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Sources imprimées

* * *

1883

xxx. Programme du cours préparatoire - Division trimestrielle des matières de l'enseignement - Ecoles des Frères des Ecoles chrétiennes, Canada. Montréal, J. Chapleau & fils, [1883?]. 20 p.

[Si Chapleau est l'imprimeur, l'éditeur ne peut être que la communauté. La répartition des matières à enseigner renvoie systématiquement aux manuels publiés par la communauté, même si on ne le dit pas expressément].

1883
xxx. Programme du cours élémentaire - Division trimestrielle des matières de l'enseignement - Ecoles des Frères des Ecoles chrétiennes, Canada. Montréal, J. Chapleau & fils, [1883?]. 33 p.
1883
xxx. Programme du cours moyen - Division trimestrielle des matières de l'enseignement - Ecoles des Frères des Ecoles chrétiennes, Canada. Montréal, J. Chapleau & fils, [1883?]. 33 p.
1883
xxx. Programme du cours supérieur - Division trimestrielle des matières de l'enseignement - Ecoles des Frères des Ecoles chrétiennes, Canada. Montréal, J. Chapleau & fils, [1883?]. 37 p.
1883
Ouimet, Gédéon. Rapport du surintendant de l'instruction publique de la province de Québec pour l'année 1881-82. Québec, Charles-François Langlois, 1883. xxiv, 319 p.

"Le fait principal qui se dégage de ces statistique officielles, c'est qu'il y a augmentation ou amélioration en tout et partout. L'an dernier, les statistiques étaient bien moins consolantes. On venait d'abolir le «Dépôt de livres,» et nos populations, abandonnées de nouveau à elles-mêmes pour l'achat des livres classiques, négligèrent déplorablement le premier de leurs devoirs dans l'administration des écoles, qui est de donner aux enfants toutes les fournitures nécessaires à leurs études. La conséquence immédiate fut une diminution du nombre des enfants étudiant les principales matières du cours primaires, l'histoire, l'arithmétique, la géographie, le dessin.

Pour conjurer le mal et remplacer dans une certaine mesure le «Dépôt de livres,» suivant les propres paroles de mon dernier rapport, j'ai exprimé le voeu que la législature votât une loi portant qu'à l'avenir les municipalités scolaires seraient obligées de pourvoir elles-mêmes les écoles de livres et de fournitures classiques. De fait, le gouvernement a déposé un projet de loi dans lequel se trouvait l'article suivant:

«2. Les municipalités scolaires, à part celles de Montréal et Québec, seront autorisées à pourvoir les écoles tenues sous leur contrôle, des fournitures classiques nécessaires, et à distribuer gratuitement aux enfants inscrits sur le journal de classe, les livres, les ardoises, les cahiers, les crayons, l'encre et toutes autres choses nécessaires ou utiles à l'enseignement; et les dites municipalités devront acheter le tout avec leurs propres fonds.

Si un enfant perd, détruit ou détériore, de manière à les rendre inutiles, ses livres ou fournitures classiques, il aura à payer ceux qui lui seront remis à la place par la municipalité.

Il sera du devoir des titulaires des écoles tenues sous contrôle d'informer, le premier jour de chaque mois le secrétaire-trésorier des commissaires ou syndics, du nombre d'enfants qui manquent des livres ou fournitures requis.»

Mais cette loi, votée à l'unanimité par l'Assemblée Législative, a échoué au Conseil Législatif par suite de certains malentendus dont je ne puis me rendre compte." (p. viii-ix).

"NOS LIVRES DE LECTURE.

Les livres de lecture graduée de Montpetit ont produit beaucoup de bien dans le pays. Sans être parfaits, ils sont exécutés d'après les vrais principes. La gradation dans l'enseignement est d'une nécessité absolue, car on ne saurait donner indistinctement la même nourriture aux intelligences presque naissantes et à celles qui sont déjà formées. C'est cette gradation des livres de Montpetit qui leur a valu l'approbation du Conseil et qui m'a déterminé à les recommander dans toutes nos écoles.

Je pourrais peut-être dire ici que certaines personnes se sont trompées en croyant que je recommandais ces livres à l'exclusion du Devoir du Chrétien, depuis longtemps populaire. Je n'exclus pas ce dernier ouvrage; je dis seulement qu'il est de peu de valeur pour l'enseignement de la lecture. Il n'est pas gradué, et il est d'un genre trop élevé pour l'enfance, comme je l'ai déjà dit au Conseil de l'Instruction Publique. De là à l'exclure, il y a loin: c'est un livre qui devrait se trouver surtout dans les écoles modèles, où il peut contribuer grandement a former le coeur et l'intelligence des élèves.

Le Conseil a aussi approuvé la série Robert, qui est vraiment d'un grand mérite et qui ne manquera pas avec le temps d'acquérir une des premières palaces sur la liste de nos livres d'école." (p. xiii-xiv).

Procès-verbal du comité protestant, séance du 31 mai 1882: "Après quelque discussion [sic], il est résolu à l'unanimité:

Que la liste des livres d'école approuvés soit réimprimée dans le «Educational Record,» et qu'il en soit commandé un tirage supplémentaire de mille exemplaires pour l'usage de ce comité." (p. 313).

1883
Smith, Walter. Technical education and industrial drawing in public schools - Reports and notes of addresses delivered at Montreal and Quebec. Montréal, Gazette printing gompany, 1883. 99 p.
1883.05.15

xxx. "Pédagogie - Le livre de lecture", L'enseignement primaire, 3, 10(15 mai 1883):109-111.

"M. L'abbé Lagacé, principal de l'école normale Laval, vient de publier une nouvelle édition de l'abrégé de son «Cours de lecture à haute voix.» L'impression, le papier, la reliure sont ce que [109] nous avons encore vu de mieux en fait d'ouvrage de ce genre. Ces avantages ne sont certainement pas à dédaigner, surtout pour un Manuel destiné à de jeunes enfants; car un livre bien imprimé leur plait toujours, et ils y lisent aussi avec beaucoup plus de facilité que si les caractères sont confus et les lignes embrouillées. Cette amélioration a encore le mérite d'être tout à l'avantage de l'acheteur, puisque le prix du livre n'est pas augmenté.

