre service aux personnes qui se préparent à subir un examen.

[...]

Pour répondre à une question maintes fois posée, nous croyons de notre devoir de recommander les livres de lecture suivants:

Cours de français de lectures graduées, par l'abbé J.-Roch Magnan: Degré inférieur, Degré moyen, Degré supérieur. Ouvrages approuvés par le conseil de l'Instruction publique et édités par la Librairie Beauchemin, 258, rue Saint-Paul, Montréal. Ces trois livres de lecture sont admirablement bien faits: rédigés et illustrés avec un rare bon goût; préparés d'après une excellente méthode, imprégnés de sentiments religieux, les cours de lecture de l'abbé Roch Magnan conviennent en tout point aux écoles catholiques. Les livres de l'abbé Roch Magnan sont déjà en vogue dans nombre d'écoles. En vente à la librairie J.-P. Garneau, 6 rue de la Fabrique, Québec.

Nouveau traité des devoirs du chrétien. - Nouvelle édition illustrée de 72 gravures. Editée par le Librairie Beauchemin, 258, rue Saint-Paul, Montréal. Voilà un livre très ancien et toujours nouveau. Comme livre de lecture dans les classes supérieures on ne surpassera jamais le Devoir du Chrétien. Aujourd'hui surtout que Notre Saint-Père le Pape ordonne à tous ceux qui ont charge d'âmes d'enseigner d'une manière substantielle et soignée la doctrine chrétienne, le Nouveau Traité des Devoirs du Chrétien mérite d'être remis en honneur dans les classes supérieures. Ce livre renferme tout ce qu'un homme bien élevé doit savoir de la doctrine chrétienne. [506]

Méthode pratique de lecture - Ecriture par T. Rochon, Inspecteur des écoles bilingues de l'Est d'Ontario. Cet ouvrage est approuvé par le ministère de l'éducation d'Ontario: il comprend trois parties imprimée séparément. La méthode Rochon, publiée surtout pour les écoles catholiques d'Ontario, nous paraît très pratique: elle fait honneur à son auteur et à la pédagogie canadienne. Les trois livres de lecture de M. Rochon sont bien imprimés et illustrés avec soin, Librairie Beauchemin éditeur."

1906.05.18
Réticius (frère). A l'honorable Lomer Gouin Premier Ministre de la Province de Québec. Montréal, s.n., 1906, 10 p.

[Texte dactylographié et polycopié - vraisemblablement à la gélatine - et signé à la main; quoique adressé au premier ministre, un certain nombre de copies ont circulé, vraisemblablement grâce à la diligence du signataire: non seulement en trouve-t-on un exemplaire aux archives de l'archevêché de Québec (AAQ, 26, CP, Dioc. de Montréal, vol. 14:32) mais le journaliste Héroux l'a certainement eu en main car il y puise ses informations pour rédiger son papier "53 sur 7761" (L’Action sociale, 14 mai 1908, p. 4). L’auteur, ancien supérieur des Frères des écoles chrétiennes au Canada, s’en prend à l’uniformité des livres que la commission scolaire de Montréal tente d’implanter sur son territoire.]

"À l'Honorable Lomer Gouin,
Premier Ministre de la Province de Québec.

Monsieur le Premier Ministre,

Depuis plus d'un quart de siècle, je suis avec un vif intérêt le mouvement scolaire dans la province de Québec. Pendant ce laps de temps, plusieurs mesures ont été prises dans le domaine de l'éducation, les unes très salutaires au bien de la jeunesse; d'autres, moins heureuses. Parmi ces dernières, je dois en mentionner une toute récente et dont l'adoption n'est point encore définitive: je veux parler de l'uniformité des livres dans la ville de Montréal.

Veuillez me permettre, Monsieur le Premier Ministre, de soumettre très respectueusement à votre bienveillance quelques réflexions sur cette très grave question, qui ne me paraît pas suffisamment étudiée et dont l'adoption peut entraîner de douloureuses conséquences, soit pour l'humble congrégation dont j'ai l'honneur d'être membre, soit pour la Province entière.

