logo manuels scolaires québécois



Université Laval




pix
 
Sources imprimées

* * *

1901

xxx. List of text-books - Class I. - For protestant elementary and model schools. 1901-1902. S.l., s.n., [1901]. 2 p.

[Liste des manuels approuvés par le comité protestant du Conseil de l'instruction publique. On peut en consulter un exemplaire aux Archives nationales du Québec, Correspondance du département de l'instruction publique, E13/756 1A23-1203A, dossier 2605/1901].

"Class I. - For protestant elementary and model schools. 1901-1902.
Subject. Text-books. Publishers. Price.
Reading         
(a) Graduated Readers Chambers   
Primers, Parts I and II united    $0 10
   Infant Reader    0 07
   Books I and II    015 ea.
   Book III    0 20
   Book IV    0 25
   Books V and VI    0 30 ea.
(b) Royal Crown Readers Nelson & Sons and
E.M. Renouf
  
   Primer I    0 08
   Primer II    010
   Infant Readers I and II    0 15 ea.
   Book I    0 20
   Book II    0 25
   Book III    0 30
   Book IV    0 30
   Books V and VI    0 45 ea.

  
(c) Canadian Readers
Ed. Book Company   
   Quebec Primers I and II    0 10 ea.
   Advanced Book I    0 25
   Books II and Advanced II    0 30 ea.
   Books III 0 40
Books IV 0 50
Book V 06
Spelling
Word and Sentence Book Grafton & Sons 0 30
Practical Speller Revised Ed. Book Company 0 30
Writing
Practical Penmanship Ed. Book Company 0 07 ea.
Vertical Copy Books Ed. Book Company 0 07 ea.
Vertical Penmanship Grafton & Sons 0 08 ea.
Upright Penmanship Sampson, Marston
Lowe & Co.
0 06 ea.
Business Forms and Accounts Copp, Clark Co. 0 10 ea.
Arithmetic
Graded Arithmetic Parts I and II Grafton & Sons 0 15 ea.
Elementary Arithmetic Revised Ed. Book Company 0 30
Martin's Simple Rules Copp, Clark Co. 0 10
English
West's English Grammar for Beginners Copp, Clark Co. 0 25
Hyde's Practical Lessons in the use of English Copp, Clark Co. 0 30
Story Book Readers Nelson & Sons
World Building Series Nos. 1-7 MacMillan & Co.
Easy Exercises in English E.M. Renouf 0 25
Geography
Calkin's Introductory,
          Quebec Ed. Revised
Nelson & Sons 0, 65
New Elementary Geography Grafton & Sons 0 75
Geographical Readers Chambers
Scripture
The Holy Scriptures
          McLear's Old and New
          Testament History MacMillan & Co. 0 30
History
Miles' Child's History of Canada Dawson Bros 0 30
Robertson's History of Canada Copp, Clark Co. 0 30
Gardiner's Outline of English History Longmans (Renouf) 0 60
Things New and Old, by Arnold Foster Grafton & Sons
Algebra
C. Smith's Elementary Algebra MacMillan & Co. 1 00
Todhunter's Algebra for Beginners Copp, Clark 0 60
Geometry
Hall and Steven's Euclid MacMillan & Co. 1 00
Todhunter's Euclid MacMillan & Co. 0 75
French
Oral Exercises, Parts 1, II, III, IV and V E.M. Renouf 0 05 & 10
Fasquelle's Introductory French Grammar Dawson Bros 0 40
Progressive French Reader, Part I E.M. Renouf 0 30
Latin
Shorter Latin Course (Egbert) Am. Ed. MacMillan & Co. 0 40
Collar & Daniel's First Latin Book Ginn & Co. 1 00
New Gradations
Physiology
The Making of the Body (Barnett) Longmans (Renouf) 0 45
Drawing
Dominion Free-Hand Course Foster Brown & Co. 1 10 ea.
Prang's System of Drawing Prang Co.
Music
Curwen's Tonic Sol-Fa Series Curwen & Sons
Tonic Sol-Fa Series Bayley & Ferguson
Agriculture
James' Agriculture Morang 0 25
Class 2. - For academies.
Subject. Text-books. Publishers. Price.
Reading
See Class I
Spelling
See Class I
Writing
See Class I
Arithmetic
Graded Arithmetic, Parts III and IV Grafton & Sons 0 15 & 25
Hamblin Smith's Arithmetic Ed. Book Company 0 60
Mensuration
Steven's Mensuration MacMillan & Co. 0 45
Book-Keeping
Standard Book keeping Ed. Book Company 0 65
High School Book keeping Copp, Clark Co. 0 65
English
West's Elements of English Grammar Copp, Clark Co. 0 50
Brooke's English Literature, New Ed MacMillan & Co. 0 30
Halleck's History of English Literature is
recommended as a work of
reference for teachers
Geography
High School Geography Canada Pub. Co. 1 00
Davis' Physical Geography Ginn & Co. 1 25
Hinman's Physical Geography American Book Co. 1 25
History
History of Greece (Primer) MacMillan & Co. 0 30
History of Rome (Primer) MacMillan & Co. 0 30
History of England (Buckley) Copp, Clark Co. 0 65
History of Canada (Clements) Briggs 0 50
History of Canada (Clements) Briggs 0 50
Algebra
See Class I
Geometry
See Class I
Trigonometry
H. Smith's Elementary Trigonometry Ed. Book Company 0 75
French
Bertenshaw's French Grammar Longmans (Renouf) 0 50
Bertenshaw's French Composition Longmans (Renouf) 0 50
Larousse's French Grammar, Première Année Larousse 0 30
Progressive French Reader, Part II E.M. Renouf 0 50
German
Joynes' Meissner's Grammar Heat & Co. 1 40
Joynes' German Reader Heat & Co. 1 10
Van der Smissen's High School Grammar Copp, Clark Co. 0 75
Latin
Shorter Latin Course, Part II, En. Ed. MacMillan & Co. 0 45
Kennedy's Primer, Revised Longmans (Renouf) 0 75
Fabulae Faciles Longmans (Renouf) 0 75
Caesar's Helvetian War Welch & Duffield
Greek
White's First Greek Book Ginn & Co. 1 00
Abbott Mansfield Greek Grammar
Rutherford's Greek Grammar MacMillan & Co. 0 60
Underhill's Easy Exercises in Greek MacMillan & Co. 0 60
Underhill's Easy Exercises in Greek MacMillan & Co. 0 60
Xenophon's Anabasis, Adapted for the use of Beginners Welch & Duffield 0 45
Physics
Gage's Introduction to Physical Science Ginn & Co. 1 00
Elementary Physics and Chemistry by Gregory & Simmons, 1st stage MacMillan & Co. 0 45
Chemistry
Remsen's Elements MacMillan & Co. 0 75
Botany
Groom's Elementary Botany, with Appendix Copp, Clark Co. 1 25
Agriculture
First Lessons in the Scientific Principles of Agricullture E.M. Renouf 0 75
Drawing
See Class I
Physiology
The Making of the Body (S. Barnett) Longmans (Renouf) 0 45


Apart from the subjects of writing and drawing the text-books are arranged in each department in order of merit according to the opinion of the text-books committee."

1901

xxx. Mémoire des inspecteurs d'écoles catholiques de la province de Québec au conseil exécutif, à la législature, et au comité catholique du conseil de l'instruction publique de cette province. S.l., s.n., [1901]. 10 p.

[Énumération des devoirs des inspecteurs].

"14° - Faire rapport, dans le registre des commissaires ou des syndics, des résultats de la visite des écoles de leur municipalité, en attirant leur attention

: 1° - Sur:

[...];

[b] L'emploi des livres de classe autorisés [...]. (p. 4).

15° - Dans leurs rapports annuels au Surintendant, classer les municipalités scolaires de leur district d'inspection, par ordre de mérite en accordant 10 points pour chacun des points suivants:

[...];

(4) Emploi des livres de classe autorisés. (p. 5).

18° N'avoir aucun intérêt direct ou indirect dans la vente des livres et autres fournitures d'écoles dans leur district d'inspection." (p. 5).

1901
[Baillairgé, Frédéric-Alexandre]. La gratuité des livres - Reproduit du «Journal» de Montréal, avec permission, de MM. les Directeurs du «Journal», à la Librairie Ville-Marie. Montréal, Librairie Ville-Marie, 1901. 80 p. ISBN 0-665-71312-6.

[De fin juillet à fin août 1901, sous le pseudonyme Dom Pedro, l'abbé Frédéric-Alexandre Baillairgé entretient une polémique avec Godfroy Langlois de La patrie au sujet de l'uniformité et de la gratuité des livres en centrant ses attaques sur Mon premier livre. A l'automne, il réunit ses textes dans une brochure. On trouve ici la présentation et la conclusion de cette brochure, les textes ayant été retranscrits à l'occasion de leur parution dans le quotidien. La brochure a été rééditée aux éditions du Pot de fer en 1990.]

"Avis.

Le gouvernement de Québec publiait dernièrement un livre de lecture intitulé «Mon Premier Livre», d'une valeur contestable, et le distribuait gratuitement aux écoles, aux élèves de première année.

Cette première application chez nous du dangereux principe de la gratuité a fait peur à bien des esprits sérieux. Dom Pedro s'est fait leur interprète dans un bon nombre d'articles qui ont paru dans le Journal, et qui ont produit un excellent effet.

Le Journal nous a permis de reproduire ces articles, en brochure. Nous lui en sommes très reconnaissants.

Cette brochure est remplie de renseignements et de documents utiles à tous ceux qui s'occupent un peu d'instruction et d'éducation.

Librairie Ville-Marie,
210, Rue St-Laurent, Montréal.

[...]

Concluons.

Nous voyons dans l'Enseignement Primaire de novembre, que Mon Premier Livre a été introduit dans 82 couvents et écoles indépendantes, et dans 690 municipalités (sur 1046). Le susdit ouvrage serait entre les mains de 97,142 enfants.

La revue de M. Magnan ne mentionne aucun collège, aucun pensionnat tenu par des religieuses, aucun pensionnat tenu par des religieux. On parle de 82 couvents. Ne s'agit-il par là des petits externats qui ont une religieuse pour maîtresse, mais qui dépendent de MM. les commissaires?

La revue fait allusion à plusieurs lettres favorables au susdit ouvrage. Ces lettres renferment-elles des arguments en faveur de la gratuité? Plusieurs de ceux qui ont signé ces lettres auraient-ils eu le courage d'énoncer publiquement leur opinion sur la question?

Mon Premier Livre restera-t-il ou ne restera-t-il pas dans les écoles? Cela dépendra du zèle que l'on mettra à éclairer le peuple sur les dangers de la gratuité.

Les hommes qui, dans chaque paroisse, ont des yeux pour voir et une langue pour parler, doivent s'en servir. Il ne s'agit pas de savoir

[p. 79]

si on va faire de la peine à celui-ci ou à celui-là. Les hommes sont parfois meilleurs que les institutions: c'est le cas pour nos ministres. Ce n'est pas une raison cependant pour ménager les institutions.

Que chacun travaille dans sa sphère, dans son coin. Sachons faire comprendre aux commissaires et aux pères de famille influents les inconvénients de la gratuité. Ils agiront en conséquence, la gratuité disparaîtra, et nous aurons bien mérité de la patrie!"

[p. 80]

1901
Boucher de la Bruère, Pierre. To the protestant boards of school commissiioners and trustees of the province of Quebec. S.l., s.n., 1901. 7 p.

[Retranscription de l'exemplaire conservé aux Archives nationales du Québec, Correspondance du département de l'instruction publique, E13/730 1A21-1202A, dossier 308/1900].

"DEAR SIRS

I have the honour to call your attention to a few points connected with the administration of public schools of the Province which I think are of such importance as to merit special consideration.

1. In the list of text-books, as drawn up by the Protestant Committee at the close of the last scholastic year, of which a copy has already been sent to you, you will have observed that the changes made have been principally in the direction of affording you a greater choice in preparing your own list. The Protestant Committee felt that in many cases it would be for the best interests of our schools to adopt certain new books superior in quality and less expensive thand those previously in use. It did not, however, think it advisable to strike off the old books, and thus make a change compulsory. If you have not already made a new list of text-books, as required by the regulations, you should do so at once, in consultation with the school inspector when practicable. If you find any change desirable, it will be best to instruct your teachers to allow the books now in use to work themselves out naturally, or in other words, to continue in use until the pupil requires a new book, when he should get the one which has been substituted for the other. This method will throw some additional work on the teacher in his effort to continue his classes with two books, but as the expedient will be but a temporary one for the purpose of preventing a loss to the parents it should be resorted to. Your attention is specially called to the fact that teachers have not the right to select books for themselves, and that it is the duty of the school commissioners to make the selection. If there is a lack of uniformity of text-books in a municipality the school board must be held primarily responsible. A circular concerning text-books sent from this Department in July last, containing a reference to exchange readers, is hereby cancelled." (p. 1).

1901.05
Magnan, Charles-Joseph. "La gratuité des livres à l'école primaire", L'enseignement primaire, 22, 9(mai 1901):515-520.

"L'importante question de l'instruction publique dans la province de Québec vient d'être officiellement placée dans une voie sûre et patriotique. A la dernière session de la Législature, le gouvernement, par l'entremise de l'honorable M. Turgeon, Secrétaire provincial, a annoncé en termes catégoriques qu'à l'avenir il agirait de concert avec le Conseil de l'Instruction publique dans, les questions relatives à l'éducation.

La raison, la raison nationale, devrions-nous dire, que M. Turgeon a apportée à l'appui de sa déclaration, c'est que le peuple canadien-français, s'il veut rester fort, prospérer et s'affirmer de plus en plus, doit rester uni avec son clergé. Et pour prouver la sincérité de cette courageuse attitude, le gouvernement a repoussé par une écrasante majorité le projet de loi de l'instruction obligatoire présenté à la Chambre par un de ses partisans. Disons de suite que l'opposition, par la bouche de son chef distingué, l'honorable M. Flynn, a appuyé totalement le ministère Parent, dans cette occasion.

Ainsi, il est donc bien établi que le peuple de notre province, par la voix de ses représentants dans la Législature, ne veut pas s'aventurer, sur le terrain de l'éducation, dans des sentiers non recommandés par l'Église.

Voilà une situation qui ne présente pas d'équivoque. Ce spectacle d'une Chambre de représentants populaires, au vingtième siècle, affirmant solennellement un principe aussi chrétien, commande l'admiration des esprits sérieux.

Mais si le peuple canadien-français repousse toute innovation dangereuse en matières scolaires, il ne faut pas croire qu'il est pour l'immobilisation ; ce serait se faire grandement illusion. Il voudrait avoir des écoles élémentaires où les enfants apprissent de bonne heure à lire, écrire et compter tout en s'instruisant des éléments de la religion et en acquérant occasionnellement des notions sur l'histoire nationale, la géographie, la grammaire et les leçons de choses, qui comprennent: agriculture (plantes, animaux, vie des champs, -etc.,) éléments des sciences naturelles, inventions, découvertes.

[p. 515]

Voilà, pour un père de famille, ce que l'école élémentaire devrait être capable de procurer à ses enfants. Mais le père de famille est rarement en mesure de pouvoir donner du corps à ses idées. Et la commission scolaire qui le représente est, dans la plupart des cas, dans l'impossibilité de réaliser l'idéal du chef de famille. C'est alors que l'État, dont le devoir est de travailler au bonheur du peuple tout entier, se fait un devoir d'intervenir, non pour diriger mais pour aider. C'est ce qui arrive heureusement dans la province de Québec. L'État, ne voulant pas s'arroger une mission qui ne lui appartient pas, a institué un Conseil qui a pour mission, lui, de diriger notre système scolaire en rédigeant des programmes, en établissant des règlements, en approuvant les livres, etc., etc.

Ce Conseil est divisé en deux Comités, l'un catholique, l'autre protestant. Les évêques catholiques romains font partie de droit du Comité catholique qui est composé d'un nombre égal d'évêques et de laïques. C'est ce comité qui est chargé de la gouverne des écoles catholiques. Nous l'avons dit plus haut, chaque comité du Conseil est chargé de l'approbation des livres de classes, des règlements qui regardent les programmes, le classement des, élèves, etc., etc.

Il arrive très souvent que les instructions données aux municipalités par le Comité catholique (ou le Surintendant qui le représente) sont mal suivies ou ne sont point suivies du tout. C'est ce qui a lieu dans la presque totalité des municipalités pour 1'usage des livres approuvés et dans des milliers d'écoles pour le classement des élèves. Les Règlements du Comité catholique disent, art. 131: «Les commissaires ou les syndics d'écoles de chaque municipalité ne feront usage, pour toutes leurs écoles, que de la même série des livres classiques autorisés. Ils en feront une liste qui sera déposée dans chacune des écoles sous leur contrôle.»

Voyons comment cet article très sage des Règlements scolaires est suivi dans les mille municipalités scolaires de notre province. En consultant les derniers rapports de MM. les inspecteurs d'écoles, nous constatons que deux cent treize municipalités seulement, sur mille, ont obtenu la note 10 accordée à celles dont les écoles sont parfaitement pourvues de livres autorisés.

Il est donc prouvé que près de huit cents municipalités ne se conforment pas absolument aux règlements du comité catholique sur le chapitre très important des livres autorisés. Nous voulons bien croire que dans un grand nombre d'endroits on se conforme en partie à la loi, mais, comme question de fait, il n'y a absolument que le cinquième des municipalités scolaires qui sont à l'abri de tout reproche au sujet des livres de classe. Et ceux qui sont au courant de ce qui se passe à la petite école savent que parmi les ouvrages non autorisés et en vogue, nous devons placer le syllabaire.

[p. 516]

Nous connaissons un syllabaire retranché de la liste des livres approuvés par le Comité catholique depuis de nombreuses années, qui se vend par milliers chaque année dans toute la province. Il y a aussi bien d'autres livres dépourvus d'ordre, de bons sens et de méthode, qui occupent une place d'honneur dans un très grand nombre d'écoles.

L'article 43 de la loi de l'Instruction publique dit bien que «La subvention doit être retenue aux municipalités faisant usage de livres non autorisés,» mais il faudrait punir les quatre cinquièmes de la province. Il est facile de comprendre combien un abus aussi général serait difficile à réprimer.

Cependant, convient-il, dans l'intérêt de nos enfants, de laisser subsister un semblable état de choses sans prendre les mesures nécessaires au respect de la loi?

- Non, et le Gouvernement dont le devoir est d'aviser aux moyens propres à assurer la mise en vigueur des règlements du Comité catholique, a compris que seule la gratuité des livres réussira à débarrasser les municipalités scolaires du grand nombre de livres non autorisés actuellement en usage dans les écoles. Mais cette gratuité devait être entourée de sages précautions. C'est ce qui a été fait. En premier lieu, le Gouvernement offre la gratuité au lieu de l'imposer. Puis le Premier livre, qui sera distribué aux municipalités et aux maisons d'éducation qui en feront la demande d'ici au mois d'août prochain, a été soumis au Comité catholique du Conseil de l'instruction publique et, sauf quelques détails, il en a reçu une approbation pleine et entière.

La lettre suivante fait connaître en deux mots le côté pratique de Mon Premier livre:

«ARCHEVÊCHÉ DE QUÉBEC, le 28 août 1900.

Monsieur C. J. MAGNAN,
Professeur à l'Ecole normale Laval.

Bien cher Monsieur,
Je suis bien satisfait de votre ouvrage : Mon premier livre et je vous en félicite. Avec les quelques légères corrections que vous a suggérées le sous-comité des livres et que vous avez acceptées, votre livre sera accueilli très favorablement.

La distribution des matières par mois et par semaines poussera les institutrices à faire exécuter le programme d'études avec plus de régularité et leur fera comprendre qu'elles ne doivent pas immobiliser leurs élèves, mais les faire avancer graduellement. Je vous réitère, ainsi qu'à M. Ahern, mes sincères félicitations.

Agréez, cher M. Magnan, l'assurance de mon entier dévouement.
L. N. Arch. de Québec.»