Nous profitons de l'occasion pour attirer tout spécialement l'attention de nos lecteurs sur le mérite de ce livre qui n'est malheureusement pas encore assez connu.

Faisons d'abord la distinction entre un livre fait pour apprendre aux élèves la bonne lecture et un autre destiné à leur apprendre des choses. Bien que chacun ait son mérite, l'un ne peut remplacer l'autre.

En sortant de l'Alphabet, l'enfant saint bien déchiffrer tous les mots, lire même de petites phrases avec une certaine facilité. Mais s'il tombe dans un livre où les règles de la pédagogie ont été négligées, si le premier chapitre est aussi difficile à lire que le dernier - et c'est ce que l'on voit très souvent - il se trouvera complètement dérouté, et même découragé.

Il est très important que le premier livre de lecture courante soit préparé de manière à ce que l'élève ne sente pas, entre ce dernier et l'Alphabet, la moindre transition.

C'est pourquoi une gradation rigoureuse doit présider au choix des morceaux, et surtout des premières leçons, dont les phrases seront courtes et mesurées.

Voilà pour la partie mécanique de la lecture.

Mais il est une autre gradation qui ne doit pas non plus être négligée, c'est le choix des sujets au point de vue du développement intellectuel des élèves.

Comme ces derniers se trouvent dans des conditions différentes, soit sous le rapport de la fortune, soit sous celui de l'éducation domestique qu'ils reçoivent, il importe que les sujets de lecture soient choisis dans un milieu qui leur est commun, qu'on leur parle de choses qui leur sont familières, qu'ils ont tous les jours sous les yeux; enfin, ici comme toujours, il faut procéder du simple au composé, du concret à l'abstrait.

C'est précisément la marche qu'a suivie M. l'abbé Lagacé dans son «Cours de lecture à haute voix

Qu'on en juge plutôt part la simple énumération des titres de la seconde partie:

L'Ecole, la Famille, la Maison, le Jardin, les Voisins, le Village, la Ville, les Autorités, les Prairies, le Cultivateur, les Forêts, les Plantes, les Elévations du sol, les Enfoncements du sol, les Animaux, l'Air, les Nuages, l'Orage, le Ciel, la Terre, le Soleil, la Lune, les Etoiles, la Division du temps, les Saisons, l'Homme, l'Etat, l'Eglise, Dieu.

Ce groupement des sujets est assurément la plus habile disposition pédagogique que l'on puisse désirer.

En effet, quoi de plus propre à développer l'intelligence de l'enfant que ces sujets si simples, pris au milieu des objets qui l'entourent et qu'il connaît déjà?

Quiconque a quelque expérience dans l'enseignement sait que l'intelligence de l'enfant est incapable, au début, d'atteindre les choses abstraites, qu'il faut la préparer graduellement, par une série d'exercices appropriés, à franchir l'espace qui sépare le concret de l'abstrait. Ainsi, rien ne peut être mieux calculé pour atteindre ce but que de suivre la marche indiquée ci-dessus. Elle est d'ailleurs conforme à cette maxime de l'Ecole: Nihil est in intellectu quod prius non fuerit in sensu.

Dans l'école, tous les objets sont à l'usage du pauvre comme du riche; c'est donc là que se trouvent les matériaux les plus simples et les plus convenables pour exercer l'intelligence de tous. Les premiers exercices mettent en éveil les facultés, leur donnent un certain degré d'activité et les préparent à passer à quelque chose de plus difficile.

De l'école, on conduit l'enfant dans la famille, dans le jardin, dans les champs, etc., etc., et enfin, lorsqu'il a remonté l'échelle degré par degré, on lui parle de l'âme, de l'église, de Dieu.

Il va sans dire que cet arrangement pédagogique n'exclut en rien les leçons de religion ni de morale que l'instituteur doit se faire un devoir de donner à ses élèves, petits ou grands.

Mais outre les qualités que nous venons de signaler, «L'Abrégé du cours de lecture à haute voix» [110] fournit encore aux enfants le moyen d'acquérir une bonne prononciation. Tout y a été disposé en vue d'obtenir ce résultat.

On trouve dans la première partie un tableau des sons et des articulations, de nombreux exercices sur les sons qui présentent le plus de difficulté, ainsi que des exercices vocaux à côté desquels les mêmes morceaux sont reproduits avec la prononciation figurée. On conçoit facilement l'importance de ces exercices. Ils habituent les élèves à surveiller leur langage, leur apprennent à bien prononcer une foule de mots et leur donnent de nombreuses règles qui les aident à vaincre beaucoup de difficultés de prononciation.

Quant à la troisième partie, c'est une mine inépuisable pour quiconque sait l'exploiter.

Dans la première comme dans la seconde partie, tout le soin du maître a dû se borner à faire acquérir à ses élèves une bonne prononciation, dans la troisième, il doit s'efforcer de les faire lire avec intelligence, avec âme, avec sentiment.

Le choix des morceaux est si heureux, que, maître et élèves éprouvent peu d'embarras à donner l'expression convenable.

Chaque leçon peut ensuite servir comme dictée, comme exercice grammatical, comme exercice mnémonique que l'on fera réciter au point de vue de la déclamation et enfin, comme sujet de composition.

Depuis quelques années, ici comme en France, on a compris la nécessité d'attacher une grande importance à la lecture à haute voix. Presque toutes nos communautés religieuses sont entrées dans ce louable mouvement, et les résultats sont des plus satisfaisants. Les candidats qui se présentent aux examens pour l'obtention de diplômes prouvent que les efforts faits par nos bonnes religieuses ont été couronnés de succès. Les instituteurs et les institutrices laïques ne doivent pas rester en arrière. Tous doivent se faire un devoir de faire acquérir à leurs élèves une lecture convenable et une prononciation aussi parfaite que possible.