L'extrême bonté avec laquelle vous avez daigné, tout récemment, honorer de votre visite notre Pensionnat de Montréal, les paroles encourageantes que, à cette occasion, vous avez adressées à nos maîtres et à nos enfants, les principes si catholiques que vous y avez rappelés, tout, Monsieur le Premier Ministre, me fait espérer que vous accorderez à ma note un accueil favorable, et que vous suspenpendrez [sic] ou ferez suspendre l'exécution de la mesure projetée.

[p. 1]

Cette mesure - l'uniformité des livres -: 1. semble blesser la justice; 2. promet d'être une source de troubles perpétuels; 3. sera ruineuse pour l'instruction; 4. ne se justifie par aucun motif sérieux; 5. devient inquiétante par ses tendances.

I.

L'UNIFORMITÉ DES LIVRES SEMBLE BLESSER LA JUSTICE.

La propriété littéraire est aussi sacrée que la propriété foncière. Au prix d'immenses labeurs et d'énormes sacrifices, notre congrégation a composé et édité une double série d'ouvrages classiques qui sont suivis dans toutes nos écoles. D'autres congrégations, animées d'une louable émulation, sont entrées dans cette voie et ont préparé, elles aussi, des ouvrages pour maîtres et élèves. Si l'uniformité des livres était imposée à ces congrégations, par le fait même on les dépouillerait de la propriété littéraire de leurs ouvrages. On leur laisserait le titre de propriétaires que la loi consacre et dont personne ne peut les dépouiller sans indemnité convenable; mais, pratiquement, on leur en rendrait l'exercice impossible. Qu'il s'agisse, soit d'une congrégation, soit d'un simple particulier, l'injustice n'est ni moins évidente ni moins criante. C'est dire à un ouvrier: «Je vous laisse la propriété de vos instruments, mais je vous défends de vous en servir; vous en prendrez d'autres, à mon choix.»

II.

L'UNIFORMITÉ DES LIVRES SERA UNE SOURCE DE TROUBLES PERPÉTUELS.

D'abord avec les auteurs et les éditeurs. Les premiers, comme nous venons de le dire, seront lésés dans leurs droits de propriétaires; les seconds, dans leurs intérêts financiers. Qu'on se rappelle le "tolle" général des libraires de la Province, en 1879, contre le Dépôt de livres établi à Québec. Ils n'ont posé les armes qu'après avoir vu dormir d'un profond sommeil dans les cartons du ministère, la loi malencontreuse qui l'avait établi. Si nous sommes bien informé, une levée de boucliers s'apprête déjà contre la mesure projetée; lorsqu'ils verront l'uniformité des livres joindre la loi qui l'a enfantée.

Que gagnera l'instruction à ces discussions passionnées, à ces troubles que ravivra [sic] le moindre incident?

Puis ensuite avec les diverses congrégations. Comme le simple particulier - auteur ou éditeur - elles seraient lésées dans leur droit de propriétaire. Doivent-elles, peuvent-elles [2] renoncer à ce droit en adoptant une mesure si aléatoire et si subversive de leur économie domestique? Ces congrégations que l'on n'a pas même consultées, possèdent outre leurs livres classiques, des méthodes, - chez nous, oeuvre d'un saint et d'un génie pédagogique, fruit d'une expérience deux fois séculaire, - auxquelles ces livres sont adaptés. Patrimoine sacré, ces méthodes, nous pouvons les perfectionner, les enrichir; les aliéner, jamais ! Vouloir imposer l'uniformité des livres à ces congrégations, c'est donc provoquer gratuitement avec elles un conflit dont il est difficile de prévoir les conséquences. Je dis gratuitement, car je ne pense pas que nos écoles soient inférieures aux écoles similaires dirigées par d'autres maîtres. Du reste les rapports annuels de M M. les Inspecteurs, Monsieur le Premier Ministre, sont entre vos mains, et les portes de nos classes sont toujours ouvertes à M M. les Commissaires qui voudront bien nous honorer de leur visite.

