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Sources imprimées

* * *

1884

xxx. High school of Montreal. Under the direction of the protestant board of school commissioners. Session 1884-85. Montréal, McQueen & Corneil, 1884. 24 p. ICMH A02306.

[On indique les livres dont on se servait].

1884
xxx. Liste des livres approuvés par le conseil de l'instruction publique depuis sa formation jusqu'au 1 février 1876 et par les comités catholiques et protestants [sic] du conseil de l'instruction publique depuis le 1 février 1876 jusqu'au 1 mai 1884. S.l., s.n.. [1884]. 20 p. ISBN 0-665-94687-2.
1884
[Arnold de Jésus (frère)]. Aux honorables membres du comité catholique du conseil de l'instruction publique. S.l., s.n., [1884]. 11 p. ISBN 0-665-02200-X.

[Le signataire, Frère Arnold de Jésus, de la communauté des Frères des écoles chrétiennes, fait écho à la querelle opposant son supérieur, Frère Réticius, à P. S. Murphy, commissaire de la commission des écoles catholiques de Montréal et membre du Conseil de l'instruction publique].

"Mais, admettons un instant, Honorables Messieurs, que, en cette dernière hypothèse, M. P. S. Murphy parle selon la vérité et que l'accusation qu'il a portée contre notre cher frère Provincial, l'ait été privément; ce fait, pour cela, ne serait pas moins odieux de la part d'un commissaire d'Écoles catholique, d'un membre du Conseil de l'Instruction publique contre un religieux représentant d'un Supérieur d'Ordre, et dont l'unique tort, tort impardonnable, paraît être d'avoir démasqué, en 1880, les indélicatesses de M. P. S. Murphy, d'avoir dévoilé, et les tentatives de M.M. les Commissaires pour nous imposer leurs livres et leurs méthodes, et l'équité qu'ils gardent dans la répartition des deniers publics entre nos écoles et les écoles laïques." (p. 6-7).

1884
Instituteur canadien (Un). Le bureau de l'instruction publique contre les Frères des écoles chrétiennes. S.l., s.n., [1884?]. 19 p. ISBN 0-665-04030-X

"Depuis plusieurs années, des amis de la saine éducation chrétienne, en cette province, se sont fait un devoir de dénoncer l'hostilité regrettable qui paraît régner dans le Département de l'Education, contre les R.R. Frères des Ecoles Chrétiennes, leurs écoles et leur méthode d'enseignement.

D'après certains documents, déjà livrés au public, cette hostilité irait souvent jusqu'à la persécution.

Or, si on lit attentivement la correspondance qui suit, et qui nous vient d'un homme qui, malgré sa modeste position dans le monde, est pour nous une autorité en pareille matière, cette persécution est systématique.

La lettre «d'un instituteur canadien» et surtout les faits qu'il cite témoignent d'une partialité révoltante de la part des officiers du département. Nous recomman-dons cet écrit au public, surtout la dernière partie.

Le public intelligent commence à être fatigué de ces vilenies commises en son nom contre les dignes enfants du Vénérable de la Salle. Cette persécution ignare et niaise est surtout disgracieuse, lorsqu'elle se produit dans un temps où les juges les plus compétents dans tout le monde civilisé reconnaissent la supériorité de l'enseignement dit congréganiste, et surtout lorsque la protestante Angleterre elle-même la proclame, comme l'établissent les documents cités par notre correspondant.

Les choses en sont arrivées à ce point que le public dira avec nous: IL FAUT QUE CELA FINISSE!

[p. 1]

A l'honorable F.-X.-A. Trudel,
Rédacteur en chef de l'Etandard.

Monsieur le Rédacteur,

Je prends un vif intérêt à tout ce qui touche à la question d'éducation; on pardonnera ce faible à un homme qui, sans renoncer à l'espoir de revenir un jour Canada comme instituteur, a enseigné une dizaine d'années déjà aux Etats-Unis. Je continue à suivre attentivement tout ce qui s'écrit dans les journaux du pays sur un sujet si vital.

Il y a quelques mois, un ami me passait un numéro du Journal de Québec, relevant dans un compte rendu du Conseil de l'Instruction publique, un certain nombre de fautes recueillies dans un ouvrage que les Frères de la Doctrine chrétienne ont, paraît-il, présenté à l'approbation du Conseil. Ces mêmes fautes, je les ai vues reproduites plus tard par nos journaux pédagogiques: l'Instruction primaire et le Journal de l'Instruction publique.

Cette forme inusitée de jeter aux quatre vents de la presses les fautes d'un ouvrage soumis à l'approbation du Conseil, excita naturellement ma curiosité. Comment, me disais-je, les disciples du Vénérable de la Salle dont les méthodes sont universellement adoptées dans les deux mondes, dont les ouvrages sont généralement suivis dans toutes les écoles, dont les travaux viennent d'être honorés d'un si éclatant témoignage par le jury de l'Exposition de Londres; comment, en Canada, nous donneraient-ils des ouvrages émaillés de fautes et d'erreurs?

Pour avoir le coeur net sur cette affaire, Monsieur le Rédacteur, je me suis donc procuré l'ouvrage en question et je l'ai étudié avec un soin minutieux. Ma première impression a été vite dissipée, et, à chaque page de cette étude, j'étais en admiration devant ce travail gigantesque dont je me propose de donner un jour à vos lecteurs une succincte analyse. Mon Dieu, qu'ils sont beaux, qu'ils sont bons surtout, ces quatre volumes! Je n'ose pas dire qu'on les a trouvés trop bons, ce serait de la méchanceté; mais je crois qu'on ne les a pas compris.

[p. 2]

Je ne sais si ma mémoire est fidèle, mais il me semble que l'examen des nouveaux ouvrages classiques est soumis à un homme du métier qui fait rapport au Conseil. Dans le cas qui nous occupe, je crains que le Conseil n'ait pas eu la main heureuse et qu'il n'ait soumis ce travail à un vieux pédagogue routinier ou à un jeune maître encore novice en méthodologie. En effet, d'après le Journal de Québec, le critique a signalé vingt-trois fautes: vingt-trois fautes dans deux volumes, l'un de 179, l'autre de 458 pages; et quelles fautes! Examinons-les avec soin, selon les divers titres sous lesquels on les a groupées.

1. Fautes d'impression.

«Page 7. 1ère ligne (ou c) au lieu de (du c).»
«Page 33. Poivière pour poivrière».
«Page 79. Chevalesque, pour chevaleresque
«Page 90. Mode infinitif pour mode indicatif

Quatre coquilles en six cents pages et plus, dans une première édition, ne paraissent point un péché bien grave. Si l'on appliquait au critique la loi du talion, on trouverait, dans ses remarques mêmes, de plus lourdes fautes à sa charge. En passant, je relève les trois suivantes:

1° Deux coquilles en moins de trente lignes: pape 21, pour page 21, robes pour rôles.

2° Une énorme distraction: vingt fois le mot page pour le mot leçon!

3° Une confusion regrettable: rien, dans les notes, qui indique à quel volume se trouve telle ou telle faute.

2. Des lacunes et des définitions.

«Page 2, voyelles composées. - Rien sur cette question.»

- C'est tout simple; sa place naturelle n'est-elle pas au syllabaire?

Le critique a sans doute oublié cet avis qui se lit dans les conseils méthodolo-giques placés en tête de l'ouvrage: «Le maître ne laissera passer aucune expression sans s'assurer que les élèves en ont l'intelligence.» (Cours élémentaire, livre du maître, avis, page 2.)

[p. 3]

«Page 4. -» Erreur du critique: c'est Leçon 4 et page 8, qu'il fallait dire.

«Pas de diphtongue dans le cours élémentaire.» - Est-ce chose si importante pour un enfant qui débute? Question de lecture plus que d'orthographe. «Il faut épargner aux jeunes enfants les définitions,» dit M. Bréal.

Même observation au sujet de la remarque indiquée page 87. - Erreur du critique: c'est Leçon 87 et page 103.

«Page 13.» - Erreur du critique: c'est Leçon 13 et page 15.

«Pas de définition ni du masculin ni du féminin.» - Ici, le critique devrait féliciter les chers Frères du soin avec lequel ils écartent toute expression capable de chatouiller l'imagination des enfants et provoquer peut-être, de leur part, des questions naïves et fort embarrassantes. Admettons cependant la remarque du critique, et supposons que les Frères insèrent dans leurs Leçons de langue française ces deux définitions:

«Masculin, qui appartient au genre mâle.» [Littré.]

«Féminin, qui appartient aux femmes ou leur est propre.» [Ibid.]

Y a-t-il, dans ces deux définitions, grand avantage pour l'intelligence de l'enfant? Et n'y a-t-il pas danger pour le coeur?

Les deux autres lacunes soulignées concernent les titres des différentes parties du discours et l'omission de cela et ceci.

Les titres ne sont pas omis; mais, à notre avis, ils sont mal placés. Nous aimerions à les voir en caractères saillants et sur une seule ligne.

Cela et ceci sont oubliés, ainsi que leur père, ce, que le critique a oublié lui-même. Dans une prochaine édition, les chers Frères répareront, nous l'espérons, ces deux oublis qui, après tout, ne méritent pas l'ostracisme dont on frappe leurs ouvrages excellents à tous égards.

3. Disposition des matières

Dans cette partie de ses notes, le critique, quoique peut-être élève d'une école normale, annonce qu'il aurait grand besoin de suivre un bon cours pédagogique. On ne saurait,

[p. 4]

en effet, trouver des remarques plus en opposition avec le principe de la méthodo-logie que celles qu'il a soumises au Conseil. Je vais le démontrer par quelques autorités que monsieur le critique ne récusera certainement pas.

«Page 1.» «Conjugaison avant les verbes.»

«Cette méthode, que les Frères tiennent de leur Fondateur, est une preuve de l'habileté et du maître, et des disciples dans l'art de l'enseignement. Tous les lexicologues et les grammairiens en renmn, et même les ministres de l'instruction publique, en France, donnent gain de cause aux Frères sur ce sujet.

Il faut apprendre la grammaire par la langue, et non la langue par la grammaire, dit Herder. Comme la grammaire a été faite après la langue, dit aussi Spencer, elle doit être enseignée après la langue.

C'est à la parole, continue le P. Grégoire Girard, que sont remises les leçons du cours de langue. Nous attachons un grand prix aux exercices de conjugaison. Ainsi, loin de faire des recueils sur le nom, l'adjectif, le verbe, et de réunir sur ces parties ce qui les concerne, il faut s'attacher au fond du langage, commencer par le commencement, aller pas à pas, du simple au composé, et apprendre aux enfants à penser, pour leur apprendre à comprendre et à parler la langue de l'homme.

Et le célèbre Cordelier parlait d'expérience.

Je termine les citations sur ce point par le témoignage d'un pédagogue éminent que la mort vient de ravir à l'enseignement:

La conjugaison, dit-il est l'âme des personnes et des choses. Ce mot par excellence réclame donc une étude tout à fait spéciale et continue. A quel moment doit-on aborder le verbe? Faut-il attendre qu'on ait vu le nom, l'article, l'adjectif, le pronom?

Revenons à notre modèle, la mère. Après maman, voici: maman, promener; maman, boire, coucher, dormir... Et quand l'enfant nous arrive, il conjugue. Sans retard, et toute l'année, exerçons donc les élèves à la conjugaison - orale avec les enfants qui ne savent pas écrire, - orale et quelquefois écrite avec les enfants plus avancés.

«Page 8.» - Erreur du critique: c'est Leçon 8 et page 9. «Définition d'une proposition et du verbe trop tôt (Déjà analyse logique).»

[p. 5]

-Eh! oui, mon cher monsieur, et cette analyse logique-là est, pour les enfants, beaucoup plus simple que les voyelles composées et les diphtongues que vous réclamez pour les premières leçons.

Chez sa mère, dit M. Trouillet, l'enfant parlait. Et en parlant, que faisait-il? - Des propositions; je suis sage, le temps est beau, les prés sont fleuris. etc. L'école, pour l'enfant, s'ouvre sur les genoux maternels; au maître de continuer l'oeuvre ébauchée par la mère.

En 1857, M. Duruy écrivait:

Tout enfant qui vient s'asseoir sur les bancs d'une école apporte avec lui, sans en avoir conscience, la connaissance pratique des principes du langage, l'usage (plus ou moins défectueux) des genres, des nombres, des conjugaisons; sans qu'il s'en rende compte, il distingue les différentes espèces de mots. Qu'y a-t-il donc à faire? Non pas à l'effrayer par l'étalage d'une science qui déguise sa stérilité sous la fantasmagorie des mots, mais tout simplement à l'amener à se rendre un compte rationnel de ce qu'il sait par routine et répète machinalement.

M. Bréal parle de même:

Quand l'enfant entre à l'école, dit-il, il rapporte son vocabulaire déjà formé, sa langue déjà toute faite. Mais à peine est-il assis sur les bancs de la classe qu'on le traite comme s'il avait le français à apprendre et comme s'il avait été sourd et muet jusqu'au jour de son entrée à l'école. Soyez donc surpris que cette étude le laisse froid! Ah! si le maître, au lieu de tout glacer, au lieu de faire tourner aux enfant en aveugles, quelques manivelles grammaticales, voyait autre chose dans l'enseignement du français que les creuses subtilités qu'on a décorées de ce nom!

L'enfant, si jeune qu'il soit, dit M. Gréard, est capable de créer lui-même les exemples sur lesquels on lui fait reconnaître la nature et l'usage de la langue: il a dans l'esprit des propositions simples toute faites; il les possède fort inconsciemment, sans doute, mais il les possède: ses jeux, les objets qui l'entourent lui en fournissent incessamment la matière, il ne demande qu'à les exprimer. La seule chose nécessaire alors, c'est, en stimulant cette faculté naturelle d'invention, de tenir la main à ce qu'il exprime correctement tout ce qu'il invente.

Encore un mot d'or que j'offre aux méditations de monsieur le critique:

Si donc, dit M. Trouillet, c'est par le contact avec des personnes qui parlent que les enfants s'habituent à parler, et si l'école a pour

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but d'apprendre à parler, comme à écrire correctement, notre rôle n'est-il pas tout tracé? Attendrons-nous qu'ils puissent écrire leurs petites phrases? C'est là l'erreur que nous voulions signaler; avant la composition écrite, il y a la composition orale; avant le travail de plume, le travail de tête. En sorte que, pour nous, les exercices, - non de style et de rédaction, - mais d'invention et de composition, doivent commencer le jour même où le petit enfant de cinq ou six ans met le pied à l'école.

«Page 10. Comment les enfants peuvent-ils écrire ces dictées avant d'avoir étudié les parties du discours

- Ici encore, le critique a été distrait. Je le prie d'ouvrir le livre de l'élève, page 7, et il y trouvera réponse à sa question. La dictée qui l'effraie se trouve dans le livre de l'élève; c'est donc pour celui-ci une simple question de lecture accom-pagnée de petits exercices en rapport avec les leçons de grammaire précédentes. Mais, comme monsieur le critique me paraît complètement étranger aux divers procédés d'enseignement, je vais lui dire, pour cette fois, comme on y procède:

Tous les élèves du cours élémentaire savent lire. Ils prennent leur livre, l'ouvrent à la page 7 et lisent cette dictée trop précoce (!) qui a pour titre: Le respect filial. Après chaque phrase, le maître arrête le lecteur et interroge l'un, l'autre, sur la signification de tel mot; demande si besoin est, combien il y a de voyelles, de consonnes, de syllabes dans tels mots où l'e est surmonté d'un accent grave, d'un accent aigu ou circonflexe. Comme les élèves ont étudié tout ceci dans les quatre premières leçons, ils n'ont pas à faire un effort surhumain pour cette téméraire première dictée.

De plus, comme viennent de le dire les maîtres dans l'art d'enseigner, les enfants apportent à l'école toute une petite grammaire; le maître, s'il est habile, peut faire, sur le texte de la dictée, une grande variété d'exercices aussi utiles qu'intéressants, et toujours à la portée de son petit monde.

«Page 26.» - Erreur du critique: c'est Leçon 26 et page 31.