Pour arriver à ce résultat, ils n'ont pas de meilleur moyen à prendre que de faire usage du «Cours de lecture à haute voix,» de M. l'abbé Lagacé.

N.-B. - Nous croyons devoir ajouter à ce qui précède l'appréciation suivante du même ouvrage par un inspecteur d'écoles.

Révd. P. Lagacé, Ptre,
Principal de l'école normal [sic] Laval, Québec.
Monsieur le Principal,

J'ai le plaisir d'accuser réception de votre précieux «Cours de lecture à haute voix» et pour lequel je vous offre mes plus sincères remerciements.

J'ai déjà eu occasion d'apprécier les heureux résultats de son introduction dans quelques-unes des communautés de mon district et notamment St. G., compté de B. J'ai pu constater qu'il avait fait disparaître, chez les élèves, cette faiblesse d'articulation qui est malheureusement si commune dans nos écoles.

Je croirai remplir un des mes plus importants devoirs en préconisant l'introduction de votre excellent livre dans toutes les écoles sous mon contrôle.

Je me souscris bien humblement,
Monsieur le Principal,
Votre respectueux serviteur,

1883.06.01
"Pédagogie - Le livre de lecture", L'enseignement primaire, 3, 11(1er juin 1883):125-127.

Dans notre dernier numéro, nous avons apprécié l'Abrégé du Cours de Lecture à Haute Voix de M. l'abbé Lagacé en en faisant connaître la portée pédagogique. Mais notre travail resterait incomplet, si nous passions sous silence l'autre partie de l'ouvrage destiné aux écoles normales, aux académies et surtout aux maîtres, puisqu'il est l'auxiliaire indispensable, la clef de voûte du premier.

Ce volume, composé de 359 pages, renferme toute la matière du petit; et en tête de chaque morceau se trouve la prononciation figurée de tous les mots qui peuvent offrir quelque difficulté.

Soixante morceaux forment la seconde partie destinée à exercer les élèves dans les différents genres, tant en prose qu'en poésie. Le choix de ces morceaux est des plus heureux et des plus propres à atteindre le but que s'est proposé l'auteur.

Un traité de prononciation de quarante quatre [sic] pages termine le volume. On trouve là une foule de règles générales s'appliquant à tous les mots de la langue.

Voyons maintenant comment il faut se servir de ce Manuel et quel profit on peut en tirer.

Parmi nos instituteurs et nos institutrices, il en est qui ont étudié la lecture à haute voix sous un professeur, d'autres, et c'est le grand nombre, n'ont jamais eu cet avantage. Pour ces derniers, ce n'est pas chose aisée que d'arriver seuls à bien lire et se mettre en état d'apprendre aux autres cet art si difficile. Cependant avec du travail, de la bonne volonté, et surtout de la patience, on peut, au moyen d'un bon guide, parvenir à se corriger de ses principaux défauts et les corriger aussi chez les enfants.

Ces défauts sont signalés par M. l'abbé Lagacé, dans la préface de son livre, de la manière suivante:

«1. Nous n'articulons pas assez en lisant ou en parlant. Ce défaut est surtout sensible lorsque nous laissons tomber la dernière syllabe du mot ou le dernier mot de la phrase, qui sont, pour ainsi dire, comme l'âme du discours. [125]

2. Nous donnons mal plusieurs sons de la langue; par exemple, les voyelles nasales in, an, un, on, la diphtongue oi et l'è ouvert grave.

3. Nous faisons graves la plupart des a aigus et trop graves ceux qui doivent l'être.

4. Nous traînons sur les mots. Nous ne parlons pas notre lecture, nous la chantons.

Ajoutez à cela le grasseyement, qui est assez commun dans certaines localités, et vous aurez une idée de nos principaux vices de prononciation.

Ces défauts, comme on le voit, ont d'autant plus de portée, qu'ils s'attaquent aux éléments mêmes de la langue, aux sons; de sorte qu'il y a bien peu de mots qui n'en soient affectés d'une façon ou d'une autre.

Chacun d'eux pris isolément est peu de chose; mais par leur nombre et leur fréquent retour, ils enlèvent à la langue française cette netteté, cette élégance et cette souplesse qui en font le charme et la beauté. Certes, la langue française est belle; mais parlée de cette manière, elle ne peut pas l'être.

Tout le monde doit donc avoir à coeur de faire disparaître ces taches; et les instituteurs n'ignorent pas que c'est pour eux un devoir.

Le Cours de Lecture à Haute Voix qui aujourd'hui est mis à leur disposition, rendra ce travail plus facile.»

Celui donc qui veut étudier seul la lecture à haute voix, doit d'abord se procurer le livre dont nous parlons, en lire attentivement la préface et constater par lui même [sic] l'exactitude des observations qu'elle renferme.

Le premier pas à faire ensuite sera d'étudier le tableau des sons et des articulations, dont la connaissance pour bien lire est aussi indispensable que celle des notes de la gamme pour bien chanter. Mais il est plusieurs de ces sons que nous prononçons d'une manière défectueuse, tels que l'e ouvert grave que nous portons quelque [sic] fois jusqu'à l'a aigu, in que nous prononçons nasalement, un, qu'un grand nombre prononcent in, la diphtongue oi à laquelle nous donnons le son dans certains mots. Le meilleur moyen de corriger ces défauts est de choisir pour type un mot que nous prononçons généralement bien, par exemple pour l'é ouvert grave le mot est, pour oi, loi. Comme on dit loi, disons moi, toi, soir; comme poire, disons poisson, poison, boisson, et non poéçon, boéçon, poéson.

Dans des leçons pratiques que nous nous proposons de publier prochainement sur ce sujet, nous donnerons des mots choisis et propres à faciliter l'étude de chaque son.

Quant aux articulations, lisez attentivement le no 1 de la citation ci-dessus, et vous vous convaincrez, qu'en effet, nous articulons avec une mollesse décourageante.

Pour se débarrasser de ce défaut, on doit s'astreindre à des exercices spéciaux.