La raison qu'on allègue pour cette innovation est d'un autre ordre que la tenue de l'école; nous l'aborderons tout à l'heure.

III.

L'UNIFORMITÉ DES LIVRES SERA UNE MESURE RUINEUSE POUR L'INSTRUCTION.

Loin de promouvoir l'instruction dans les écoles de Montréal, l'uniformité des livres en ralentira la marche et l'enlisera, à bref délai, dans une déplorable routine. Malgré son étendue géographique, la province de Québec est petite au point de vue de la diffusion des livres. Les ouvrages qui s'y éditent n'en franchissent guère les frontières; ils ne pénètrent pas dans les écoles dissidentes; leur circulation est nécessairement fort restreinte. En de telles conditions, on trouve difficilement un auteur et un éditeur qui veuillent consacrer l'un son temps, l'autre son argent, à composer ou à éditer des ouvrages classiques. Ce volume, se demande l'auteur, ce volume qui va me coûter un an, deux ans d'un travail assidu et laborieux, pourrai-je le faire imprimer? Ce volume, se demande l'éditeur, ce volume pour lequel je vais aliéner un certain capital, pourrai-je l'écouler à un prix rémunérateur? Écrit selon les exigences d'une sage méthode, imprimé avec élégance, ce volume, se demandent-ils l'un et l'autre, recevra-t-il l'estampille officielle qui, seule, lui ouvre la porte des écoles? Redoutables problèmes qui paralysent aujourd'hui la composition des ouvrages et sapent par sa base toute émulation. Qu'en serait-il donc si, un jour, un seul auteur, un seul éditeur pouvaient franchir le seuil des écoles? Ce serait la mort au point de vue de la production. Dans un pays [3] comme le Canada, le moindre danger scolaire est assurément la surproduction des ouvrages classiques.

Depuis un certain nombre d'années, quelques auteurs s'y sont exercés, et, malgré une valeur relative, leurs ouvrages n'auraient eu qu'un faible écoulement sans le patronage du Gouvernement, qui les a adoptés et recommandés en toutes circonstances.

Une des gloires les plus pures de votre gouvernement, Monsieur le Premier Ministre, sera d'avoir proclamé hautement les droits sacrés de la famille et de l'Église dans le domaine de l'éducation, et, j'ose l'espérer, de stimuler, par tous les moyens possibles, le zèle des auteurs qui soient à la hauteur des progrès de la plus saine pédagogie.

IV.

L'UNIFORMITÉ DES LIVRES EST UNE MESURE
QUE NE JUSTIFIE AUCUNE RAISON SÉRIEUSE
.

Quelles sont les raisons alléguées pour justifier la mesure proposée? Jusqu'ici, nous avons pu en recueillir trois:

L'opinion publique,
L'intérêt des parents pauvres,
La loi existante.

1. Cette mesure, dit-on, est réclamée par l'opinion publique. Mais, Monsieur le Premier Ministre, qu'est-ce que l'opinion publique? Quelles sont les connaissances de l'opinion publique en matières pédagogiques? Quel est son organe officiel L'opinion publique, c'est, en Canada comme partout ailleurs, un homme qui tient à poser devant la foule, un homme étranger à l'enseignement, qui prend ses propres élucubrations pour le voeu de l'humanité.

Chose frappante, le mouvement que nous cherchons à enrayer ne vient nullement des gens du métier, des professionnels, les seuls compétents dans la question scolaire; il semble relever moins de l'éducation que de la politique.