«Page 28.» - Erreur du critique: c'est Leçon 28 et page 38.

[p. 7]

«Page 38.» - Erreur du critique: c'est Leçon 38 et page 45.

Toutes ces remarques sont relatives à une même chose: la dérivation, la formation des mots. Je laisse, ici encore, les maîtres nous dire comment les Frères ont saisi et réalisé leur pensée pour l'enseignement de la langue française. Notons seulement que ces maîtres parlent de la dérivation pour le cours ELEMENTAIRE et que celle que l'on censure dans les «Leçons de langue française» se trouve dans le COURS MOYEN, qui est d'un degré supérieur.

L'étude rationelle [sic] des mots, malgré son importance capitale, dit le vieux maître Trouillet, n'a pas encore trouvé place dans nos écoles, et cette lacune est pour beaucoup dans la stérilité constatée de notre enseignement grammatical.

Deux moyens, outre l'usage, qui est le moyen par excellence, s'offrent à nous pour étudier les mots dans leur signification, l'étymologie et l'analogie.

L'étymologie, non pas l'étymologie savante, mais l'étymologie usuelle, facile, qui permet de grouper les mots par familles et de passer alors du sens de l'un au sens de tous les autres.

Cette étymologie pratique, tout à fait à la portée des enfants des écoles primaires, est éminemment propre à rendre compte de la fonction de nos mots, de leur orthographe, du sens intime et de la portée de chacun d'eux, des rapports et des différences de sens qui peuvent les réunir ou les séparer.

Nous venons, je suppose, de rencontrer dans la lecture, dans la dictée ou dans l'exemple de grammaire cité par un enfant, le mot battre. Nous faisons écrire ce mot au tableau noir. Puis, après en avoir fait donner la signification, nous adressant à toute la division, ou même à toute la classe:

Eh bien, mes enfants, leur dirons-nous, ne connaissez-vous pas quelques mots qui ressemblent beaucoup à celui-là? N'avez-vous pas rencontré souvent, ne vous êtes-vous pas servis vous-mêmes d'expressions semblables à celle-là, et par le sens et par la composition, c'est-à-dire, par les lettres qui le forment? Voyons, cherchons ensemble. Combattre, rebattre, débattre, abattre: ne sont-ce pas là des mots qui ont tous l'air d'être formés de battre? - Certainement. - Cherchons encore. - Comment appelle-t-on l'action que font parfois de mauvais enfants, qui se battent? Une batterie. [sic] - Et lorsque ce sont deux armées ennemies qui se rencontrent et qui se disputent la victoire? - Une bataille. - Bien. - Et lorsque les deux armées n'ont pas engagé toutes leurs forces, lorsqu'une partie seulement de ces armées s'est battue, ce qui arrive ordinairement avant une grande bataille? - Un combat. - Très bien. Cherchons donc encore? Et les enfants, à l'envi, s'empressent de crier: «Bataille, batailleur,

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bataillon, battue, batteur, battement, battoir, etc.» Tous les composés et les dérivés du verbe battre défilent avec rapidité.

Quand les enfants ont saisi deux ou trois collections de mots de ce genre, ils sont aptes à comprendre ce que c'est qu'une famille de mots.

Vous savez bien, leur dira l'instituteur, ce que c'est dans le monde qu'une famille? On appelle ainsi, n'est-ce pas, la réunion des personnes du même sang, des parents, comme le père, la mère, les enfants, les frères, les soeurs, les nièces, les neveux, les cousins, qui souvent vivent en commun sous un même chef, le père de la famille. Or, vous avez remarqué qu'il y a presque toujours entre les individus d'une même famille, une certaine ressemblance physique, soit dans les traits du visage, soit dans le geste, le son de la voix, etc., ce qu'on appelle, en général, le caractère. Et cette communauté d'origine est parfois tellement indiquée qu'en apercevant un individu pour la première fois, nous jugeons de suite qu'il doit appartenir à telle famille que nous connaissons, dont nous avons été à même de'étudier le type, les moeurs, les habitudes.

Eh bien, mes enfants, regardez un peu tous ces mots que nous avons décrits sous le mot battre. Ne retrouvez-vous pas, dans tous, les lettres principales et la prononciation battre? C'est là leur ressemblance physique. Ne voyez-vous pas aussi, d'après l'explication que nous avons donnée du sens, de la signification de chacun d'eux, que tous aussi renferment l'idée de battre? C'est leur ressemblance morale. Tous ces mots peuvent donc être considérés comme venant, comme formés du mot battre: le mot battre est leur père, et ils en constituent la famille.

Nous n'irons pas plus loin pour le cours élémentaire. Nous nous garderons bien de faire quoi que ce soit qui ressemble à de la science. Nous ne nous servirons pas même des mots techniques: affixes, préfixes et suffixes. Non; les enfants savent ce que c'est qu'une syllabe: cela suffit. Nous dirons: les syllabes qui commencent ou les syllabes initiales, les syllabes qui terminent les mots ou les terminaisons. Mais nous ne laisserons pas de donner, ou mieux, de faire découvrir aux enfants le sens de ces syllabes, qui viennent ainsi modifier le sens du mot primitif, du simple.

Ainsi, nous voulons, par exemple, faire comprendre aujourd'hui le sens de la syllabe initiale in (éveillant une idée de négation). Nous envoyons un élève au tableau, et nous lui faisons écrire les mots suivants sur une même colonne verticale: égal, abordable, fidèle, humain, certain, salubre, etc., puis, en regard, les mots INégal, INabordable, INfidèle, INhumain, INcertain, INsalubre, etc. Nous demandons d'abord le sens des premiers, et nous aidons, par des exemples, les enfants à le trouver. Immédiatement après, ils nous donnent eux-mêmes, sans embarras aucun, le sens des composés de

[p.9]

seconde colonne, et ils en déduisent la signification de la syllabe initiale: IN.

Voulons-nous, un autre jour, rechercher la modification de sens apportée à un mot primitif par la terminaison able, un enfant écrit au tableau, sous la dictée du maître ou de ses condisciples, les mots suivants: aimABLE, louABLE, instABLE, faisABLE, blâmABLE, détestABLE, etc. Et rien n'est plus facile au maître que de faire découvrir à ses élèves que la terminaison able marque une disposition, une aptitude, une manière d'être, une qualité; que le sens peut en être rendu par l'expression qu'on peut ou qu'on doit: aimable, qu'on doit aimer; blâmable, qu'on doit blâmer; faisable, qu'on doit faire, etc.

C'est à cela que nous bornerons nos exercices étymologiques dans la division élémentaire.

Dans le cours intermédiaire - ou moyen, - comme nous nous adressons à des élèves déjà préparés par les exercices du cours élémentaire, nos leçons revêtiront un caractère plus régulier, plus suivi. Nous ne chercherons pas à dissimuler la méthode: les classifications, au contraire, apparaîtront; et l'élève découvrira, dans les exercices qui lui seront donnés, la logique et la filiation des idées qui existent déjà dans ceux du cours précédent, mais qu'il n'avait pas remarquées.

Enfin, dans l'étude des familles de mots, il leur fera voir comment un composé peut recevoir une seconde [sic] et même une [sic] troisième préfixe pour former des composés secondaires ou tertiaires; comment l'addition d'une nouvelle désinence donne de même des dérivés secondaires et tertiaires; il distinguera les juxtaposés des composés, et indiquera la marche à suivre pour trouver le radical et pour ordonner le tableau d'une famille.

Ce serait un spectacle intéressant pour nos grands élèves de voir se dérouler, sous la subordination d'une racine commune, d'abord les dérivés directs, puis les branches particulières se rattachant au mot primitif par la communauté étymologique. Ainsi se déroulera sous ses yeux, dit Mazure, le tableau généalogique de notre idiome, l'échelle des idées, à partir du radical auquel tous les dérivés sont subordonnés. Il verra ainsi comment, en partant d'une idée simple et procédant par la logique naturelle, l'esprit a formé des classes et des groupes, et amené des gerbes d'idées; comment l'espèce se subordonne au genre, le particulier à l'espèce; comment, enfin, la racine étant posée, on voit, grâce à la sève qui s'épanche et circule, sortir tour à tour la tige, les branches, les rameaux, tout ce qui constitue, si l'on peut parler ainsi, la germination d'une langue.

Dans la parole si vive et si imagée, si simple et si claire du vieux maître, nous venons d'entendre tous les maîtres modernes: les P. Girard, les Michel, les Jullien, les Larousse, les Pélissier, etc, etc. La plupart des autorités

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que j'ai citées appartiennent à la libre-pensée; mais si elles ont pris la haine des sectes contre l'enseignement congréganiste, elles ont eu le bon sens de conserver ce que cet enseignement a de rationnel, de pratique. Au fait, tous nos pédagogues modernes ne sont guère que des geais parés des plumes du paon.

Cette double vérité, les feuilles anglaises viennent de la répéter sur tous les tons à propos de l'exposition de Londres. Notre critique n'a point lu ces témoignages si glorieux pour les disciples du Vénérable de la Salle; l'intérêt que je prends à ses progrès pédagogiques me fait un devoir de les lui citer.

«Les Frères, dit THE BOARD SCHOOL CHRONICLE, ne s'en sont pas tenus aux vieilles routines; ils ont senti la nécessité de nouvelles méthodes, pour la formation scientifique de leurs maîtres et l'encouragement de toutes les améliorations. Au milieu de leurs succès, ils sont modestes; mais il est évident qu'ils ont employé depuis des années les meilleures méthodes prônées aujourd'hui.»

«Avant de quitter cette admirable exposition, dit le JOURNAL OF EDUCATION, nous ne pouvons nous empêcher de demander comment s'obtiennent des résultats si étonnants.»

«Par la foi, répondraient les Frères, et, c'est, nous le croyons, l'unique explication possible, quoique nous l'eussions dit dans des termes légèrement différents. Il s'en suit [sic] que des hommes travaillant dans cet esprit inventeront ou adopteront les bonnes méthodes.»

«Y a-t-il chez eux quelques défauts à la cuirasse? Le pied fourchu que tout bon protestant croit inséparable de tout membre de congrégation religieuse apparaît-il sous l'habit noir des Frères? Tout ce que nous pouvons dire, c'est que nous ne l'avons pas aperçu.»

L'oeil fourchu de notre critique a été plus malin: ne trouvant pas le pied fourchu, il l'a inventé!

Le Times parle comme les journaux déjà cités.

«Bien que dans quelques-unes de leurs désirables méthodes les Frères pourraient ne pas se recommander au protestantisme anglais, il n'y a pas le moindre doute que sur le terrain de l'éducation pratique, l'ensemble de l'Institut des Frères des Ecoles chrétiennes n'a pas été surpassé, et a été rarement égalé

«Aux Etats-Unis et au Canada, ils ont conquis une position sûre et respectée. Les Frères ne sont admis dans la corporation qu'a après des épreuves réitérées; tous semblent recevoir une sérieuse formation. Leurs méthodes d'enseignement ont pris de merveilleux

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développements dans ces dernières années, comme il est facile de le constater en visitant la salle 5.»

«Le degré atteint, non par quelques élèves, mais par l'ensemble des classes, est fort élevé, dit à son tour The Athenoeum. Naturellement presque tout dépend du savoir et de l'habileté des maîtres, et c'est ici que les idées de De La Salle, qui fonda en 1680 les Frères des Ecoles chrétiennes, ont eu une influence marquée sur toutes les écoles élémentaires de France. La doctrine capitale de De La Salle, que l'instituteur doit être formé pour son oeuvre, qu'il doit être rendu habile dans l'art d'enseigner et d'animer la jeunesse, et qu'il doit s'entourer de respect et d'honneur, toutes ces idées ont été adoptées par l'Etat.»

A quoi le Pall Mall Gazette ajoute:

«Le système des Frères semble être tout bonnement résumé dans ces mots: Sens commun appliqué à l'éducation; cependant, quelque peu flatteur que ce soit pour la nation anglaise, j'affirme que toute personne désireuse d'assurer le succès de nos méthodes peut aller s'y convaincre que nous avons encore bien des choses à apprendre.

«Cet institut est une Société d'instituteurs laïques, fondée en France, il y a deux cents ans, par le vénérable Docteur De La Salle, chanoine de Reims, qui, pour se mettre en harmonie avec le caractère de sa Société, aussi bien que pour pouvoir lui donner tout son temps, se démit de sa dignité ecclésiastique. La manière honteuse dont l'éducation des pauvres était négligée sous le règne de Louis XIV toucha le coeur du digne prêtre et donna au monde un réformateur de l'instruction populaire. Aujourd'hui, que ces méthodes s'imposent aux éducateurs, nous voyons de combien il devança son époque. Grâce à sa sagesse, à son énergie et à son esprit organisateur, nous possédons, aujourd'hui, une immense société de missionnaires d'éducation, reconnus compétents et remplis de zèle pour l'instruction de la jeunesse.

«La grande préoccupation de De La Salle fut d'organiser un corps d'instituteurs travaillant en apôtres, non pas en mercenaires; il faut avouer que l'incomparable sacrifice de lui-même (unique self sacrifice), fait par le Frère, le place dans un rang exceptionnel parmi les éducateurs de l'enfance.»

Aussi le jury international de Londres, dont les journaux nous apportent un écho affaibli, a-t-il décerné à nos bons Frères du Canada, pour leurs méthodes, leurs livres et leurs travaux scolaires, la plus haute récompense: un DIPLÔME D'HONNEUR. Et ces mêmes livres, ces mêmes méthodes que le jury couronne à Londres, notre critique leur refuse son approbation à moins que préalablement,

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les auteurs ne retirent de ces ouvrages: ce plan, cette méthodologie, ces procédés qu'on a admirés outre-mer, et qu'on y introduise les diphtongues et les voyelles composées! Et le Conseil, endossant ce verdict, le laisse publier sur les toits! Qu'on dise qu'il n'_ a rien de fourchu là-dedans!

Nous laissons de côté quelques observations tout aussi peu fondées que celles que nous venons d'étudier. Ce que nous avons dit suffit à démontrer que le critique, dans les notes qu'il a soumises au Conseil, ne peut guère invoquer, pour justifier son travail, que le bénéfice d'une bonne volonté. Certes, cette bonne volonté était grande, puisque, manque de fautes sérieuses, il s'est vu réduit à ramasser quatre coquilles et à substituer à d'éminentes qualités des défauts imaginaires.

Puisque tel est son zèle pour la réforme de l'enseignement et la pureté de notre belle langue, nous allons lui indiquer un champ assez vaste pour qu'il puisse, non pas y glaner quelques épis, mais y moissonner à pleines mains des gerbes pesantes ... de coquilles et autres grains: nous voulons parler de deux petits volumes écrits par M. F.X. ... approuvés par le Conseil et élevés déjà, l'un à la 8e, l'autre à la 18e édition.

Abrégé D'HISTOIRE DU CANADA à l'usage des Jeunes Etudiants de la Province de Québec, par F.X..., Professeur à L'Ecole Normale-Laval; Approuvé par le Conseil de l'Instruction Publique. 8e édition.

1. Fautes d'impression ou d'orthographe.

Avant la 1ère page. - "Ecole Normale-Laval," pour Ecole Normale Laval.

Page 5. - «Bourgage,» pour bourgade.

Page 6. - «Hochelaga était bâtie

Page 7. - «Le printemps suivants.»

Page 11. - «Ils étaient très-intelligents» pour très intelligents.

Page 11. - «Quels étaient les principales tribus... ?»

Page 17. - «Par Chamlplain,» pour Champlain.

[p. 13]

Page 17. - «Quelles furent les principaux villages ...»

Page 17. - «Quelle tenue,» pour quelle tenure!

2. Erreurs historiques.

Page 3. - A son troisième voyage, en 1497...»

Ce voyage a eu lieu, non en 1497, mais en 1498.

Page 9. - «Les 7 Provinces du Canada et l'immense territoire du Nord-Ouest ont été colonisés par la France

Comment la France a-t-elle colonisé le Manitoba, la Colombie Anglaise et le territoire du Nord-Ouest, puisqu'elle perdit le Canada en 1763?