[p. 517]

On ne saurait mieux faire toucher du doigt le mal qui paralyse nos écoles élémentaires. L'immobilisation: le mot est bien trouvé. En deux traits de plume, le grand évêque éducateur démontre la nécessité impérieuse de pourvoir nos écoles élémentaires de livres qui seront tout à la fois une aide attrayante pour l'élève et un guide pour l'institutrice. L'expérience manque à la plupart des institutrices, car elles ne font pas de l'enseignement une carrière. Règle générale, on peut affirmer, sans exagération, que le personnel enseignant de nos écoles primaires se renouvelle tous les trois ans. Il est donc facile de comprendre jusqu'à quel point l'esprit de suite fait défaut à la petite école. On le sait, parmi les livres que l'on met entre les mains des élèves de première et de deuxième année, il y en a très peu qui sont conformes aux besoins intellectuels des tout jeunes et rédigés suivant les règles de la pédagogie. Et ce sont les livres médiocres qui ont le plus de vogue dans les municipalités.

Ce manque d'expérience chez les titulaires de nos écoles primaires, dû au renouvellement constant du personnel enseignant, est la cause que le classement des élèves, l'exécution du programme d'études, l'emploi du temps, le choix et la quantité des matières qui conviennent année par année aux élèves à partir de leur entrée à la classe, la méthode à suivre pour mettre au plus tôt les jeunes élèves en mesure de lire, d'écrire et de compter, tout cela est exécuté au hasard dans un très grand nombre d'écoles primaires.

Mais comment remédier à l'inexpérience des institutrices ? En leur fournissant des manuels « qui distribuent la matière à enseigner par semaines et par mois,» suivant l'opinion autorisée de S. G. Mgr l'archevêque de Québec.

Voilà le second argument qui milite en faveur d'une distribution judicieuse de livres gratuits, an moins au premier degré de l'école élémentaire.

Mais un troisième motif, celui-là d'un ordre pédagogique tout-à-fait supérieur, milite en faveur de la distribution gratuite des livres aux tout jeunes élèves des écoles primaires. C'est celui-ci: la nécessité d'apprendre à lire aux enfants le plus tôt possible.

Il est inutile de démontrer la nécessité pour l'instituteur de rechercher les moyens les plus propres à mettre promptement l'enfant en état de lire et de tirer un utile parti de cet art pour lui ou pour les autres.

La lecture donne pour ainsi dire à l'élève la clef de toutes les autres connaissances. Il n'est pas une branche du programme scolaire qui ne suppose la connaissance de la lecture ou dont l'étude ne se lie intimement avec elle. La langue dans laquelle notre mère nous a appris à balbutier nos premières paroles, dans laquelle elle-même, en nous communiquant son coeur et sa pensée, nous a donné la première initiation à la vie intellectuelle, religieuse et morale ; la langue que nos pères ont apportée de la noble France et qu'ils ont con-

[p. 518]

servée avec un soin jaloux; la langue que nos orateurs, nos historiens, nos romanciers et nos poètes nous ont appris à aimer ; la langue relève surtout de la lecture, mais de la lecture bien sentie et bien rendue.

De plus, quand les enfants sauront lire, il sera facile de varier leurs occupations en leur donnant différentes sortes de devoirs, tandis que les enfants qui ne savent pas lire, s'occupant constamment des mêmes choses, se fatiguent et s'ennuient durant les longues heures de classe. Dans de telles conditions, le maintien de l'ordre, du silence parmi les commençants, devient très difficile, pour ne pas dire impossible. Au contraire, lorsque les occupations sont variées, le temps de l'école paraît infiniment plus court.

L'instituteur a donc intérêt à enseigner la lecture aux commençants le plus tôt possible. Le jour où il sait lire couramment, le tout jeune élève devient actif ; il cesse d'être un obstacle à la bonne discipline dans la classe.

Et les meilleures autorités pédagogiques s'accordent à dire que l'écriture et l'orthographe doivent marcher de front avec la lecture et qu'elles doivent être une répétition constante des leçons de lecture. Puis, il est d'absolu nécessité que les élèves s'initient, dès les débuts de leur scolarité, à l'étude concrète des premiers nombres et des règles simples de l'arithmétique.

Mais le manuel rédigé en vue de l'enseignement simultané et méthodique de la lecture, de l'écriture et de l'orthographe n'existait pas ici. Il a fallu le rédiger conformément aux besoins de nos écoles. C'est ce qui a en lieu avec le résultat que l'on sait.

Le manuel est divisé en deux parties, reliées séparément : PREMIÈRE PARTIE: Lire, Écrire, Compter. DEUXIÈME PARTIE : Lecture courante appliquée aux principales branches du programme.

La matière de l'ouvrage est adaptée aux dix mois de l'année scolaire.

PREMIÈRE PARTIE: Comprend cinq mois. - Chaque semaine est composée de quelques pages de lecture élémentaire, d'écriture et d'une leçon d'arithmétique enfantine; généralement une récapitulation termine chaque semaine. A la fin des vingt premières semaines, l'élève a parcouru toutes les difficultés qui constituent le mécanisme de la lecture; il sait écrire ce qu'il a appris à lire, et, de plus, il peut faire les premières opérations de l'arithmétique d'une manière raisonnée.

DEUXIÈME PARTIE: (Lecture courante) Comprend également cinq mois. - Chaque semaine est composée de cinq leçons de lecture, traitant alternativement de la Religion (Ancien et Nouveau Testament), de la Géographie, de 1'Histoire nationale, des Leçons de choses et de la Grammaire. A la fin des vingt dernières semaines, l'élève a acquis, à l'aide de la lecture courante, des notions sommaires, mais complètes, sur les matières ci-dessus nommées.

[p. 519].

Grâce à ce programme concentrique, l'enfant, n'irait-il qu'une année à l'école, serait en mesure de lire, d'écrire et de compter passablement, et aurait étudié sans effort, en même temps qu'il apprenait à lire, les grandes lignes de toute l'Histoire Sainte, les principaux personnages Canadiens, de Jacques-Cartier au Cardinal Taschereau, etc., etc.

L'économie complète de la méthode que nous venons d'exposer repose sur cette grande vérité pédagogique: La lecture donne à l'élève la clef de toutes les autres connaissances.

Chacun sait avec quelle lenteur, règle générale, les enfants apprennent à lire et à écrire à la petite école. Ces pauvres petits, on commence par leur faire apprendre une série interminable de grosses lettres : majuscules, minuscules, manuscrites, gothiques, etc. Puis, arrive le bé â bâ, le bé l â blâ et toute une légion de syllabes et de mots détachés qui ne disent rien à l'esprit et au coeur de l'élève. Enfin, les premières pages que l'on fait lire couramment aux élèves contiennent sans discernement toutes les difficultés de la lecture. Avec une pareille méthode, il n'est pas étonnant de rencontrer un très grand nombre d'enfants qui, après une, deux, et quelquefois trois années de classe, ne savent pas encore lire d'une manière passable.

La méthode suivie dans le nouveau manuel met le jeune élève, dès la première semaine de sa scolarité, en mesure de lire des mots usuels, des expressions qui lui sont familières, de petites phrases disant quelque chose à son esprit.

Enfin, les gravures, si utiles dans les classes des jeunes élèves, lorsqu'elles sont judicieusement adaptées à un texte qui est à la portée des enfants, font presque toujours défaut dans les syllabaires qui sont généralement en usage dans les écoles sous contrôle.

Le nouveau manuel, dans ses deux parties, en contient près de trois cents, non jetées au hasard, mais amenées de façon à fixer le sujet de la leçon dans l'intelligence de l'élève.

En résumé: la gratuité des livres au premier degré de l'école élémentaire aura pour effet, nous en avons la sincère conviction : 1° de débarrasser nos municipalités scolaires des manuels non autorisés ; 2° de suppléer à l'inexpérience des institutrices ; 3° d'introduire dans nos écoles des méthodes rationnelles et recommandées par le Conseil de l'instruction publique."

[p. 520]

1901.05.28
Turgeon, Adélard. [Circulaire aux secrétaires-trésoriers des commissions scolaires et aux supérieurs de maisons d'enseignement. Retranscription de l'exemplaire conservé aux Archives nationales du Québec, Correspondance du département de l'instruction publique, E13/751 1A23-1103A, dossier 1500/1900].

"DÉPARTEMENT DU SECRÉTAIRE DE LA PROVINCE.

Québec, 28 mai 1901.

A Messieurs les Secrétaires des municipalités scolaires, et aux supérieurs de Collèges, Couvents, Académies, etc. Messieurs,

J'ai le plaisir de vous annoncer que le manuel MON PREMIER LIVRE, qui a été préparé pour les écoles de la province, sera distribué avant le premier septembre prochain aux municipalités scolaires et aux maisons d'éducation qui m'en feront la demande.

Cet ouvrage a été approuvé par le Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique et comprend DEUX PARTIES reliées séparément. La PREMIÈRE PARTIE est destinée aux élèves de première année; la DEUXIÈME PARTIE peut être mise entre les mains des élèves qui connaissent les premiers éléments de la lecture.

Les élèves bien doués et qui assistent régulièrement à l'école peuvent parcourir avec avantage les deux parties de MON PREMIER LIVRE, dès leur première année de scolarité. Le but de ce nouveau manuel est de mettre les enfants en mesure de lire, d'écrire et de compter le plus tôt possible; puis, en même temps qu'ils se familiarisent avec les difficultés de la langue française, de les initier aux notions élémentaires des principales branches de notre programme scolaire.

La matière de l'ouvrage entier est adaptée aux dix mois de l'année scolaire.

La PREMIÈRE PARTIE comprend cinq mois. Chaque semaine est composée de quelques pages de lecture élémentaire, d'écriture et d'une leçon d'arithmétique enfantine; généralement une récapitulation termine chaque semaine. A la fin des vingt premières semaines, l'élève a parcouru toutes les difficultés qui constituent le mécanisme de la lecture; il sait écrire ce qu'il a appris à lire, et, de plus, il peut faire les premières opérations de l'arithmétique d'une manière raisonnée.

La DEUXIÈME PARTIE (Lecture courante) comprend également cinq mois. Chaque semaine est composée de cinq leçons de lecture, traitant alternativement de la Religion (ancien et nouveau testament), de la Géographie, de l'Histoire nationale, des Leçons de choses et de la Grammaire. A la fin des vingt dernières semaines, l'élève a acquis, à l'aide de la lecture courante, des notions sommaires, mais com-plètes, sur les matières ci-dessus nommées.

Grâce à ce programme concentrique, l'enfant, n'irait-il qu'une année à l'école, serait en mesure de lire, d'écrire et de compter passablement, et aurait étudié sans effort, en même temps qu'il apprenait à lire, les grandes lignes de toute l'Histoire sainte, les principaux personnages canadiens, de Jacques-Cartier, au cardinal Taschereau, etc.

L'économie complète de la méthode que nous venons d'exposer repose sur cette grande vérité pédagogique: La lecture donne à l'élève la clef de toutes les autres connaissances.

[p. 1]

La méthode suivie dans le nouveau manuel met le jeune élève, dès sa première semaine d'école, en mesure de lire des mots usuels, des expressions qui lui sont familières, de petites phrases disant quelque chose à son esprit.

Enfin, les gravures, si utiles dans les classes des jeunes élèves lorsqu'elles sont judicieusement adaptées à un texte qui est à la portée des enfants, font presque toujours défaut dans les syllabaires qui sont généralement en usage dans les écoles sous contrôle.

Le nouveau manuel, dans ses deux PARTIES, en contient près de trois cents, non jetées au hasard, mais amenées de façon à fixer le sujet de la leçon dans l'intelligence de l'élève.

Les deux fascicules du nouveau manuel seront distribués à partir du premier août prochain.

Messieurs les secrétaires-trésoriers et les supérieurs de Couvents d'Académies, de Collèges, etc., qui désirent introduire cet ouvrage dans leurs classes élémentaires voudront bien m'en avertir et me dire en même temps le nombre exact des élèves de première année qui ne seront pas trop avancés pour pouvoir profiter encore de la Deuxième Partie de MON PREMIER LIVRE.

Ces livres deviendront la propriété de l'école et les instituteurs et les institutrices devront veiller à ce que les enfants ne les détériorent pas.

Tout élève qui perdra ou déchirera le livre qu'il aura reçu gratuitement devra rembourser cinq centins pour chaque Partie du livre, perdue ou détruite.

Chaque année, le montant perçu par les instituteurs ou les institutrices d'une municipalité scolaire re MON PREMIER LIVRE sera adressé au Surintendant de l'Instruction publique par les secrétaires-trésoriers de municipalités ou les directeurs d'académies, collèges, couvents, etc.

Le département de l'Instruction publique remettra à messieurs les inspecteurs d'écoles, une liste des municipalités de leur district respectif auxquelles le manuel aura été adressé, ainsi que le nombre d'exemplaires du dit ouvrage. De cette façon, les inspecteurs d'écoles pourront renseigner le département de l'Instruction publique, relativement à la distribution gratuite de MON PREMIER LIVRE.

ADÉLARD TURGEON,

Secrétaire de la Province."

[p. 2]
1901.06
xxx. "Une nouvelle géographie", L'enseignement primaire, 22, 10(juin 1901):599-600.

"En lisant le procès-verbal de la dernière réunion du Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique, nos lecteurs ont sans doute remarqué qu'une nouvelle géographie avait reçu l'approbation des autorités scolaires.

Nous venons de recevoir cet ouvrage et nous l'avons parcouru avec un plaisir réel. Comme traité de géographie, c'est admirable. En nous exprimant ainsi, nous n'exagérons rien. D'ailleurs, l'approbation unanime des membres du Comité catholique et les deux lettres que nous publions plus loin, prouvent suffisamment que la Nouvelle Géographie Elémentaire est une oeuvre pédagogique d'un mérite plus qu'ordinaire.

La Nouvelle Géographie Elémentaire a pour auteur M. J.-N. Miller, fonctionnaire spécial au département de l'Instruction publique et secrétaire du Bureau central des Examinateurs catholiques. Notre distingué ami nous permettra de lui dire qu'il vient de doter les écoles catholiques de sa province d'une oeuvre digne d'elles. La méthode suivie dans la Nouvelle Géographie est conforme aux meilleures données de la pédagogie moderne. Le texte en est simple et autant que possible à la portée de l'intelligence des enfants. Au point de vue matériel, rien n'a été négligé pour faire de ce livre-atlas un ouvrage supérieur. Un nombre considérable de jolie gravures et de belles cartes en couleur enrichissent le texte qui est dépouillé des aridités qui se rencontrent généralement dans les géographies en usage dans nos écoles.

Nous félicitons bien sincèrement M. Miller pour le beau livre, le très beau livre, qu'il vient de livrer au public. Nous souhaitons que la Nouvelle Géographie soit au plus tôt distribuée gratuitement à chacune des écoles de la province. Nous espérons aussi que les collèges, les couvents, les académies et les municipalités se feront un devoir, dans l'intérêt des enfants, d'adopter immédiatement la Nouvelle géographie de M. Miller

Voici les lettres dont nous avons parlé il y a un instant: [599]

«Ecole Normale Laval,
Chemin de Ste-Foye, 1er mai 1901,
Monsieur J.-N. Miller,
Département de l'Instruction publique,
Québec.

Cher monsieur,

J'ai parcouru avec un grand intérêt la première partie de votre géographie. Vous y suivez la méthode préconisée par les meilleurs auteurs de géographie et la mise en oeuvre est parfaitement réussie. Les gravures sont superbes et les cartes géographiques sont coloriées de manière à en faire ressortir les détails. Je vous félicite cordialement d'avoir inséré dans votre ouvrage des cartes en relief. C'est du nouveau et dans le meilleur genre. Je fais des voeux pour que cet ouvrage soit adopté dans toutes les écoles primaires, comme manuel de géographie. La formation des élèves y est encore plus intéressée que l'instruction proprement dite.

J'ai l'honneur d'être,
Mon cher monsieur,
Votre très dévoué serviteur,
(Signé) Th.-G. Rouleau, Ptre.»

«Ecole Normale Jacques-Cartier,
Montréal, 2 mai 1901.

Mon cher Monsieur Miller,

Je n'ai pu ouvrir votre lettre et jeter un premier coup d'oeil sur votre géographie que hier soir assez tard; mais je viens de la parcourir avec attention. Enfin voilà une géographie à peu près telle que je la désire depuis longtemps. Je vous félicite d'avoir entrepris ce travail et de l'avoir disposé comme vous avez fait. L'entreprise, le plan et l'exécution sont d'un homme qui connaît l'enseignement et qui veut aider à le faire progresser. Je vous approuve de vouloir soumettre votre ouvrage au Comité catholique du Conseil, et je ne doute pas que vous en receviez l'encouragement que vous méritez.

Je considère d'abord la partie matérielle.

L'aspect du livre est attrayant, qualité dont on ne tient pas ordinairement assez compte quand il s'agit des livres d'école: papier, caractères, vignettes, impression, tout cela plaît à l'oeil. Le papier est glacé et d'une bonne teinte, les caractères paraissent neufs; l'encre du texte pourrait être un peu plus noire encore; l'impression est soignée. Que peut-on dire de plus?

Quant à la partie pédagogique, elle rencontrera l'approbation générale. Vous sortez de la nomenclature sèche des bornes, productions, montagnes qui ne dit presque rien à l'intelligence des élèves. Narration simple, claire, intéressante, variée par des interrogations rapides qui réveillent l'attention de l'élève, le forcent à étudier la carte ou à réfléchir, c'est de la bonne pédagogie.

Etudier d'abord l'ensemble, puis les parties, voilà qui me semble aussi être la bonne méthode. Ainsi, l'enfant qui aura étudié les 24 premières pages, aura une connaissance complète et nette des deux continents. Il en sera de même pour l'Amérique du Nord, pour la Puissance du Canada, etc., etc.

Maintenant, j'aurais bien quelques suggestions à vous faire - pour ajouter et non pour corriger; mais le temps me manque ce soir. Je le ferai demain.

La carte publiée par le gouvernement et votre ouvrage se complètent pour ce qui regarde notre cher Canada.

Votre bien dévoué
H.-A.-B. Verreau, Ptre.»"

1901.07.29
xxx. "Mon premier livre - La distribution gratuite aux commissaires et aux maisons d'éducation commencera le premier août - Les Commissaires de Montréal en demandent 6,000 exemplaires pour leur part", La patrie, 29 juillet 1901, p. 8.

"Ce «premier livre» est un premier pas vers la plus grande diffusion possible de l'instruction populaire dans la province de Québec.

Sous ce rapport, notre province est en avant des autres parties de la Confédération. Dans la province d'Ontario, le peuple a l'uniformité, mais il n'a pas encore la gratuité des livres. Avec «Mon Premier Livre», approuvé par l'épiscopat, le peuple de la province de Québec a les deux: uniformité et gratuité.

Le parti libéral avait promis d'apporter cette réforme dans notre système d'enseignement public. Il l'a accomplie, malgré le mauvais vouloir et malgré l'opposition sourde toujours, déclarée quelquefois de ses adversaires à la Chambre.

La gratuité des livres a été votée par la loi sur l'instruction publique de 1899. Cependant, on peut dire que cette véritable révolution dans l'enseignement populaire en Bas-Canada est l'oeuvre en collaboration des libéraux et des conservateurs, puisqu'on trouve en germe la gratuité des livres scolaires dans le statut 60 Vict., chapitre 3.

Lors du débat livré dans l'enceinte de l'Assemblée législative sur la loi dont le peuple recueille en ce moment les fruits, M. Flynn a tenu à le rappeler au gouvernement. Le chef de l'opposition a revendiqué comme une des principales réformes projetées par le cabinet qu'il dirigeait l'introduction d'un système de gratuité des livres dans les écoles primaires.

En sorte que l'on peut dire qu'en dehors des embarras dont un parti ne peut s'empêcher de couvrir le chemin de son concurrent, les deux partis ont désiré la gratuité de l'enseignement primaire dans la mesure du possible en notre état de société. Patience et longueur de temps font plus que force et que rage.

En votant la gratuité des livres, la législature de Québec a démoli une nouvelle bastille de préjugés qui s'élevait entre l'intérêt populaire et la diffusion de l'instruction élémentaire. Les inspecteurs d'écoles qui n'avaient cessé de demander cette réforme dans leurs bulletins compteront également parmi les soldats de la grande armée qui arrache aux vieux systèmes des réformes devenues nécessaires.

Le gouvernement offre ses livres à tous les établissements d'éducation, écoles, couvents, collèges, publics ou privés.