2. Cette mesure, dit-on encore, est prise dans l'intérêt de l'ouvrier pauvre. Si cet ouvrier change de zone scolaire, il est obligé à une double dépense pour ses enfants: achat de livres dans l'école que ses enfants quittent, achat de livres dans l'école où ils se présentent. L'uniformité des livres dans toutes les écoles de garçons et de filles simplifierait la question et réduirait la dépense.

[p. 4]

Cette sollicitude pour l'ouvrier pauvre est digne de tout éloge; mais, en l'espèce qui nous occupe, c'est-à-dire pour Montréal, est-elle fondée? Nous ne le pensons pas, il nous est facile de le démontrer. Voici, Monsieur le Premier Ministre, soixante-neuf ans que nos Frères se dévouent à l'instruction des fils des ouvriers de Montréal. Présentement, nous en avons plus de 600 qui se consacrent à cette oeuvre sublime dans la Province de Québec et dans deux villes de l'Ontario. Jusqu'à la création des Écoles normales, c'est dans nos écoles de Montréal que, selon la recommandation de l'Honorable Surintendant, les maîtres laïques venaient s'initier au gouvernement de l'école. «Cet excellent ordre religieux, dit M. le Dr Meilleur, dont le noviciat est une véritable école normale, a contribué à former bon nombre d'instituteurs laïques.»

Instituteurs du peuple par vocation, chaque jour en contact avec le peuple, nous en connaissons les besoins intimes. C'est afin d'y pourvoir aux conditions pour lui les moins onéreuses que, depuis un demi-siècle, nous avons fait imprimer à grands frais toute une collection d'ouvrages, les premiers en ce genre au Canada. Nous nous sommes efforcés, dans les éditions successives, de les tenir au courant des progrès pédagogiques. Nous ne prétendons certes point qu'ils soient parfaits, où est la perfection en ce genre dans notre siècle? Mais nous avons l'esprit ouvert à toute sage amélioration. Nous n'hésiterions pas à faire de nouveaux sacrifices, dans l'intérêt de la jeunesse, si de nouveaux ouvrages étaient nécessaires. Ainsi, tout récemment, nous venons d'imprimer un traité de métaphysique pour une catégorie de jeunes gens à qui cet ouvrage est nécessaire.

Et, chose qu'ignorent sans doute ceux qui prônent l'uniformité des livres au profit de l'ouvrier pauvre: tous les bénéfices réalisés par la vente des livres et des fournitures classiques aux enfants de nos écoles retournent à ces mêmes enfants en récompenses de diverses sortes; la communauté ne peut ni s'en approprier un cent ni le détourner de la destination ci-dessus indiquée.

Nous connaissons les besoins de l'ouvrier, Monsieur le Premier Ministre, et mieux qu'aucun journaliste; nous en connaissons aussi les désirs. Ces désirs, - celui surtout de l'uniformité des livres - où, à qui et quand l'a-t-il jamais exprimé? Nous l'ignorons et nous le croyons sans fondement. Généralement les enfants qui débutent dans nos écoles, finissent dans nos écoles; ainsi dans les écoles des maîtres laïques. Peu d'enfants, dans la période scolaire, passent d'un genre d'école à l'autre par suite du changement de domicile des parents. D'après une statistique que je viens de faire dans nos écoles de Montréal, voici le nombre des enfants qui nous sont venus d'autres écoles au cours de la présente année scolaire.

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Écoles Enfants
Inscrits
Venant
d'ailleurs
Secourus
St-Patrice 420 0
Ste-Anne 546 0 par M. le Curé
St-Laurent 506 1
St-Jacques 692 3
St-Cunégonde 855 5 par M. le Curé
St-Henri 1 062 8
Sacré-Coeur 944 7
St-Joseph 658 0
Ste-Brigide 991 28 par M. le Curé
Ste-Gabriel 547 3 ibid.
Maisonneuve 540 0
7 761 53
Sur un total de 7,761 élèves inscrits pendant la présente année scolaire, pour 53 seulement les parents se seraient trouvés obligés de faire par suite du changement de domicile, une double dépense. Je n'ai pas mission d'investiguer dans les autres congrégations enseignantes; mais j'ai lieu de croire que pour ces enfants, la proportion est la même que dans nos écoles. À qui ces parents ont-ils porté leurs doléances?