Page 18. - «Plusieurs seigneurs français ruinés laissèrent leur patrie, et vinrent se fixer dans la Nouvelle-France; ils amenèrent avec eux une partie de leurs serfs, etc.»

M. Le Professeur a sans doute oublié que le servage fut aboli avec la féodalité au moyen-âge.

3. Non-sens, Equivoques, Solécismes, etc.

Page 3. - «Christophe Colomb révéla à l'Europe ... Les principales puissances maritimes de cette époque s'empressent d'y envoyer des découvreurs.» - Magnifique solécisme!

Page 3. - "Bientôt après, une foule d'aventuriers à la recherche de cette terre de richesses merveilleuses parcourent l'Amérique

- Ils étaient apparemment fort distraits, puisqu'ils la parcouraient sans la voir: ils la recherchaient!

Page 3. - «On n'a pas donné le nom de Colomb au Continent qu'il découvrit ... C'est à Améric Vespuce qu'était réservé cet honneur

- Quel honneur? De donner au nouveau continent le nom de Colomb, répond la grammaire; M. le Professeur veut parler sans doute du nom d'Améric.

Page 3. - «C'est une des nombreuses injustices dont les Espagnols se rendirent coupables envers cet illustre navigateur.»

- Voilà pour le texte. Voilà la question: De quelle injustice l'Europe s'est-elle rendu coupable envers Colomb?

[p. 14]

Page 4. - «Jacques Cartier visita le golfe St-Laurent, découvrit le Canada.»

- Le golfe St-Laurent est-il donc loin du Canada?

Page 5. - «Le 19, Cartier s'embarqua sur l'Emerillon pour se rendre à Hochelaga. A 15 lieues plus haut, il s'arrêta à une bourgade appelée Achelaï.

- A 15 lieues plus haut que quelle place? Le sens répond qu'Hochelaga, - où il allait. M. le Professeur a voulu dire plus haut que Québec.

Page 7. - «Roberval vint se fixer, en 1542, à Charlesbourg-Royal, que Cartier venait de quitter et changea son nom en celui de France Roy.»

- Son nom, lequel? Est-celui de Roberval? est-ce celui de Charlesbourg-Royal? Le bon sens pense que c'est celui-ci; la phrase de M. le Professeur dit que c'est celui-là.

Nous en passons, et des meilleures!

En voilà bien assez pour moins de vingt pages. En voilà bien assez pour mériter au célèbre Abrégé cet éloge du Journal de l'Instruction Publique: «C'est le premier Abrégé de ce genre que nous voyions aussi bien réussi!».

Huitième édition!!!

La couverture a eu moins d'écoulement; elle porte: Septième édition.

TRAITÉ ÉLÉMENTAIRE D'ARITHMÉTIQUE par F.X.-..., Professeur de Mathématiques à l'Ecole Normale Laval.. Approuvé par le Conseil de l'Instruction Publique de la Province de Québec. DIX-HUITIÈME ÉDITION. Revue, corrigée et augmentée.

1. Fautes d'impression ou d'orthographe.

Avant le 1ère page - «Dixhuitième édition,» pour dix-huitième édition.

Page 9 - «Quelle somme lui ont rapporté ces ventes?»

Page 11 - «Faites les suivre,» pour faites-les suivre.

Page 12 - «Des souilliers» pour des souliers: deux fautes en un mot!

[p. 15]

Page 12 - «Marbres,» pour billes.

Page 18 - «Epemple,» pour exemple.

Page 24 - «Je multiplle,» pour je multiplie.

2. Questions saugrenues et Problèmes inintelligibles.

Page 1 - «Qu'est-ce qu'un nombre fractionnaire ou une fraction

- Lequel des deux, M. le Professeur?

Page 2 - «Multipliez les exercices oraux ou de bouche

- Exercices de bouche: la moue, par exemple.

Page 8 - «Pour faire l'addition, j'ajoute les chiffres de la colonne des unités?»

- A quoi?

Page 8 - «Comment fait-on la Preuve de l'addition?

«Pour faire la preuve de l'addition, je recommence l'opération en sens contraire...»

A cette question: Comment fait-on..., un élève qui saurait sa grammaire répondrait: on commence ... Mais monsieur X semble si heureux, si content de lui-même qu'il se hâte de substituer son je à l'on grammatical. Un solécisme de plus ou de moins, peccadille!

M. le Professeur recommence l'opération par le sens contraire! Il l'a commencée par la droite; alors il la recommence par la gauche, côté vers lequel, apparemment, son sens est orienté.

Page 11. - "Tous les exercices de CALCUL ORAL et de CALCUL MENTAL doivent être faits de vive voix et de tête».

- Excellent moyen de faire parler avant de réfléchir!

Page 15. - «Le Canada fut découvert en 1535 par Jacques Cartier. Combien d'années se sont écoulées jusqu'à 1881?»

- Est-ce depuis la découverte du Canada ou depuis l'invention de la poudre?

Page 17. - «Je dois $0.80 centins; j'en donne 60. Reste dû 20; j'en reçois 30; je possède 50 cts.»

- Et c'est toute la donnée! Encore, si elle était française! Voilà un problème qui défie le génie d'Archimède.

Page 23. - «Un boeuf à l'engrais peut produire 40,850

[p. 16]

livres de fumier par an. Combien donneront 20, 30, 50, 70 boeufs?»

-Est-ce de livres de fumier, de livres de viande, ou de coups de cornes?

Page 32. - «Partagez 7,260 carottes, 24,280 betteraves, 7,000 navets entre 4, entre 5, entre 10 boeufs.»

- Comment partager ces légumes? Est-ce en parties égales? Est-ce en proportion de la taille ou de l'appétit? Mystère...

Page 64. - "Qu'est-ce qu'évaluer une fraction?»

«Evaluer une fraction, c'es en trouver la valeur en une démonstration plus basse que celle à laquelle appartient cette fraction.

«Comment évaluez-vous une fraction? - REGLE - Je multiplie le numérateur par le nombre qui exprime combien il faut d'unités de la dénomination suivante plus basse pour faire une unité de celle à laquelle appartient la fraction; ensuite je divise le produit par le dénominateur; s'il y a un reste, je le multiplie par le nombre qui exprime combien une unité de cette dernière dénomination contient d'unités de la suivante, et je divise le produit par le dénominateur, et ainsi de suite: les quotients donnent la valeur de la fraction.

«Pour évaluer une fraction décimale, je multiplie le numérateur comme ci-dessus; je sépare à la droite du produit autant de décimales qu'il y en a à la droite du point; et je continue l'opération sur le décimales; les entiers donnent la valeur de la fraction.»

«Bien fin monsieur le Professeur, s'il comprend ce qu'il a voulu dire, malgré les sept lumineux je qui éclairent cette démonstration!

«Les spectateurs, dans une nuit profonde,
Ecarquillaient les yeux, et ne pouvaient rien voir:
L'appartement, le mur, tout était noir.
Ma foi, disait un chat, de toutes les merveilles
Dont il étourdit nos oreilles,
Le fait est que je ne vois rien.
- Ni moi non plus, disait un chien.
Moi, disait un dindon, je vois bien quelque chose;

[p. 17]

Mais, je ne sais pour quelle cause,
Je ne distingue pas très bien.
Pendant tous ces discours, le Cicéron moderne
Parlait éloquemment et ne se lassait point.
Il n'avait oublié qu'un point,
C'était d'éclairer sa lanterne.»

Inutile d'explorer davantage cette mine si féconde. Les deux volumes que j'ai entre les mains sont une mosaïque de fautes d'orthographe, d'erreurs historiques, d'incorrections grammaticales, de questions énigmatiques, de démonstrations inintelligibles, etc. Du commencement à la fin, il n'y a peut-être pas une page qui ne renferme quelque faute d'un genre ou d'un autre. Il n'y a pas jusqu'aux prénoms de l'auteur que ne soulignerait un élève bon correcteur; mais ce volume d'arithmétique que je tiens, oh! quel livre classique! et dont il porte deux fois ce titre:

Dixhuitième édition
Revue, corrigée et augmenté
.

De tout ceci, Monsieur le Rédacteur, vos lecteurs tireront les conclusions. Je me borne à poser deux simples questions:

1° Comment, sur l'avis d'un critique aussi notoirement incapable, notre Conseil refuse-t-il d'approuver les ouvrages des Frères, ouvrages que le jury de Londres, après des considérants si bien motivés, vient de couronner d'un Diplôme d'honneur; tandis que, les yeux fermés, dirait-on, le dit Conseil donne son approba-tion aux ouvrages de M. X. qui, grâce à ce haut patronage, se voit dix-huit fois père d'un volume dont pas une page ne serait acceptée par un jury d'examen pour le brevet?

2° Comment expliquer l'empressement de nos deux feuilles pédagogiques, l'«Instruction primaire» et le «Journal de l'Instruction Publique,» à publier les vingt-trois fautes des chers Frères, tandis qu'elles ont gardé un silence de mort sur le succès de ces mêmes religieux, succès pourtant si glorieux pour notre Canada? Est-ce tactique? est-ce dévouement à la cause de l'éducation? Le

[p. 18]

public répondra: «Dans tout cela, il y a quelque chose de fourchu

En terminant cette lettre, je tiens à vous remercier, Monsieur le Directeur, de la bienveillante hospitalité que vous m'avez accordée dans votre estimable journal. Mon intention, en écrivant ces lignes, a été de rendre des services multiples dans la cause de l'éducation, service à notre Conseil de l'Instruction publique, que le critique inexpérimenté représente, sous de singulières couleurs, aux yeux des pays européens qui viennent de prodiguer de si magnifiques éloges aux méthodes et aux ouvrages des Frères de la Doctrine chrétienne; service à ces bons religieux dont les livres seront mieux appréciés et plus universellement suivis, service à M. le Professeur X... qui reverra et corrigera plus soigneusement encore sa prochaine édition d'Histoire et d'Arithmétique; service à notre jeunesse canadienne qui, instruite par des procédés plus rationnels, éclairée par des ouvrages plus châtiés et plus intéressants, travaillera avec une nouvelle ardeur à préparer à la patrie de bons chrétiens et de bons citoyens.

Veuillez agréer, M. le Directeur, etc.,

UN INSTITUTEUR CANADIEN."

[p. 19]

1884
Ouimet, Gédéon. Rapport du surintendant de l'instruction publique de la province de Québec pour l'année 1882-83. Québec, Charles-François Langlois, 1884. xxv, 411 p.

"Liste des livres approuvés par le Conseil de l'Instruction Publique depuis sa formation jusqu'au 22 mars 1876, et par le Comité Catholique du Conseil de l'Instruction Publique depuis le 22 mars 1876 jusqu'au 1 mai 1884."
Liste de 164 manuels, classés d'abord par discipline et ensuite par date d'approbation. (p. 279-286).

"List of Text-books authorized by the Protestant Committee of the Council of Public Instruction, correct to 1st May, 1884." (p. 287-289). 83 titres.

1884
Provancher, Léon. Histoire du Canada - Le premier cours à l'usage de la jeunesse des écoles - Ouvrage orné de portraits des principaux personnages. Québec, Librairie Ste Anne, J.-A. Langlais, libraire-éditeur, 1884. iv, 84 p. ISBN 0-665-04957-9.

"Préface.

Il existe déjà plusieurs abrégés de l'Histoire du Canada. MM. Garneau, Ferland, Laverdière, Gauthier, les Frères des Ecoles Chrétiennes, Larue, Toussaint, de Cazes, les Soeurs de la Congrégation en ont tour à tour publié des cours. Cependant les instituteurs en sont encore à attendre un traité qui se prête plus effectivement à l'enseignement.

C'est que le but à atteindre, le point à toucher est fort difficile. Dire beaucoup sans être confus; parler pour être toujours compris des enfants; narrer des faits brièvement, sans pour cela leur faire perdre l'intérêt qui leur est propre; lier ces faits entre eux, sans entrer à peine, pour être bref, dans le détail des circonstances qui les ont amenées, etc., n'est pas, on le comprend, un problème facile à résoudre. C'est, cependant, ce que l'on demande, ce que l'on exige.

Parmi les auteurs cités plus haut, comme MM. Larue et de Cazes, n'ont pas écrit en vue de l'enseignement. D'autres ont adopté la forme catéchistique qui nuit considérablement à un récit historique, en isolant les faits les uns des autres. On peut avec cette méthode rendre des élèves capables de répondre d'une manière satisfaisante aux questions qu'on leur posera, sans que pour cela ils sachent

[p. iii]

bien leur histoire, qu'ils retiennent grand'chose de ce qu'ils auront appris à réciter. D'autres, pour être brefs, ont plutôt consigné des éphémérides que rédigé un récit historique. D'autres enfin sont entrés dans des détails superflus, pour un traité élémentaire, sur certains faits, en ont omis ensuite de notables et de bien dignes d'attention.

Ai-je paré à tous ces inconvénients? Ai-je résolu le problème difficile? Je n'oserais le prétendre. Je me suis efforcé de toucher le but; mais j'ai saisi les difficultés de la tâche, et je laisse aux instituteurs qui feront usage de ce Premier Cours à décider jusqu'à quel point j'ai pu en approcher.

L'abbé L. Provancher.
Cap Rouge, Janvier 1885."

[p. iv]

[On peut consulter le texte intégral de cette publication dans le site Notre mémoire en ligne].

1884
[Réticius (frère)]. Aux honorables membres du comité catholique du conseil de l'instruction publique. S.l., s.n., [1884]. 43 p. ISBN 0-665-12338-8.

"HONORABLES MESSIEURS

Permettez-moi d'attirer un instant votre bienveillante attention sur trois points qui relèvent du département confié à votre sollicitude. J'exposerai les faits avec toute l'exactitude et la clarté possibles, comme aussi avec toute la confiance que m'inspire la justice de la cause que j'ai l'honneur de porter devant vous.

Le premier de ces points est relatif à l'approbation de nos livres; le second, à la subvention accordée momentanément à notre Cours normal, et le troisième, à certaines dispositions de la loi concernant le fonds de retraite des Instituteurs.

I

APPROBATION DE NOS LIVRES

En 1878, le cher frère Armin-Victor, mon prédécesseur, sollicitait du Conseil de l'Instruction publique l'approbation de notre "Cours de dessin." L'examen de ce cours fut par vous confié au Conseil des Arts et Manufactures, déjà saisi de l'examen du "Manuel de dessin industriel" de M. Oscar Dunn. Ce Conseil fit rapport sur l'un et l'autre travail et conclut à l'acceptation du dernier et au rejet du premier.

Quiconque suit attentivement la marche de cette question surprend aisément chez M.M. les Membres du Conseil des Arts et Manufactures une préoccupation étrangère aux Beaux-Arts: on voulait une méthode de dessin, on n'en voulait qu'une, celle de M. Dunn. Ici déjà, Honorables Messieurs, on voit poindre le Bill de 1880 sur l'unité de livres, Bill voté à votre insu, dont vous avec demandé l'abrogation dans ses clauses monopolisatrices et que vient néanmoins de rajeunir la Commission de refonte des Statuts Généraux de la Province de Québec (1)
-----
(1) Appendice A.

[p. 1]

La brièveté de vos sessions et l'encombrement des matières à traiter ne vous permettent guère d'aborder les détails des sujets soumis à vos délibérations. Cela est regrettable pour beaucoup de cas et notamment pour celui sur lequel j'ai l'honneur d'appeler votre bienveillante attention; car, par cette lacune, s'introduisent dans nos documents pédagogiques des choses que le temps et une plus mûre réflexion en [sic] eussent certainement éloignées. Ainsi, pour assurer l'approbation du «Manuel» de M. Dunn à l'exclusion de tout autre, on invoque des principes étranges, on propose des moyens absurdes.