Démosthènes, pour corriger une prononciation défectueuse, se mettait des petits cailloux dans la bouche, et après s'être essoufflé à courir sur le rivage, il s'arrêtait tout à coup et récitait avec volubilité quelque morceau d'un ton de voix assez élevé pour dominer le bruit des flots.

Nous ne conseillons pas le même moyen, car nous n'avons pas la prétention de vouloir former des Démosthènes, mais nous dirons à ceux qui veulent acquérir une articulation nette et distincte, achetez quatre boules en caoutchouc et mettez en deux dans chaque côté de la boute, toutes les fois que vous prendrez un exercice de lecture à haute voix. L'effort que vous devrez faire pour bien prononcer, avec embarras, fera disparaître la mollesse de prononciation. C'est aussi un excellent moyen pour corriger le bégaiement. (On peut se procurer ces boules à l'école normale Laval au prix de 20 cents les quatre).

L'exercice vocal intitulé: La mort des Templiers est bien le meilleur que vous puissiez choisir pour commencer. Lisez le tout haut, bien lentement, tous les jours et plusieurs fois par jours [sic], si c'est possible. Prêtez une oreille attentive à votre prononciation, écoutez-vous, observez-vous. Suivez le texte à droite qui donne la prononciation figurée; faites bien sentir toutes les syllables [sic] et surtout les finales, car notre défaut à nous, Canadiens, est de les laisser tomber. Appuyez fortement sur les articulations che, fe, ve, pe, et sur les r, comme: Pour mériter l'honneur, etc. Surtout sur les articulations finales.

Cet exercice est purement mécanique et n'a presque rien à faire avec l'expression.

Après avoir pratiqué cet exercice vocal pendant [126] quelque temps, vous vous apercevrez que vous avez fait des progrès. Cependant il ne faudra pas vous arrêter en chemin, mais le continuer toujours et ajouter d'autres morceaux dont vous tâcherez de donner l'expression.

A cet effet, choisissez pour commencer quelque chose de fort simple; lisez, relisez jusqu'à ce que vous soyez bien pénétré des sentiments de l'auteur. Lisez-le ensuite à haute voix, bien lentement, en variant votre ton de voix, en accentuant les mots destinés à produire quelque effet.

Il faut aussi attacher une grande importance à la ponctuation, non pas seulement celle de la grammaire, mais celle du sens; car on ponctue avec les paroles comme on ponctue avec la plume.

Nous ne saurions mieux terminer cet article qu'en rapportant l'anecdote suivante:
Un jour un professeur de lecture et de déclamation voit arriver chez lui, comme élève, un jeune homme assez satisfait de lui-même.
- Vous désirez prendre des leçons de lecture? monsieur?
- Oui, monsieur.
- Vous êtes-vous déjà exercé à lire tout haut,

- Oui, monsieur, j'ai récité beaucoup de scènes de Corneille et de Molière.
- Devant tout le monde?
- Oui, monsieur.
- Avec succès?
- Oui, monsieur.
- Veuillez prendre dans ce volume de La Fontaine la fable: Le chène [sic] et le roseau. L'élève commença:
- Le chène [sic] un jour, dit au roseau ...
- Très bien, monsieur, vous ne savez pas lire.
- Je le crois, monsieur, reprit l'élève un peu piqué, puisque je viens réclamer vos conseils, mais je ne comprends pas comment sur un seul vers ...
- Veuillez les recommencer:
- Le chène [sic] un jour, dit au roseau ...
- J'avais bien vu que nous ne saviez pas lire.
- Mais ...
- Mais, reprit Samson avec flegme, c'est ainsi que s'appelait ce professeur, est-ce que l'adverbe se joint au substantif au lieu de se joindre au verbe? Est-ce qu'il y a des chènes [sic] qui s'appellent un jour? - Non - Eh bien alors, pourquoi lisez-vous Le chène [sic] un jour, dit au roseau ...Lisez donc: Le chène [sic], virgule, un jour, dit au roseau...
- C'est pourtant vrai s'écria le jeune homme stupéfait.
- Si vrai reprit son maître avec la même tranquillité, que je viens de vous apprendre une des règles les plus importantes de la lecture à haute voix, l'art de la ponctuation.
- Comment, monsieur, on ponctue en lisant?
- Eh! Sans doute! Tel silence indique un point, tel demi-silence, une virgule, tel accent, un point d'interrogation; et une partie de la clarté, de l'intérêt même du récit, dépend de cette habile distribution des virgules et des points que le lecteur indique sans les nommer, et que l'auditeur entend sans qu'on le lui nomme."

1883.08.03
xxx. "Instruction publique", Le journal de Québec, 3 août 1883, p. 2.

"On lit dans le Pionnier de Sherbrooke:

[...].

L'honorable fonctionnaire [Gédéon Ouimet] insiste encore sur la nécessité qu'il y a pour les municipalités de se munir d'une série de livres d'école d'un type uniforme et, afin d'atteindre son but avec certitude, il demande à chaque municipalité scolaire de lui adresser une liste des livres approuvés par le conseil de l'instruction publique, dont elles font usage et parmi ceux-ci, M. le surintendant fera un choix qui sera considéré comme définitif et devra à l'avenir servir de guide dans le choix des ouvrages à faire par les municipalités scolaires.

La circulaire engage ensuite les commissaires à adopter un cours d'études uniforme dans leurs écoles élémentaires."

1883.08.25
[Tardivel, Jules-Paul]. "La littérature de M. Ouimet - Premier article", La vérité, 25 août 1883, p. 1.

"Nous n'avons pas l'habitude de lire les nombreux livres bleus que nos gouvernements font imprimer chaque année, à la grande joie de certains éditeurs de journaux et à l'usage de M.M. les épiciers. D'ordinaire ce qu'il peut y avoir d'intéressant dans ces différents rapports est tellement noyé dans un déluge de phrases et de chiffres inutiles que personne n'a le courage d'ouvrir ces immenses volumes.