J'ajouterai ici, Monsieur le Premier Ministre, quelques observations qui réduisent à néant l'objection à laquelle je m'attarde peut-être trop.

a) La plupart de ces 53 enfants qui viennent d'autres écoles sont d'un âge peu avancé et, supposé leurs parents pauvres, la dépense pour les livres serait fort minime.

b) Dans plusieurs de nos écoles, cette dépense serait nulle, car les enfants qui abandonnent la classe y laissent leurs livres pour les élèves pauvres.

c) Dans quatre entre autres, des secours spéciaux sont accordés à ces derniers par les soins de M. le Curé.

d) Enfin, là où ces secours ne sont pas encore organisés, nous pouvons y pourvoir en prenant sur les bénéfices classiques.

3. Enfin, les partisans de l'uniformité des livres se rabattent sur la loi existante. Les lois existantes! C'est au nom des lois existantes que, au cours des siècles, se sont perpétrées les plus cruelles injustices.

Ne pourrait-on pas redire de l'application que l'on veut faire aujourd'hui de cette loi : summa justicia, summa injuria? Voilà une loi que l'on exhibe avec fracas de l'arsenal législatif où elle sommeille depuis 27 ans: -une loi qui, chacun [6] s'en souvient, a été votée avec d'autres préoccupations que celles des progrès pédagogiques; - une loi qui foule aux pieds les droits des parents et qui enchaîne le maître à un manuel inconnu; - une loi qui blesse la justice et rompt avec les notions les plus élémentaires d'une saine pédagogie; - une loi qu'aucun des neuf ministères qui se sont succédé depuis un quart de siècle n'a cru prudent de mettre en vigueur; - une loi publique dans sa séance du 21 octobre 1880:

«Proposé par Monseigneur de Rimouski, appuyé par Monseigneur de Montréal, et résolu:

1. Que dans l'opinion de ce Conseil l'adoption d'un seul ouvrage pour chaque branche d'étude dans toutes les écoles de même degré présente des difficultés insurmontables dans la pratique;

2. Qu'elle tend à froisser les communautés religieuses, dont plusieurs ont d'excellents ouvrages propres à leurs classes; à nuire considérablement aux auteurs dont les ouvrages sont déjà approuvés, aussi bien qu'aux libraires qui en ont beaucoup à vendre, et qui, d'ici à un an, sont exposés à des pertes considérables et immense [sic] par la défense d'employer dorénavant ces livres dans les écoles de la province; à étouffer la louable émulation qui devrait exister entre les diverses institutions d'éducation pour le choix des meilleurs ouvrages; à arrêter les efforts vers le progrès et l'amélioration des livres et des méthodes;

3. Qu'une mesure d'une telle sévérité n'a encore été adopté dans aucun pays, à ce que croit ce comité. En France, en Belgique, en Prusse, etc., il est laissé une pleine liberté de choisir entre les divers ouvrages approuvés pour chaque matière;

4. Que, si la trop grande multiplicité d'ouvrages peut offrir peut-être les inconvénients, il est encore plus dangereux de tomber dans l'excès contraire en en [sic] restreignant le nombre à un seul pour chaque branche;

5. Que ce comité a déjà passé des règlements obligeant à ne se servir dans chaque école que d'un seul et même livre pour chaque classe d'élèves;

6. Qu'il est à propos de tenir compte de la préférence que l'on peut avoir, dans les différentes parties de la province, pour certain ouvrage plutôt que pour tel autre, l'appréciation des livres étant une chose bien délicate, qui dépend de beaucoup de circonstances de lieux et de personnes;

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7. Que l'adoption d'un seul ouvrage pour chaque matière donnerait naissance à un monopole odieux, et peut-être à des spéculations scandaleuses.» Adopté.