«Mon Premier Livre» sera mis entre les mains de tous les enfants des deux sexes dans le écoles des commissaires à Montréal. M. Urgel Archambault, que nous sommes allés consulter à l'école du Plateau, à ce sujet, nous a appris que, la semaine dernière, la commission avait fait écrire à Québec pour en avoir. Elle en a demandé six mille (6.000) exemplaires.

Nous nous enquiérons [sic] si les livres seront introduits dans les écoles religieuses relevant de la commission.

- «Certainement, répond M. Archambault. Les commissaires ont demandé le Livre pour en distribuer des exemplaires dans toutes les écoles sous leur contrôle aux petites filles comme aux petits garçons. Ainsi, nous avons, rue Visitation, le couvent des Soeurs de la Providence, celui des Soeurs de Sainte-Croix à la Pointe Saint-Charles et plusieurs autres maisons dirigées par les Soeurs de la congrégation de Notre-Dame. Enfin, douze à quatorze couvents en tout.

Quant aux Frères, je n'ai aucune indication à vous donner, sur leur intention probable. Je ne sais rien. Je ne sais pas pourquoi ils n'accepteraient pas le livre des commissaires offert gratuitement aux enfants des familles montréalaises. Au reste, s'ils le refusent, ils en retourneront les exemplaires au gouvernement, voilà tout. Mais je ne connais rien de leurs intentions.»

A la maison mère des Frères des Ecoles Chrétiennes, rue Côté, où nous nous adressons ensuite, on nous apprend que l'on ne s'est pas encore occupé de la chose. Le Frère supérieur étant absent, nous ne pouvons savoir rien de plus.

Nous téléphonons à Outremont, à la maison provinciale des Clercs de St-Viateur, qui ont trois ou quatre maisons à Montréal, deux collèges classiques et plusieurs académies dans la province. Nous ne sommes pas plus heureux, car les supérieurs sont à Joliette pour la retraite générale de la congrégation qui finit le 8 juillet.

«Mon Premier Livre» a été approuvé par le comité catholique du conseil de l'Instruction Publique. Le nouveau manuel est divisé en deux parties reliées séparément.

C'est l'oeuvre en collaboration de M.M. Ahern, Magnan et Miller, les deux premiers sont professeurs à l'école normale Laval; M. Magnan est aussi directeur de l'Enseignement Primaire, journal pédagogique honoré d'une souscription du Gouvernement qui en a ordonné la distribution gratuitement à toutes les institutrices laïques de la Province.

«Mon Premier Livre» est publié en français seulement. Il est embelli par de nombreuses illustrations."

1901.07.31
"Mon premier livre", Le journal, 31 juillet, 1901.

[Je n'ai pu retracer ce texte que F.-A. Baillairgé affirme avoir publié dans Le journal du 31 juillet 1901; la retranscription qui suit a été réalisée à partir du collage de ces textes que l'auteur a publié à la fin de la même année 1901 sous le titre La gratuité des livres, p. 5-6].

"- En voulez-vous, Messieurs? Ça ne vous coûtera rien!

Lorsque l'on ne peut arriver à implanter un système et que l'on est à bout d'arguments, on s'attaque à la partie faible, à l'intérêt qui calcule.

- Encore une fois, prenez, vous dis-je, ça ne coûte rien.

On écoute, on accepte et on reste vaincu. On s'est laissé prendre à l'appât d'un livre qui nous est arrivé sans bourse délier et l'adversaire est maître de la place!

Le gouvernement eut un jour un dépôt de livres classiques. Il dut céder devant l'opinion publique et abolir son dépôt. L'histoire du dépôt recommence sous une forme mitigée et plus habile. Qu'on y prenne garde.

Nous avons déjà plusieurs livres de lecture à l'usage des élèves de première année. Ces livres sont bons et approuvés par le Conseil de l'Instruction Publique, tout comme «Mon Premier Livre.» Dès lors, quelle raison avez-vous de les mettre de côté?

- Mais, «Mon Premier Livre» est excellent!

Puisqu'il est si bon votre livre, qu'avez-vous à redouter? Mettez-le donc sur le marché et «vendez-le.»

De cette façon, vous ferez aux livres actuels une concurrence légitime, utile, loyale et honorable.

Vous êtes le Gouvernement, et vous craignez d'entrer par la porte de devant? Vous êtes le Gouvernement, et vous n'avez pas honte d'entrer par la porte de derrière de la gratuité?"

1901.08.02
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres. Première bordée", Le journal, 2 août 1901, p. 4.

"La gratuité des livres, c'est une faveur que le peuple se fait à lui-même, à ses dépens, et en faisant passer son argent par les mains du gouvernement.

La gratuité des livres c'est un argent déguisé que papa Gouvernement, tout glorieux, met entre les mains de Baptiste, en cherchant à lui faire croire que c'est un «cadeau!».

La gratuité des livres, c'est une crèche à brochures dont la grande utilité pratique est d'augmenter le patronage du gouvernement.

La gratuité des livres, c'est une marche lente vers la centralisation politique de soins qui appartiennent naturellement aux pères de famille.

La gratuité des livres, c'est une abdication gratuite des convenances que l'ordre naturel met dans la main des parents pour leurs enfants.

La gratuité des livres, c'est une ingérence dangereuse aux portes du sanctuaire de la famille, dont l'école est annexe [sic].

La gratuité des livres, c'est une substitution anormale du pouvoir public à l'initiative privée, lorsque celle-ci suffit.

La gratuité des livres, c'est une concurrence déloyale faite par le gouvernement à des livres approuvés dont le mal est qu'ils ne peuvent être «donnés».

La gratuité des livres, c'est la lutte disgracieuse d'un gouvernement puissant avec de pauvres auteurs ou de pauvres communautés, qui publient à leurs frais et dépens, alors que lui, le gouvernement , ne dépense pas un sou sonnant.

La gratuité des livres, c'est l'introduction imprudente, dans l'école, pour des années, d'un ou de plusieurs livres qui n'ont pas fait leurs preuves.

La gratuité des livres, aux riches comme aux pauvres, c'est le gaspillage organisé des deniers publics.

La gratuité des livres, c'est le contraire du vrai libéralisme qui demande la libre concurrence dans le bien et dans le vrai.
DOM PEDRO".

1901.08.06
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres. Deuxième bordée", Le journal, 6 août 1901, p. 4.

"La gratuité des livres, c'est nous l'avons dit, pour un bon nombre, l'avilissement de l'école.

L'homme est ainsi fait: il apprécie beaucoup ce qui lui coûte beaucoup, et peu ce qui lui coûte peu.

-Tiens, mon enfant, voici encore un livre que nous avons payé vingt-cinq, cinquante centins; étudie bien, ne perds pas ton temps. Que cette dépense ne soit pas inutile. Nous ne serions pas en peine d'employer ailleurs cet argent. Mais l'instruction est une grande chose, et il faut à tout prix apprendre quelque chose.

Dès que les livres sont donnés, sans compensation, l'école et l'instruction passent, en estime, après la boutique qui rapporte quelque chose et après l'habit le plus vulgaire qui coûte quelque chose.

La gratuité des livres est pour ainsi dire une insulte aux riches et à tous ceux qui peuvent acheter les livres nécessaires à leurs enfants.

Je me crois obligé à ce que mes enfants soient convenablement mis. A plus forte raison dois-je tenir à ce que l'esprit chez eux s'éclaire et s'enrichisse.

Je serais fort surpris et quelque peu intrigué si une main étrangère distribuait "gratis" à mes enfants les habits dont ils ont besoin, et j'aurais assez de coeur pour faire voir à ces enfants que je suis en état de suffire à leurs besoins.

Voici qu'un étranger, dans un ordre plus élevé, m'offre gratuitement le livre, l'instrument de l''école!

-Qui êtes-vous?
-Je suis le Gouvernement!
-Ah! vous êtes le gouvernement! Eh bien, Monsieur le Gouvernement, j'apprécie beaucoup vos intentions et vos livres, mais il y a des soins que je n'abandonne pas à d'autres. Le livre est trop près de l'école, et l'école trop près du foyer pour que je me désintéresse en cette affaire. Si je dois l'habit à mes fils, je leur dois, dans mon estime, et à plus forte raison, le livre. Je veux que mes enfants sachent que j'apprécie leur instruction et que je ne recule, pour cela, devant aucun sacrifice.
-Il me fait plaisir de fournir moi-même les livres de l'école, et je m'honore, à mes propres yeux, en me montrant facile et généreux à cet égard. Laissez-moi, de grâce, Monsieur le Gouvernement, ce plaisir et cet honneur.

Ce n'est pas tout, mais le temps pour le moment, nous fait défaut.
DOM PEDRO".

1901.08.07
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres. Troisième bordée", Le journal, 7 août 1901, p. 4.

"Avez-vous entendu parler du grand cheval de bois introduit par Ulysse dans les murs de Troie?

La gratuité des livres est un cheval de bois de ce genre.

Rien de plus inoffensif qu'un cheval de bois.

Celui d'Ulysse cachait dans ses flancs un grand nombre d'hommes armés qui en sortirent et firent grand mal aux Troyens.

Gare au grand cheval de bois du gouvernement.

De fait, la gratuité des livres, c'est le dernier mot de la ruse ou de l'illusion.

La ruse qui veut arriver au but a recours aux présents. Rien ne dispose comme les cadeaux.

L'illusion de la gratuité, pour d'autres, c'est la prétention, souvent mal fondée, que le livre gratuit est de tous le meilleur et que c'est être le père du peuple que de le mettre dans ses écoles.

Le livre gratuit, c'est une conviction individuelle que l'on veut étendre partout; c'est une méthode, la même, que l'on veut introduire partout.

Le livre gratuit, cependant, c'est l'ignorance du milieu, qui traite la ville comme la campagne et la campagne comme la ville.

Le livre gratuit, c'est l'oubli systématique des méthodes diverses qui proclament leur valeur ou leur supériorité.

La gratuité des livres, c'est donc la fin de la sagesse pour les gouvernements qui se mêlent implicitement de direction, en éducation, au risque de faire dévier les choses de leurs [sic] cours naturel.

En effet, c'est un principe de sage administration qu'il faut laisser à l'initiative privée sa liberté d'action et sa fécondité, sans aucune substitution gouvernementale. Le gouvernement est pour le bien. Dès que le bien s'opère par l'individu, le pouvoir public n'a pas à dire: Retire-toi que je prenne ta place.

Nous avons nos livres de lecture, faits d'après d'excellentes méthodes. Ces livres sont entre les mains de tous nos enfants. S'il est des enfants qui en sont privés, les municipalités sont autorisées à leur en fournir.

Vouloir en donner à tous, parce que quelques-uns en sont privés, c'est guérir un mal par un mal plus grand et c'est en cela qu'apparaît toute l'inanité de cette mesure.

Malheureusement la matière n'est pas encore épuisée.
DOM PEDRO".

1901.08.08
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres. Quatrième bordée", Le journal, 8 août 1901, p. 4.

"Les Troyens sages craignaient les Grecs et leurs présents: «Timeo Danaos et dona ferentes».

Nous devons faire comme ces Troyens à l'égard des présents du gouvernement, lorsque ces présents sont des livres d'école et des livres qui sont les siens.

La gratuité des livres, en effet, c'est l'arrêt de mort du progrès dans la rédaction des livres classiques. Pas n'est besoin d'un long raisonnement pour le démontrer.

Lorsque le gouvernement aura mis ses livres gratuits dans les écoles, sera-t-il facile de les en déloger? Assurément non.

Quel est, de fait, l'écrivain qui tentera de lutter contre les livres du gouvernement?

Quel est celui qui viendra dire au peuple: Voici, sur telle matière, un livre supérieur à celui du gouvernement; il est à votre disposition. Le gouvernement, ses amis et les intéressés, diront le contraire.

Les pères de famille et les autorités scolaires municipales ne sachant à qui s'en tenir se décideront pour le "statu quo", et cela en présence d'un ouvrage supérieur à celui du gouvernement.

Messieurs les écrivains, retirez vos livres. Votre talent ne peut se faire jour ici. Vos travaux accusent un progrès, mais notre organisation scolaire ne permet pas de les utiliser. Vendez vos livres en Europe, le marché ici est encombré.

-Mais nous allons les vendre à bien bon marché.
Vous ne réussirez guère: le peuple est accoutumé à ne plus rien donner pour les livres.

-Eh bien, nous allons les donner!
Inutile, mes bons amis, le gouvernement est maître de la place et il tient à y rester.

Et voilà!

Le bon sens veut qu'il y ait progrès, tous les jours, dans la rédaction, dans la méthode et dans la valeur générale des livres classiques.

Il est donc imprudent, souverainement imprudent, de mettre à l'avance des barrières au progrès.

Il peut se faire qu'un livre gratuit soit, aujourd'hui, supérieur à celui d'hier. Sera-t-il supérieur à celui de demain?

La gratuité des livres est donc, en toute hypothèse, un danger perpétuel pour le progrès, elle décourage les amis de l'éducation qui se croient capables de faire mieux que leurs prédécesseurs; elle tue par conséquent le progrès dans son principe, l'émulation.

Le rédacteur de la «Patrie», oublieux de son système d'affirmations gratuites en matière d'éducation - dès qu'il s'agit de la province de Québec - vient de se fendre d'un argument. Cela mérite donc considération. A demain.
DOM PEDRO".

1901.08.09
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres - Réponse à la "Patrie", Le Journal, 9 août 1901, p. 4.

"«Le Journal», dit la «Patrie» du cinq août, soutient une thèse insensée. «Selon notre confrère, la gratuité des livres, c'est l'avilissement de l'école.»

Le rédacteur de la «Patrie» confond tout d'abord la thèse et la preuve.

La thèse, c'est que la gratuité des livres est une mesure que rien; ne légitime, tout au contraire. Nous avons apporté une douzaine de preuves à l'appui. L'une de ces preuves, c'est que la gratuité avilit l'école aux yeux d'un bon nombre, en enlevant toute valeur pécuniaire aux livres, c'est-à-dire en avilissant l'instrument principal de l'école.

Quant aux autres preuves, la «Patrie» n'en souffle mot.

Le journal de M. Langlois poursuit:

«S'il est une mesure bien propre à relever l'école dans l'estime des paysans, des classes pauvres, c'est bien celle qui met l'instruction publique à la portée des enfants.»

Ce qui met l'instruction publique à la portée de tous les enfants, c'est d'avoir un peu de coeur, un peu d'honneur et un peu de religion. Avec cela, on trouve toujours dix centins pour un livre d'école. S'il y en a quelques-uns qui sont, par accident, trop pauvres, ils peuvent toujours s'adresser aux commissaires d'écoles, qui ont les pouvoirs nécessaires. Du reste, le curé de la paroisse connaît ses pauvres et se fait toujours un plaisir de donner à ces vrais pauvres les livres dont ils ont besoin. Donc, chez nous, l'instruction publique, en ce qui regarde le livre, est à la portée de tous. La gratuité, par le gouvernement, est donc inutile; elle devient ridicule dès qu'on l'étend aux enfants des riches comme à ceux des pauvres; elle devient une prodigalité dangereuse aux mains d'un gouvernement riche, et une plaie publique dans les mains d'un gouvernement pauvre.
DOM PEDRO".

1901.08.10
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres - Réponse à la «Patrie» - II", Le Journal, 10 août 1901, p. 4.

"La gratuité des livres est une mesure de progrès, ajoute M. Langlois. Dans les campagnes, le grand obstacle à l'avancement scolaire a été jusqu'ici l'opinion courante que l'instruction coûtait trop cher. L'obstacle disparu, le préjugé s'en va naturellement.»

Mettons cela sous forme d'argument.

Une mesure qui enlève un grand obstacle à l'avancement scolaire est une mesure de progrès.

Or, la gratuité des livres enlève un grand obstacle à l'avancement scolaire.

Donc, la gratuité des livres est une mesure de progrès.

Une mesure qui enlève un grand obstacle, «un grand obstacle réel,» est une mesure de progrès, assurément.

Or, la gratuité enlève un grand obstacle. Quel est, s'il vous plaît, cet obstacle? C'est, dites-vous, l'opinion courante que l'instruction coûte trop cher. Halte-là. Cette opinion courante n'existe pas. Le grand obstacle que nous affirmez n'est pas réel, et par conséquent votre gratuité n'a pas d'obstacle à enlever de ce côté; à ce point de vue, donc, la gratuité ne peut être appelée une mesure de progrès. Ces affirmations de notre part demandent quelques explications.

L'instruction prise dans son ensemble coûte toujours cher. Les contribuables s'en aperçoivent. Celui qui, sans compter la rétribution mensuelle et les répartitions spéciales, est obligé de donner parfois jusqu'à $3.50 pour $1,000 de propriétés a raison de dire que l'instruction coûte cher.

De là conclure que c'est l'opinion courante que l'instruction coûte «trop cher,» c'est affirmer plus qu'on ne sait. Depuis quinze ans, on ne cesse de prêcher l'insuffisance du salaire des instituteurs; ce travail a-t-il été stérile? Non. Dans bien des endroits on a fait des sacrifices; en d'autres lieux on ne s'est pas encore décidé, mais on est convaincu.

Supposons, pour un moment, l'existence d'une opinion courante que l'instruction coûte trop cher.

Parce que le gouvernement donnera quelques ouvrages de dix ou quinze centins, s'ensuivra-t-il qu'il doive se glorifier d'avoir rendu l'instruction notablement moins coûteuse? Le coût de l'instruction n'est pas seulement dans le prix de quelques brochures, il est encore dans la construction des écoles, dans le paiement des instituteurs, dans le gréement scolaire, dans l'achat des livres de prix, etc., etc. Votre gratuité des livres nous met-elle à l'abri de toutes ces dépenses? Elle est tout au plus le «parum pro nihilo reputatur», oui, le peu réputé pour à peu près rien.

Si la gratuité des livres ne diminue guère le coût de l'instruction, il est donc vrai de dire qu'elle n'enlève pas le prétendu grand obstacle qui serait l'opinion courante que l'instruction coût trop cher.

Et maintenant, qu'il nous soit permis de retourner contre son auteur l'argument de la «Patrie».

Une mesure qui engendre un obstacle à l'avancement de l'éducation est mauvaise. Or, la gratuité des livres engendre un obstacle à l'avancement de l'éducation. Donc cette mesure est mauvaise.

L'opinion courante, d'après la «Patrie», que l'instruction coûte trop cher, est-elle bonne ou mauvaise? Mauvaise.

Si elle est mauvaise, c'est oeuvre mauvaise que d'enfoncer le peuple dans son erreur en lui faisant croire qu'il a raison.

Vous venez lui fournir des livres gratuits! Est-ce de nature à détruire ou à nourrir son préjugé? A le nourrir. «Le gouvernement vient à notre secours, il voit lui aussi que l'instruction nous coûte trop cher. Nous étions bien dans la vérité!» Voilà le préjugé qui grandit donc au lieu de s'en aller. Lorsqu'il s'agira de demander plus, pour rétribuer les maîtres, construire des écoles plus hygiéniques, quelle mine aurons-nous? «Mais l'instruction coûte déjà trop cher, le gouvernement vous a même donné des livres gratuits! Impossible, impossible.»

C'est ainsi que par la gratuité, on enracinera le préjugé et que l'on augmentera les obstacles!

Il est donc vrai de dire que la gratuité des livres, loin d'être une mesure de progrès, est une mesure mauvaise, une mesure de décadence.

M. Langlois nous a donc mis dans les mains des matériaux qui démontrent le contraire de ce qu'il veut prouver.

A qui la faute?

Il ne suffit pas d'un peu de talent pour rendre bonne une cause qui est mauvaise."

1901.08.12
xxx. "La gratuité des livres", La patrie, 12 août 1901, p. 4.

"Quoiqu'en disent ou en pensent les rétrogrades du "Journal", la gratuité des livres est l'un des meilleurs stimulants au progrès scolaire, au développement de l'instruction populaire. Elle met entre les mains des enfants des instruments indispensables, elle efface chez un grand nombre de pères de famille la répugnance qu'ils ont éprouvée pour l'école, elle rapproche l'institutrice des parents et des enfants.

Si l'on admet que l'éducation est un bien qu'il faut rechercher et cultiver, il faut bien admettre que ce qui met l'éducation à plus facile portée du public est un moyen propice et utile. Or, le livre gratuit atteint ce but: il vient au secours des paysans et ces ouvriers pauvres, il favorise la masse. Le riche n'avait peut-être pas besoin du livre gratuit, mais le riche est l'exception. Or, le sentiment de l'égalité et de la solidarité défendait qu'on séparât les enfants en deux catégories, les pauvres et les riches. C'est pourquoi, on a mis les livres gratuits pour tout le monde. Mais les classes opulentes contribueront leur grosse part aux frais qu'entraîneront à l'Etat la publication et l'impression de «Mon Premier Livre».