La littérature de M. Ouimet fait, pour nous, exception à la règle générale. Ses rapports ont beau être gros et pesants, nous les dévorons toujours avec avidité. Le sujet est intéressant par lui-même; et de plus les écrits de M. Ouimet ont un attrait tout particulier pour nous. Le digne homme a l'air si content de lui, et il représente si bien l'Etat enseignant!

Mais ouvrons le dernier volume de M. le surintendant de l'Instruction publique, celui porte la date 1881-82.

M. Ouimet commence par donner la statistique scolaire, et il constate une «augmentation ou une amélioration en tout et partout».

Puis il ajoute:

«L'an dernier, les statistiques étaient bien moins consolantes. On venait d'abolir le "Dépôt de livres" et nos populations, abandonnées à elles-mêmes pour l'achat des livres classiques, négligèrent déplorablement leurs premiers devoirs dans l'administration des écoles, qui est de donner aux enfants les fournitures nécessaires à leurs études. La conséquence immédiate fut une diminution du nombre des enfants étudiant les principales matières du cours primaire, l'histoire, l'arithmétique, la géographie et le dessin.

«Pour conjurer le mal et remplacer dans une certaine mesure le "Dépôt de livres", suivant les propres paroles de mon dernier rapport, j'ai exprimé le voeu que la législature votât une loi portant qu'à l'avenir les "municipalités scolaires seraient obligées de pourvoir elles-mêmes les écoles de livres et de fournitures classiques. De fait le gouvernement a déposé un projet de loi dans lequel se trouvait l'article suivant:»

Puis vient l'article deux du fameux projet de loi que l'on connaît. Seulement, dans ce projet de loi tel que M. Ouimet le donne on lit: «les municipalités scolaires ... seront «autorisées à pourvoir les écoles, etc,» tandis que, dans la rédaction primitive , on voyait obligées, au lieu d'autorisées; mais le gouvernement, pour ne pas soulever une trop forte tempête, dut renoncer à cette propre parole de M. Ouimet.

Comme nous l'avons fait remarquer dans le temps, cette clause, même modifiée en remplaçant obligées par autorisées, laissait beaucoup à désirer, car elle n'offrait aucune garantie aux religieux enseignants; une municipalité scolaire, mal disposée, aurait pu, grâce à cette disposition de la loi, créer des misères aux frères et aux soeurs, en leur imposant les livres inférieurs aux leurs.

Et ceux qui ont tant lutté pour faire abolir le fameux "Dépôt de livres" doivent être très fiers de voir que M. le surintendant a voulu, par ce petit projet de loi perfide, rétablir, à la sourdine, cette institution qui a donné lieu à tant et à de si graves plaintes.

Dans les quelques lignes que nous venons de citer on voit percer la manie du jour, l'idée socialiste qui germe dans tant de cerveaux, et que M. Ouimet propage, peut-être dans le savoir: c'est le système radicalement faux par lequel on veut faire de l'Etat la ménagère, la cuisinière, l'épicier et le tailleur de chaque famille.

Pourquoi l'Etat se chargerait-il plutôt d'acheter les livres dont les enfants ont besoin que de leur procurer leurs habits et leur nourriture.

Si le gouvernement entreprenait de forcer les gens à habiller leurs enfants tous de la même façon sous prétexte d'économie, s'il les obligeait de les nourrir de la même manière, sous prétexte que l'Etat a besoin de citoyens robustes et qu'il connaît mieux les règles de l'hygiène que la plupart des parents; s'il contraignait les cultivateurs à semer chaque année tant de blé, tant d'avoine, tant d'orge, tant de pois, à faire tant de foin, à nourrir tant de vaches, sous prétexte qu'il possède mieux que la majorité des agriculteurs la science agricole; si un gouvernements osait s'immiscer de pareille façon dans les affaires purement domestiques, il créerait une révolution dans la pays le moins turbulent.

Mais pourquoi, nous vous le demandons, l'Etat intervient-il, comme il le fait ici et ailleurs, pour imposer aux parents "l'uniformité de livres", sous prétexte qu'il connaît mieux qu'eux ce qu'il faut pour former des hommes?

Si l'habillement et la nourriture des enfants, si la manière dont chacun se loge ou cultive sa terre, si ces choses, de l'ordre purement matériel, sont des affaires domestiques ou particulières, des affaires qui ne sont nullement du ressort du pouvoir politique, à plus forte raison l'éducation des enfants, c'est-à-dire leur habillement et leur nourriture spirituels est exclusivement du domaine de la famille, régie par l'Eglise.

S'il serait ridicule pour l'Etat de vouloir imposer l'uniformité de l'habillement, de la nourriture des enfants, il est encore plus absurde et contre nature de le voir imposer l'uniformité des livres.

Seulement, comme on a habitué les populations à cette idée peu à peu, elle paraît moins grotesque.

Mais qu'on y réfléchisse un tantinet, et l'on se convaincra facilement que ce ne serait pas plus étrange d'entendre le secrétaire provincial ordonner aux parents de faire porter à leurs garçons des pantalons faits de telle étoffe, à leurs filles des jupons d'une longueur déterminée et de faire manger aux uns et aux autres telle quantité de soupe aux pois et telle quantité de crêpe au lard, que de voir ce brave M. Ouimet travailler sans relâche à imposer son uniformité de livres.

Pour éviter ces absurdités, qu'on se pénètre une bonne fois pour toutes de cette vérité sociale bien élémentaire, et que tant d'hommes publics semblent ignorer entièrement: c'est que l'Etat, le pouvoir politique, a pour mission de protéger l'Eglise, la famille et les individus dans l'exercice de leurs droits, dans l'accomplissement de leurs devoirs, mais qu'il ne doit, sous aucun prétexte, absorber ces droits , se charger de ces devoirs.

Nous revenons à M. Ouimet et à sa littérature.

M. le surintendant verse un pleur sur la non-réussite de son cher projet de loi destiné à centraliser davantage les affaires de l'éducation. Il dit:

«Mais cette loi, votée à l'unanimité par l'Assemblée législative, a échoué au Conseil législatif par suite de certains malentendus dont je ne puis rendre compte.»