Une des raisons qui font préférer le «Manuel» de M. Dunn, c'est sa simplicité, simplicité telle qu'un maître peut, avec cet ouvrage, enseigner le dessin quoiqu'il ne le connaisse pas lui-même. «C'est par les instituteurs et institutrices ordinaires, dit M. le Surintendant, que le dessin est enseigné, et cela sans qu'il soit nécessaire à ceux-ci de suivre un cours préparatoire.» (1)

C'est là, vous l'avouerez, Honorables Messieurs, un singulier principe pédagogique. Tous les maîtres éducateurs sont unanimes à déclarer qu'un instituteur ne peut enseigner ce qu'il ignore. Cette loi si universelle et chaque jour confirmée par l'expérience, suspendrait-elle son cours pour le «Manuel» de M. Oscar Dunn? Et, si elle est vraie pour le Dessin, elle l'est sans doute aussi pour les autres branches de l'enseignement; alors à quoi bon les Ecoles normales qui coûtent si cher au pays et dont, cependant, chacun reconnaît et proclame la nécessité?

Un autre motif qui détermine M. le Surintendant et M.M. les Membres du Conseil des Arts et Manufactures à opiner exclusivement pour le «Manuel» de M. Dunn, c'est que ce cours n'exige qu'un outillage peu dispendieux: une ardoise et un crayon!

«Ce Manuel, avec les cartes qui l'accompagnent, a pour objet un cours de dessin sur l'ardoise, dans les écoles primaires.» (2)

«Les élèves exécutent sur les ardoises les figures de leurs cartes-modèles pendant que le maître leur en donne l'exemple sur le tableau en dictant clairement chaque ligne.»

«Messieurs les Secrétaires-trésoriers devront pourvoir d'ardoises tous les enfants sans exception, car l'enseignement du dessin rend l'usage des ardoises de plus en plus indispensable.» (3)

Dans son rapport à M. le Surintendant sur l'enseignement du dessin, le Conseil des Arts et Manufactures s'exprime ainsi:

«2° Pour l'enseignement du dessin dans les écoles susdites - celles sous le contrôle des Commissions d'écoles - on suivra la méthode de Smith, telle qu'elle est détaillée dans le «Manuel de dessin industriel» d'Oscar Dunn.
-----
(1) Circ. a M.M. les Commissaires et Syndics d'écoles, 10 mars 1877.
(2) Manuel de dessin industriel, Préface page 9.
(3) Circ. à M.M. les Inspecteurs 5 juin 1877
.

[p. 2]

3° Les instituteurs et les institutrices des écoles susdites conserveront jusqu'à la fin de l'année scolaire, les dessins préparés dans le cours de l'année par leurs élèves, afin que ces dessins puissent être examinés, en tout temps de l'année scolaire, par ceux que la loi nomme visiteurs des écoles en rapport avec l'enseignement du dessin dans les écoles communes.»

L.J. Boivin, président.
S.C. Stevenson, secrétaire.

Sur la proposition de l'honorable M. Chauveau, le Conseil de l'Instruction publique «approuve ces règlements tels que passés, pour avoir toute leur force et effet en vertu de l'art. 33 de la 40e Vict., chap. 22, et le Surintendant fera publier ces règlements et la présente approbation dans le Journal de l'Instruction publique(1).

Or, Honorables Messieurs, veuillez remarquer les embarrassantes conclusions qui découlent des prémisses posées par M. le Surintendant et le Conseil des Arts et Manufactures.

M. le Surintendant exige que l'enseignement du dessin se fasse sur l'ardoise et cela «pour tous les enfants sans exception.» Le Conseil des Arts et Manufactures demande que «tous les instituteurs et institutrices conservent jusqu'à la fin de l'année scolaire, les dessins préparés par leurs élèves.» Comment Messieurs les Secrétaires-trésoriers vont-ils résoudre le problème posé par M. le Surintendant et M.M. les Membres du Conseil des Arts et Manufactures? Ce ne peut être, apparemment, qu'en fournissant à chaque école une immense quantité d'ardoises et des constructions assez vastes pour «conserver jusqu'à la fin de l'année scolaire les dessins préparés dans le cours de l'année par les élèves!»

Ces principes étranges, ces mesures plus étranges encore suffiraient seuls, Honorables Messieurs, à justifier l'opinion générale que, en cette question, M.M les Membres du Conseil des Arts et Manufactures semblent s'être montrés moins jaloux de rendre justice que de rendre service. Cette hypothèse se confirme si on compare les deux Cours de dessin présentés à son examen et à son appréciation.

En effet, bien que le cours de M. Dunn puisse s'enseigner par des maîtres qui n'ont pas suivi un cours ad hoc et qu'il n'exige comme outillage qu'une ardoise et un crayon; bien qu'il ait été hautement et exclusivement approuvé, loué et partout imposé, les rapports de M.M. les Inspecteurs constatent avec une désolante persévérance et unanimité, que partout le dessin est une spécialité à créer. Chacun se demande d'où peut venir un tel insuccès. D'aucuns l'attribuent au «Manuel» même, dont le principal mérite serait dans sa seconde paternité.
-----
(1) Rapport du Surintendant de l'Instruction publique de la Province de Québec, 1876-77, p. 378.

[p. 3]

La modestie, Honorables Messieurs, me ferait un devoir de me taire sur la valeur de notre «Cours de dessin»: deux siècles d'expérience, d'amélioration et de perfectionnement, une médaille d'or obtenue à toutes les expositions européennes depuis 1865, ses produits admirables en Canada en 1878 et 1880, son usage introduit dans les écoles d'Allemagne, d'Autriche, de Russie, de Belgique et même de France me dispensent de tout éloge. Cependant, veuillez me permettre de vous citer ici quelques témoignages de maîtres au moins aussi compétents, aussi désintéressés et aussi peu suspects que M.M. les Membres du Conseil des Arts et Manufactures.

M. Daviou, rapporteur du jury des Ecoles de dessin à l'Exposition de 1860, en parlait en ces termes: «La Commission a constaté avec le plus vif intérêt les efforts faits par les Frères des Ecoles chrétiennes pour mettre à la portée de tous les applications fécondes de la géométrie descriptive, si profondément utile dans toutes les industries. Dans cet enseignement, elle constate que les modèles originaux ont été créés pour faciliter la compréhension des lignes, des surfaces et des corps dans l'espace, et que, sans recourir aux épures savantes tirées des ouvrages des Monge et des Leroy, on a essayé de mettre à la portée des enfants la connaissance d'une forme de dessin qui, à force de science dans la plupart des écoles, est devenue pédante. Grâce à un ensemble de petits modèles en relief et d'épures élémentaires, les élèves de cet enseignement sont, par une méthode rationnelle, mis rapidement en demeure de pouvoir résoudre des problèmes simples et pratiques de tracés d'ombres, de perspective et d'épures de construction.»

«Excellente méthode», disait en 1867 M. Dufresne, membre du Conseil supérieur et du jury de l'Exposition: «dans les écoles où elle est pratiquée, l'habitude de dessiner juste se reconnaît même dans le dessin d'imitation.» C'est cette même année que M. le Président du Xe Groupe disait au frère Victoris, un des derniers améliorateurs de notre méthode: «Mon Frère, vous avez sauvé l'honneur de la France!»

Mêmes éloges à l'Exposition de Vienne, en 1873. «En France, dit M. Buisson, délégué du Gouvernement français, cette méthode a introduit dans l'enseignement de l'Institut, des progrès au moins aussi décisifs que ceux qu'a obtenus l'école de Carlsbourg. (1) Chez nous aussi, c'est par la méthode simultanée que les Frères sont arrivés à élever le niveau de l'enseignement, à en régulariser la marche, à en faire profiter la masse enfin, et non plus seulement l'élite des élèves.» M. Langl, de Vienne, après un examen minutieux de la méthode, conclut ainsi: «Les travaux exposés par les Ecoles des Frères offrent une supériorité incontestable comme enchaînement systématique; ils témoignent des succès surprenants obtenus par la méthode du frère Victoris.»
-----
(1) Un de nos meilleurs pensionnats de Belgique, transformé en Ecole normale à la demande de N.N. S.S. les évêques lors de la promulgation de la loi de malheur.

[p. 4]

Actuellement, a lieu, à South-Kensington, une Exposition scolaire universelle à laquelle Son Altesse Royale le Prince de Galles nous a fait l'honneur de nous convier. Son Eminence le Cardinal Manning a fortement appuyé auprès du Très-Honoré la demande de son altesse, considérant, disait-Elle, cette Exposition comme une lutte corps à corps et en champ clos de l'enseignement chrétien contre l'enseignement neutre ou athée. Toutes les feuilles de Londres, entre autres le Times, le Standard, le Globe, le Spectator, etc., ont publié sur nos travaux et nos méthodes les articles les plus flatteurs. Ne pouvant citer ici tous ces précieux témoignages, permettez-moi au moins, Honorables Messieurs, d'en reproduire un, celui de l'Architecture, feuille hebdomadaire rédigée par des ingénieurs et des architectes anglais. Après avoir fait une verte critique du "genre pédant" suivi dans les écoles anglaises, la Revue aborde notre exposition et s'exprime en ces termes: «Eh bien, une visite faite au premier étage, dans la salle assignée aux Frères des Ecoles chrétiennes, fournira à tous nos contribuables la preuve que nos autorités anglaises ont encore beaucoup à apprendre sur ce chapitre. Ces maîtres catholiques romains sont décidément en avance sur nous. Leur idée fondamentale, c'est qu'un cours d'enseignement progressif est une véritable préparation à l'atelier, et ils agissent en conséquence. D'aucuns trouveront peut-être leur idée erronée, mais ils y gagnent au moins un esprit de suite dans leur enseignement. Quand nous regardons les travaux exposés par nos commissions scolaires, il est impossible de constater si ces commissions et les instituteurs qui en dépendent se sont jamais occupés un seul instant de l'avenir d'un seul de leurs élèves.

Les Frères des Ecoles chrétiennes ne sont pas aussi bornés dans leurs vues; ils font tous leurs efforts pour préparer les enfants à un apprentissage quelconque, ou bien aux affaires, en les dotant de connaissances réelles, de procédés réels. Puis, à mesure que les enfants grandissent, ils les aident de leurs avis et de leur propre savoir. Ainsi, dans les nombreux carnets de notes qu'on peut voir à l'exposition, on trouve une masse de croquis de machines dessinés dans les ateliers mêmes. Si un jeune homme en exprime le désir, on lui apprend à faire ces esquisses, puis à les reproduire dans des dessins plus étudiés. Il en est de même pour les autres métiers, et un coup d'oeil jeté autour de la salle montre surabondamment que parmi les Frères se trouvent enrôlés des chimistes, des architectes, des graveurs, des sculpteurs, des géologues, des peintres, etc. Quelquefois, même, on pencherait à croire que ces travaux d'élèves sont trop parfaits pour des mains d'enfants. Quoi qu'il en soit, comme notre siècle demande par-dessus tout un enseignement technique, les Frères ont élaboré, à leur façon, un système d'enseignement beaucoup plus effectif, paraît-il, que tous ceux des gouvernements européens; aussi leur exposition à South-Kensington mérite-t-elle d'être étudiée par quiconque s'occupe d'éducation.»

C'est ainsi, Honorables Messieurs, que ces maîtres de tous les pays

[p. 5]

estiment un cours de dessin que le Conseil des Arts et Manufactures n'a pas jugé digne d'être introduit dans les écoles de la Province de Québec.

C'est contre un tel acte d'exclusivisme que Mgr de Rimouski semble avoir voulu protester par cette proposition faite en Conseil à la séance du 15 mai 1878:

«Que ce Comité recommande au Conseil des Arts et Manufactures d'approuver, pour l'enseignement dans les écoles tenues par les Frères des Ecoles chrétiennes, la méthode aujourd'hui en vigueur dans ces écoles, et que le Surintendant fasse connaître les vues du comité à ce sujet, au conseil des Arts et Manufactures à sa prochaine séance.
Adopté.»

Qu'est devenue la recommandation de Sa Grandeur et du Comité dont Elle était l'organe? Qu'en ont fait M. le Surintendant et le Conseil des Arts et Manufactures? Je l'ignore. Ce qu'il y a de très certain, Honorables Messieurs, c'est que, de par la loi et depuis huit ans, le «Manuel de dessin industriel», dont le mérite paraît avoir été grandement rehaussé par la réédition qu'en a faite M. Oscar Dunn, est encore le seul approuvé et recommandé dans toutes les écoles de la Province de Québec, malgré les prescriptions impossibles de M. le Surintendant et du Conseil des Arts et Manufactures, malgré une stérilité constatée de mieux en mieux chaque année par M.M. les Inspecteurs primaires.

C'est que, de par la loi et depuis huit ans, notre «Cours de dessin» tant de fois couronné, si hautement loué par tous les maîtres compétents, est encore interdit dans toutes les écoles de la Province de Québec, même dans les nôtres, sous peine, pour l'école qui en fait usage, de perdre sa subvention, et cela malgré la recommandation du Comité présidé par Mgr de Rimouski et acceptée par le Conseil de l'Instruction publique dans sa séance du 15 mai 1878!...

Il y a là une situation d'une extrême gravité et sur laquelle j'ose appeler respectueusement et d'une manière toute spéciale l'attention de NN. SS. les Évêques de la Province.

En 1880, le cher frère Aphraates, directeur de notre maison des Glacis, Québec, présentait aussi à votre approbation une double série de livres de lecture, l'une en français, l'autre en anglais, et imprimée à grands frais. Tout en faisant quelques observations de détail dont il eut été facile de tenir compte dans une seconde édition, le Comité, présidé par Sa Grandeur Mgr l'Archevêque de Québec, «recommandait ces deux séries comme bien graduées» et «croyait devoir recommander l'approbation de la série française, vu que l'arrangement fait avec Montpetit était expiré depuis le mois de septembre dernier.»

Voici, quatre ans, Honorables Messieurs, que le Comité exprimait ce double voeu, et je ne sache pas qu'il y ait été fait aucun droit. En vertu du Bill de 1880, dont les articles les plus dangereux si sévèrement condamnés par votre

[p. 6]

résolution du 21 octobre 1880 viennent d'être insérés dans le Rapport de la Commission de refonte des Statuts Généraux, nous ne pourrions pas même nous servir dans nos classes de nos propres ouvrages qui offrent, ce me semble, autant de garantie que n'importe lesquels au point de vue moral et pédagogique.

Nous nous proposions de faire de cette double série une nouvelle édition où l'on tiendrait soigneusement compte des améliorations signalées par votre comité; mais nos ressources ne nous permettent pas d'imprimer et de clicher chaque année huit volumes avec la perspective de voir la dernière édition arrêtée sur le seuil du Département de l'Instruction publique.

Et tandis que, depuis quatre ans, le voeu de votre Comité et du Conseil reste stérile, depuis quatre ans et plus, MM. les Commissaires d'écoles de Montréal proscrivent nos livres de leurs écoles (1), MM. les Inspecteurs primaires obéissant à un mot d'ordre (2), font la chasse au «Devoir du chrétien», de tous les volumes des deux séries le plus nécessaire en ces temps malheureux et le plus efficace pour répondre aux désirs de NN. SS. les Évêques et des immortels Pontifes Pie IX et Léon XIII (3).

Permettez-moi, Honorables Messieurs, de relater ici à ce sujet un fait qui m'a été raconté par un digne magistrat dont je puis, au besoin, citer le nom.

«J'avais besoin, me dit-il, d'un Devoir. Je vais donc en chercher un chez M. X., libraire de la ville. Combien est-ce? demandai-je au garçon? Un chelin. - Un chelin! mais autrefois je le payais trois! - Ah! Monsieur, depuis plusieurs années nous ne vendons plus le Devoir. MM. les Inspecteurs disent qu'il traite de choses trop abstraites, qu'il ne développe pas assez l'intelligence des enfants, etc. On l'a remplacé par d'autres ouvrages plus à la mode et qui traitent des bêtes.»

Ce fait, je puis vous en garantir l'authenticité, s'il en est besoin, par un affidavit du magistrat qui en est le héros.

Malgré l'insuccès du cher frère Armin-Victor en 1878, et du cher frère Aphraates, en 1880, je fis une nouvelle tentative le printemps dernier. Le 21 avril, je vous adressai donc, Honorables Messieurs, pour être approuvés, cinq volumes, quatre de Langue française et un d'histoire du Canada. Ces ouvrages
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(1) Dès 1878, M. le Surintendant avait eu grand soin d'éloigner tous nos ouvrages du Dépôt de livres; des vingt et quelques volumes que nous avions alors et qui étaient universellement suivis dans les écoles, on n'en voit pas un seul indiqué au Catalogue du Dépôt.