Une telle loi, Monsieur le Premier Ministre, il est du devoir d'un Gouvernement libéral et chrétien ou de l'abroger, ou de la modifier, ou de la laisser dormir à l'exemple des Gouvernements précédents qui ont présidé aux destinées de la Province. Et, par cet acte, Monsieur le Premier Ministre, vous aurez rendu à l'Église, à la famille, à l'éducation un service signalé qui fera bénir votre nom par les générations futures.

V

L'UNIFORMITÉ DES LIVRES EST UNE MESURE INQUIÉTANTE
PAR SES TENDANCES.
Volontiers, Monsieur le Premier Ministre, je rends hommage à la droiture d'intention de ceux qui dans la presse ou ailleurs, se font les champions de l'uniformité des livres. Leurs intentions valent assurément mieux que la mesure. Outre les raisons que j'ai données précedemment [sic] pour la repousser et la combattre, en voici encore trois autres d'un ordre particulier.

1. L'uniformité des livres est une mesure arbitraire et tyrannique. Malgré son hostilité pour les congrégations religieuses, le Gouvernement de la Mère-Patrie n'a point cherché à nous l'imposer, et jusqu'à la dernière heure, nous avons pu, instituteurs publics ou libres, nous servir de nos livres et de nos méthodes. On nous a tués, mais on ne nous a pas asservis. Je ne connais, en ce moment, aucun gouvernement européen qui pousse jusque là ses exigences; tous, généralement, laissent à l'instituteur le choix des livres. Aux États-Unis, où la manie de réglementation est assez développée, l'uniformité des livres n'est pas imposée. Espérons que le catholique Canada ne sera pas moins libéral et qu'il laissera aux maîtres toute liberté pour le choix des livres parmi les ouvrages approuvés par le Conseil de l'Instruction publique. Et pourquoi cette loi d'exception pour la cité de Montréal? Nos écoles ont-elles démérité la confiance des familles? Les 7,761 élèves qui les remplissent actuellement répondent à cette question.

2. L'uniformité des livres ne satisfera personne : ni les congrégations religieuses, que par la force des choses et la passion du monopole, on dépouillera de leurs ouvrages; ni les maîtres auxquels on les imposera et qui ne les trouveront [8] jamais de leur goût. Si les idées modernes se développent, on trouvera ces ouvrages trop relevés, trop abstraits, trop chargés de métaphysique pour des enfants. On demandera des modifications, un adoucissement de la nuance religieuse, et bientôt on aura des ouvrages neutres, rationalistes, en attendant qu'ils soient positivement athées ou impies. L'histoire est là, Monsieur le Premier Ministre, l'histoire contemporaine, pour nous dire combien vite on se précipite dans cette voie. Qu'est aujourd'hui, en France, l'école neutre de Paul Bert? Voilà, permettez-moi de le dire, Monsieur le premier Ministre, le grand danger qui menace notre cher Canada, et ce qui doit rendre justement suspecte toute innovation scolaire, celle-ci plus que toute autre.

Peut-être nous dira-t-on: «Qu'y a-t-il à craindre sous ce rapport en Canada, puisque l'Épiscopat tout entier fait partie du Conseil de l'Instruction publique?» - Jadis, en France, les Cardinaux, les Archevêques et Evêques étaient aussi membres du Conseil Supérieur de l'Instruction publique, quelques-uns même Grands-Maîtres de l'Université. L'État, qui les avait appelés, les en a évincés. Qui peut garantir que, dans une situation similaire, les Prélats Canadiens ne seront pas traités un jour d'un semblable manière? Déjà, depuis quelques années, on a vu plus d'un symptôme alarment poindre à l'horizon.