Il est bon de rappeler ici, encore une fois, dans quelles circonstances cette loi a été votée à l'unanimité par l'Assemblée législative. Le projet, tel que le gouvernement l'avait d'abord soumis aux chambres, souleva une véritable tempête de protestations, non à l'Assemblée législative, car malheureusement les députés ne s'occupent guère de ces questions-là, mais parmi ceux qui forment l'opinion au dehors, parmi les membres du clergé et les laïques un peu clairvoyants. Le projet fut modifié. Mais il n'aurait pas été voté à l'Assemblée législative, même dans sa forme modifiée, si le gouvernement n'avait pas promis qu'il serait encore modifié dans [sic] le Conseil législatif. C'était un procédé très imprudent de la part de la chambre basse que de laisser passer un projet de loi reconnu imparfait, mais enfin les choses se sont passées ainsi.

Heureusement, le Conseil a étouffé ce mauvais bill, car malgré les changements qu'on y avait apportés à la dernière heure, il était encore centralisateur et dangereux.

M. Ouimet dit qu'il ne peut pas se [sic] rendre compte des malentendus qui ont fait échouer son petit projet de loi au Conseil législatif.

Nous pouvons facilement lui indiquer ces malentendus: Ce sont les protestations vigoureuses des catholiques, l'intervention si opportune de l'autorité religieuse, les cris d'alarme d'une certaine presse, comme l'appelait M. Chapleau dans sa colère impuissante. Voilà les malentendus, M. Ouimet, qui nous ont préservé de ce projet de loi audacieux et perfide.

Puissent ces mêmes malentendus se produire chaque fois que vous et vos gens reviendront à la charge avec vos projets de loi pour empiéter sur les droits de l'Eglise, les droits des pères de famille, les institutions locales."

1883.09.08
[Tardivel, Jules-Paul]. "La littérature de M. Ouimet - Deuxième article", La vérité, 8 sept. 1883, p. 2-3.

"Laissons de côté, pour un instant, l'étude du dernier livre bleu de M. Ouimet, pour jeter un coup d'oeil sur un autre genre de littérature que M. le surintendant de l'Instruction publique aime à cultiver.

Nous accusons M. Gédéon Ouimet, surintendant de l'instruction publique de la province de Québec, de travailler systématiquement, mais sourdement, contre la volonté clairement exprimée du comité catholique du conseil de l'Instruction publique, de fouler aux pieds, avec un souverain mépris, les désirs de l'épiscopat.

L'accusation est grave et formelle, et nous allons la prouver de manière à convaincre le plus incrédule.

Etablissons d'abord quelle est la volonté du comité catholique, c'est-à-dire des évêques de la province de Québec. Il s'agit de la fameuse uniformité des livres dont nous avons déjà parlé.

Le Comité catholique du Conseil de l'Instruction publique, dans sa séance du 21 octobre 1880, a adopté la résolution suivante.

«Il est proposé par Mgr de Rimouski, secondé par l'Evêque de Montréal:

«Considérant qu'à sa dernière session, la Législature de cette province a passé un acte pour l'abolition du Dépôt de livres, dans lequel ont été introduites des clauses concernant ce Conseil et l'approbation des livres à l'usage des écoles.

«Considérant que ces clauses ont été introduites sans que le Surintendant ni les membres de ce Conseil aient été consultés ou aient eu occasion de faire connaître leurs objections;

«Qu'il soit résolu que le Comité Catholique de ce Conseil, présente une humble requête à la dite Législature, à sa prochaine session, lui représentant:

«1 Que dans l'opinion de ce Conseil l'adoption d'un seul ouvrage pour chaque branche d'étude dans toutes les écoles de même degré présente des difficultés insurmontables dans la pratique;

«2 Qu'elle tend à froisser les communautés religieuses, dont plusieurs ont d'excellents ouvrages propres à leurs classes; - à nuire considérablement aux auteurs dont les ouvrages sont déjà approuvés, aussi bien qu'aux libraires qui on ont beaucoup à vendre, et qui, d'ici à un an, sont exposés à des pertes considérables et immenses par la défense d'employer dorénavant ces livres dans les écoles de la province; - à étouffer la louable émulation qui devrait exister entre les diverses institutions d'éducation pour le choix des meilleurs ouvrages; - à arrêter les efforts vers le progrès et l'amélioration des livres et des méthodes;

«3 Qu'une mesure d'une telle sévérité n'a encore été adoptée dans aucun pays, à ce que croit ce Comité. En France, en Belgique, en Prusse, etc, il est laissé une pleine liberté de choisir entre les divers ouvrages approuvés pour chaque matière;

«4 Que, si la trop grande multiplicité d'ouvrages peut offrir peut-être des inconvénients, il est encore plus dangereux de tomber dans l'accès [sic] contraire en restreignant le nombre à un seul pour chaque branche;

«5 Que ce comité a déjà passé des règlements obligeant à ne se servir dans chaque école que d'un seul et même livre pour chaque classe d'élèves;

«6 Qu'il est à propos de tenir compte de la préférence que l'on peut avoir, dans les différentes parties de la province, pour certain ouvrage plutôt que pour tel autre, l'appréciation des livres étant une chose bien délicate, qui dépend de beaucoup de circonstances de lieux et de personnes;

«7 Que l'adoption d'u seul ouvrage pour chaque matière donnerait naissance à un monopole odieux, et peut-être à des spéculations scandaleuses;

«8 Que pour toutes ces raisons, ce Comité prie respectueusement la législature d'abroger toutes les clauses de la dite loi concernant l'approbation des livres. Adopté.»

Ce qui précède est extrait du rapport de M. Ouimet pour l'année 1879-80, appendice no VII. M. le surintendant ne peut donc pas prétexter ignorance de cette résolution.