Québec est la seule province de la Confédération où l'on ait la gratuité des livres. Dans la province d'Ontario, la presse des deux partis s'accorde à reconnaître que c'est une mesure d'intérêt national qu'il faudrait avoir dans toutes les parties de la Confédération.

Celui qui écrit dans le «Journal» contre la gratuité des livres doit être un monsieur qui a cultivé l'industrie de la publication et qui sent son industrie péricliter.

On sait qu'il se fabriquait une foule d'ouvrages de classe non pas toujours pour le bien des élèves ou l'avancement de l'instruction, mais souvent pour des fins purement commerciales. Cela se pratiquait au détriment des pauvres pères de famille évidemment.

La gratuité des livres a tué cette exploitation."

1901.08.13
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres des livres et l'assistance à l'école - Réponse à la "Patrie" - III", Le Journal, 13 août 1901, p. 4.

"Un des premiers résultats de la gratuité des livres, dit gravement la «Patrie», sera certainement d'accroître la moyenne de l'assistance à l'école

Ce qu'il y a de plus frappant dans ces lignes, c'est le «certainement». Nous serions curieux de connaître les augures et devins qui servent si bien les imaginations de M. Langlois.

La gratuité des livres aura donc plusieurs résultats, et le rédacteur de la «patrie» voudra sans doute les faire connaître tous.

Dans tous les cas, apprenons dès maintenant de sa bouche que l'un des premiers résultats sera l'accroissement certain de la moyenne de l'assistance à l'école.

Voilà un ami de la gratuité des livres, tellement rempli de son sujet, qu'il en met partout de la gratuité.

La moyenne de l'assistance à l'école augmentera, comme par le passé, et la gratuité y restera étrangère comme dans le passé.

Beaucoup d'enfants de 5 à 16 ans ne sont pas à l'école. Pourquoi?

Première raison: plusieurs ont terminé leur cours élémentaire, qui est de 4 ou 5 ans suivant l'âge et le talent, et ne veulent pas aller plus loin.

Deuxième raison: des milliers d'enfants laissent chaque année l'école de M.M. les commissaires, pour aller au collège ou au couvent.

Troisième raison: on les croit nécessaires à la maison, ces enfants, à tort ou à raison.

Quatrième raison: nombre d'enfants de 5, 6, 7 et 8 ans ne peuvent aller à l'école, parce qu'ils sont trop jeunes ou trop faibles vu l'intempérie des saisons et la distance des écoles.

Donnez des livres gratuits à tous ces enfants, ils resteront chez eux quand même.

Donnez des livres à ceux que la paresse ou la négligence tiennent loin de l'école, ils resteront paresseux et négligents.

Ayant constaté que 59 enfants (soit 25 par cent) n'allaient pas à l'école dans une certaine municipalité, nous prîmes des informations auprès des parents. Il s'est trouvé que 58 de ces enfants avaient d'excellentes raisons; un seul était inexcusable. Il n'a jamais été question de livres comme raison d'absence.

L'assistance à l'école a beaucoup augmenté dans l'avant-dernière décade, au point qu'en fait d'accroissement, nous tenons la tête, dans toute la confédération.

Le dernier recensement annoncera sans doute encore du progrès.

Ce progrès, nous le devons à la nécessité des temps, à la sagesse des parents, à l'action de plus en plus grande du clergé et aux journaux.

Les mêmes causes en s'accentuant de plus en plus produiront, et de plus en plus, les mêmes effets.

D'où nous devons conclure que la gratuité, si elle ne fait pas de mal, ne fera guère de bien en ce qui touche à l'assistance.

Le premier avantage de la gratuité n'est donc pas visible à l'oeil nu.

Espérons qu'il n'en sera pas ainsi des autres avantages. M. le Rédacteur de la «Patrie» voudra bien les énumérer tous. Pour lui donner tous les loisirs possibles d'argumenter et de documenter, nous allons lui laisser la paix jusqu'au vingt août.
DOM PEDRO.

P.S.: Monsieur [sic] les curés et messieurs les commissaires d'école ne se laisseront sans doute pas leurrer par la gratuité. Il y a encore beaucoup a dire contre la mesure. D.P."

1901.08.14
xxx. "La gratuité des livres d'école", Le journal, 14 août 1901, p. 4.

"Il n'est pas vrai de dire que le «Journal» est opposé à la gratuité des livres d'école.

La «Patrie», en le disant sait qu'elle ment: bien plus, elle sait qu'elle calomnie.

Absolument comme lorsqu'elle affirmait, voilà quelques semaines, que le "Journal" était opposé aux Ecoles Normales.

Nous sommes d'avis avec tout le monde que la gratuité des livres d'école n'aura ni l'effet d'augmenter le chiffre de l'assistance des enfants aux écoles, ni celui d'élever le niveau des salaires des maîtres et maîtresses, ces deux desiderata de notre régime.

Le gouvernement conservateur avait pris les moyens de fixer à cent piastres le minimum de ces salaires; qu'a fait le gouvernement Marchand en arrivant au pouvoir? A-t-il comme il l'avait promis, augmenté de deux cent mille piastres l'octroi législatif de l'Instruction publique?

A-t-il au moins maintenu le minimum des salaires des instituteurs et institutrices établi par son prédécesseur?

Non.

Il n'a fait ni l'un ni l'autre.

Pourquoi? Parce que ces deux mesures n'auraient pas eu la popularité que nos adversaires recherchent dans tous leurs actes politiques. C'est pourquoi ils se sont rabattus sur la gratuité des livres d'école qui a davantage l'air de flatter le peuple et qui donne si bien sur les hustings dans la bouche d'un partisan gueulard.

Une autre raison qui est peut-être encore plus forte, c'est que la gratuité des livres d'école leur donne le moyen de favoriser leurs amis par des contrats surabondants de boodlage [sic].

Telle est notre opinion sur l'usage qu'on fait de cette mesure, laquelle fait pâmer d'aise et d'admiration la «Patrie» chaque fois que le mot magique vient sous la plume de son rédacteur.

Non, la gratuité des livres n'est pas la panacée que notre confrère a entrepris de préconiser pour guérir tous les vices innombrables qu'il s'est évertué pendant de longs mois à rechercher dans le système de l'instruction publique de la province de Québec.

Et ce n'est pas en nous attribuant faussement des opinions que nous n'avons pas qu'il prouvera sa thèse incompréhensible."

1901.08.26
xxx. "L'uniformité des livres dans l'enseignement", Le journal, 26 août 1901, p. 4.

"Demander l'uniformité des livres de classe pour toute une province, c'est ignorer l'expérience quasi universelle, c'est méconnaître la sage latitude qui doit être laissée aux autorités, c'est arrêter le progrès, c'est condamner d'avance tout [sic] amélioration voulue par le temps et les circonstances.

Cette uniformité n'existe ni en France, ni en Belgique, ni en Allemagne, ni dans la république voisine, et on ne niera pas que l'instruction publique y soit tout aussi, sinon plus avancée que dans n'importe quel autre pays du monde.

Que la loi autorise les corporations scolaires d'un comté, d'un district, d'un diocèse ou d'une ville à établir cette uniformité dans leurs limites, personne croyons-nous, n'y trouvera à redire.

Comme les engagements d'instituteurs se font généralement en mars ou avril, ces instituteurs et institutrices, pourvu qu'ils aient la science voulue, auraient tout le temps désirable pour étudier la série de livres en usage avant d'entrer en fonctions au mois de septembre.

Cette uniformité restreinte et purement locale aurait le précieux avantage de diminuer considérablement les frais auxquels sont si souvent exposés les parents qui sont obligés d'acheter de nouveaux livres presque à chaque changement de maître ou de maîtresse.

Il va de soi que le choix de la série à adopter serait l'oeuvre, non pas du caprice ou de l'opinion, mais devrait être contrôlée par les autorités compétentes.

Quant à l'action du gouvernement, elle se bornerait à fournir gratis des cartes géographiques, des tableaux noirs, une partie de l'ameublement scolaire et à exiger l'observance rigoureuse des lois de l'hygiène dans la construction et la tenue des écoles.

Et son rôle serait encore des plus bienfaisants.

Certains réformateurs ont traité cette question de l'uniformité des livres comme un aveugle le ferait des couleurs.

Le bon sens et la raison ont empêché la législature d'embrasser leurs théories. Cependant, nous craignons fort que leur influence rétrograde et néfaste n'ait entraîné le gouvernement dans un chemin de traverse, et qu'on ne veuille arriver à l'uniformité par la gratuité.

«Mon premier livre» est évidemment le premier fruit de leurs efforts.

Souhaitons qu'il soit le dernier, car tous les hommes versés dans l'art de l'enseignement que nous avons consultés sur le mérite pédagogique de cet ouvrage sont unanimes à le condamner."

1901.08.28
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres - Cinq affirmations gratuites de la Patrie", Le journal, 28 août 1901, p. 4.

"Les gens et correspondants du «Journal» sont des rétrogrades. C'est la «Patrie» qui le dit. Inclinons-nous devant ce jugement d'un tribunal qui ne doute de rien.

Nous avons lu et relu le dernier article de la "Patrie" sur la "Gratuité des livres". Quelques observations sur les cinq premières affirmations de M. G. Langlois.

1ère affirmation: «La gratuité des livres est l'un des meilleurs stimulants au progrès scolaire.»

Est-ce en enlevant toute émulation chez les auteurs et en fermant la porte à tout livre, même supérieur? Pourquoi ce stimulant, l'un des meilleurs, est-il laissé de côté par les autres provinces de la confédération? La France, l'Allemagne, la Belgique et tant d'autres pays, ignorent donc l'existence de ce stimulant? Et nous, les derniers en tout, nous serions les premiers à découvrir l'un des meilleurs stimulants au progrès scolaire? Allons donc!

2ème affirmation: «La gratuité des livres est l'un des meilleurs stimulants au développement de l'instruction populaire.»

Au développement de l'instruction populaire en général? Non. Au développement de l'instruction chez ceux qui n'ont point de livres et qui ne peuvent en avoir? Oui. Mais, y a-t-il beaucoup d'enfants du peuple qui ne vont pas à l'école, parce qu'il leur est impossible d'avoir un livre? Il n'y en a guère; il n'y en a pas. Et s'il y en avait, par impossible, le remède est trouvé et à la portée de tous. La municipalité scolaire est autorisée à fournir le livre nécessaire. Du reste le pasteur et la charité sont là.

Lorsque l'initiative privée suffit, et elle suffit ici, l'action publique, substituée, n'est pas un stimulant, mais une manoeuvre gouvernementale fausse et généralement rétrograde.

3ème affirmation: «L'instruction gratuite met entre les mains des enfants des instruments indispensables.»

En d'autres termes: «les livres gratuits sont des livres indispensables»!

La fausseté de cette proposition saute aux yeux. Et c'est avec un semblable verbiage que l'on allonge un article de journal et que l'on soutient une thèse!!

4me affirmation: «La gratuité des livres efface chez un grand nombre de pères de famille la répugnance qu'il sont éprouvée pour l'école.»

Recueillons-nous. Cherchons à comprendre. Il y a une telle profondeur dans des lignes qu'on s'y perd. La gratuité des livres efface quelque chose, quoi? Une répugnance. Chez qui? Chez un grand nombre de pères de famille. Une répugnance, pour quoi? Pour l'école. Une répugnance actuelle? Non, une répugnance, jadis éprouvée par ces pères de famille, lorsqu'ils étaient enfants, ou d'une répugnance éprouvée par eux, avant le sept juin dernier, date de l'avis de distribution de «Mon Premier Livre»? L'auteur de l'article ne le dit pas.

La répugnance cependant nous intéresse. Le rédacteur de la «Patrie,» nouveau Montesquieu, ne dit qu'une partie de sa pensée pour donner au lecteur le plaisir de trouver le reste par lui-même. Un grand nombre de pères de famille ont éprouvé une répugnance. Ils ne l'éprouvent plus depuis le 7 juin dix-neuf cent un, parce qu'ils peuvent maintenant, sans bourse déliée, se procurer un livre de dix centins. Nous y sommes. Ces pères de famille ont donc éprouvé de la répugnance pour l'école, parce que l'idée d'une dépense de dix centins, pour un livre, leur tombait sur le coeur et engendrait chez eux un véritable dégoût de l'instruction. La gratuité des livres détruit chez eux cette répugnance parce qu'ils vont recevoir de la part du gouvernement, dix centins par tête d'enfant, élève de première année.

Quel merveilleux dix centins! Grâce à cette économie, ces pères de famille pourront donc s'acheter une livre de tabac, ou encore se procurer deux bottes de paille pour la paillasse du petit. Merveilleuse intention, oui, pour les parents sans coeur et sans honneur. Ces monstres sont rares.

Lorsqu'un tel homme répugne à l'école, il ne mérite pas les faveurs du gouvernement et la gratuité, devenue générale, pour l'atteindre, devient en même temps une insulte, en mettant au même niveau tous les pères de famille.

5ème affirmation. «La gratuité des livres rapproche l'institutrice des parents et des enfants.»

Comme preuve à l'appui, M. Langlois n'ajoute pas un mot. Il semble que cela est si clair, si évident, que ça ne demande qu'un point final. Il pose ce point et va à la ligne pour un nouvel alinéa.

C'est ainsi, amis lecteurs, que sont écrits certains articles, même sur la question d'éducation, même à la «Patrie.»
DOM PEDR0".

1901.08.30
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres - Fin de la réponse à la «Patrie»", Le journal, 30 août 1901, p. 4.

"Sixième affirmation:

«Le livre gratuit met l'éducation à la plus facile portée du public.»

Ce qui met l'éducation ou l'instruction à la portée du public, ce sont les routes, la proximité des écoles et la compétence des maîtres.

Qu'importe le livre, si l'école est à deux ou trois milles? Qu'importe le livre et l'école à proximité, si l'enfant n'apprend rien?

Le livre est un facteur très secondaire surtout à l'école élémentaire. Une bonne institutrice peut faire une excellente classe, pendant deux ans, sans aucun livre.

Dans tous les cas, ne donnons pas au livre au point de vue de la facilité de s'instruire, une importance qu'il n'a pas. Quant au livre gratuit, il n'exempte pas d'acheter des crayons, des plumes, des ardoises, du papier, de l'encre et des cahiers de calligraphie. Ce livre comporte une économie de dix centins. C'est si peu que ce n'est rien comparé avec le reste. La «Patrie» ne peut donc en conclure rien d'important, rien de notable, rien de significatif pour sa thèse.

Encore une fois, ce sont les facilités de transport, le rapprochement des écoles et la valeur des institutrices qui mettent l'instruction à facile portée du public.

7ème affirmation:

«Le livre gratuit favorise la masse. Le riche est l'exception.»

Le riche est l'exception, oui, mais les Canadiens-français sont à l'aise, en général. Or, l'aisance suffit amplement à l'achat de quelques livres. Allez dans de simples paroisses des montagnes, où l'on paye [sic] $3.50 de taxe scolaire par $1,000.00; entrez dans les écoles dont les titulaires ont une certaine valeur personnelle, et vous constaterez que les enfants ont, tous, des livres. La question n'est pas de savoir si le livre gratuit favorise: tout don doit favoriser quelqu'un, de sa nature, mais de savoir s'il favorise à propos.

Le contraire est démontré. Le livre gratuit ne favorise pas à propos, parce que l'initiative privée, chez un peuple à l'aise, suffit.

8ème affirmation: «Le sentiment de l'égalité et de la solidarité défendait que l'on séparât les enfants en deux catégories, les pauvres et les riches.»

Fatigué de l'effort qu'il vient de faire, le rédacteur de la «Patrie» se réfugie, sans un mot d'explication, derrière ses nébuleuses: l'égalité et la solidarité!

Acceptons cependant ces mots sonores.

L'égalité n'a pas pour mission d'unir ou de séparer, en sorte qu'elle n'avait rien à défendre à M. Langlois. L'égalité demande simplement que l'on donne à B. ce qui manque pour le rendre «égal» à A. dont l'aisance rencontre tous les besoins. Le pouvoir municipal et la bonne volonté du plus riche suffisent à donner l'égalité du livre.

Quant à la solidarité, elle nous fait répondre les uns pour les autres, elle nous rend mutuellement responsables de certains actes, de certaines lois. Cela étant, quel peut être le rôle de cette solidarité lorqu'il s'agit de gratuité? Comment peut-elle défendre, elle aussi, de séparer les riches et les pauvres? Tout au contraire, la solidarité ne demande qu'une chose ici, c'est que nous nous opposions de toutes nos forces à la gratuité des livres, car la postérité pourrait nous dire: «Qu'avez-vous fait? n'avez-vous pas prévu les conséquences de la gratuité? n'avez-vous pas deviné ce qu'il y avait dans les flancs de ce cheval de bois? Vous avez pris part à une oeuvre dangereuse et nuisible: vous en avez pris la responsabilité en vertu de la solidarité.»

Voilà où on arrive avec l'égalité et la solidarité.
DOM PEDRO".

1901.08.31
xxx. "Le côté commercial", Le journal, 31 août 1901.

[Je n'ai pu retracer ce texte que F.-A. Baillairgé affirme avoir publié dans Le journal du 31 août 1901; la retranscription qui suit a été réalisée à partir du collage de ces textes que l'auteur a publié à la fin de la même année 1901 sous le titre La gratuité des livres, p. 29-32].

"La gratuité des livres, c'est le gouvernement devenu libraire, c'est le gouvernement qui pour faire passer une idée, un système, offre à vil prix, moins qu'à vil prix, un livre, un article de librairie, un article dont il est le propriétaire, le dépositaire et le distributeur.

Plusieurs des ministres ont-ils été libraires, nous l'ignorons. Nous avons beaucoup de respect pour les libraires de profession: nous en avons moins pour les chefs du peuple qui se font en même temps libraires, libraires gâte-métiers surtout.

Dans les colonies naissantes, il y a un magasin du roi, passe.

Dans un pays formé constitué, dont les habitants sont à l'aise, le palais législatif ou la maison du roi, n'est pas et ne peut être un magasin, les ministres également ne peuvent être à la fois ministres et marchands pour le compte du gouvernement. Telle n'est pas la mission des patriciens: plus hautes doivent être leurs aspirations.

Les ministres doivent être des hommes d'état qui s'occupent du bien général, sans jamais descendre à des fonctions qui peuvent honorer un particulier, mais qui ne sont pas

[p. 29]

dans la sphère gouvernementale.

Le ministre est un peu comme le prêtre: intermédiaire entre le peuple et l'autorité souveraine, il ne peut, sans s'avilir, se livrer à une chose qui ressemble à la spéculation.

M. G. Langlois disait dans son article du 12 août dernier: «Celui qui écrit dans le Journal contre la gratuité des livres doit être un monsieur qui a cultivé l'industrie de la publication et qui sent son industrie péricliter.»

---

M. Langlois ressemble à un certain officier.

Un jour de bataille, pour la prise d'une ville ou la conquête d'une province, les balles sifflaient des deux côtés et les morts jonchaient le sol. Un officier cependant, peu soucieux, semblait-il, de la cause à gagner, restait les bras croisés. En voyant tomber les siens, et en constatant la longueur de portée du fusil, et la précision du tir ennemi, il disait à ses voisins: «Voilà de bons fusils, n'est-ce pas? ils doivent avoir été faits par des messieurs qui ont cultivé l'industrie du fer. Ces fusils ne viennent assurément d'aucune de nos manufactures.» Sur ce, trois soldats tombent, blessés à ses côtés. «Evidemment, s'écrie-t-il, les fusils de l'ennemi doivent venir d'une maison remarquable dont l'industrie n'est pas à la veille de péricliter.» Un de ces fusils l'ayant à cet instant gratifié d'une balle qui lui casse la bras gauche, le brillant officier revint à la

[p. 30]

réalité des choses et songea qu'il perdait son temps à chercher les origines d'un fusil dont il était lui-même la victime.

Le rédacteur de la «Patrie» fera bien de modérer sa curiosité, de peser les arguments et de s'occuper beaucoup moins de leur origine et de la physionomie de leur auteur.