(2) On lit dans La Vérité du 29 mars 1884: «Je vois avec une grande satisfaction que dans les écoles de mon district, on fait encore usage de l'excellent et pieux livre le Devoir du Chrétien, comme livre de lecture, malgré les efforts d'une certaine école pour en faire perdre le goût.» (Archambault, inspecteur).

On lit dans le même journal du 8 septembre 1883: «On pourra continuer, partout où on le trouvera bon l'usage du Devoir du Chrétien comme livre de lecture pour les classes avancées, à la condition qu'on fasse usage du premier livre de Montpetit pour les élèves des classes inférieures.»

«Le Département exige que je presse l'introduction dans toutes les écoles des livres de lecture de Montpetit (Tétrault, inspecteur).

(3) Appendice B.

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me paraissent tellement porter leur recommandation en eux-mêmes, que je ne crus nullement utile d'en relever le plan et la méthode. NN. SS. les Évêques, qui m'en ont accusé réception, soit directement, soit indirectement, m'en disent les choses les plus encourageantes. J'avais donc tout lieu d'espérer que le Conseil ferait à ces nouvelles publications un accueil favorable. Comme les chers frères Armin et Aphraates, je devais être désappointé: voici la lettre que m'écrivit M. le Surintendant:

Rév. Frère Réticius,
Montréal
.

Mon Révérend Frère,

Je regrette d'avoir à vous informer que, sur recommandation du sous-Comité chargé de l'examen des livres, le Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique, à sa séance du 13 courant, a décidé: «Qu'il ne croit pas opportun d'approuver la série présentée par les Frères des Ecoles chrétiennes, avant que celle-ci soit complétée et que certaines observations soient faites aux promoteurs de la série.»

J'ai l'honneur d'être,
Mon Révérend Frère,
Votre obéissant serviteur,
Gédéon Ouimet,
Surintendant
.

Le 23 du même mois, je répondis de St Louis, Mo, à M. le Surintendant:

A l'Honorable Gédéon Ouimet,
Surintendant de l'Instruction publique
.

Monsieur le Surintendant,

J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre lettre No. 383-84 par laquelle vous m'informez que «le Sous-Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique n'a pas cru opportun d'approuver nos livres présentés à la dernière session, avant que la série soit complétée et que certaines observations soient faites aux promoteurs de la série.»

Le Cours supérieur de Langue française est actuellement sous presse, et le travail est assez peu avancé pour que nous puissions le faire bénéficier des remarques et des désirata du sous-comité chargé d'examiner la série.

Si Monsieur le Surintendant avait l'extrême obligeance de me communiquer les vues du sous-comité, il nous épargnerait du temps et des dépenses, et

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acquerrait un nouveau titre à la gratitude de celui qui se dit, avec un profond respect,

De Monsieur le Surintendant,
Le très humble serviteur,
Fre Réticius.

Depuis cette époque, quatre mois se sont écoulés et ma lettre qui, je le sais, est arrivée à destination, n'a pas encore été honorée d'une réponse.

La lettre de M. le Surintendant donne lieu à quelques observations. Deux motifs sont allégués par le sous-comité pour ajourner ou refuser sous une forme polie l'approbation de nos livres:

1° Le Cours n'est pas complété;

2° Le sous-comité a quelques observations à soumettre aux promoteurs de la série.

Ces deux observations sont-elles fondées? Il semble bien difficile de l'admettre. Si les ouvrages présentés méritent la faveur d'une approbation, c'est, ce semble, justice de l'accorder, sauf à la refuser au Cours supérieur s'il n'en est pas digne. Ce trait de bienveillance du Conseil serait un puissant encouragement aux promoteurs de la série; ne serait-ce pas aussi un moyen de dissiper certaines préventions qui existent, il faut bien le dire, contre le Département de l'Instruction publique!

Et voyez, Honorables Messieurs, lorsqu'il s'est agi d'approuver le «Manuel de dessin industriel» de M. Oscar Dunn, la série de M. Montpetit, le Conseil n'a eu aucune objection contre une approbation partielle (1); mieux encore, les trois premiers volumes de la série Montpetit furent approuvés n'étant encore que manuscrit. Ce n'est pas ici le lieu d'examiner la valeur de ces deux ouvrages; mais, Honorables Messieurs, votre sous-comité serait-il téméraire en accordant à notre humble Congrégation la même confiance qu'à ces deux Messieurs encore si peu connus dans le monde pédagogique?

La seconde raison sur laquelle il motive son refus d'approbation ou son ajournement, ce sont des observations qu'il a à soumettre aux promoteurs de la série. Sont-elles sérieuses? On pourrait en douter, car, depuis quatre mois, je les sollicite et les attends en vain pour un travail urgent. Ce silence nous met dans une pénible alternative: si nous ne présentons pas le Cours supérieur avec les autres, ceux-ci ne peuvent être approuvés; si nous le présentons sans tenir compte des observations du sous-comité - observations que j'ai vainement demandées et que j'attends encore -, l'approbation du cours complet, est réservée à une seconde édition où l'on tiendra compte des voeux du sous-comité. Mais, Honorables Messieurs, je vous prie de ne pas oublier combien sont lourds pour nous les frais d'impression de douze volumes semblables?
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(1) Annexe C.

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Dans une visite qu'il faisait au cher frère Aphraates en juin 1882, M. le Surintendant promettait à ce bon frère de faire adopter notre méthode de dessin par le Conseil des Arts et Manufactures, et de faire approuver les ouvrages que nous présenterions désormais au Conseil. Ces avances si gracieuses semblent avoir été oubliées. Pourtant, j'ai conscience d'avoir tenu la promesse que je faisais à M. le Surintendant en lui témoignant ma gratitude pour ses bienveillantes dispositions. Je lui disais en substance: Nous nous efforcerons de ne présenter au Conseil que des ouvrages offrant toutes les garanties au point de vue d'une saine pédagogie et des progrès de la méthodologie.

Tels sont, Honorables Messieurs, ceux que j'ai eu l'honneur de soumettre à votre haute approbation. Pour vous en convaincre, laissez-moi vous tracer sommairement le chemin parcouru par le «Cours de Langue française» avant de se présenter devant vous.

Préparé par un de nos maîtres les plus expérimentés, le cher frère Louis de Poissy, aujourd'hui assistant du Supérieur Général, ce cours fut imprimé en 1872 et introduit, à titre d'essai, dans toutes nos écoles de France. Tous les Directeurs et les premiers maîtres furent invités à donner sur le fond et la forme de l'ouvrage leurs observations personnelles. Toutes ces notes, classées par une Commission composée de maîtres éminents, parmi lesquels se trouvait le cher frère Armin-Victor, amenèrent de notables améliorations dans ce cours qu'on réédita et qu'on mit encore à l'essai pendant cinq ans. De nouvelles notes permirent à la Commission de mettre une dernière main à son oeuvre qui était réellement celle de l'Institut entier (1); en 1881, parut l'édition actuelle qui est suivie dans toutes nos écoles. C'est cette édition, Honorables Messieurs, que nous avons introduite en Canada, en lui donnant une teinte locale et en l'appropriant aux besoins de notre jeunesse canadienne.

Comme en France, nous avons lancé une première édition à titre d'essai; les observations qu'elle a provoquées nous ont permis d'y faire encore quelques modifications; tel est, Honorables Messieurs, ce dernier travail que j'ai l'honneur de soumettre à votre bienveillante approbation.

Désireux de donner à ces Cours toute la perfection possible, je les ai adressés à MM. les Inspecteurs primaires et à la plupart de nos maisons d'éducation, avec prière de me signaler les lacunes à combler, les améliorations à faire, etc. De toutes parts me sont venues les félicitations les plus chaleureuses; dans ce concert, pas une, note discordante, pas une seule.

Voici quelques-uns de ces précieux témoignages:

«Ayant fait examiner ces ouvrages par Messire J. H. Roy, professeur du Séminaire de Sherbrooke, et les ayant examinés moi-même, je suis heureux de
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(1) On conçoit par ce fait combien sont saugrenues les plaintes du Rév. M. Lesage devant la Commission Royale au sujet des lenteurs des relations avec nos supérieurs! C'est bien le cas de dire: lentement et sûrement.

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vous dire qu'ils sont excellents et tout à fait propres à inspirer l'amour de la Religion et à faciliter l'enseignement de la langue française.

L'histoire du Canada, pour le cours élémentaire, est un bon ouvrage qui se recommande de lui-même à la favorable attention du Conseil de l'Instruction publique.»

Ant. Ev. de Sherbrooke.

«Au jugement des hommes les plus compétents et d'après ce que j'ai pu voir par moi- même, je n'hésite pas à dire que ce nouveau cours est certainement ce qu'il y a de mieux dans la Province.

Le plan en est réellement nouveau, logiquement gradué et très bien exécuté: toujours proportionné à la capacité intellectuelle de l'enfant à mesure qu'il avance dans le développement de son intelligence.

On y trouve tous les éléments essentiels de la grammaire, de la littérature, de la composition, avec une suite d'exercices les plus propres à en faire comprendre les principes par les applications si bien graduées qui en sont faites.

Les exercices de lecture sont on ne peut mieux choisis pour donner à l'enfant les notions les plus utiles sur la géographie, l'histoire et les sciences naturelles.

Mais ce qui en fait le couronnement le plus précieux, c'est l'enseignement religieux et moral répandu dans tout le corps de l'ouvrage, et qui lui est uni comme l'âme au corps et le vivifie dans toutes ses parties. On y voit que l'auteur de ce travail avait étudié et comprenait le programme de la véritable éducation de l'homme tracée [sic] en deux mots, avec une profondeur divine, par le Sauveur lui-même, au début de sa prédication évangélique: Non in solo pane vivit homo, sed de omni verbo quod procedit de ore Dei. C'est bien là réellement le véritable programme de l'éducation qu'il faut donner à l'enfant pour l'élever à la hauteur de sa dignité d'être raisonnable et d'enfant de Dieu. Il faut développer en lui simultanément le double principe de la vie naturelle et de la vie surnaturelle.»

L.F. Ev. des Trois-Rivières.

«Mgr de Chicoutimi m'a fait voir les Leçons de Langue française et l'Histoire du Canada (élémentaire), que vous lui avez expédiées récemment, et j'ai passé toute la journée à les étudier. J'en ai reçu la meilleure impression possible. Vraiment, c'est à souhaiter de redevenir enfant pour étudier ces manuels si attrayants, si méthodiques. Je regarde cette publication comme un évènément [sic] considérable de l'histoire pédagogique de la Province.»

V.A. Huart [sic], ptre, Préfet des études.

«Histoire du Canada. Chaque leçon est suivie d'un récit très intéressant, et d'un résumé notant les points les plus saillants du récit. Tout cela est de nature

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à faire impression sur l'esprit de l'enfant et à exercer non seulement sa mémoire, mais aussi son jugement.

Cours élémentaire et moyen de Langue française. Outre le texte, qui n'est pas plus chargé que dans les autres grammaires, il y a des dictées supplémentaires, des récits, des phrases à compléter, des leçons de choses, des exercices de rédaction, des sujets de lettres, etc. qui recommandent ces deux cours et font espérer que le «Cours supérieur» sera une initiation à la littérature et ne laissera rien à désirer en fait de perfection de langage.»

F. Dorval, Ptre, Supr. du Coll. Ass.

«Veuillez agréer nos sincères remerciements, pour les cinq précieux volumes que nous recevons de votre part: Cours élémentaire d'Histoire du Canada, Cours élémentaire et Cours moyen de langue française. Nous n'avons pas eu le loisir de les examiner à fond; nous les avons vus assez cependant pour dire qu'ils répondent à ce que nous désirions depuis longtemps, le cours d'histoire surtout, que nous adopterions dès cette année si notre provision n'était pas faite.»

Sr Ste Catherine, Supre des Ursulines de Québec.

«Nos maîtresses de classes apprécient beaucoup ces ouvrages et applaudissent aux améliorations de la dernière édition du Cours français. Ces améliorations nous satisfont pleinement.»

Sr St Charles, Supre des Ursulines des Trois-Rivières.

«J'ai examiné votre «Cours élémentaire de Grammaire» et votre «Cours moyen». Les règles de la langue française y dont données d'une manière claire et précise, et le choix des exercices joint parfaitement la théorie à la pratique.

J'ajouterai que votre «Cours élémentaire d'Histoire du Canada» est très intéressant et tout-à-fait à la portée des jeunes élèves qui étudieront l'histoire de notre pays.»

Sr Ste Scholastique, Supre des Soeurs de Jésus, Marie, Hochelaga.

«Mes meilleurs remerciements pour les livres classiques que vous avez eu la bonté de m'adresser. Je les ai parcourus avec intérêt et, d'après mon appréciation, ce sont de très bons ouvrages.»

Sr St Louis, Supre des Soeurs de la Charité, Québec.

«Ces ouvrages sont très recommandables tant pour le fond que pour la forme. Ils rendront certainement d'immenses services à la cause de l'éducation.

Votre Grammaire et votre Histoire du Canada sont les meilleurs du jour, au moins suivant moi. Une institutrice peu compétente même doit nécessairement réussir avec votre nouvelle grammaire.»

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J. C. Belcourt, Insp. d'Ecoles.

«Je vous remercie infiniment de l'envoi des livres classiques que vous avez été assez bon de me faire parvenir. Je trouve ces livres parfaits tant sur le fond que sur la forme et bien appropriés à nos écoles où je vais tâcher de les introduire. Je suis certain qu'ils contribueront beaucoup aux progrès des élèves; ces progrès seront remarquables si la méthode contenue dans ces livres est bien comprise et bien appliquée par les instituteurs et les institutrices.»

J. P. Nantel, Insp. d'Ecoles.

Il me faut restreindre, Honorables Messieurs, dans ces citations que je pourrais multiplier encore. Celles que je viens de faire suffisent à montrer l'accueil qu'ont reçu nos ouvrages de la part des meilleurs juges de la Province de Québec; les maîtres d'Ontario font écho à ceux du Bas-Canada.

Nous n'avons encore traduit en anglais que le Cours élémentaire; l'accueil qu'on lui fait n'est pas moins sympathique que celui qu'a reçu son aîné dans la Province de Québec.

J'approuve hautement cet ouvrage, dit Sa Grandeur Monseigneur Lynch, et je le recommande à toutes les écoles catholiques de mon Archidiocèse.

Plusieurs journaux de Toronto, entre autres l'Irish Canadian, le Catholic Record, la Tribune, l'Evening Globe, ont publié sur ce Cours élémentaire de magnifiques articles que M. Donovian, Inspecteur d'écoles à Toronto, résume très judicieusement dans la lettre suivante adressée à nos chers Frères de cette ville:

«Aux chers Frères des Ecoles chrétiennes, Toronto.

Messieurs,

Je vous remercie très sincèrement des deux exemplaires du «Cours de Langue anglaise,» - livre de l'élève et livre du maître. J'ai examiné les deux très attentivement. Cet ouvrage est, à mon avis, infiniment supérieur à tout autre du même genre qui ait jamais été publié dans ce pays-ci. En effet, ses formes variées, dont beaucoup n'avaient encore paru dans aucun ouvrage en anglais, le présentent comme une nouvelle création. La forme méthodologique sentie depuis longtemps, trouve ici sa vraie signification; et je suis certain que tout professeur, après un examen sérieux, partagera mon opinion.

Ce cours comprend tous les éléments essentiels à l'étude d'une langue: on y trouve la Grammaire anglaise, la Littérature anglaise, la Composition, le Style épistolaire, l'Orthographe, la Ponctuation, l'Hygiène, l'Histoire naturelle, la Géographie, l'Histoire, et, par- dessus tout, les principes de la morale chrétienne. Toutes les leçons sont bien graduées, se suivent comme naturellement, sont très pratiques, et rendues intéressantes, ayant tout l'attrait de l'art sans aucune des formalités inutiles. Le choix littéraire est pris des meilleurs auteurs

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anglais, afin d'exercer aux belles formes de la langue et de procurer le plaisir intellectuel que l'on trouve dans la lecture des meilleures productions.