Il est vrai que la législature n'a pas fait droit à la demande du Comité catholique. C'est un des grands torts que nous reprochons au régime actuel. Que M. Sénécal fasse seulement un signe, les chambers [sic] se mettent aussitôt en branle pour accorder ce qu'il demande. Mais que les évêques protestent contre une mauvaise loi, qu'ils en demandent solennellement la modification, ministres et députés font la sourde oreille!

Et l'on appelle cela un régime conservateur!

Mais passons.

La loi n'a pas été modifiée, mais M. Ouimet ne pouvait ignorer la protestation du Comité catholique contre le monopole, contre sa chère uniformité des livres. A-t-il respecté cette protestation? S'est-il conformé, autant que possible, au désir du Comité? Malheureusement non. Loin de là, il a fait tout en son pouvoir pour créer ce "monopole odieux" dont parle la résolution citée plus haut. C'est ce qu'il nous reste à prouver. La tâche est facile.

Après l'abolition du dépôt des livres en 1880, M. Ouimet à [sic] cherché aussitôt à le rétablir dans sa forme la plus odieuse, celle du monopole. Il a échoué en 1880 au congrès pédagogique. Puis vient la protestation des évêques en octobre 1880. M. Ouimet semble un instant converti; mais les bills de 1881 et de 1882 reviennent sur ce point: On demande que les commissaires soient chargés de fournir les livres et les effets classiques, à condition - sous- entendue - qu'ils ne prendront que les ouvrages des amis. Les fameux bills sont étouffés au passage. Alors M. Ouimet, n'osant, comme Jules Ferry, lancer des décrets, lance des circulaires, qui ont, paraît-il, le même effet.

C'est dans son oeuvre de prédilection, la circulaire, que nous allons contempler M. Ouimet aujourd'hui.

D'abord, voici des notes qui ont été couchées sur le registre de M.M. les commissaires d'école de X par M. l'inspecteur Z; nous supprimons les noms pour ne pas exposer inutilement de braves gens aux foudres de M. Ouimet. Mais nous garantissons l'authenticité de des notes. Voici: -

8 janvier 1883 - On pourra continuer partout où on le trouvera bon, l'usage du "Devoir du Chrétien" comme livre de lecture pour les classes avancées, à la condition que l'on fasse usage du premier livre de Montpetit pour les élèves des classes inférieures.

8 janvier 1883 - Les cartes géographiques doivent être celles imprimées par le département publique.

10 mai 1883 - Le département de l'Instruction publique a transmis aux Inspecteurs les ordres les plus formels d'exiger, dans chaque école, l'enseignement de toutes la matières du programme scolaire et, notamment de l'Agriculture, du Dessin et de la Tenue des Livres, sous peine, pour M.M. les commissaires, de perdre l'octroi, dans le cas de défaut par eux, de se conformer aux exigences de la loi. Le département exige aussi que je presse l'introduction dans toutes les écoles des livres de lecture de Montpetit. Je désire qu'à l'avenir on se dispense d'introduire dans les écoles d'autres livres que ceux-là tout en permettant aux élèves de se servir des autres livres actuellement en usage jusqu'à ce que ces livres soient usés. M.M. les commissaires sont priés de pourvoir aux besoins qui leur sont signalés ci-dessus.

Voilà déjà, n'est-ce pas, un joli commencement de preuve par écrit. Mais ce n'est pas tout.

On nous assure que les instituteurs et les institutrices de Montréal ont reçu défense de se servir des livres des Frères! A Trois-Rivières, même défense et ordre d'introduire les ouvrages préconisés par M. Ouimet. Les instituteurs et les institutrices se plaignent de cette tyrannie, pire que celle qu'exercent les gouvernements français belge et prussien, et dans plusieurs municipalités scolaires, on renoncera à l'allocation du gouvernement, plutôt que d'accepter les ouvrages imposés par les inspecteurs, agissant d'après les ordres de M. Ouimet.

Mais ce n'est pas encore tout.

Vers la fin de juillet dernier, le Pionnier de Sherbrooke a publié un article que le Journal de Québec reproduisait le 3 août dernier. Dans cet article on lit ce qui suit:

«L'honorable M. Ouimet, surintendant de l'Instruction publique, vient d'adresser aux autorités compétentes une circulaire par laquelle il édicte des mesures d'une incontestable utilité...

«L'honorable fonctionnaire insiste encore sur la nécessité qu'il y a pour les municipalités de se munir d'une série de livres d'école d'un type uniforme et afin d'atteindre son but avec certitude, il demande à chaque municipalité scolaire de lui adresser une liste des livres approuvés par le Conseil de l'Instruction publique dont elle fait usage, et parmi ceux-ci, M. le surintendant fera un choix qui sera considéré comme définitif et devra, à l'avenir, servir de guide dans le choix des ouvrages faits par les municipalités scolaires

Voila plus d'un mois que cela a paru dans les journaux, et M. Ouimet ne l'a pas contredit. Sans d'autre preuve, on serait donc pleinement justifié de croire à l'existence de cet ukase, que Jules Ferry hésiterait encore à lancer, même en France, où pourtant l'Etat ne manque pas d'audace lorsqu'il s'agit de faire des entreprises criminelles contre les droits des parents.

Sous certains rapports, M. Ouimet peut en remonter à maître Ferry lui-même.

Après un mois de patientes recherches, nous avons pu mettre la main sur cette dernière circulaire, grâce à l'aide d'un ami. Le texte que nous avons sous les yeux est en anglais; nous n'avons pu nous procurer une version française de ce précieux document. Pour que l'on ne puisse pas nous accuser de l'avoir embellie en la traduisant, nous donnant [sic] cette circulaire telle que nous l'avons reçue. En voici la partie qui concerne l'uniformité des livres: -

Circular to school commissioners and trustees

II. A UNIFORM SERIES OF AUTHORIZED TEXTBOOKS. It is the duty of School Commissioners and Trustees to provide that no other books be used in the schools under their jurisdiction than those approved and recommended by the Committees of the Council of Public Instruction. Moreover since two or more text-books have beed [sic] authorized for each of the elementary subjects of the School Course, it frequently happens that the pupils of a school belonging to the same grade are provided with different text-books on the same subject, to the great inconvenience of the teacher and to the injury of their school. It is evident therefore that in order to secure a uniformity of books in each school of a municipality it is necessary for the school Commissioners or Trustees to select from the list of authrorized books a list of books for the use of their respective municipalities, naming only one book or one grade set of books in each subject. You are therefore requested to prepare, at your earliest convenience, a list of books for use in the schools of your municipality and to give notice that you will insist upon the exclusive use of the books of the list after the first of July 1884. The School Inspector for your municipality will be able to give you valuable assistance in the preparation of this list, a copy of which you are requested to forward to this Department not later than the first of July next.