---

Du reste, supposons le cas. Je suis libraire, je vends d'excellents livres de lecture, j'en vends pour $300.00 par an. C'est un «item» qui en vaut la peine. Je ne fais pas objection, non plus, à ce que le gouvernement, après un concours, fasse vendre, pour une oeuvre, le livre qui a remporté la palme. Mais, si ce gouvernement vient, sans raison de bien général, fermer les débouchés et détruire le marché, en donnant un livre qui ne lui coûte rien et qui par sa gratuité remplace forcément le mien, qui coûte quelque chose, n'ai-je pas le droit de me récrier et de dire que la lutte n'est ni loyale, ni honorable?

Il y a quelques années, un monsieur, maire de Montréal, disait: «Ces religieuses font un sirop elles ne payent pas de taxe. Elles font du dommage à Baridon, à Gray, à Leduc, etc., etc. Cette concurrence est illégitime.» Le gouvernement fit donc payer la taxe. La lutte que le gouvernement fait aux libraires aujourd'hui

[p. 31]

est autrement plus sérieuse. Les Soeurs fabriquaient leur sirop à leur [sic] frais et dépens. En est-il ainsi de ceux qui nous ont doté de la gratuité des livres?"

[p. 32]

1901.08.31
xxx. "La gratuité des livres", La patrie, 31 août 1901, p. 10.

"Autrefois, il y avait autant de livres d'école que de libraires, que de corporations pratiquant l'enseignement.

Les uns avaient été préparés par des hommes dévouées à l'instruction publique, les autres par des spéculateurs.

Les uns étaient bons, les autres médiocres.

Médiocres et bons se vendaient et étaient mis entre les mains des enfants, au caprice des instituteurs et institutrices, des commissaires d'écoles, par l'intrigue ou l'esprit d'entreprise des libraires.

Le résultat, c'est que dans une même paroisse les écoles avaient des livres différents. Il n'y avait pas dix écoles dans un même comté qui eussent le même assortiment de livres.

C'étaient les pauvres parents qui payaient pour tout cela.

Le «Journal» cherche à faire croire que ça ne coûte pas cher. C'est une affaire de dix sous, dit-il.

Voyons, à qui notre confrère fera-t-il croire qu'il peut acheter un A.B.C., un catéchisme, une grammaire, un livre de lecture, une géographie, une arithmétique, une histoire sainte, une histoire du Canada, etc. pour dix sous?

Cela coûte au moins deux piastres.

Maintenant, qu'arrivait-il lorsqu'une famille changeait de paroisse, de comté? Il fallait aussitôt tout un nouvel assortiment de livres, il fallait débourser une piastre, une piastre et demie qui allait grossir les revenus des fabricants de livres, mais qui appauvrissait d'autant et inutilement le paysan.

Ce changement de livres, cette diversité d'ouvrages de classe a été jusqu'ici un abus terrible, un mal criant qui a dégoûté une multitude de gens de l'école.

Comment ne pas se réjouir en voyant le gouvernement mettre courageusement fin à ce système d'exploitation pour entreprendre de fournir gratuitement les livres aux enfants d'école?

C'est un mouvement bienfaisant que celui-là et nous sommes étonné de constater qu'il y a des gens qui voudraient ramener le peuple au chaos d'hier, à l'exploitation dont nous venons de parler.

Le «Journal» n'a pu encore trouver un seul argument contre la gratuité et l'uniformité des livres.

Ses sophismes tombent à plat."

1901.09.04
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres - Réfutation des objections", Le journal, 4 sept. 1901, p. 4.

"M. G. Langlois nous taille de l'ouvrage. Très bien: nous allons en faire, sur don dos.

Il donne dans la «Patrie» du 31 août 1901, une preuve nouvelle, certaine, tangible, qu'en traitant des questions d'instruction, il n'est pas dans son élément et qu'il ne connaît guère les faits dont il parle.

Il ne suffit pas d'avoir de l'audace ou de l'outrecuidance pour traiter un sujet.

M. de la Harpe a pu écrire une «Histoire des voyages» sans sortir de sa chambre; M. G. Langlois semble vouloir marcher sur ses traces, lorsqu'il s'agit des questions scolaires.

Dans tous les cas, nous avons pris la résolution de nous attacher aux pas de ce grand réformateur, toujours prêt à lui rendre justice, mais toujours décidé cependant à lui couper les fausses branches, etc., etc.

«Autrefois, dit-il, il y avait autant de livres d'écoles que de libraires, que de corporations pratiquant l'enseignement, que d'auteurs.»

Ça fait bien des livres! Manière de parler!

1° Ne déplaçons pas la question. «Mon Premier Livre» étant pour les élèves de première année, nous n'avons pas à parler des livres de 2e, 3e et 4e année. Nous le ferons lorsque le gouvernement nous gratifiera de «Mon deuxième Livre,» ce qui n'arrivera probablement pas de sitôt, car il n'y aura pas toujours du bois à vendre pour combler les déficits. Nous n'avons donc à parler que des livres en usage en première année.

2° M. Langlois parle d'«autrefois». Toujours de l'indéterminé, toujours de l'eau trouble. «Autrefois», c'est très étendu, ça comprend hier et les années écoulées depuis plus ou moins longtemps. La multitude de livres qui scandalise le réformateur doit être considérée dans l'école d'aujourd'hui, au temps de l'apparition de la nouvelle pierre philosophale gouvernementale.

Cela étant, il y a quatre livres de lecture de 1ère année généralement en usage dans nos écoles.

Celui des Frères des Ecoles Chrétiennes.

Celui des Soeurs de la Congrégation.

Celui des Clercs de St-Viateur.

Celui de M. Montpetit.

Ce dernier s'en va tranquillement. Il a fait du bien, mais il a fait son temps.

Chaque communauté vend ses livres à son profit, si elle le juge à propos: c'est son droit. En sorte que les libraires sont peu intéressés dans la question.

Ces livres, d'autre part, sont de très bons livres, selon leur méthode.

Ils ne suivent pas tous la même méthode, mais ils apprennent tous à lire.

D'aucun diront telle méthode est meilleure! C'est possible. Le contraire peut être vrai suivant le point de vue. Certaines méthodes font aller plus vite que d'autres, c'est vrai; mais il paraît que ces méthodes ne sont pas sans inconvénients sérieux . La liberté doit régner ici comme dans toute ce qui est bien.

«Le résultat, poursuit la «Patrie», c'est que dans une même paroisse les écoles avaient des livres différents.»

Quel grand mal à cela?

Ne peut-il y avoir plusieurs chemins également bons pour arriver au même but?

Plus est, les circonstances imposent parfois, souvent même la diversité des livres dans une même paroisse. Ainsi, par exemple, à St-X., il y a un couvent de la Congrégation, et pas loin un collège. Les commissaires, de concert avec M. le curé ont donné à l'école modèle des garçons de la paroisse, les mêmes livres élémentaires que le collège le plus rapproché, et aux écoles de filles, les livres élémentaires en usage au couvent de la dite paroisse, ce qui a de nombreux avantages. Cela se pratique ailleurs à notre connaissance.

Suivons la «Patrie».

«Il n'y avait pas dix écoles dans un même comté qui eussent le même assortiment de livres.»

M. Langlois parle évidemment de tous les livres du cours élémentaire. Ce n'est pas la question. Il s'agit simplement des livres de la 1ère du cours élémentaire. Ces beaux messieurs parlent toujours comme si le gouvernement donnait gratuitement tous les livres dont les élèves ont besoin; besoin de la grenouille qui s'enfle et s'enfle encore. Laissons donc de côté la préoccupation politique qui, pour augmenter la popularité, donne à un fait particulier des proportions ridicules.

Mon premier livre ne remplace pas tous les livres d'écoles, il en remplace un, un seul, qui est le livre de lecture de la 1ère année. Est-ce clair et compris?

Mon premier livre ne remplace pas tous les livres des 4 années d'école?

Donc, à quoi bon cette conclusion larmoyante:

«C'étaient les pauvres parents qui payaient pour tout cela.»

Oui, c'étaient les pauvres parents qui payaient, et malgré l'apparition de l'étoile filante, ce sont eux qui payeront encore tous les livres d'écoles, grammaire, histoire, arithmétique, agriculture, politesse, dessin, leçons de choses, etc., moins un livre de 10 centins, 1er livre de lecture, remplacé par «Mon premier livre».

Assez pour aujourd'hui.
DOM PEDRO".

1901.09.06
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres - Réfutation des objections II", Le journal, 6 sept. 1901, p. 4.

"Mon Premier Livre, avons-nous dit, est un cadeau de 10 centins et pas plus. La "Patrie" ne veut pas qu'il en soit ainsi. Dix centins, ça ne vaudrait pas la peine! Nous allons avoir une nouvelle preuve de l'ignorance du grand réformateur.

«Le «Journal» cherche à faire croire que ça ne coûte pas cher. C'est une affaire de dix sous dit-il. Voyons à qui notre confrère fera-t-il croire qu'il peut acheter un ABC, un catéchisme, une grammaire, un livre de lecture, une géographie, une arithmétique, une histoire sainte, une histoire du Canada, etc., pour dix sous? Cela coûte au moins deux piastres.»

M. Langlois s'enfonce tellement ici, qu'il faudra nécessairement le prendre par les oreilles pour le remettre sur le pont.

Mon Premier Livre est fait pour les élèves de 1ère année.

Or les élèves de 1ère année n'achètent ni grammaire, ni histoire du Canada, ni histoire sainte, ni arithmétique, ni même de catéchisme, souvent.

Mon Premier Livre ne remplace donc aucun de ces ouvrages.

Les élèves de 1ère n'achètent purement et simplement, en fait de livre qu'"un premier livre de lecture," livre qui coûte de 9 à 10 centins.

Donc, donc, donc, «Mon Premier Livre» n'est pas un sac d'écus d'or. Il remplace un livre de dix centins. Il permet aux parents une augmentation annuelle de dix centins, soit un sac de sel ou une demi-livre de beurre, si le beurre est à bon marché.

M. Langlois oublie que l'enseignement est oral, dans les premières années, et que l'enseignement oral fait abstraction des livres. Les écoles sont pour certains réformateurs une forêt vierge: ils sont priés d'y mettre le pied avant de toucher la plume.

«Maintenant, qu'arrivait-il lorsqu'une famille changeait de paroisse? Il fallait tout un nouvel assortiment de livres.»

Oui, comme il fallait aussi un nouvel assortiment de meubles, un nouvel assortiment de tapis, un nouvel assortiment de poêles, selon la grandeur et les divisions du nouveau foyer. Tout comme il faut un nouvel assortiment de chapeaux, de pardessus, de gants et de pantalons lorsque l'on passe de l'automne à l'hiver.

La sagesse demande que l'on se conforme aux circonstances, surtout lorsqu'il s'agit des choses de l'intelligence.

A ce compte, il faudrait les mêmes livres dans tous les collèges, de peur qu'un élève étant chassé d'un collège ne soit obligé d'acheter un nouvel assortiment de livres en passant dans un autre collège!

Du reste, aimable sir, restons à la question. Les élèves de 1ère année sont seuls en cause. Une famille qui change de paroisse est exposée à faire une dépense extraordinaire de 10 centins pour un nouveau livre de lecture. Elle est exposée, disons-nous: ce n'est rien de certain, car il n'y a qu'un petit nombre de premiers livres de lecture. Au reste on ne prévient pas un mal probable par un mal certain.

«Comment ne pas se réjouir en voyant le gouvernement mettre courageusement fin à ce système d'exploitation.»

Ce «courageusement» est ineffable!

Quant au système d'exploitation, il n'existe que dans l'imagination de M. Langlois. Les livres de lecture sont vendus à bas prix: c'est un commerce honnête et légitime. Ce commerce est surtout plus honorable que celui qui consiste à faire faire des livres aux frais du peuple, et à les distribuer gratuitement, même à ceux qui n'en ont pas besoin, pour capter leur bienveillance, ou pour se substituer insensiblement à l'Eglise et aux parents, dans la direction de l'école. Voilà ce que beaucoup de catholiques n'ont pas l'air de soupçonner.
DOM PEDRO".

1901.09.06
xxx. "Les livres gratuits", La patrie, 6 sept. 1901, p. 4.

"Le fabricant de livres d'écoles qui soutient dans le «Journal» une thèse contre la gratuité des livres n'a pas l'air de savoir ce dont il parle.

Il ne paraît pas avoir vu un exemplaire de «Mon premier livre», et il en déprécie l'utilité pratique. Il dit que c'est tout simplement un livre de lecture pour les commençants de la première année et que l'instrument correspondant qu'il a à vendre, lui, ne coûte que 10 cents aux parents une fois l'an.

«Mon Premier Livre», dit-il, est fait pour les élèves de première année.

Or, les élèves de 1ère année n'achètent ni grammaire, ni histoire sainte, ni arithmétique, ni même de catéchisme, souvent.

«Mon Premier Livre» ne remplace donc aucun de ces ouvrages.

Les élèves de 1ère n'achètent purement et simplement, en fait de livre, qu'un premier livre de lecture, livre qui coûte de 9 à 10 centins.

Monsieur le libraire est dans l'erreur. «Mon Premier Livre» comprend deux livres en réalité: la première partie, reliée séparément, qui enseigne à lire et donne à l'enfant quelques brèves notions sur les sciences usuelles est distribuée aux élèves de première année. La deuxième partie, qui contient des notions plus étendues, est mise entre les mains des enfants qui font leur deuxième année d'école. C'est alors que "Mon Premier Livre" vient remplacer les traités élémentaires de grammaire, d'histoire, de géographie et d'arithmétique, dont le commerce enrichit les vendeurs de livres en vidant la bourse de l'ouvrier chargé d'enfants.

Donc, donc, donc, «Mon Premier Livre» n'est pas fait pour les élèves de première année seulement mais pour les élèves de première et de deuxième année, dont encore il remplace avantageusement les ouvrages précités.

Nous avons sous les yeux la deuxième partie de «Mon Premier Livre». Nous y trouvons des notions élémentaires très bien agencées et sous une forme assimilable aux jeunes enfants, sur les matières de deuxième et de troisième années, telles que portées au programme d'études élaboré par le conseil de l'instruction publique.

Que comporte ce programme de deuxième et de troisième année du cours d'enseignement élémentaire? Il ordonne d'enseigner aux enfants les notions indispensables de grammaire sur les voyelles, les consonnes, le nom, l'adjectif, le pronom et le verbe, la formation du pluriel et du féminin, l'accord de l'adjectif et du verbe, les premiers essais de rédaction, etc.

Or tout cela est dans «Mon Premier Livre».

En fait d'arithmétique, le programme dit d'enseigner la numération, les quatre règles simples, le calcul mental, les poids et mesures, etc.

Cela aussi est dans «Mon Premier Livre.»

Pour la géographie, les élèves de deuxième et de troisième année apprennent les préliminaires de la géographie locale, la province de Québec, et les autres parties de la Confédération.

Ouvrez «Mon Premier Livre», vous y trouverez la matière du programme.

«Mon Premier Livre» contient aussi des notions générales d'histoire sainte et d'histoire du Canada, l'étude sommaire du corps humain, de la zoologie, de la faune et de la flore du Canada, les noms et l'usage des objets qui entourent l'enfant, des métaux d'usage ordinaire, etc., etc.

A sa troisième année d'école, l'enfant a dix ans; il se prépare déjà à sa première communion. Ne croyez-vous pas qu'avec son catéchisme, le livre qui lui enseigne toutes les matières du premier degré ne sont pas suffisants [sic] pour l'enfant qui se prépare à ce grand devoir? En sorte, qu'avec la distribution gratuite de «Mon Premier Livre» les parents sont libérés de l'obligation d'acheter des livres à leurs enfants jusqu'après leur première communion.

Nous le demandons à ceux qui ont élevé des enfants: combien avez-vous dépensé en achat de livres pour un garçon que vous mettez à l'école à l'âge de sept ans jusqu'à sa première communion?

Ne trouvez-vous pas que le gouvernement vous rend un grand service en prenant dorénavant à sa charge les frais de fourniture des livres à vos enfants durant cette période?

Et que pensez-vous d'un Pedro qui voudrait qu'on étouffât à sa naissance ce beau mouvement de sollicitude gouvernementale pour l'instruction publique parce que lui a des livres à vendre et que la gratuité va compromettre son "[mot illisible] gommerce [sic]?"

1901.09.09
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - La gratuité des livres - Réfutation des objections III", Le journal, 9 sept. 1901, p. 4.

"Amis lecteurs, il s'agit de savoir si «Mon Premier Livre» est régulièrement destiné aux élèves de première année, c'est notre prétention, ou aux élèves de première, de 2ème et même de 3e année, c'est las prétention de M. G. Langlois.

La réponse est facile «à priori». Il n'y a pas ombre de bon sens à ce qu'un livre de lecture remplace tous les livres de trois années d'étude. Mais, il y a des gens qui ne se rendent qu'à l'«a posteriori». Très bien.

Ouvrons «Mon Premier Livre,» p. vii, c'est M. Magnan, l'auteur, qui va trancher la question.

«Mon Premier Livre est divisé en deux parties. La matière de l'ouvrage est adapté aux dix mois de l'année scolaire.»

Il s'agit donc, d'après les termes de l'auteur, d'«une» année scolaire, puisqu'il parle de dis mois. Continuons:

«La première partie comprend cinq mois. A la fin des vingt premières semaines, l'enfant a parcouru toutes les difficultés qui constituent le mécanisme de la lecture.»

Il est bien clair ici que la première partie de «Mon Premier Livre» est destiné aux élèves de première année, pour les cinq premiers mois: septembre, octobre, novembre, décembre et janvier.

Continuons avec M. Magnan:

«La deuxième partie comprend également cinq mois. Chaque semaine est composée de cinq leçons de lecture. A la fin des vingt dernières semaines, l'élève a acquis ... des notions sommaires, mais complètes.»

Il s'agit évidemment des cinq derniers mois de la même année, et par conséquent de la première année!

Les deux parties et par suite «Mon Premier Livre» s'adresse donc directement aux élèves de première année.

Dès lors, que signifient vos affirmations, M. le Rédacteur de «La Patrie?»

1ère - «Le fabricant de livres d'écoles, qui soutient dans le «Journal» une thèse contre la gratuité des livres n'a pas l'air de savoir ce dont il parle».

Un fabricant de chandelles pourrait vous rendre ici des services. Plus utile encore doit être un fabricant de livres d'écoles. «Fabricando fit faber:» il a dû acquérir de l'expérience dans le métier.

2ème - «Il ne paraît pas avoir vu un exemplaire de «Mon Premier Livre» et il en déprécie l'utilité.»

Tout doux, Monsieur, nous n'avons pas encore dit un mot sur la valeur intrinsèque du livre de M. Magnan. Sachez donc ne pas confondre l'absolu et le relatif. Cela peut rendre service à l'occasion.

3ème - «Il dit que c'est tout simplement un livre de lecture pour les commençants de la première année.»

Certainement.

Que cette lecture soit en outre une initiation aux premières notions des choses, ce n'est rien de nouveau. Il faut bien que la lecture porte sur quelque chose. Nous aimons mieux lire: «Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre,» qu'une série de mots vides de sens, comme: «Litoti, patapa, rico, rici, pistitinton.»

Donc, une fois encore, «Mon Premier Livre» n'est pas la toison d'or, ni le jardin des Hespérides. C'est un livre de lecture qui remplace un livre de lecture, à l'usage des élèves de 1ère année. Ce n'est pas un cadeau de deux piastres, c'est une espèce de cadeau de dix centins.

Permettez-moi, Monsieur le rédacteur de la «Patrie» - pour ménager le temps et les lecteurs - de ne pas vous demander qui a l'air de savoir ce dont il parle et ne pas vous demander, non plus, si Pedro a vu et lu «Mon Premier Livre.»

Et que pensez-vous d'un Pedro qui voudrait qu'on étouffât à sa naissance ce beau mouvement de sollicitude gouvernementale pour l'instruction publique?

La sollicitude gouvernementale! quel mot touchant, quelle expression plus capable de remuer et d'émouvoir? Allons, les enfants de la patrie, n'êtes-vous pas attendris? Resterez-vous insensibles à de semblables accents? Levez-vous, venez tous, accourez et jetez-vous avec amour dans les bras de Messieurs les Ministres, qu'ils vous pressent sur le coeur du gouvernement.
DOM PEDRO".