La teinte religieuse de l'ouvrage est son trait caractéristique. Jusqu'ici, il était d'usage d'exclure la morale et les principes chrétiens de tout manuel pour écoles sur des sujets profanes, limitant l'enseignement à ces seuls sujets. Le mal de cette pratique a été souvent déploré: car, par elle, on a tacitement appris aux jeunes élèves que la religion ne forme qu'une très petite partie de leur éducation. Mais votre ouvrage enseigne le vrai principe, savoir: que la science doit et peut aller de pair avec la religion, qu'elle n'a rien à souffrir de cette association, mais que, au contraire, elle en tire sa plus grande valeur et sa plus grande beauté.

Pour conclusion, je désire sincèrement que votre excellent ouvrage ait tout le succès auquel il a droit, et devienne un manuel pour toutes les écoles catholiques du Canada.

Très fraternellement vôtre,

Cornelius Donovan.»

Devant une telle manifestation des deux Provinces et des deux langues, s'évanouiront, j'ose l'espérer, toutes les hésitations du Sous-Comité du Conseil de l'Instruction publique.

Je résume, Honorables Messieurs, cette première partie de ma note.

En 1878, le Conseil de l'Instruction publique, sur la recommandation du Conseil des Arts et Manufactures, approuve le «Manuel de dessin» de M. Oscar Dunn, au prix d'étranges contradictions payées par huit années d'insuccès, de stérilité constatées par les rapports officiels de M.M. les Inspecteurs.

Il refuse, toujours sur l'avis du Conseil des Arts et Manufactures, d'approuver notre «Cours de dessin,» ouvrage d'une grande valeur universellement attestée par tous les hommes compétents, lequel se trouve, par ce refus même, exclu de toutes les écoles de la Province, même des nôtres, et cela malgré la recommandation du Comité présidé par Mgr de Rimouski et adoptée par le Conseil de l'Instruction publique.

En 1880, le cher frère Aphraates présente à votre approbation une double série de livres français et anglais; le Comité présidé par Sa Grandeur Mgr l'Archevêque de Québec déclare ces séries bien graduées et recommande l'approbation de la série française. Quatre années s'écoulent, pas d'approbation; loin de là, M.M. les Commissaires d'écoles de Montréal interdisent nos ouvrages dans leurs écoles, et M.M. les Inspecteurs font partout, sous de spécieux prétextes, la chasse au «Devoir» approuvé et recommandé par N.N. S.S. les Évêques. (Voir l'Appendice B pour quelques exemples).

En 1884, le Conseil, sur l'avis du Sous-Comité, ne juge pas opportun d'approuver nos deux Cours de Langue française et notre Histoire élémentaire

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du Canada, sous un double prétexte: le premier, qu'on n'a pas invoqué pour M.M. Dunn et Montpetit auxquels on semble ainsi accorder beaucoup plus de confiance qu'à des religieux que les protestants anglais - permettez-moi cette appréciation, Honorables Messieurs, - qualifient de «premiers éducateurs du monde» (1); le second, que M. le Surintendant ne juge pas à propos, malgré ma demande, de me faire connaître, nous laissant dans la pénible alternative, ou d'arrêter nos travaux, ou de les poursuivre au prix d'énormes sacrifices sans espoir de succès.

Cependant ces ouvrages, oeuvre de maîtres éminents et fruit d'une expérience quasi universelle, ont un mérite intrinsèque réel, que garantissent suffisamment les éloges qu'ils recueillent dans les deux langues française et anglaise, comme dans les deux Provinces de Québec et Ontario.
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(1) Education, 16 août 1881.

[...]

APPENDICE

A

Séance du 21 octobre 1880.

Proposé par Mgr de Rimouski, secondé par Mgr de Montréal:

«Considérant qu'à sa dernière session, la Législature de cette province a passé un acte pour l'abolition du Dépôt de livres, dans lequel ont été introduites des clauses concernant ce Conseil et l'approbation des livres à l'usage des écoles;

Considérant que ces clauses ont été introduites sans que le Surintendant ni les membres de ce Conseil aient été consultés ou aient eu occasion de faire connaître leurs objections:

Qu'il soit résolu que le Comité catholique de ce Conseil présente une humble requête à la dite Législature, à sa prochaine session, lui représentant:

1°. Que, dans l'opinion de ce Conseil, l'adoption d'un seul ouvrage pour chaque branche d'étude dans toutes les écoles de même degré présente des difficultés insurmontables dans la pratique;

2°. Qu'elle tend à froisser surtout les communautés religieuses, dont plusieurs ont d'excellents ouvrages propres à leurs classes; à nuire considérablement aux auteurs dont les ouvrages sont déjà approuvés aussi bien qu'aux libraires qui en ont beaucoup à vendre, et qui, d'ici à un an, sont exposés à des pertes considérables et immenses par la défense d'employer dorénavant ces livres dans les écoles de la province; à étouffer la louable émulation qui devrait exister entre les diverses institutions d'éducation pour le choix des meilleurs ouvrages; à arrêter les efforts des auteurs vers le progrès et l'amélioration des livres et des méthodes;

3°. Qu'une mesure d'une telle sévérité n'a encore été adoptée dans aucun autre pays, à ce que croit ce Comité. En France, en Belgique, en Prusse, etc., il est laissé une pleine liberté de choisir entre les divers ouvrages pour chaque matière;

4°. Que, si la trop grande multiplicité d'ouvrages approuvés peut offrir peut-être des inconvénients, il est encore plus dangereux de tomber dans l'excès contraire en restreignant le nombre à un seul pour chaque branche;

5°. Que ce Comité a déjà passé des règlements obligeant à ne se servir dans chaque école que d'un seul et même livre pour chaque classe d'élèves;

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6°. Qu'il est à propos de tenir compte de la préférence que l'on peut avoir, dans les différentes parties de la province, pour certain ouvrage plutôt que pour tel autre, l'appréciation des livres étant une chose bien délicate qui dépend de beaucoup de circonstances de lieux et de personnes;

7°. Que l'adoption d'un seul ouvrage pour chaque matière donnerait naissance à un monopole odieux, et peut-être à des spéculations scandaleuses;

8°. Que, pour toutes ces raisons, ce Comité prie respectueusement la Législature d'abroger toutes les clauses de la dite loi qui concernent l'approbation des livres.»

Adopté. (1)

Le Comité catholique demande à la Législature d'abroger, a sa prochaine session, les clauses dénoncées. Depuis cette époque, sept sessions ont eu lieu, et les dites clauses, dont la mise en vigueur est prudemment ajournée, sont réinscrites dans le dernier travail préparé sur nos lois scolaires. En voici l'extrait:

§ - Pouvoirs du Surintendant de l'Instruction publique et autres fonctionnaires relativement aux ouvrages classiques, livres, etc.

«40. Dans l'intervalle écoulé depuis le 24 juillet 1880, date de la sanction du statut 43-44 Victoria, chapitre 16, au premier mai 1881, le conseil de l'instruction publique, c'est-à- dire le comité catholique ou le comité protestant, a dû réviser la liste des ouvrages classiques, livres, cartes, globes, modèles, ou objets quelconques utiles à l'enseignement, par lui approuvés jusqu'au dit jour, 24 juillet 1881; 43-44 V., c. 16, 1. c 8.

«41. Il n'a dû être inscrit sur cette liste, qu'un ouvrage pour chaque matière d'enseignement, ou deux dans le cas où l'un était élémentaire et l'autre plus relevé pour les classes plus avancées, et nul autre ouvrage ou livre n'a pu et ne peut être en usage dans les écoles; Id. 1. c. 9.

«42. La liste des livres approuvés, ne doit être révisée que tous les quatre ans.

Tout livre d'école exclu de la liste ne peut être exclu de l'enseignement avant une année à compter de la date de la révision de la liste, et les nouveaux livres approuvés ne doivent être mis en vente qu'après une année de la même date; Id., s. 10.

«43. Le surintendant a dû retenir la subvention de toute municipalité qui, après le premier jour de septembre 1882, a permis l'usage des livres non portés sur la liste révisée et devra la retenir à celle qui le permettra à l'avenir; Id. s. 11.
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(1) Rapport de M. le Surintendant de l'Instruction publique de la Province de Québec, année 1879-80, p. 285.

[p. 36]

«44. Tous les livres et ouvrages portés sur la liste, deviennent la propriété du conseil de l'instruction publique, moyennant indemnité payée aux propriétaires et fixée par le lieutenant-gouverneur en conseil.

Toute contestation soulevée sur le chiffre de l'indemnité, doit être déférée à trois arbitres nommés, l'un par le surintendant, l'autre par le propriétaire de l'ouvrage, le troisième par les deux arbitres, et la décision de ces trois arbitres est finale; Id., s. 12.

«45. Toute personne a le droit d'imprimer, publier et vendre les ouvrages portés sur la liste, en payant au surintendant, tous les cinq ans, une somme de dix piastres pour chaque ouvrage étant la propriété du conseil de l'instruction publique, en vertu de l'article précédent, et moyennant le paiement de cette somme, elle a libre accès à l'ouvrage, pour le copier dans le département de l'instruction publique, et si l'ouvrage est imprimé, le surintendant doit en fournir un exemplaire, à qui veut le publier; Id., s. 13.

«46. Le format, le papier, le caractère, la reliure et toute l'exécution matérielle des ouvrages, sont déterminés par le surintendant; Id., s. 14.

«47. Dans le cas d'abus résultant de la coalition des libraires, pour augmenter le prix des ouvrages classiques, le conseil de l'instruction publique peut fixer un prix maximum que la vente de ces ouvrages ne peut dépasser; Id., s. 25 (1)

Depuis quatre ans et sept sessions, la demande du Comité catholique est complètement oubliée.

Et de l'hon. J. A. Mousseau, qui écrit à M. le Surintendant: «Comme vous le savez, en demandant au Parlement de Québec la création du Conseil de l'Instruction publique, le gouvernement a voulu se constituer, dans les membres qui le composent, des auxiliaires éclairés et compétents, dont la sagesse le mettrait à l'abri de toute erreur, dans une matière aussi importante, aussi délicate que celle de l'enseignement.

«C'est mon intention arrêtée de poursuivre le but de la loi et de continuer de mettre à profit les précieuses suggestions que voudront bien me faire les membres de ce conseil. J'apprécierai surtout celles venant de NN. SS. les évêques; je sais qu'elles seront toujours le fruit de leur expérience et de leur travail, comme je suis persuadé qu'elles leur seront aussi dictées par le même zèle et le même dévouement dont ils ont fait preuve jusqu'ici pour la cause de l'éducation.»

Et de M. le Surintendant, qui conseille de s'en remettre à la sagesse du Gouvernement: «Dans cette lettre, dit-il, le gouvernement, sans renoncer à la prérogative de gouverner qu'il tient du peuple, et sans promettre de toujours demander l'avis du Conseil de l'Instruction publique avant de présenter ses
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(1) Rapport de la Commission de refonte des Statuts Généraux de la Province de Québec.

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projets de loi, cela pouvant être impossible à un moment donné, proteste de son désir d'accepter les propositions qui lui seront faites avec tout le respect dû à des hommes de grande expérience et revêtus d'un caractère sacré.» (1)

B

Ayant examiné la présente édition du Traité des Devoirs du Chrétien envers Dieu, par le Vén. J.-B. de la Salle, imprimée à Québec chez Elzéar Vincent, 1875, Nous avons approuvé et approuvons le dit ouvrage, en recommandons le lecture aux fidèles de ce diocèse.
Québec, le 27 septembre 1875.

+E. A. Archevêque de Québec.

Nous, soussigné, Évêque de Montréal, avons approuvé et approuvons, par le présent, le Traité des Devoirs du Chrétien envers Dieu, comme un excellent livre; et Nous en recommandons la lecture à tous les fidèles confiés à nos soins, soit dans les familles, soit dans les écoles.
Donné à Montréal, le 15 septembre 1875.

+Ig. Evêque de Montréal.

Merci, mon cher Frère, pour le bienveillant envoi d'un exemplaire du Traité des Devoirs du Chrétien. Il va sans dire que non-seulement je vous autorise à le mettre en circulation dans mon diocèse, mais que je vous souhaite le plus grand succès dans cette oeuvre. Je désire et je serais heureux d'en voir un exemplaire dans toutes les familles du diocèse. C'est certainement l'un des meilleurs livres que l'on puisse remettre dans les mains de notre jeunesse et dont on ne saurait trop lui recommander la lecture.
Séminaire des Trois-Rivières, 15 septembre 1875.

+L. F. Ev. des Trois-Rivières.

Comme je ne doute point, mon cher Frère, que la nouvelle édition du Traité des Devoirs du Chrétien, ornée de vignettes, considérablement augmentée, et suivie d'un nouveau traité de la Politesse chrétienne, dont vous avez eu la bonté de me présenter un exemplaire, n'ait été soumise à l'approbation de Mgr l'Archevêque de Québec, dans le diocèse duquel elle est imprimée, je serai bien aise de voir circuler cet utile ouvrage parmi les fidèles de mon propre diocèse.

Depuis plusieurs années, votre Institut ne cesse de publier des livres à l'usage des enfants et des jeunes gens de nos écoles, avec un zèle au-dessus de tout éloge. C'est un nouveau moyen de perpétuer le bien que votre enseignement
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(1) Rapport du Surintendant de l'Instruction publique de la Province de Québec, année 1881-1882, p. XXIII et XXIV.

[p. 38]

commence en leur faveur, et de rendre plus durables les fruits de votre dévouement. Pour ma part, j'en bénis Dieu, qui vous l'inspire.
Évêché de Rimouski, 21 septembre 1875.

+Jean, Ev. de St. G. de Rimouski.

J'ai pris connaissance de l'ouvrage intitulé Traité des Devoirs du Chrétien envers Dieu; les pages que j'ai parcourues offrent un grand intérêt et les fidèles les liront avec profit.

Ce livre sera utile à tous, et chacun y trouvera les motifs de sa foi et les moyens qu'il dit prendre pour bien s'acquitter de ses devoirs envers Dieu.

Aussi je n'hésite pas à recommander la publication et la lecture de ce bon livre, qui sera une source de lumières et d'édification pour les fidèles.
Sherbrooke, 18 septembre 1875.

+Antoine, Ev. de Sherbrooke.

Nous recommandons d'une manière toute spéciale le Traité des Devoirs du Chrétien, édition nouvelle, ornée de vignettes et suivie d'un nouveau traité de la Politesse chrétienne.

Nous espérons voir bientôt ce livre entre les mains de tous les enfants qui fréquentent les écoles.
Evêché d'Ottawa, le 24 septembre 1875.

+J. Thomas, Ev. d'Ottawa.

NN. SS. les Évêques, en recommandant de mettre le Devoir du chrétien entre les mains de tous les enfants qui fréquentent les écoles - de tous les enfants et non pas seulement entre les mains des enfants les plus avancés, surtout ceux des écoles modèles - ont bien saisi la pensée des Souverains Pontifies Pie IX et Léon XIII.

En effet, dans sa Constitution Romanos Pontifices du 8 mai 1881, adressée aux Évêques d'Angleterre et d'Ecosse, Léon XIII s'exprime ainsi au sujet des écoles primaires:

«La charge d'y enseigner est un ministère des plus sacrés; sanctissimum docendi ministerium: et que les écoles dont il s'agit se rangent tout à côté des lieux de piété.

«Leur nom même indique leur but; elles ont été fondées pour apprendre à la jeunesse les premiers éléments et les premières vérités de la foi, ainsi que les préceptes de la morale: éducation nécessaire en tout temps, en tous lieux, dans tous les états, et qui a autant d'influence sur le salut de chaque individu. C'est, en effet, de l'éducation reçue dans l'enfance que dépend le plus souvent la conduite qu'on tient pendant le reste de la vie.