3. Un des symptômes les plus significatifs, c'est la fièvre avec laquelle certaines feuilles poursuivent l'uniformité des livres. Sans doute le journaliste peut disserter sur toutes choses; il faut de la variété dans les colonnes du journal; mais n'est-il pas étrange de voir tant d'hommes discuter des questions que n'abordent qu'avec discrétion les Professionnels? Tant de zèle de la part de ces feuilles me paraît suspect; car, si je consulte l'histoire, je trouve que, depuis la grande révolution, tous les ennemis de l'éducation chrétienne ont préconisé l'uniformité des livres comme un moyen très efficace d'arracher l'enfant et, par lui, les générations à venir, à la tutelle de l'Église. À Dieu ne plaise, Monsieur le Premier Ministre, que je suspecte les feuilles canadiennes d'aussi criminelles intentions. Cependant un certain détail que je me permets de vous signaler prête à réflexion. Presque toutes celles qui ont reproduit le discours que vous avez prononcé au Mont-Saint-Louis ont supprimé les nobles accents de votre profession de foi sur les droits de la famille et de l'Église en matière d'éducation. À travers cette coupure, Monsieur le Premier Ministre, s'échappent de sinistres lueurs!

En vous plaçant à la tête du Gouvernement de la Province, Monsieur le Premier Ministre, la divine providence semble vous confier la glorieuse mission de les refouler en refusant de sanctionner l'uniformité des livres. Ce faisant, vous acquerrez à tout jamais la reconnaissance de l'Église, du Pays, des familles chrétiennes et des congrégations religieuses. Nul ne vous sera plus reconnaissant de ce signalé service que celui qui a l'honneur d'être, avec un très profond respect,

Monsieur le Premier Ministre,
Votre très humble serviteur,

Montréal, le 18 mai 1906."

1906.07.28
xxx. "Les livres d'écoles", La semaine religieuse de Québec, 18, 50(28 juill. 1906):794-795.

"Après tout ce que l'on a dit sur les écoles dans notre pays, il est intéressant (lisons-nous dans le Manitoba du 18 juillet) de constater l'opinion d'un évêque protestant, appartenant à l'Eglise anglicane. Ce prélat, qui n'est autre que l'évêque Hamilton, d'Ottawa, disait donc dans le récent synode anglican, tenu dans la capitale fédérale:

«J'accepte, dit l'évêque Hamilton, la paternité de l'article qui a paru dans le Canadian Churchman, appelant l'attention sur le fait que l'on enseigne l'impiété aujourd'hui dans les High Schools et les Collegiate Institutes de cette province, ainsi que dans celles du Manitoba.

Au mois de septembre 1904, un nouveau livre d'école intitulé High School Geography, a pris place parmi les livres d'enseignement de ces institutions, sous le faux prétexte d'enseigner la science véritable, laquelle expose des théories diamétralement opposées aux Saintes Ecritures et à la doctrine chrétienne. Bien qu'il ne soit pas question, dans le programme d'enseignement des institutions visées ici, d'éducation religieuse d'aucune sorte, le public chrétien a droit de s'attendre à ce qu'on n'enseigne aucune doctrine contraire aux dogmes du

[p. 794]

christianisme. Sans discuter de la théorie de l'évolution (car ce n'est qu'une théorie), sans se demander sur quel fondement elle repose, bien qu'elle paraisse s'harmoniser avec les lois fondamentales du progrès humain, nous comprenons toutes ses tendances religieuses. Lorsqu'elle vient nous dire que l'univers et que notre monde, comme partie de cet univers, ne sont pas l'oeuvre d'un Etre suprême, mais le produit du hasard ou d'un accident, résultat de conditions pré-existantes, dans le monde physique, et qu'au lieu d'avoir été créé à l'image de Dieu par Dieu lui-même, l'homme a trouvé son origine dans une forme inférieure de la vie animale, pour atteindre graduellement, par les différentes phases de l'évolution, l'état supérieur qu'il semble posséder aujourd'hui, c'est dépasser toutes les bornes. Voilà ce qu'enseigne le High School Geography.»" [p. 795]

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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