1901.09.10
xxx. "Mon premier livre", La patrie, 10 sept. 1901, p. 4.

"Reprenons la discussion au point où les adversaires de la gratuité des livres d'écoles l'ont laissée dans le «Journal».

Leur grand effort consiste à créer la fausse opinion que la distribution gratuite de «Mon Premier Livre» dans les écoles élémentaires équivaut seulement à un cadeau de 10 cts à chaque écolier de première année.

Mais si c'était le cas, pourquoi les fabricants de livres crieraient-ils si fort qu'on bouleverse et qu'on met en danger leur industrie? Inutile d'insister, n'est-ce pas?

Il s'agit donc de savoir si «Mon Premier Livre» est régulièrement destiné aux élèves de première année, comme c'est la prétention des fabricants de livres, ou aux élèves de première, de 2e et même de 3e année, ce qui est notre conviction.

Dans un précédent numéro, le correspondant du «Journal» dit:

«Mon premier livre ne remplace pas tous les livres d'écoles, il en remplace un, un seul, qui est le livre de lecture de la 1ère année. Est-ce clair et compris?»

Ce qui est clair et compris, c'est qu'il est matériellement impossible, pour un jeune enfant qui entre à l'école de parcourir et d'approfondir la matière de deux manuels in 8vo de plus de 100 pages en moyenne, ce qui est la contenance [sic] des deux parties de «Mon Premier Livre».

Ce qui est clair et connu, c'est que le programme des écoles publiques ne comportant, pour la première année, que l'étude du syllabaire, lettres, épellation, premiers essais de lecture courante, un enfant de six ou de sept ans ne pourra pas s'assimiler [sic] en dix mois en supposant qu'il ne manquerait pas une seule journée de classe dans son année - toutes les leçons d'histoire, de géographie, d'arithmétique, de grammaire, etc., les conjugaisons des verbes, que nous trouvons détaillées dans les deux parties de «Mon Premier Livre». Et si quelqu'un veut soutenir cette opinion contraire à tout bon sens, à toute raison, nous lui dirons qu'il ignore le premier mot de l'art d'enseigner ou qu'il est d'une mauvaise foi à faire dresser les cheveux.

Ce n'est pas parce qu'un manuel s'appelle «Mon Premier Livre» qu'il faut de suite en conclure qu'il ne dépasse pas la dose contenue dans un syllabaire.

Dom Pedro ne nous persuadera pas qu'il a la naïveté d'y croire, car nous avons sous la main la preuve de sa mauvaise foi par trop évidente.

Revenons au point de départ.

Il s'agit donc de savoir si «Mon Premier Livre» est un simple livre de lecture pour les enfants de la première année d'école, ou s'il couvre la matière de la deuxième et de la troisième année, c'est-à-dire tout le premier degré du cours élémentaire dans le programme des écoles publiques. Le collaborateur du «Journal» invoque le témoignage de M. Magnan au soutien de sa thèse. Mais il n'a pas cité toute la pensée de M. Magnan, il s'en est bien gardé.

A la fin de la préface est une note importante qui détruit tout l'étalage du fabricant de livres d'école. La voici, sans autres phrases:

«REMARQUES

Les enfants qui fréquentent la classe irrégulièrement ne peuvent parcourir les Deux Parties de Mon Premier Livre durant leur première année de scolarité. La même remarque s'applique aux élèves peu intelligents ou dont la santé est très délicate. Dans chacun de ces cas, la Première [sic] Partie ne doit être mise en les mains des élèves qu'ou commencement de la deuxième année.»

Après que vous aurez fait cette élimination dans une école ordinaire de la campagne où la température, le travail aux fermes et la distance de l'école, joints aux autres causes provenant de la maladie et d'un talent peu développé qui commence seulement à éclore chez les jeunes enfants les empêcheront de repasser les deux parties du Livre, combien vous restera-t-il d'élèves de sept ans capables de cette tâche herculéenne pour leur âge? Est-ce que la moyenne des talents et de la ponctualité ne forcera point l'instituteur à réserver le deuxième manuel pour l'année suivante, dans la totalité des cas?

Où sont les personnes de bon sens qui soutiendront le contraire.

Pour nous, nous soutenons que la deuxième partie de «Mon Premier Livre» comprend la matière de la deuxième et de la troisième années du cours d'études élémentaires.

Nous attendons que les adversaires de la gratuité nous prouvent dans un examen consciencieux du Livre qu'il ne la contient pas.

Il ne s'agit pas ici de la préface, mais de la matière d'un livre."

1901.09.13
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - Mon premier Livre est-il régulièrement destiné aux élèves de première, de deuxième et de troisième année?", Le journal, 13 sept. 1901, p. 4.

"Oui, clame M. G. Langlois, «Patrie» du 10 septembre.

Non, répétons-nous. Citons la «Patrie».

«Le collaborateur du Journal invoque le témoignage de M. Magnan au soutien de sa thèse.»

C'était le temps, en bonne polémique, de détruire ce témoignage que voici:

«Mon Premier Livre est divisé en deux parties. La matière de l'ouvrage est adaptée aux dix mois de l'année scolaire.»

Il s'agit donc, nous nous répétons, d'après les termes de l'auteur, «d'une» année scolaire, puisqu'il parle de dix mois. M. Magnan ne dit pas que la matière de Mon Premier Livre couvre la matière de la deuxième et de la troisième année, mais qu'elle est adaptée aux dix mois de l'année scolaire.

«La première partie comprend cinq mois.

La deuxième partie comprend également cinq mois.»

De quels cinq mois s'agit-il ici? De ceux qui complètent les cinq premiers, évidemment, et qui forment avec eux, «une» année, qui ne peut être autre que la première année!

«Mon Premier Livre», donc, est régulièrement destiné aux élèves de première année.

M. Langlois poursuit: «Dom Pedro n'a pas cité toute la pensée de M. Magnan, il s'en est bien gardé. A la fin de la préface est une note importante».

Nous avons lu cette note et nous ne l'avons pas reproduite parce que la première citation suffisait et parce que nous avions l'espoir fondé qu'elle servirait au besoin de casse-cou. C'est arrivé.

Note importante qui détruit tout l'étalage du fabricant de livres. La voici: «Note de M. Magnan: Les enfants qui fréquentent la classe irrégulièrement ne peuvent parcourir les deux parties de «Mon Premier Livre» durant leur première année de scolarité. La même remarque s'applique aux élèves peu intelligents ou dont la santé est très délicate. Dans ce cas, la deuxième partie ne doit pas être mise entre les mains des élèves qu'au commencement de la deuxième année.»

Voilà la note, la note qui détruit tout l'étalage, la note qui rend nulles les premières paroles de M. Magnan, la note qui fait voir que «Mon Premier Livre» couvre la matière de la deuxième et de la troisième année, la note qui, nouvelle épée de Damocles, s'est abattue flamboyante et vengeresse sur la tête de Dom Pedro, dont la mauvaise foi est démasquée.

Allons, tout doux, - calmez-vous, Vous y êtes?

Cette petite note est un nouvel argument en notre faveur.

M. Magnan parle ici des élèves irréguliers, des enfants malades ou maladifs, ou peu intelligents, des enfants par conséquent, qui n'ont pas fait ou qui n'ont pas terminé leur première année de cours. Ces enfants revenant à l'école, l'année suivante, commenceront sans doute une deuxième année d'étude, mais non la deuxième année du cours, si ce n'est accidentellement. Ils resteront dans la première année du cours, afin de terminer ce qu'ils n'ont pu terminer. C'est au Premier Livre à continuer son oeuvre. C'est presque une vérité de M. de la Palisse.

Nos écoles n'étant pas probablement des hôpitaux, M. Magnan, logique avec lui-même, parlant en fin de préface, des élèves irréguliers, le fait nécessairement par opposition aux élèves réguliers, qui sont nombreux, grâce à Dieu. S'il fait une exception pour les irréguliers, il suppose donc que les élèves réguliers ont vu la deuxième partie comme la première, et que «Mon Premier Livre» dans son idée, est régulièrement destiné aux seuls élèves de première année.

E voilà comment cette note fameuse se retourne contre M. Langlois tout à l'avantage de Dom Pedro.

M. le rédacteur de la «Patrie» voudra bien remarquer qu'il ne s'agit pas de savoir si «Mon Premier Livre» est trop fort pour les élèves de première année: la chose est possible, probable, certaine peut-être; mais, il s'agit de savoir si les auteurs, M.M. Magnan et Ahern, ont destiné régulièrement, oui ou non, «Mon Premier Livre» aux élèves de première année.

La préface de l'ouvrage ne laisse aucun doute qu'il est régulièrement destiné aux élèves de première année.

Cela étant, la «Patrie» sera-t-elle de taille à faire croire au public que «Mon Premier Livre» est régulièrement destiné aux élèves de deuxième et de troisième année, lorsque les auteurs de ce livre disent virtuellement le contraire?

Notre thèse reste donc debout et plus démontrée que jamais.

Nous étudierons demain les preuves de M. Langlois. Il est prié, en attendant, de comparer ce qui est donné par «Mon Premier Livre» avec ce qui est donné par le programme des trois premières années du cours. Nous attirons son attention plus particulièrement sur la partie mathématique.
DOM PEDRO".

1901.09.14
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - Ce que donne en général tout premier livre de lecture - Matière du 1er livre des Frères; matière de Mon Premier Livre. Une conséquence", Le journal, 14 sept. 1901, p. 6.

"Un premier livre de lecture quelle que soit sa division matérielle, comprend formellement trois parties: 1e, le mécanisme de la lecture; 2e, lecture syllabique; 3e, lecture courante.

Ainsi le premier livre de lecture des Frères des Ecoles Chrétiennes consacre 37 pages au mécanisme de la lecture; 28 pages à la lecture syllabique, et 84 pages à la lecture courante.

La matière des 84 pages de lecture courante des Frères des Ecoles Chrétiennes est la suivante: Création de l'homme; L'ange et l'homme; Dieu est notre Père; Amour de Jésus-Christ pour les enfants; Invocation de la Sainte Vierge; Amour des enfants pour leurs parents; Respect; Obéissance; Reconnaissance; Un enfant bien élevé; Malheur d'une mauvaise éducation; Nécessité de l'instruction; Enfants modèles; Devoirs d'un bon élève; Conduite d'un mauvais élève; Soins raisonnables de sa santé; Objets alimentaires; Des fruits; Vêtements; Animaux domestiques; Animaux utiles; Division du temps; Des trois règnes, etc., etc.

La matière de 82 pages de lecture courante de "Mon Premier Livre" (Deuxième partie qui renferme en outre 41 pages de gravures ou de blanc [sic]) est la suivante: De la création au déluge; Jacques Cartier, La terre, Les trois règnes de la nature, mots, syllabes, lettres; - Du déluge à la vocation d'Abraham; Champlain; Comment on représente la terre; L'Homme; Le nom; - La vocation d'Abraham; M. de Maisonneuve; Le village; La respiration; Noms communs et noms propres; Le Père de Bréboeuf; Les quatre points cardinaux; L'air; L'article; - Job; Dévouement de Dollard; Termes géographiques; - Moïse, Mgr de Laval, etc., et., entremêlé de lectures sur l'arithmétique ; Le nombre et les chiffres, de 1 à 29, de 1 à 30, de 1 à 35, de 35 à 100, de 1 à 100.

M. Magnan a donc préféré donner comme matière de lecture courante, quelques notes sur les diverses matières des quatre années du cours.

M. Langlois blêmit devant cette matière qu'il trouve trop forte pour des élèves de 1ère année. Il a peut-être raison, mais M. Magnan lui répondra: «Nous faisons servir la lecture courante à l'enseignement élémentaire de la religion, de la géographie, de l'histoire du Canada, de la grammaire et des leçons de choses. Tout en se perfectionnant dans l'art de la lecture, le jeune homme acquerra sans effort, des notions sommaires, très rudimentaires même, mais complètes, sur les principales branches du programme scolaire.» (Préface, vii).

Nous n'avons pas à faire aujourd'hui la critique de ce système, nous voulons seulement le faire comprendre à qui de droit.

M. Langlois s'écrie: c'est sa première preuve. "Le programme de 1ère année (de cours) ne comporte que: Syllabaire, lettres, épellation, premiers essais de lecture courante". C'est vrai, mais s'il plaît à M. Magnan, pour suivre sa méthode, de faire porter ces essais de lecture courante sur l'histoire sainte, la géographie, l'histoire du Canada, la grammaire, etc., qu'y voulez-vous faire?

M. Magnan peut être dans l'erreur, mais il faut prendre son livre, tel qu'il le donne.

C'est tellement le cas, que M. Magnan ajoute (Préface vii).

«Grâce à ce programme concentrique, l'enfant (remarquez bien cela M. Langlois), l'enfant, n'irait-il qu'une année à l'école, (ne perdez pas le file [sic], M. Langlois,) - qu'une année! - serait en mesure de lire, d'écrire et de compter passablement, et aurait étudié sans effort, en même temps qu'il apprenait à lire les grandes lignes de toute l'histoire sainte, les principaux personnages canadiens de Jacques-Cartier, au cardinal Taschereau.»

Cet élève de 1ère année a donc, d'après M. Magnan, lu la deuxième partie comme la première. Mon Premier Livre est donc pour les élèves de première année.

Vous trouvez cela trop fort. Si c'est le cas, il faut en conclure que le livre est à refaire, et qu'au lieu de donner à chaque élève de première année, 10 centins, le gouvernement devra songer à faire une autre dépense de $32,000 pour un nouveau «Mon Premier Livre».
(La suite demain)
DOM PEDRO".

1901.09.17
xxx. "«Mon premier livre» ne réponds [sic] pas au programme de la deuxième année du cours élémentaire, et encore moins au programme de la troisième année du même cours", Le journal, 17 sept. 1901.

[Je n'ai pu retracer ce texte que F.-A. Baillairgé affirme avoir publié dans Le journal du 17 sept. 1901; la retranscription qui suit a été réalisée à partir du collage de ces textes que l'auteur a publié à la fin de la même année 1901 sous le titre La gratuité des livres, p. 52-56].

"M. le rédacteur de la «Patrie» veut que «Mon Premier Livre» suffise aux élèves de première, de deuxième et de troisième année du cours élémentaire. Cette prétention est fausse.

Comparons ce qui est requis par le programme avec ce qui est donné par «Mon Premier Livre».

Le programme de deuxième année demande particulièrement deux choses pour l'arithmétique:

[p. 52]

1° - Ecrire et lire les nombres jusqu'à dix mille (10,000);

2° - Les quatre règles simples.

Or, «Mon Premier Livre» n'apprend à lire et à écrire les nombres que jusqu'à 100! Voir 2e partie, p. 105.

«Mon Premier Livre» de plus, ne traite officiellement ni de la multiplication, ni de la division. Voir 2e partie, p. 123.

«Mon Premier Livre» limite, en outre, l'addition et la soustraction, au nombre de deux chiffres, comme il convient du reste, au programme de 1ère année qui ne fait lire et écrire les nombres, que jusqu'à 100.

Et pour que l'on ne puisse pas mettre en doute nos affirmations, voici les titres des leçons d'arithmétique de «Mon Premier Livre». Ouvrez la deuxième partie.

PP. 48 et 55. Nombres et chiffres de 1 à 60; mécanisme de l'addition - applications.

P. 62. Nombres et chiffres de 1 à 70; mécanisme de la soustraction.

P. 69. Additions et soustractions: problèmes.

P. 75. Nombre [sic] et chiffres de 1 à 80: soustraction avec reste.

P. 81. Nombres et chiffres de 1 à 90.

P. 87. Nombres et chiffres de 1 à 100.

PP. 93, 99. Récapitulation: additions et soustractions, petits problèmes.

PP. 105, 117. Pouces, pieds, verges, onces, livres, chopine, gallon, minot.

[p. 53]

P. 111. Preuve de l'addition; preuve de la soustraction.

P. 123, et dernière page de «Mon Premier Livre», définition de l'arithmétique, son objet; définition de l'addition, son signe, nom du résultat; définition de la soustraction, son signe, nom de son résultat.

La dernière question de ce traité qui est aussi la dernière de l'ouvrage est celle-ci: «Quel est le signe de l'égalité?»

Et M. Langlois se contenterait de cela pour trois années de cours! Cette prétention est même injurieuse pour M. Magnan, qui, dans ce cas, n'aurait fait les choses qu'à moitié. L'auteur de «Mon Premier Livre» ne s'est préoccupé ni du mécanisme de la multiplication, ni du mécanisme de la division, ni des nombres de 100 à 10,000, parce que tel n'est pas l'objet d'un livres destiné aux élèves de première année.

A plus forte raison «Mon Premier Livre» ne dit-il rien des fractions.

Or, l'enseignement des fractions est l'objet principal du programme des élèves de troisième année!

Où M. Langlois, a-t-il donc puisé ses renseignements. Ce grand réformateur de notre instruction publique veut-il insinuer que le programme des études fait fausse route, que des élèves de 3e année sont incapables de comprendre et d'exécuter les principales opérations relatives aux fractions et qu'il faille, pendant

[p. 54]

trois années de cours, ressasser l'addition et la soustraction seulement, et cela dans l'espace restreint de 1 à 100?

Ajoutons que «Mon Premier Livre» [la fin de ce texte a été publiée dans Le journal le 28 sept. 1901] n'a pas de géographie du comté, qu'il n'a que 20 lignes sur la province de Québec, 7 lignes sur l'histoire sainte primitive, 8 pages sur l'histoire du peuple de Dieu; qu'il ne donne point de notices générales d'histoire du Canada, qu'il ne renferme que les temps principaux de avoir, être: rien sur les quatre conjugaisons, rien des participes, toutes choses qui sont matières de 2e ou de 3ème année du cours.

Il est donc bien vrai que livre de 1ère année seulement, «Mon Premier Livre» ne représente que 10 sous et non $2.00.

«Si c'était le cas (10 sous!), s'écrie le rédacteur de la «Patrie», pourquoi les fabricants de livres crieraient-ils si forts qu'on bouleverse et qu'on met en danger leur industrie».

Il n'y a donc pour vous, Monsieur, que des sous! Nous nous inclinons profondément devant votre grandeur d'âme! Notre âme, à nous, n'est point faite à cette image.

«Mon Premier Livre» étant ce qu'il est, le premier commissaire venu, borgne ou mal disposé, pourra dire à la maîtresse à l'examen: "Comment, vous n'avez fait voir qu'une petite partie d'un livre à voir dans l'année pour les élèves réguliers. Vous n'avez pas la compétence voulue, nous allons diminuer votre salaire

[p. 55]

ou nous adresser à une institutrice plus capable.»"

[p. 56]

1901.09.23
xxx. "La gratuité des livres à Chicago", La patrie, 23 sept. 1901, p. 10.

Le bureau d'éducation de Chicago vient de voter la somme de $40,000 pour être consacrée à l'achat de livres d'écoles employés dans les quatre premières classes du cours d'études primaires.

On dit que la Fédération des sociétés catholiques allemandes de L'Etat de l'Illinois va tenter d'arrêter le «livre gratuit» à la porte des écoles, en s'adressant aux tribunaux.

La Fédération a sans doute des livres à vendre, car si elle était, comme le peuple, obligée d'en acheter, comme lui elle préférerait qu'on les lui donnât pour rien. Malheureusement pour le Fédération, l'opinion populaire aux Etats-Unis est favorable à la gratuité de l'instruction publique.

Un journal de Chicago a pris prétexte de la décision du bureau d'éducation pour attaquer le système de la gratuité de l'instruction publique aux Etats-Unis, qu'il appelle une manifestation du socialisme d'Etat. Il dit:

«Maintenant qu'on a donné les livres dans les classes élémentaires, il ne faut qu'un petit effort pour en faire une distribution dans les classes supérieures, et après cela, on aura le champ libre pour en pourvoir les étudiants des High Schools.»

Où serait le mal?

Le riche pourrait se dire: «Au moins, moi aussi je profite de la gratuité de l'instruction publique dont je paie la plus grosse part: je rentre dans une partie de mes fonds, c'est très bien.» D'un autre côté, la gratuité de l'instruction supérieure permettrait aux parents sans fortune de cultiver chez ceux de leurs enfants doués de talents exceptionnels la vocation à laquelle des aptitudes particulières semblent les avoir clairement désignés. Et des supériorités intellectuelles qui seraient demeurées en friche dans la poussière des ateliers brilleront à leur place pour le plus grand bien de la société et de l'Etat."