«Aussi Pie IX a-t-il montré sagement dans les lignes suivantes ce qu'on

[p. 39]

doit avant tout demander aux maîtres de ces écoles: - Dans ces écoles, dit-il, il faut que tous les enfants des classes populaires reçoivent, même dès la plus tendre enfance, une connaissance sérieuse des mystères et des commandements de notre sainte religion, et soient formés avec soin à la piété, à l'honnêteté des moeurs, à la vie chrétienne comme à la vie civile; dans ces écoles, c'est surtout l'étude de la religion qui doit dominer et tenir le premier rang dans l'éducation, de telle sorte que les autres connaissances que la jeunesse y reçoit paraissent n'être que des accessoires.»(¹)

«Tout le monde comprend que l'éducation des enfants ainsi entendue doit être du nombre des devoirs imposés à l'Évêque et que les écoles en question, dans les villes les plus peuplées et dans les petites bourgades, comptent parmi les oeuvres dont la direction appartient à l'administration diocésaine.

«D'ailleurs, ce que la raison affirme, l'histoire le met dans une très vive lumière.

«Il n'est, en effet, aucune époque où ne soit particulièrement manifesté le soin des conciles à établir et a protéger ces écoles à propos desquelles ils ont pris de sages décisions.

«On voit dans leurs décrets qu'ils recommandent aux Évêques de les rassurer et de leur donner tant d'extension dans les villes et dans les bourgs (²) et d'y donner aux enfants une éducation autant que possible gratuite (³).

«De l'autorité des mêmes conciles sont émanées des lois exigeant que les élèves donnassent le meilleur de leur esprit à la religion et à la piété (4), énumérant les qualités et les connaissances que devaient posséder les maîtres (5), et leur demandant un serment conforme à la profession de foi catholique (6); enfin, on institua des inspecteurs chargés de visiter les écoles et d'examiner s'il n'y avait aucun vice ou incommodité d'organisation, et si aucune infraction n'était faite aux règles imposées par la loi diocésaine (7).

«En outre, comme les Pères des conciles comprenaient bien le ministère pastoral confié aux curés, ils leur attribuèrent un rôle important dans les écoles des enfants, charge qui s'accorde parfaitement avec celle de la direction des âmes.

«Il fut donc décidé que, dans chaque paroisse, on établirait des écoles pour les enfants (8), écoles qui reçurent le nom de paroissiales (9); on pria les
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(1) Epist. ad Archiep. Friburg, 14 Julii, 1864.
(2) Synod. I. Provincial, Camerac. tit. de scholis, cap. I. - Synod. Provinc. Mechlin. tit. de scholis, cap. 2.
(3) Synod. Namureen, an. 1604, tit. 2, cap. 1.
(4) Synod. Antuerpien, sub. Mireo, tit. 9, cap. 3.
(5) Synod. Camaracen., an. 1550.
(6) Synod. II. Prov. Mechlin., tit. 1, cap. 3.
(7) Synod. II, Prov. Mechlin., tit. 20, cap. 4. - Synod. Provin. Pragen., an 1860, tit. 2, cap. 7.
(8) Synod. Valens., an. 529, cap. 1. - Synod. Nannet., cap. 3. - Synod. Burdigal., 1573, tit. 27.
(9) Synod. I Provin. Mechlin., tit., de scholis, cap. 2. - Synod. Provin. Colacen, an. 1863, tit. 6. - Synod. Provin. apud Maynooth, an. 1875.

[p. 40]

curés de prendre soin de l'éducation et de s'adjoindre le secours de maîtres et de maîtresses (¹); on leur donna aussi la tâche de gouverner ces écoles et d'apporter à cette oeuvre tout le zèle possible (²); s'ils n'accomplissent pas tout cela intégralement et selon leur promesse, ils sont accusés d'avoir manqué à leur devoir (³), et on juge qu'ils ont mérité une réprimande de l'Evêque.» (4).

D'après ce [sic], on comprendra aisément combien les ordres cités à la page 7 de notre Note et les deux faits suivants sont en opposition avec les principes posés par le Saint-Siège et l'Episcopat de la Province de Québec.

Vérité, 23 février 1884:

«On nous écrit du comté de Lotbinière: Il y a une douzaine d'années déjà, du temps que M. Chauveau était Surintendant de l'Instruction publique, M. l'Inspecteur Béland entreprit de faire exclure des écoles le Nouveau traité des devoirs du chrétien.

«Dans une des paroisses du comté, il y eut une lutte mémorable entre l'inspecteur et le curé. Trois fois le représentant de l'Etat donna ordre à l'institutrice de mettre de côté le Traité; trois fois le représentant de l'Eglise remit cet excellent livre à la place d'honneur. Enfin, le curé se plaignit au département et eut gain de cause; L'inspecteur reçut une leçon dont il aurait dû profiter.

«Mais voici qu'on nous assure que le même inspecteur continue encore sa campagne contre le Traité des devoirs du chrétien, oubliant que ce livre n'est autre chose que l'explication détaillée du catéchisme. Il veut le remplacer, de force, par les livres de Montpetit et le traité d'agriculture du Dr LaRue. Sil trouve de la résistance, il menace d'affamer l'école. Cet argument est péremptoire, et, règle générale, on plie.»

Vérité, 10 mai 1884:

«Le curé d'une paroisse du bas du fleuve nous a écrit il y a déjà quelque temps:

«L'article que vous avez publié le 22 mars en faveur de cet excellent livre intitulé: Le Devoir du chrétien, m'a tellement plu, que je vous envoie ci-inclus $1.50 pour un an d'abonnement à votre journal la Vérité.

«J'ai lu cet article avec d'autant plus de satisfaction que j'ai eu à lutter avec Monsieur l'inspecteur d'écoles de notre arrondissement au sujet de ce même livre.

«La grammaire des Frères a aussi une guerre à mort à soutenir de la
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(1) Synod. Nannet. sup. cit. - Synod. Antuerp. sup. cit. - Synod. Provin. Burdig., 1850, tit. 6, cap. 3.
(2) Synod. Prov. Vienn., 1858, tit. 6, cap. 8. - Synod. Prov. Utraject., 1865, tit. 3, cap. 2.
(3) Synod. Prov. Colocen., 1863, titre [sic] 6, cap. 5. - Synod. Prov. Colonien [sic]., tit. 2, cap. 3. - Synod. Provin. Utraject., 1863, tit. 9, cap. 5.
(4) Synod. I. Prov. Cameracen., tit. de scholis, cap. 2.

[p. 41]

part de ce brave homme. Bien qu'il soutienne, devant moi, qu'il ne peut pas interdire cette grammaire, cependant il fait la guerre aux institutrices qui l'enseignent.

«Intrigué de remarquer une telle opiniâtreté chez cet inspecteur, je lui ai demandé s'il voulait éliminer la grammaire des frères des écoles de ma paroisse parce qu'elle est faite par des religieux.

«Comme vous, je crois fermement qu'on veut laïciser l'instruction.»

C

EXTRAIT DE LA LISTE DES LIVRES APPROUVÉS PAR LE CONSEIL DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE DEPUIS SA FORMATION.

Livres de Lecture par A.N. Montpetit, les trois premiers volumes..............16 oct. 1874.
Livres de Lecture par A.N. Montpetit, les deux derniers volumes...............2 mai 1875.
Manuel de dessin industriel, d'après la méthode de Walter Smith, accompagné de cartes- modèles, premier livre, par Oscar Dunn.................................................................... 25 mai 1877.
Manuel de dessin industriel, à l'usage des maîtres d'écoles primaires, d'après la méthode de Walter Smith, accompagné de cahiers et de blocs-modèles à l'usage des élèves, deuxième livre, par Oscar Dunn (¹) ........................15 mai 1878."
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(1) Rapport du Surintendant de l'Instruction publique de la Province de Québec, année 1882-1883.

[p. 42]

1884.02.23
[Tardivel, Jules-Paul]. "Trop de zèle", La vérité, 23 fév. 1884, p. 1.

"On nous écrit du, comté de Lotbinière, des choses fort graves touchant l'inspecteur d'écoles de cette partie du pays. Notre correspondant, tout en nous félicitant de la campagne que nous avons entreprise contre les agissements du bureau de l'Instruction publique, nous assure que l'on y met plus de perfidie encore que nous n'en apercevons.

Puis, on nous rapporte l'édifiante histoire que voici:

Il y a une douzaine d'années déjà, du temps que M. Chauveau était surintendant de l'Instruction publique, M. l'inspecteur Béland entreprit de faire exclure des écoles le Nouveau traité des devoirs du chrétien.

Dans une des paroisses du comté, il y eut une lutte mémorable entre l'inspecteur et le curé. Trois fois le représentant de l'Etat donna l'ordre à l'institutrice de mettre de côté le Traité; trois fois le représentant de l'Eglise remit cet excellent livre à la place d'honneur. Enfin, le curé se plaignit au département et eut gain de cause; l'inspecteur reçut une leçon dont il aurait dû profiter.

Mais voici qu'on nous assure que le même inspecteur continue encore sa campagne contre le Traité des devoirs du Chrétien, oubliant que ce livre n'est autre chose que l'explication détaillée du catéchisme. Il veut le remplacer, de force, par les livres de Montpetit et le traité d'agriculture du Dr LaRue. S'il trouve de la résistance, il menace d'affamer l'école. Cet argument est péremptoire, et, règle générale, on plie.

Voici comment les droits des parents sont respectés sous le régime de M.M. Ouimet, Dunn et cie.

L'Etat, malgré la protestation du comité catholique de l'Instruction publique, empiète peu à peu sur les droits de l'Eglise et des pères de famille. Peu à peu, soit perfidement soit par violence, il cherche à réaliser le rêve de Condorcet: le choix des livres fait par l'Etat.

Il n'y a que le aveugles volontiers [sic] qui ne voient l'impérieuse nécessité de combattre ces funestes projets pendant qu'il en est encore temps.

Quand on aurait laissé accepter la doctrine que c'est l'Etat qui doit choisir les livres, sous prétexte que les livres qu'il impose ne sont pas mauvais, on résistera plus tard, en vain, quand l'Etat voudra, en vertu du principe admis, imposer des ouvrages hostiles à la religion.

Pour éviter des malheurs comme ceux que nous voyons se produire en Europe, il faut revenir aux véritables principes en fait d'enseignement. Il faut reconnaître que l'éducation de l'enfance n'est pas une fonction de l'Etat, mais qu'elle appartient aux parents, sous la haute surveillance et la protection de l'Eglise. Il faut reconnaître que le rôle de l'Etat, en matière d'enseignement, doit se borner à aider les parents et l'Eglise dans l'accomplissement de leurs devoirs d'éducateurs de l'enfance. Quand l'Etat cherche à absorber les droits des parents, il sort de son rôle, il tombe dans le désordre, il entre dans la voie qui conduit à l'abîme."

1884.03.29
[Tardivel, Jules-Paul]. "M. Ouimet et le «Devoir du Chrétien»", La vérité, 29 mars 1884, p. 1-2.

Monsieur le Surintendant cherche à faire prendre le change sur ses vraies intentions et sur ses actes relativement au «Devoir du Chrétien». M. Faucher de St Maurice est entré en lice et a voulu faire de son corps un rempart à son maître. Nous comprenons une telle conduite de la part de l'illustre écrivain, car, un bon coeur doit garder pour son amphytrion au moins la reconnaissance de la digestion. C'était l'avis que de Cassagnac donnait à Plonplon. M. le Surintendant a placé plusieurs milliers de volumes de M. Faucher; l'oubli serait, pour celui-ci, une noire ingratitude, et Monsieur de St Maurice en est incapable. Ceci dit à sa louange, revenons à M. Ouimet.

Dans son rapport de 1881-1882, l'honorable Surintendant a écrit ces lignes: «Je pourrais peut-être dire ici que quelques personnes se sont trompées en croyant que je recommandais ces livres - ceux de Montpetit - à l'exclusion du "Devoir du Chrétien," depuis longtemps populaire. Je n'exclus pas ce dernier ouvrage; je dis seulement qu'il est de peu de valeur pour l'enseignement de la lecture. Il n'est pas gradué et il est d'un genre trop élevé pour l'enfance, comme je l'ai déjà dit au Conseil de l'Instruction Publique. De là à l'exclure, il y a loin; c'est un livre qui devrait se trouver surtout dans les écoles modèles, où il peut contribuer grandement à former le coeur et l'intelligence des élèves.»

Ainsi parle M. le Surintendant, et nous serions tenté de croire qu'il parle sincèrement si nous pouvions oublier l'histoire des Bills de 1880, 1881 et 1882, et si nous ne voyions chaque jour ses actes protester contre ses affirmations verbales ou écrites.

Si M. le Surintendant n'exclut pas le «Devoir» nous le prions humblement de répondre à ces quelques questions:

Il a lu ceci dans un des rapports de M. l'inspecteur Archambault: «Je vois avec une grande satisfaction que dans les écoles de mon district, on fait encore usage de l'excellent et pieux livre "Le Devoir du Chrétien", comme livre de lecture, malgré les efforts d'une certaine école pour en perdre le goût».

Autrefois, le «Devoir» était universellement répandu; qui, monsieur le Surintendant, a chassé de l'école «ce pieux et excellent livre»?

A votre avènement à la Surintendance, il était dans toutes les écoles; pourquoi n'y est- il plus aujourd'hui? Vous avez écrit maintes circulaires, donné des conseils, intimé des ordres pour l'introduction de Montpetit dans toutes les écoles; veuillez citer un mot, nous montrer une ligne de votre part pour défendre et conserver le "Devoir"?

M.M. les Inspecteurs sont l'écho fidèle de votre pensée. Tous leurs rapports sont là pour nous dire qu'ils aiment ce que vous aimez et proscrivent ce que vous proscrivez. S'il est vrai que la bouche parle de l'abondance du coeur, il ne le semble pas moins que ces messieurs parlent de l'abondance du Surintendant. Or, combien de fois, dans leurs rapports, parlent-ils du «Devoir»? - Deux ou trois fois; c'est peu, mais en ces temps, c'est presque héroïque!

Et de Montpetit?

M. Archambault - pas le Principal du Plateau - nous parle «des efforts d'une certaine école pour faire perdre le goût du "Devoir"». Assurément ce ne peut être l'école catholique que dirigent NN. SS. les Evêques: Voici en quels termes LL. Grandeurs parlent de ce livre.

«Nous avons approuvé et approuvons le dit ouvrage, et en recommandons la lecture aux fidèles de ce diocèse.» +E. A. Archevêque de Québec.

Mgr, il est vrai, ne parle pas de l'usage de ce livre dans l'école, mais nul ne se méprendra sur la pensée de Sa Grandeur.

«C'est certainement l'un des meilleurs livres que l'on puisse remettre entre les mains de notre jeunesse et on ne saurait trop lui [en] recommander la lecture.» (+L. F. Ev. des Trois Rivières.)

«Depuis plusieurs années, votre Institut ne cesse de publier des livres à l'usage des enfants et des jeunes gens de nos écoles, avec un zèle au-dessus de tout éloge. Je serai bien aise de voir circuler cet utile ouvrage - le "Devoir" - parmi les fidèles de mon propre diocèse.» (+Jean, Ev. de St G. de Rimouski).

«Ce livre sera utile à tous, et chacun y trouvera les motifs de sa foi et les moyens qu'il doit prendre pour bien s'acquitter de ses devoirs envers Dieu.» (+ Ant. Ev. de Sherbrooke).

Nous espérons voir bientôt ce livre entre les mains de tous les enfants qui fréquentent l'école.» (+ J. Thomas, Ev. d'Ottawa).

Ainsi NN. SS. recommandent le «Devoir» à leurs «fidèles», aux «jeunes gens» à «tous les enfants». Cependant «une certaine école fait des efforts pour en faire perdre le goût; qu'elle [sic] est cette «certaine école,» M. le Surintendant? N'est-ce pas celle dont vous êtes le chef, c'est-à-dire l'école du laïcisme moderne? Les faits comme les chiffres font incliner vers ce sentiment.

Les rapports annuels de vos prédécesseurs constatent que, chaque année, le «Devoir» était distribué aux élèves comme livre de récompense et, soit dit en passant, ce livre valait au moins «l'Histoire Universelle de la pédagogie par Paroz», les «Conférences pédagogiques de Buisson» et la «Bibliothèque des merveilles», que M. le Surintendant a envoyé, en 1879, à M.M. les Inspecteurs pour être données [sic] en prix. Combien M. le Surintendant a-t-il envoyé de Devoirs»?