As soon as your list has been prepared [2] it should be published in the local papers for the benefit of parents and local booksellers and your teachers should be instructed, when furnished with the list, to admit no NEW textbook not mentioned in the list into their schools and to exclude all text-books, not contained in the list from their schools after the first of July 1884, for the payment of the grant of your municipality will depend upon the prepared list being rigidly adhered to.

Cela est signé G. Ouimet, et porte la date du 3 avril 1883.

Pour aujourd'hui, nous avons peu de commentaires à faire. Nous aurons sans doute l'occasion de revenir sur cette importante question

Tous admettront, croyons-nous, que nous avons amplement prouvé notre accusation, savoir que M. Ouimet travaille systématiquement, mais sourdement, contre la volonté formellement exprimée du Comité catholique.

Nos évêques protestent énergiquement contre le monopole, contre l'uniformité des livres, et M. Ouimet, au moyen de circulaires, cherche à imposer ce monopole, cette uniformité des livres en menaçant les municipalités scolaires de la perte de leur subvention, si elles ne se soumettent à cette abominable tyrannie.

Il suffit, croyons-nous, de dénoncer cette odieuse tentative de la part du surintendant, pour que ceux qui sont en mesure d'y porter remède s'en occupent.

On voit, aujourd'hui, quel cas le régime actuel fait de l'opposition des évêques en matière d'éducation!

On voit, aujourd'hui, la nécessité d'une enquête sévère sur les agissements de M. Ouimet et de ceux qui le mènent, afin de prévenir les "spéculations scandaleuses" dont parle le Comité catholique.

Cette enquête, on ne l'aura pas avec le gouvernement actuel.

Enfin, ceux qui veulent réfléchir, comprendront pourquoi le gouvernement de Jules Ferry se montre si empressé de décorer les fonctionnaires de notre département de l'Instruction publique."

1883.10.01
xxx. "Nouvelle série de livres de Lecture graduée, en langue française, pour les écoles catholiques, par A.N. Montpetit. - Seule série approuvée par le Conseil de l'Instruction publique de la province de Québec et par NN. SS. Les Evêques du Canada", Journal de l'instruction publique, 3, 10(1er oct. 1883):319-320.

Les livres de lecture composant cette série sont au nombre de cinq: trois pour les écoles élémentaires, chaque volume est illustré. Les sujets sont traités d'une manière graduée et comprennent ce qui suit:

Pour les trois premiers livres, des morceaux de littérature en prose et en vers, choisis au point d vue moral et religieux; des lectures courtes et faciles à retenir, sur l'histoire et plus particulièrement sur l'histoire sainte, l'histoire du Canada et sur l'agriculture, spécialement appropriées aux besoins du pays; pour les deux derniers livres, des morceaux de littérature et de poésie, d'un ordre plus élevé, choisis au même point de vue moral et religieux; des lectures sur les mêmes sujets, mais plus étendues, et en sus, des notions sur les sciences, les arts et l'industrie.

Tous ces volumes sont illustrés de nombreuses vignettes, gravées expressément pour cette série.

Le premier livre de lecture, vol. format in-18, de 160 pages, texte encadré, illustré de 32 gravures, cartonnage, couverture imprimée. Prix, 12 c.

Le deuxième livre de lecture, vol. format in-18, de 240 pages, texte encadré, illustré de 40 gravures, cartonnage, couverture imprimée. Prix, 18 c.

Le troisième livre de lecture, vol. format in-18, de 320 pages, illustré de 50 gravures, cartonnage, couverture imprimée. Prix, 24 c.

Le quatrième livre de lecture, vol. format in-12, de 286 pages, illustré de 50 gravures, texte encadré, pleine reliure toile anglaise gaufrée. Prix, 40 c. [319]

Le cinquième livre de lecture, vol. format in-12, de 352 pages, illustré de gravures, texte encadré, pleine reliure toile anglaise gaufrée. Prix 50 c.

Méthode de lecture et de prononciation, préparée d'après la méthode de L.C. Michel, pour les écoles élémentaires, par Montpetit et Marquette; 1 vol. in-18, br., illustré de 63 vignettes; livre de l'élève, 4 c., livre du maître, 10 c.

Extrait du Rapport de l'honorable Gédéon Ouimet, surintendant de l'instruction publique, du 26 décembre 1882:

«Les livres de lecture graduée de Montpetit ont produit beaucoup de bien dans le pays; Sans être parfaits, ils sont exécutés d'après les vrais principes. La gradation dans l'enseignement est d'une nécessité absolue, car on ne saurait donner indistinctement la même nourriture aux intelligences presque naissantes et à celles qui sont déjà formées. C'est cette gradation des livres de Montpetit qui leur a valu l'approbation du Conseil et qui m'a déterminé à les recommander dans toutes nos écoles.

Je pourrais peut-être dire que certaines personnes se sont trompées en croyant que je recommandais ces livres à l'exclusion du Devoir du Chrétien, depuis longtemps populaire. Je n'exclus pas ce dernier ouvrage; je dis seulement qu'il est de peu de valeur pour l'enseignement de la lecture. Il n'est pas gradué, et il est d'un genre trop élevé pour l'enfance, comme je l'ai déjà dit au Conseil de l'Instruction publique. De là à l'exclure, il y a loin: c'est un livre qui devrait se trouver surtout dans les écoles modèles où il peut contribuer grandement à former le coeur et l'intelligence des élèves.»"

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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