1901.09.28
xxx. "Questions d'instruction et d'éducation - Oui, 10 sous! - Coup d'oeil sur «Mon Premier Livre» - Dernière bordée: 33 raisons contre la gratuité des livres. Conclusion", Le journal, 28 sept. 1901, p. 6.

I

"Le livre gratuit du gouvernement, nous l'avons vu, enseigne à compter, jusqu'à 100 seulement, n'enseigne en dehors des tables, ni la multiplication, ni la division, ni les fractions, matières de 2ème et de 3ème année. Ajoutons qu'il n'a pas de géographie du comté, qu'il n'a que 20 lignes sur la province de Québec, 7 lignes sur l'histoire sainte primitive, 8 pages sur l'histoire du peuple de Dieu; qu'il ne donne point de notices générales d'histoire du Canada, qu'il ne renferme que les temps principaux de avoir, être: rien sur les quatre conjugaisons, rien des participes, toutes choses qui sont matières de 2e ou de 3ème année du cours. Il est donc bien vrai que livre de 1ère année seulement, «Mon Premier Livre» ne représente que 10 sous et non $2.00.

«Si c'était le cas (10 sous!), s'écrie le rédacteur de la "Patrie", pourquoi les fabricants de livres crieraient-ils si forts qu'on bouleverse et qu'on met en danger leur industrie».

Il n'y a donc pour vous, Monsieur, que des sous! Nous nous inclinons profondément devant votre grandeur d'âme! Notre âme, à nous, n'est point faite à cette image.

«Mon Premier Livre» étant ce qu'il est, le premier commissaire venu, borgne ou mal disposé, pourra dire à la maîtresse à l'examen: "Comment, vous n'avez fait voir qu'une petite partie d'un livre à voir dans l'année pour les élèves réguliers. Vous n'avez pas la compétence voulue, nous allons diminuer votre salaire ou nous adresser à une institutrice plus capable.»

---

Du fait que «Mon Premier Livre» est approuvé, il ne faut pas conclure à l'approbation de la gratuité: Ecoutez la Patrie:

«Le Journal, qui a mis flamberge au vent contre l'uniformité et la gratuité des livres sait-il que cette que cette mesure a reçu la consécration du Conseil de l'Instruction Publique?»

Le «Journal» ne le sait pas. Dom Pedro non plus. M. Langlois non plus. Ce que nous savons c'est que la «Patrie» ment.

II

«Mon Premier Livre» a été approuvé parce qu'il couvre la matière de première année et qu'il inaugure pour nous une nouvelle forme de dispositions de matière dite forme concentrique. Est-ce à dire que le livre soit parfait? A ce compte aucun livre ne serait approuvé.

Cet ouvrage est le sujet de bien des remarques, plus ou moins favorables.

Matériellement, «Mon Premier Livre» annonce un gouvernement pauvre, très pauvre. Pauvre en effet cette reliure de «n'y touchez pas»: pauvre ce grand format aux mains de si jeunes enfants, pauvres ces cartes géographiques illisibles pour des enfants, pauvres ces gravures dont plusieurs sont propres à dépraver le goût et à faire frissonner les artistes. On demandera des arbres, des fleurs autour de l'école, et on souffrira dans l'école, sous les yeux des élèves, hiver comme été, des dessins d'aussi mauvais goût. Plusieurs de ces gravures sont incomplètes dans ce qu'elles énoncent. (I: 44, 49; II:84).

Beaucoup de questions se présentent ici à notre esprit. Pourquoi l'emploi exclusif de l'écriture droite? Pourquoi dès le principe, tant de formes typographiques? Les formes manuscrites sont-elles bien à leur place dès les premières pages? N'est-ce pas aller beaucoup trop vite en besogne? L'enfant est-il assez fort pour faire sitôt la comparaison de la manuscrite à la non manuscrite? La besogne taillée pour une semaine, sur les sons, articulations ou syllabes, n'est-elle pas beaucoup trop considérable? Pourquoi des exercices si longs et par suite si fatigants de la page 37 à la page 51, etc? Pourquoi dès les premières leçons des mots si peu en usage comme Kabyle, hélice, rixe, etc? Que penser de l'utilité pratique des procédés illustrés pp. 35, 49, 54, 55? Veut-on réellement donner, en essai de lecture, des exercices sur l'arithmétique? Comment l'enfant s'entendra-t-il à lire, p. 2, II, que Jacques-Cartier s'embarquait à Saint-Malo en 1534, lui qui ne sait encore compter que jusqu'à 20? Les notes pédagogiques, qui ne regardent que le maître, sont-elles assez séparées du texte pour ne point tromper l'élève? Pourquoi des noms de villes dans la carte des provinces? Pourquoi des noms de villes dans la carte des provinces? Pourquoi le Maine dans la carte de Ma Patrie? Pourquoi tant de personnages canadiens, avec détails indifférents à la première éducation, ou trop élevés pour de jeunes enfants? A quoi bon tant de sujets disparates? Le petit enfant ne doit-il pas s'instruire de préférence sur les personnes qui l'entourent et sur les devoirs qu'il doit immédiatement pratiquer? N'est-ce pas trop tôt matérialiser sa petite âme, âme pure si capable de saisir le côté moral et même surnaturel des choses? Plusieurs leçons d'histoire sainte et plusieurs leçons de choses ne manquent-elles pas de simplicité et n'exigent-elles pas trop d'explications? Pourquoi mêler toutes les matières, et ne pas mettre ensemble les leçons d'histoire, ensemble les leçons de géographie, etc? Cette interruption perpétuelle, cette matière qui commence et ne finit jamais, ce va-et-vient, en un mot, n'est-il pas contre la nature des choses? Le jeune enfant surtout ne retient-il pas l'unité de lieu, unité qui lui représente la place des choses et leur suite matérielle? N'est-ce pas aller en outre contre le principe "du connu à l'inconnu"? Puisqu'on voulait mêler ainsi les leçons, pourquoi ne pas indiquer à chaque leçon de quelle page elle est la suite? Pourquoi deux reliures exactement semblables, sans rien de notable pour distinguer les deux parties? Pourquoi ne pas avoir continué la pagination dans la seconde partie? Pourquoi, au moins, ne pas avoir donné une table des matières?

A plusieurs questions, on répondra: «C'est la forme concentrique qui le veut ainsi. Il faut toucher à tout un peu, dans le cas où un élève sortirait après un an d'école.»

Nous répondons qu'un programme de cours élémentaire ne se fait pas par rapport aux exceptions qui sortent en 1ère année: ce serait subordonner le général au particulier. Cette accumulation de matières plus ou moins plus ou moins digestives trompe les gens les mieux disposés témoin le rédacteur de la «Patrie»: c'est fâcheux, un si doux agneau! Il s'écrie en effet («Patrie» du 10 septembre): «Ce qui est clair et compris, c'est qu'il est matériellement impossible pour un jeune enfant qui entre à l'école de parcourir et d'approfondir la matière de deux manuels in octavo de plus de 100 pages chacun...» Ce témoignage, bien qu'exagéré (il y a 60 pages de gravures) dit cependant quelque chose. M. Langlois a voulu conclure que le livre était fait pour 3 ans de cours. Ça n'a pas mordu!

Nous avons sous les yeux l'opinion d'un groupe sérieux d'instituteurs. Pour eux, comme pour nous, «Mon Premier Livre» n'est pas un livre réussi, en dépit du talent incontestable de M.M. Magnan et Ahern.

Le Gouvernement ne pouvait leur donner ce qu'il n'a pas, la grâce d'état. Une application beaucoup trop large de la forme concentrique, à des élèves de première année de cours, explique cet insuccès.

III

Nous désirons résumer et grouper ici nos preuves. Nous ne voulons point des livres gratuits du gouvernement, pour trente-trois raisons diverses.

Le livre gratuit!

1° - C'est un appel trop direct à la bienveillance du peuple, et par suite une réclame avilissante pour le gouvernement.

2° - C'est le monopole du livre scolaire aux mains de ceux qui doivent être les ennemis du monopole.

3° - C'est une lutte déloyale contre de bons livres qui ne peuvent être donnés.

4° - C'est une barrière au progrès pédagogique. Un livre supérieur, oeuvre d'un particulier, ne peut déplacer un livre inférieur du gouvernement. C'est bien M. Ouimet qui, le 10 mars 1877, écrivait aux commissaires d'écoles: «Telle grammaire, telle géographie que vous avez apprise ... a perdu toute sa valeur par la publication d'ouvrages mieux faits.»

5° - C'est l'annéantissement [sic] de toute émulation chez les écrivains.

6° - C'est l'imposition d'une méthode à l'exclusion de toute autre.

7° - C'est la généralisation forcée de telle idée, de telle appréciation, à l'exclusion de toute autre idée, de toute autre appréciation, sur tel fait, sur tel homme.

8° - C'est priver certaines communautés de bénéfices légitimes, compensation légère à la modicité des prix.

9° - C'est enlever aux couvents de nombreuses élèves . On paye les livres au couvent!

10° - C'est chasser certaines communautés qui tiendront à leurs livres, comme c'est arrivé à Ottawa pour les Frères des Ecoles Chrétiennes.

11° - C'est substituer un régime d'esclavage à un régime de liberté.

12° - C'est la centralisation politique de soins qui incombent aux parents.

13° - C'est une supposition publique qu'il y a peu d'hommes de coeur et d'honneur parmi nous.

14° - C'est détruire dans la population l'excellente habitude déjà contractée d'acheter le livre d'école.

15° - C'est accoutumer le peuple à faire remplir par d'autres le grand devoir de l'éducation.

16° - C'est compromettre à l'avance plusieurs améliorations désirables: moins on donne, moins on veut donner.

17° - C'est mettre le riche sur le pied du pauvre, dans la gratification.

18° - C'est gaspiller l'argent du gouvernement, argent qui doit aller où besoin seulement le veut.

19° - C'est un obstacle pour l'étude, à la maison: ce livre devant rester chaque jour à l'école.

20° - C'est un embarras considérable pour la maîtresse, qui devra faire payer partiellement tout exemplaire gâté.

21° - C'est enlever pour l'avenir la facilité de repasser le livre retournant à l'école.

22° - C'est distribuer les fonds de tous les contribuables à une section seulement, aux Canadiens-français.

23° - C'est une incroyable dépense; les Irlandais, les Juifs, les protestants ont le même droit. Est-ce bien sage, lorsqu'il faut vendre le domaine public pour chauffer la maison? Le maçon J. Ferry, devant les dépenses qu'entraînait la gratuité de certaines fournitures scolaires, disait au congrès pédagogique de Paris, en 1880: «Je vous prie de considérer que vous soulevez une question pécuniaire dont vous n'avez peut-être pas mesuré l'importance.»

24° - C'est une impulsion lente mais certaine à la malpropreté, au défaut de soins, et au manque d'ordre, chez les enfants qui s'intéressent peu à des livres qui ne sont pas les leurs et dont ils n'ont guère à répondre à leurs parents.

25° - C'est une contradiction flagrante avec les règles les plus élémentaires de l'hygiène. Que d'imhibitions [sic] sudorifiques, que d'inhalations malsaines, que de microbes, avec le temps, dans ces manuels qui s'encrassent de plus en plus, en passant de mains en mains, pour semer finalement la contagion.

26° - C'est une invention fin de siècle qui fait de nos ministres des libraires, de la maison du Roi un dépôt de livres et de l'institutrice une receveuse d'amendes, de l'enfant un simple dépositaire, et de la loi: «la chose périt pour son maître,» une règle qui n'existe pas pour le gouvernement.

27° - C'est user de la force publique lorsque l'initiative privée suffit, ce qui est contraire à l'action de tout bon gouvernement.

28° - C'est mettre dans le même moule: enfants de ville, enfants de villages, enfants des rangs, sans tenir compte des circonstances; et cependant, il faut, ici plus de français, là plus d'anglais, ailleurs plus d'agriculture, ailleurs encore plus de commerce, etc.

29° - C'est un remède dont la municipalité est déjà dispensatrice à l'égard des pauvres.

30° - C'est un remède dans proportion avec le mal qu'il veut guérir. L'école d'un quartier, nouveau pour l'enfant qui vient d'ailleurs, ne peut-elle pas avoir en réserve quelques livres siens à prêter pour quelques mois!

31° - La gratuité, c'est la politique dans l'école. Ce livre n'oblige pas, mais le commissaire libéral se croit obligé de l'introduire. Qui l'emportera si les autres commissaires sont bleus? Et si M. le curé fait opposition, lui aussi, on dira: M. le curé fait le pa politique. Cette vérité devient frappante par ce que la "Patrie" a dit de nos articles sur cette question scolaire.

«Nous conseillons, dit-elle, à nos amis de découper ces articles mal inspirés pour s"'en servir dans les prochaines campagnes électorales, afin de montrer au peuple où sont ses vrais amis, où sont les hommes de progrès.»

Il y a là une infamie qui doit retomber sur la tête de son auteur. «Articles mal inspirés! rétrogrades!» Passons. Passons. Une question seulement monsieur Langlois: Quel est ce véritable ami du peuple canadien-français, dont vous parlez?

C'est celui qui, dans un discours de fête nationale, comme la Saint-Jean-Baptiste, sait rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu; c'est celui qui, instruit de notre glorieux passé, sait prévoir notre mission à venir; c'est celui qui voit la religion à l'origine et à l'avant de toutes nos gloires; c'est celui qui sait rendre hommage à cette religion et à ceux qui la représentent; c'est celui pour qui les noms de Dieu et de Providence ont une place au discours dans une fête nationale canadienne-française.

Etes-vous cet homme, monsieur Langlois?

On avait commis la faute d'inscrire votre nom, sur le programme, dans cette fête religieuse et nationale. Vous avez parlé! N'avez-vous pas ignoré l'archevêque qui était à vos côtés? Vous avez parlé! Avez-vous prononcé les noms de Dieu, du Christ, de la Providence? Avez-vous rendu à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu? Et vous seriez, vous, l'ami du peuple! L'ami d'un peuple que vous ne comprenez pas; l'ami d'un peuple dont les traditions vous dépassent; l'ami d'un peu-le dont l'avenir religieux vous semble étranger. Et c'est vous qui viendrez nous prêcher le patriotisme. «Medice, cura teipsum».

Fermons la parenthèse.

32° - La gratuité, c'est l'«uniformité» à brève échéance.

L'uniformité générale origine de la Révolution française. Demandez-en des nouvelles à Condorcet, le grand, le digne ami de Voltaire. Voyez décret, 22 frimaire, an I; décret, 29 frimaire, an II; décret, 27 brumaire, an III. «Le Directoire désignera aux instituteurs primaires les méthodes et les livres dont ils devront faire usage dans leurs leçons», Conseil des Cinq-cents, séance du 22 frimaire, an VII.

Les francs-maçons ont aussi pour objectif l'uniformité, puis, dès qu'ils sont maîtres du pouvoir, ils usent de cette uniformité pour arriver à leurs fins.

«Je demande que les leçons soient les mêmes et données d'après les mêmes livres élémentaires, dit le frère maçon Pertiez (Discussion des livres élémentaires).

Il faut que les écoles particulières soient surveillées comme les écoles publiques, et qu'on oblige les père et mère à se servir des mêmes livres, dit le frère maçon Levasseur. (Discussion du projet Lakanal).»

Une tentative, plusieurs tentatives d'uniformité furent faites dans notre catholique province par M. Ouimet. Le Conseil de l'Instruction publique s'émut, et présenta contre le projet, à la Législature de 1880, une longue requête, dont partie conçue comme suit: 1° «Que dans l'opinion de ce Conseil, l'adoption d'un seul ouvrage pour chaque branche d'étude, dans toutes les écoles de même degré présente des difficultés insurmontables dans la pratique»; 2° «Que l'adoption d'un seul ouvrage pour chaque matière donnerait naissance à un monopole odieux et peut-être à des spéculations dangereuses».

C'est sans doute, ce jour-là, que le Conseil a, d'après la «Patrie», sanctionné et consacré le grand principe de l'uniformité!

33° - La gratuité par le gouvernement c'est une incursion dangereuse près du foyer et près de l'Eglise. L'enseignement est la fonction propre de l'Eglise et des parents. Le livre est le pain quotidien de l'esprit. Le gouvernement, cet être moral qui va et vient, qui passe et repasse, qui se modifie et change à chaque instant, peut-il avoir une influence salutaire sur nos enfants? Le gouvernement, cet être insaisissable et sans amour, est-il à sa place à l'école, près du foyer! Le gouvernement, cette entité dont le Dieu est si souvent inconnu, est-il à sa place à l'école, dans le vestibule du temple?

- «Ne craignez, nous disent les ministres; nous sommes catholiques et patriotes.»

Nous vous faisons l'honneur de vous croire tels, mais serez-vous toujours de ce monde? Vos successeurs seront-ils catholiques, enfants soumis de l'Eglise, gardiens des droits sacrés de la famille? Les petits voltairiens qui rongent leur fer, là, dans la plaine et qui aspirent au pouvoir, ne vous supplanteront-ils pas un jour? tout n'arrive-t-il pas aujourd'hui? Qu'avons-nous vu il n'y a pas encore tant d'années dans la catholique Ville-Marie? Qui s'en serait douté vingt ans auparavant? Défions-nous, messieurs, de notre bonté de nos bonnes intentions, et n'oublions pas que de prétendus patriotes peuvent réaliser ce que nous croirions, nous, être un sacrilège.

On ajoutera peut-être: «Il n'y a rien à redouter, le Conseil de l'Instruction publique est là.» Lorsque l'équipage est le maître du capitaine, il le jette à l'eau, s'il devient incommode. Oublie-t-on que le Conseil de l'Instruction publique est d'institution civile?

Aidez l'instruction, messieurs, mais ne vous mettez pas à la tête de la procession. Aidez l'instruction dans tout ce qui est hors de portée pour l'initiative privée. Achetez des cartes, des globes, etc., mais ne touchez pas aux livres. Nous suffisons à la besogne. Laissez-nous le plaisir et la gloire de fournir ici à nos enfants ce dont ils ont besoin.

Tout en appréciant nos écoles, qui font de merveilleux progrès, nous reconnaissons qu'il y a encore beaucoup à faire, mais donnez le temps nécessaire; tenez compte de l'évolution économique toujours lente chez un peuple de cultivateurs. Le clergé plus que jamais s'attache à l'école. Nos évêques ne négligent rien. Beaucoup de pères de famille, plus éclairés sont devenus plus zélés. En sorte que la puissance générative intellectuelle grandit tous les jours, et avec elle le progrès.

N'allons pas compromettre ces espérances par des mesures qui sont au moins dangereuses. N'allons pas ouvrir la porte aux mécréants de l'avenir. De tous les côtés on veut arriver au faux principe de l'éducation par l'Etat. Ce n'est pas l'Etat, c'est l'Eglise et la famille qui font les bons citoyens. Soyons hommes de progrès, mais d'un progrès fondé sur les immortels principes.
DOM PEDRO.
Montréal, 27 septembre 1901."

1901.09.28
xxx. "Dernière bordée", La patrie, 28 sept. 1901, p. 10.

"M. D. Pedro annonce dans le «Journal» de ce matin, qu'il lâche sa dernière bordée.

Merci bien!

Connaissant le caractère et l'exaltation de Pedro, nous avions commencé à nous inquiéter de son silence. Le nautonnier [sic] des vendeurs de livres avait-il fait naufrage? Sa dernière bordée nous prouve qu'il était tout simplement occupé à réunir des munitions.

Enfin, il se retire. Le public va respirer."

1901.09.30
xxx. "Explications finales", La patrie, 30 sept. 1901, p. 4.

[À la fin de 1901, F.-A. Baillairgé réunit, dans une brochure intitulée La gratuité des livres la majeure partie des textes qu'il avait publiés dans Le journal à l'occasion de sa polémique avec Godfroy Langlois et il termine cette brochure (p. 71-78) en reproduisant le présent texte de Langlois et en l'accompagnant de réfutations en notes infrapaginales repérables par des renvois "(1)", réfutations dont une bonne partie avait émaillé des textes parus antérieurement dans Le journal; j'ai inséré dans la présente retranscription du texte de Langlois les chiffres des renvois et reporté à la fin la retranscription des réponses de Baillairgé].