En 1876 fut établi, chez M. le Surintendant le Dépôt de livres. Le «Devoir,» cet excellent et pieux livre,» devait avoir la place d'honneur dans ce «Dépôt,» dans les catalogues, les circulaires et les factures. Nous regardons, nous furetons partout et nous ne trouvons dans les circulaires comme dans les rapports du «Dépôt», comme dans les colis, que l'ami, l'enfant de famille Montpetit.

Le «dépôt», cet enfant mystérieux qui a préexisté et s'est survécu à lui-même, que vous pleurez comme Rachel pleura les siens, qui s'est multiplié comme un polype, renferme encore, chez M. le Surintendant ou chez MM. les secrétaires des commissaires d'écoles, des milliers de volumes. Combien y a-t-il d'exemplaires du «Devoir»? Peut-être pas un seul. Et M. le Surintendant ose consigner dans un document officiel que "quelques personnes se sont trompées en croyant qu'il recommandait Montpetit à l'exclusion du "Devoir"»! Quelles pièces de conviction exige donc M. Ouimet?

Et il ajoute: «Je n'exclus pas ce dernier ouvrage.» - le «Devoir». - Il y a trois manières d'exclure un ouvrage: la première est de n'en point pas parler, et M. Ouimet la pratique largement; la seconde est de lui substituer un autre ouvrage, et M. Ouimet a donné, à cet égard, des ordres formels; la troisième, c'est de le proscrire positivement, ce qui peut se faire directement ou indirectement. Directement, M. Ouimet, [sic] ne l'a point fait, que nous sachions, car il n'en pas le courage; et il sait, d'ailleurs, qu'il faudrait compter avec NN. SS. les évêques et avec MM. les curés qui ont l'oeil ouvert sur les agissements de ses agents. Indirectement, il l'a fait par ses Inspecteurs et par lui-même, selon que nous l'avons déjà démontré et que nous le démontrerons encore tout à l'heure.

«Le "Devoir" est de peu de valeur pour l'enseignement de la lecture.» Tel est l'avis de M. le Surintendant; NN. SS. ne semblent pas partager son avis sur ce point. Nos pères et nos contemporains ont appris à lire dans ce livre, car Montpetit ne date que de quelques années; l'avions-nous moins bien qu'aujourd'hui [sic]? Notre jeunesse a-t-elle fait, depuis l'introduction de Montpetit, de grands progrès dans l'art de la lecture? Depuis deux ans, Madame Pape-Carpentier a donné la main à Montpetit ; sommes-nous plus avancés? Hélas! non, si nous en jugeons par ce qui se passe sous nos yeux.

Et d'autre part, le «Devoir», «ce pieux et excellent livre» n'a-t-il pas, au point de vue chrétien, un caractère d'utilité, nous dirions de nécessité en ces temps malheureux, qui doit le rendre singulièrement cher à tous nos maîtres catholiques et plus spécialement à M. le Surintendant?

Pie IX écrivait à l'archevêque de Fribourg: «Rien, en effet, n'importe plus que d'inculquer à la jeunesse, et par tous les moyens possibles, les principes et les pratiques du christianisme. C'est surtout dans les écoles que les enfants de toutes les conditions de la société doivent être, dès leur âge le plus tendre, soigneusement instruits des mystères et des préceptes de notre religion, et formés dignement à la piété, à l'honnêteté des moeurs, à la religion et aux devoirs de la vie civile. Dans les écoles surtout, la doctrine religieuse doit tellement avoir la principale place en tout ce qui touche, soit à l'instruction, soit à l'éducation, que les autres connaissances données à la jeunesse ne semblent en être que les accessoires.» Et hier, Léon XIII disait aux évêques de France: «Il importe souverainement que les enfants nés de parents chrétiens soient de bonne heure instruits des préceptes de la foi, et que l'instruction religieuse s'unisse à l'éducation, par laquelle on a coutume de préparer l'homme et de le former dès le premier âge. Séparer l'une de l'autre, c'est vouloir, en réalité, que lorsqu'il s'agit des devoirs envers Dieu, l'enfance reste neutre; système mensonger, système par dessus tout désastreux dans un âge aussi tendre, puisqu'il ouvre, dans les âmes, la porte à l'athéisme et la ferme à la religion.»

Nous engageons M. le Surintendant à méditer ces solennels enseignements. Que lui paraîtra le devoir, s'il met dans un plateau de la balance la parole de Pie IX, de Léon XIII et les obligations de sa charge, et dans l'autre, le cercle de ses amis parasites et la misérable question du pot-au-feu?

«Il n'est pas gradué et il est d'un genre trop élevé pour l'enfance, comme je l'ai déjà dit au Conseil de l'Instruction publique», dit encore M. Ouimet.

Ces trois propositions sont d'une finesse de parlementaire. Disséquons-les successivement.

«Le devoir n'est pas gradué.» M. le Surintendant, en maître pédagogue, pose d'abord quelques principes sur la méthodologie. «La gradation dans l'enseignement, dit-il, est d'une nécessité absolue, et l'on ne saurait donner indistinctement la même nourriture aux intelligences presque naissantes et à celles qui sont formées.» Ceci est une vérité de M. de la Palissade: naturellement, les dents de lait poussent avant celles de la sagesse, et chacun de nous a porté la jaquette avant la culotte.

De ces principes, quelle conclusion M. le Surintendant va-t-il tirer? «C'est, ajoute-t-il, cette gradation des livres de Montpetit qui leur a valu l'approbation du Conseil et qui m'a déterminé à les recommander (c'est un euphémisme) dans toutes les écoles.»

M. le Surintendant a la mémoire courte. Dans sa séance du 21 octobre 1880, le Conseil de l'Instruction publique, présidé par M. Ouimet, coucha ceci dans son procès verbal sur les livres des Frères de la doctrine chrétienne:

«La série française des livres de lecture est recommandée.

«La série anglaise est recommandée. [p. 1]

«Le comité recommande ces deux séries comme étant BIEN GRADUÉES

«Le Comité croit devoir recommander l'approbation de la série française, vu que l'arrangement fait avec Montpetit est expiré depuis le mois de septembre dernier.» + E. A. Arch. de Québec Président.

M. le Surintendant a entendu, lu, signé, et proclamé ces déclarations. Si, comme il le dit, la gradation est la seule raison de ses tendresses pour la série Montpetit, pourquoi ce silence de mort à l'endroit de la série des Frères de la doctrine chrétienne? Pourquoi ne parler que du "Devoir" quand on sait que le "Devoir" n'est qu'un volume d'une série «bien graduée»? Pourquoi, jusqu'ici, le voeu du Comité, en ce qui concerne l'approbation de la série française, est-il resté à l'état de lettre morte? Une telle attitude chez M. le Surintendant ne tend-elle pas à prouver ce que chacun pense tout bas et que semble justifier le titre de son article sur cette matière: Nos livres de lecture"?

«Je l'ai déjà dit au Conseil de l'Instruction publique» - «Je l'ai dit»; Magister dixit! Ce «j'ai dit» ne [sic] révèle pas mal d'infatuation. «Je l'ai dit, donc c'est vrai» - Au désir du Président, le Conseil a dû s'incliner respectueusement et répondre: «Credo!» C'est, en effet, ce que nous affirme le procès-verbal de la séance du 21 octobre 1880. M. le Surintendant dit: Le «Devoir» est trop élevé pour l'enfance. NN. SS. répondent: «C'et un des meilleurs livres qu'on puisse mettre entre les mains de notre jeunesse; nous espérons le voir bientôt entre les mains de tous les enfants qui fréquentent l'école»?

«Mais il n'est pas gradué,» reprend M. le Surintendant.

«Ce livre, réplique le Comité du Conseil, n'est que le troisième de la série française; cette série est bien graduée et nous le recommandons à l'approbation du Conseil».

«De là à l'exclure, il y a loin; c'est une livre qui devrait se trouver surtout dans les écoles modèles où il peut contribuer grandement à former le coeur et l'intelligence des élèves.

Le "Devoir" est d'un genre trop élevé pour l'enfance.»

Est-il, pour l'enfance, beaucoup plus inaccessible que le Manuel d'agriculture du Dr Larue, que M. l'Inspecteur Bouchard fait mettre entre les mains des enfants qui sortent de l'ABC? Et, dans cette série française que recommande le Comité du Conseil, n'y a-t-il pas deux livres qui précèdent le «Devoir», le Syllabaire, dont on se sert même pour apprendre à lire Montpetit, et les Lectures courantes?

«Le "Devoir" est d'un genre trop élevé.» Les yeux faibles redoutent une lumière trop vive; dans notre temps, les vérités sont grandement diminuées parmi les enfants des hommes; tel est, ce nous semble, le secret de cette antipathie contre un livre tout éblouissant des clartés surnaturelles et rempli d'une doctrine substantielle trop forte pour nos intelligences mourantes aux vérités de la foi. Bientôt nos estomacs débiles ne pourront plus supporter que la bouillie de Mme Pape-Carpentier.

Avec M. le Surintendant, nous sommes convaincus que le «Devoir» «peut contribuer grandement à former le coeur et l'intelligence des élèves.» M. le Surintendant est trop bon pédagogue et éducateur pour ignorer combien le jeune âge est impressionnable, et que c'est dès le principe [sic] qu'on doit lui inculquer les notions élémentaires de religion: «L'homme moral, a dit de Maistre, est déjà formé à dix ans.»

Nous pensons donc avec Pie IX et Léon XIII «que dans les écoles les enfants de toutes les conditions de la société doivent être, dès l'âge le plus tendre, soigneusement instruits des mystères et des préceptes de notre sainte religion,» et avec Legouvé, nous concluons volontiers que si, pour nos enfants, «il y avait incompatibilité entre savoir lire et savoir prier, nous préférerions le savoir prier au savoir lire.»

Du reste, M. le Surintendant n'a point prouvé que les élèves qui lisent le «Devoir» soient moins avancés que ceux qui lisent Montpetit et Mme Pape-Carpentier. Si nous en jugeons par ce que nous voyons, les faits contredisent sa thèse. Dès lors que nos enfants possèdent bien le syllabaire, ils peuvent, sous un bon maître, aborder le «Devoir,» tout en apprenant à bien lire, se former le coeur et l'intelligence selon la méthode de nos pères, c'est-à- dire selon la méthode chrétienne.

Reléguer le «Devoir» dans les écoles modèles, c'est la pédagogie de Rousseau, qui, pour apprendre la religion à son élève attend que l'élève la sache lui-même

Est-ce là l'explication du fait que M. le Surintendant recommande si chaleureusement, dans son Rapport de 1881-82, le Journal de l'Education qui, l'an dernier, proposait à nos instituteurs catholiques les abominables productions pédagogiques que nous avons dénoncées à l'indignation publique?

Maintenant, que M. le Surintendant cherche à se couvrir dans sa campagne contre le «Devoir,» nous le comprenons; l'excuse est le premier mouvement naturel du pécheur. Mais, qu'il consigne dans un document officiel des paroles si peu en harmonie avec ses faits et gestes, nous ne saurions le laisser passer sans protestation.

«De là à l'exclure, il y a loin.» De là à ici, en cette question, il n'y a nulle distance; là et ici sont un même point, une hostilité manifeste contre «le pieux et excellent Devoir!»

Si M. Faucher dit de St Maurice trouve encore que nous calomnions son maître, qu'il veuille nous expliquer, sur cette question du «Devoir», le silence et la conduite de M. le Surintendant, le silence de presque tous les Inspecteurs et la conduite particulière de trois d'entre eux que nous nommerons au besoin.

La parole est à M. de St Maurice; nous nous réservons la réplique."

1884.05.10
[Tardivel, Jules-Paul]. "La lumière se fait", La vérité, 10 mai 1884, p. 1.

"Le curé d'une paroisse du bas du fleuve nous a écrit il y a quelque temps:

«L'article que vous avez publié le 22 [sic] mars en faveur de cet excellent livre intitulé: Le Devoir du Chrétien, m'a tellement plu que je vous envoie $1,50 pour un an d'abonnement à votre journal, la Vérité.

«J'ai lu cet article avec d'autant plus de satisfaction que j'ai eu à lutter avec monsieur l'inspecteur d'écoles de notre arrondissement au sujet de ce même livre.

«La grammaire des Frères a aussi une guerre à mort à soutenir de la part de ce brave homme. Bien qu'il soutienne, devant moi, qu'il ne peut pas interdire cette grammaire, cependant il fait la guerre aux institutrices qui l'enseignent.

«Intrigué de remarquer une telle opiniâtreté chez cet inspecteur, je lui ai enfin demandé s'il voulait éliminer la grammaire des Frères des écoles de ma paroisse parce qu'elle est faire par des religieux.

«Comme vous, je crois fermement qu'on veut laïciser l'instruction.

«L'an dernier, j'ai voulu avoir des soeurs des Petites Ecoles dans ma paroisse; mais monsieur l'inspecteur a tant mis d'obstacles à la réalisation de mon projet que je n'ai pu y réussir.»"

1884.08.01
xxx. "Bibliographie", Journal de l'instruction publique, 6, 8(1er août 1884):255.

"Nouvel abrégé de géographie moderne, à l'usage de la jeunesse, par l'abbé Holmes, revu, corrigé et considérablement augmenté par l'abbé L. O. Gauthier, ancien professeur d'histoire au Séminaire de Québec. 9e édition, 1884. 1 vol. in 12 de 352 pages, pleine reliure toile. J. B. Rolland & fils, Libraires-Editeurs, 12 et 14 rue St-Vincent.

C'est un volume qui, comme reliure et impression, est aussi beau que les autres livres classiques sortis récemment de l'établissement de M.M. J.-B. Rolland & Fils. Comme le 5e Livre de la Nouvelle série de Livres Graduée, par A. N. Montpetit, la Géographie de l'abbé Holmes est reliée en pleine reliure toile, avec les armes de la province de Québec en relief sur la couverture, et ne le cède en rien à celui-là pour le fini et la beauté.

Quant à son mérite comme livre classique, le succès toujours croissant et si bien mérité qu'ont obtenu les huit premières éditions de cet ouvrage, assure le prompt établissement de cette nouvelle édition. Après la révision si soignée à laquelle M. l'abbé Gauthier, ancien professeur au séminaire de Québec, a soumis la huitième édition, les éditeurs ont voulu que la neuvième soit aussi bonne au niveau des connaissances géographiques actuelles; ils ont confié cette tâche à une personne compétente, et l'ouvrage de MM. Holmes et Gauthier se trouve ainsi rajeuni et amélioré.

Depuis 1877, époque à laquelle cette géographie avait été corrigée la dernière fois, bien des changements se sont opérés dans les gouvernements de divers pays. Ce sont ces lacunes, qui existaient inévitablement dans les éditions précédentes, que M. Gauthier, en 1877, s'est efforcé de combler, et on peut dire qu'il avait complètement réussi dans cette tâche si aride et si remplie de difficultés. C'est l'ouvrage le plus complet et le plus récent, surtout après les nouveaux changements qui y ont été apportés cette année, qu'il y ait en son genre au Canada, et il serait à souhaiter qu'on le vit dans toutes les écoles modèles et les académies.

Ce n'est pas seulement en Canada que cet ouvrage a été apprécié. En France il a été adopté dans plusieurs établissements pour l'étude de la géographie de l'Amérique, et M. De Bonnechose, dans ses ouvrages sur le Canada, en parle comme étant la Géographie canadienne la plus complète et où l'on trouve les meilleurs renseignements et les plus justes sur tout ce qui a trait à l'Amérique.

Une autre qualité essentielle de cette Géographie, c'est qu'elle a été revisée [sic] de telle façon, qu'elle se trouve en harmonie avec le programme officiel de l'Université Laval et des collèges qui y sont affiliés, et qu'elle donne une foule de détails nécessaires aux élèves de nos maisons de'éducation classique, qui se préparent à subir les épreuves du Baccalauréat ès lettres."

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