"«Le Journal» est étonné parce que nous n'avons pas répondu avec la même faconde aux quatre colonnes du réchauffé de M. Pedro, contre la gratuité des livres en général (à laquelle notre confrère s'est déjà déclaré favorable), et contre la valeur particulière de "Mon Premier Livre," rédigé en collaboration par deux professeurs d'école normale et approuvé par les évêques de la province de Québec.

Nous avons décidé de lâcher pour toujours le correspondant du «Journal» (1) parce que le public ne comprendrait pas que nous perdions de l'espace et un temps utile à continuer la discussion avec un adversaire de mauvaise foi. (2)

D. Pedro a soutenu que les deux manuels, forts de 227 pages in 8 vo, dont «Mon Premier Livre» est composé, ne valent que 10 cents pour chaque enfant, (3) parce que, dit-il, M.P.L. est un simple livre de lecture. Nous avons prétendu que la matière de ces deux volumes, avec l'étude de [sic] catéchisme, complétée par l'enseignement du maître ou de la maîtresse, devait suffire à la moyenne des enfants, jusqu'à leur première communion, c'est-à-dire durant les deux ou trois premières années de présence à l'école. (4) Et alors, M.P.L. n'est plus un cadeau de dix cents, mais il fait faire aux parents une économie de plusieurs piastres (5) sur chaque enfant à l'école.

Et nous avions raison. M. Pedro nous en rend en ces termes témoignage, à la date du 13 septembre.

«M. le rédacteur de la «Patrie» voudra bien remarquer qu'il ne s'agit pas de savoir si «Mon Premier Livre» est trop fort pour les élèves de première année: la chose est possible, probable, certaine peut-être; mais, il s'agit de savoir si les auteurs, M.M. Magnan et Ahern, ont destiné régulièrement, oui ou non, «Mon Premier Livre» aux élèves de première année.»(6)

Notre adversaire admet que les deux manuels de M.P.L. ne peuvent être parcourus par un enfant de première année. Ils serviront par conséquent pendant deux ans au moins, et dans la plupart des cas, pendant trois ans.

Il ne s'agit donc pas de savoir si les auteurs l'ont destiné pour un an ou pour dix ans, mais du parti qu'on pourra en tirer dans la pratique. (9)

Inutile pour D. Pedro d'ergoter davantage, à moins qu'il veuille insinuer que le livre est mal fait. (10)

En effet, après avoir longtemps tourné autour du pot, il déclare, dans sa dernière bordée que pour lui:

«Mon Premier Livre n'est pas un livre réussi, en dépit du talent incontestable de M.M. Magnan et Ahern», les auteurs.

Mais, comment, voici un livre composé par deux professeurs de l'école normale de Québec, deux hommes de talent, (11) au dire de D. Pedro, et ce livre qui a mérité, après un minutieux examen, l'approbation du Conseil de l'instruction publique (12) n'est pas un livre «réussi» pour le correspondant anonyme du «Journal».

Quel est donc ce phénix qui met sa science pédagogique au-dessus des professeurs qui enseignent dans nos écoles normales (13) et sa science dogmatique au-dessus de celle des évêques et archevêques de la province de Québec? (14)

Ce D. Pedro est donc un grand personnage étranger, (15) pour se placer ainsi en haut, bien en haut des sommités de notre province." (16)

* * *

"(1) Cette résolution est pleine de sagesse, en ce qui regarde la gratuité. Le toujours est de trop : nous aurons encore l'occasion de nous rencontrer.

(2) En quoi Dom Pedro est-il de mauvaise foi? C'est le secret des dieux! M. Langlois lui-même sait le contraire de ce qu'il affirme gratuitement. Quel avantage à nous de mentir à la vérité? Tout au contraire, c'est à regret que nous avons écrit des choses qui sont désagréables à des hommes qui ont toute notre sympathie.

[p. 71]

(3) Mon Premier Livre vaut dix centins, non parce qu'il est un livre de lecture (un livre de lecture peut valoir beaucoup plus), mais parce qu'il remplace un livre de lecture qui se vend dix centins. Ce n'est pas tout-à-fait la même chose. Sachons donc distinguer ce qui doit être distingué.

(4) Nos enfants donc n'apprendraient à compter que jusqu'à cent. Sachez donc que nos enfants de première communion comptent bien au-delà, qu'ils savent leur multiplication et leur division, et qu'un grand nombre ont attaqué leurs fractions: toutes choses dont on ne parle pas dans mon Premier Livre. Sachez donc que l'enseignement de l'histoire sainte doit servir d'encadrement à l'enseignement du catéchisme; or mon Premier Livre n'a que 7 lignes sur l'histoire primitive, et 8 pages sur l'histoire du peuple de Dieu; Sachez [sic] donc de plus que l'enfant doit en deuxième année apprendre la géographie de son comté: or Mon Premier Livre n'en dit rien, etc., etc.

[p. 72]

(5) Piastre à la place de dollar nous va très bien: nos félicitations: mais de grâce n'usez pas de ce mot pour jeter de la poudre aux yeux. Nos Canadiens sont assez intelligents pour savoir ce que leur vaut cet ouvrage. Vous allez au-delà même des intentions de notre bon père le Gouvernement. MM. les Ministres eux-mêmes sont tous surpris de votre langage. Vous apportez à la question un zèle tel, que l'on finira par croire que vous y êtes intéressé.

[p. 73]

(6) Nous admettons que M.M. Magnan et Ahern ont destiné leur ouvrage aux élèves de 1ère année. Il faut bien l'admettre, ce sont eux qui l'affirment dans leur préface. Ne confondez donc pas la question de force avec la question de destination.

Supposons maintenant que le livre soit trop fort pour la première année; s'en suit-il qu'il fera l'affaire des élèves de deuxième année? Cet excédent de force réalise-t-il le programme de deuxième année? Ne confondez donc pas la quantité avec la qualité.

Comme question de fait, sur l'histoire par exemple, Mon Premier Livre renferme beaucoup de faits sans intérêt pour les enfants, et bien au-dessus de leur portée intellectuelle. Il y a là excédent. Cet excédent fait-il de Mon Premier Livre un livre de deuxième année! Le programme du reste ne demande pas, et avec raison, autant de détails et de notions. L'excédent n'a donc pas la qualité voulue.

Sur l'arithmétique, Mon Premier Livre n'apprend à compter que jusqu'à 100. Ce n'est donc pas la matière voulue pour la 2ème année qui doit apprendre à compter jusqu'à 10,000. Mon Premier Livre apprend l'addition et la soustraction; ce n'est donc pas la matière voulue pour la deuxième année qui doit apprendre la multiplication et la division. De ce côté, c'est tout à la fois la qualité et la quantité qui font défaut dans mon Premier Livre.

Est-ce toujours la même mauvaise foi qui parle ici Monsieur Langlois?

Est-ce après cela que vous invoquerez notre témoignage en votre faveur?

[p. 74]

(7) Encore une confusion. Il y a des gens qui se font une spécialité de pêcher dans l'eau trouble. Il y a quatre années de cours élémentaire. Si un élève, pour une raison ou pour une autre, n'apprends [sic] pas, dans sa première année d'étude, ce que comporte la première année de cours, il entre l'année suivante dans la même classe; il y reste aussi longtemps qu'il n'en épuise pas le programme. Un élève peut être ainsi deux ans et trois ans dans la première année de cours. Ne confondez donc pas les années de cours et les années d'étude.

(8) Il importe énormément de le savoir. Lorsque je prends les chars pour Montréal je n'ai pas à m'occuper seulement de l'utilité pratique des chars, il importe que je sache si ces chars vont ou non à Montréal. M. Langlois fait à M.M. Magnan et Ahern la politesse de croire qu'ayant voulu faire un livre de 1ère année de cours, ils en ont fait un qui, à leur insu, est aussi un livre de deuxième année de cours, voir [sic] même, de troisième année de cours. Des amis de ce genre, délivrez-nous Seigneur!

[p. 75]

(9) L'utilité pratique pour M. Langlois, c'est de faire chanter un hymne de reconnaissance au gouvernement, en faisant croire aux ignorants que ce cadeau (imprimé aux frais des contribuables) a plus de valeur qu'il n'en a réellement, que c'est un cadeau de $2.00!!

(10) Si on considère Mon Premier Livre au point de vue de ce qu'il faut donner à un élève de première année de cours, il n'est pas réussi. Nous avons sous les yeux, [sic] le rapport d'un comité d'instituteurs, rapport défavorable à l'ouvrage. Du reste, l'opposition que nous faisons à ce livre ne vient pas seulement de ce qu'il est plus ou moins bien réussi, mais de ce qu'il représente un principe dangereux: la gratuité des livres par le gouvernement. Nous ferions la même opposition à tout autre livre de classe, oeuvre d'une communauté religieuse. M. Langlois ne réfute pas un seul de nos arguments. Il aime mieux détourner l'attention en ne parlant que de Mon Premier Livre. Cette attitude du rédacteur de la Patrie n'échappera pas aux yeux clairvoyants. Du reste, quels sont ceux de ses confrères qui viennent à son aide avec des arguments?

[p. 76]

(11) Des hommes de talent peuvent faire des livres de médiocre valeur, surtout s'ils innovent, comme c'est ici le cas. Le livre est là; s'il est si bon, qu'on le défende des accusations portées contre sa valeur intrinsèque et contre sa valeur intrinsèque [sic].

(12) Le conseil de l'Instruction publique donne son approbation, sur le rapport d'un comité composé de quelques-uns de ses membres. La valeur de ce rapport est relative. Voici un ouvrage qui n'a rien contre la morale, rien contre les moeurs. Il est bien rédigé. L'enfant semble étrange, mais les auteurs, des professeurs, appliquent une nouvelle méthode.

Le livre entre donc sur la liste des livres qui peuvent être introduits dans les écoles. L'approbation du Conseil pour ce livre n'a pas plus de valeur, officiellement, que pour tout autre livre de même nature, sur la liste des livres autorisé. Ne confondons point l'autorisation et la présomption qui découlent de l'approbation, avec la valeur intrinsèque qui tient plus ou moins devant la critique.

[p. 77]

(13) Nous avons enseigné vingt années durant; nous avons, par conséquent, de l'expérience dans la matière.

(14) Qu'est-ce que la science dogmatique peut avoir à faire ici? Voilà un mot à la Langlois, un mot jeté au hasard, un grand mot, pour étonner les badauds. Nous parlons ici de pédagogie et non de dogme. Toujours des confusions.

(15) Oui, un étranger qui est vingt millions de fois plus canadiens-français [sic] que le rédacteur de la Patrie.

(16) Qui'il soit dix fois meilleur, votre Premier Livre, nous n'en voulons pas. Ce livre, pour bon qu'il soit, est un mauvais signe.

Sur ce, l'ami! Vous ne dites rien en faveur de la gratuité des livres! Pas un mot de réponse aux arguments de Dom Pedro! Mais, qu'est-ce que les gens vont dire? Il me semble que c'était pour vous le temps de parler?

La Patrie n'a pas répondu, pour une excellente raison, nemo dat quod non habet."

[p. 78]

1901.09.30
xxx. "Extraits - Comment on discute à «La patrie»", Le journal, 30 sept. 1901.

[Je n'ai pu retracer ce texte que F.-A. Baillairgé affirme avoir publié dans Le journal du 30 sept. 1901; la retranscription qui suit a été réalisée à partir du collage de ces textes que l'auteur a publié à la fin de la même année 1901 sous le titre La gratuité des livres, p. 70].

"Nous Lisons dans la Patrie du 28 septembre courant:

«M. D. Pedro annonce dans le Journal de ce matin, qu'il lâche sa dernière bordée.
Merci bien!
Connaissant le caractère de D. Pedro, nous avions commencé à nous inquiéter de son silence. Le nautonnier [sic] des vendeurs de livres avait-il fait naufrage? Sa dernière bordée nous prouve qu'il était tout simplement occupé à réunir des munitions.
Enfin il se retire. Le public va respirer.»

Voilà tout ce que cette feuille trouve à répondre au dernier article si sensé et si fortement argumenté de Dom Pedro sur «Mon Premier Livre.»

Il est difficile d'avouer plus clairement sa défaite.

Le pauvre confrère est à terre; il demande grâce."

[Suit la retranscription de l'article de La Patrie du 30 sept. 1901, avec des notes infrapaginales de F.-A. Baillairgé en guise de réfutations; j'ai inséré ces réponses dans la retranscription du texte de La Patrie].

1901.10
xxx. "Notes de l'administration", L'enseignement primaire, 23, 2 (oct. 1901):131.

"Pour rendre service aux abonnés, le secrétaire de la rédaction, M. Hormidas Magnan, a bien voulu se charger de la vente d'un certain nombre de livres recommandés par le Bureau Central. Les demandes de livres doivent être accompagnées de l'argent nécessaire pour payer et les livres et la poste. On est prié d'ajouter 3 centins en plus pour la poste.

Les timbres-poste ne sont pas acceptés."

1901.11
xxx. "Chronique pédagogique", L'enseignement primaire, 23, 3(novembre 1901):160-161.

"Nouvelle géographie élémentaire de M. J.-N. Miller. - Ce magnifique ouvrage, maintenant en vente, vient d''être l'objet d'appréciations très flatteuses de la part des grands journaux. Le Soleil dit en terminant un long article sur les mérites de la Nouvelle géographie:

«Nous félicitons sincèrement M. Miller sur son succès, et nous devons féliciter davantage le conseil de l'Instruction publique d'avoir apostillé la publication de cet ouvrage.

Mon premier livre, dû à MM. Ahern et Magnan, a été un grand succès; la nouvelle géographie élémentaire de M. Miller suit la marche; bientôt nos livres d'école n'auront rien à envier à ceux du vieux continent et la science pédagogique de notre pays aura fait un progrès considérable.»

L'Événement à son tour s'exprime comme suit:

«Nous accusons réception, avec nos remerciements à qui de droit, d'un exemplaire de la Nouvelle géographie élémentaire adaptée aux écoles canadiennes, par M. J.-N. Miller, le secrétaire du Bureau central des examinateurs catholiques.

Cette géographie a reçu la haute approbation du Conseil de l'Instruction publique de la province de Québec.

Nous n'avons fait qu'un examen très sommaire de cet ouvrage qui nous a paru digne de tout éloge. C'est un livre grand format, de 150 pages très bien illustrées, et contenant tous les éléments de la géographie. Les cartes sont très bien faites.»

[...]

Mon Premier Livre - Cet ouvrage est maintenant introduit dans 690 municipalités scolaires et 82 couvents et écoles indépendantes. 97,142 volumes de cet ouvrage (comprenant les deux parties) sont maintenant entre les mains des enfants de nos écoles primaires. Une quantité considérable de lettres appréciant favorablement Mon Premier Livre ont été reçues. Parmi ces lettres, il y en a de signées par des personnages ecclésiastiques, des religieux, des religieuses, des curés, des secrétaires de commissions scolaires et des institutrices. Tous ces correspondants corroborent l'approbation que les honorables membres du comité catholique du conseil de l'Instruction publique ont donnée unanimement à Mon Premier Livre." (p. 161).

1901.11
xxx. "Un Manuel Pédagogique Canadien apprécié à l'étranger", L'enseignement primaire, 23, 3(novembre 1901):164-165.

"(Du Soleil du 8 octobre)

L'honorable secrétaire de la Province a eu la complaisance de nous communiquer un numéro de La Croix du Dimanche, de Port-Louis, Ile Maurice. Ce journal contient une appréciation très judicieuse du traité de Pédagogie pratique et théorique, publié l'année dernière par M. l'abbé Rouleau, principal de l'Ecole Normale Laval et deux professeurs de cette institution: MM. C.-J. Magnan et J. Ahern.

Cet ouvrage a déjà eu l'honneur d'être recommandé par le Bureau central des examinateurs catholiques, et au mois de juin dernier, la Semaine Religieuse, de Montréal, le mentionnait en termes des plus flatteurs.

Le gouvernement provincial, désireux d'aider efficacement le corps enseignant, vient d'ordonner la distribution de ce manuel à tous les instituteurs et à tous [sic] les institutrices de la Province. Ce traité de pédagogie, ajouté à L'Enseignement Primaire, forme le commencement d'une bibliothèque pédagogique dans chaque école; c'est là l'accomplissement d'un voeu émis par notre vénérable archevêque devant le comité catholique du Conseil de l'Instruction publique.

Mais laissons la parole à La Croix:

"Pédagogie

Un manuel pédagogique canadien.

Nous avons lu avec un vif intérêt le remarquable travail Pédagogie pratique et théorique (de M. l'abbé Rouleau, principal de l'Ecole normale Laval, et de MM. C.-J. Magnan et J. Ahern, professeurs), à l'usage des candidats au brevet d'enseignement et des élèves des Ecoles normales. Nous signalons les passages suivants à l'attention de nos maîtres d'écoles mauriciens:

1. "Il faut que le maître professe, c'est-à-dire, instruise oralement les enfants. Il ne peut se servir d'un livre que comme d'un aide-mémoire. Il doit donc ne faire apprendre une leçon qu'après l'avoir expliquée de vive voix et l'avoir fait comprendre parfaitement".

A Maurice, malheureusement, le professeur 9 fois sur 10, se contente de faire réciter la leçon à l'élève, après que celui-ci s'est donné mille peines pour l'apprendre par coeur, bien souvent sans la comprendre. Notre pédagogie coloniale, sous ce rapport, est, comme on le voit, complètement fausse.

2. "Il faut que l'enseignement soit intuitif, c'est-à-dire, que le maître doit s'adresser tout d'abord aux sens des élèves, à la vue, à l'ouïe, au toucher, pour inculquer plus facilement les principes. Exemple: On met sous les yeux de l'élève divers objets, des billes, des fèves, des crayons, etc., et en les lui faisant compter, on lui donne l'idée concrète du nombre. On écrit et l'on fait écrire les chiffres qui représentent les différents nombres; 1, 2, 3, 4, etc.; on les lui fait observer, et il arrive facilement à saisir l'idée abstraite du nombre."

Nous croyons savoir que M. Emtage, le directeur de l'Instruction publique, est en faveur de l'enseignement intuitif: nous ne saurions trop l'en féliciter.

3. "L'instruction de l'enfant ne doit être qu'un développement régulier des connaissances qu'il possède déjà. Vous le faites réfléchir et raisonner sur les nombreuses notions qu'il a acquises machinalement, presque sans ordre. Vous ordonnez petit à petit toutes ces connaissances, et, en développant son esprit d'observation, vous lui faites découvrir d'autres idées en procédant toujours de proche en proche. Vous allez ainsi du connu à l'inconnu."

Prend-on généralement une voie aussi rationnelle à Maurice? Nous en appelons à tous les instituteurs! [164]

4. "Voulez-vous faire connaître une règle générale! Mettez tout d'abord sous les yeux de l'enfant des cas particuliers, des exemples distribués de manière que l'enfant trouve la règle lui-même, au moins, la comprenne aussitôt que vous l'aurez énoncée. Exemple: Les hommes chantent, les jours finissent, les chevaux reçoivent de la nourriture, les honnêtes gens rendent ce que vous leur prêtez, etc., en ent, et lorsque vous dites à l'enfant que le pluriel à la troisième personne du présent de l'indicatif exige en général la terminaison ent, il comprend la règle. Vous êtes allé du particulier au général. C'est la marche à suivre à l'école primaire."

5. "L'enseignement de la langue maternelle - le français dans nos écoles - a pour but d'apprendre à l'élève à parler correctement et à rédiger, sans le secours de personne, soit une lettre soit une description ou une narration.

Les exercices de grammaire, d'orthographe, d'analyse, de phraséologie, de rédaction, doivent être faits simultanément, etc."

Ici, nous pouvons dire que l'enseignement du français, dans les écoles dites de dames, est généralement bon, car il est rare de rencontrer dans ces écoles des fillettes d'une quinzaine d'années qui n'écrivent pas le français mieux que leurs frères aînés, lesquels, cependant, vont dans les grands collèges. Nous ne chercherons pas à donner les moyens employés par nos institutrices: la fin justifie leurs moyens.

Le défaut d'espace nous empêche de citer plus longuement les conseils précieux que nous avons puisés dans ce livre. Nous le recommandons, d'une façon toute particulière, aux instituteurs des deux sexes.»"

Page modifiée le : 11-05-2016
 

© Université Laval