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Sources imprimées

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1843

Meilleur, Jean-Baptiste. Rapport du Surintendant de l'Education du Bas-Canada, pour l'année 1842, mis devant le Conseil législatif, par ordre de Son Excellence le Gouverneur- Général, le 7 Novembre, 1843. S.l., s.n., n.d. 26 p.

"5e. D'après les considérations precédentes [sic], et ayant toujours en vue les mêmes principes, on arrive naturellement à des conclusions semblables relativement à l'usage des Livres Américains dans nos Ecoles et dans nos Académies. Ces livres sont très répandus dans le pays, et surtout dans les Townships de l'Est où je regrète [sic] de pouvoir le dire, leur usage est presque exclusif.

[p. 12]

Cependant, tout ce qui s'oppose à l'emploi des instituteurs Américains, s'oppose bien d'avantage à l'usage des livres venant des Etats-Unis, dans un sens politique et d'économie publique. Parceque [sic] si les instituteurs ont quelquefois la sagesse de se taire sur les principes de leur gouvernement et de leurs institutions, leurs livres, qui en sont partout remplis, ne garde [sic] pas toujours le silence sur ces choses toutes importantes dans l'estime des auteurs, et parcequ'ils courent chance d'être lus par mille personnes, pendant que l'instituteurs [sic] aura à peine celle de pouvoir parler librement à dix.

Il faut convenir encore que l'usage des livres américains contribue naturellement beaucoup à décourager les talens [sic] et l'industrie dans notre pays, et met, par le fait, un grand obstacle au progrès des arts et des sciences, à l'avancement de l'industrie et du commerce parmi nous.

Puis, sous le point de vue de l'économie publique, nous ne pouvons nous dissimuler que pour l'achat des livres Américains, il passe tous les jours à l'étranger des sommes immenses dont en retour la Province ne tire aucun profit, puisque nous avons l'avantage de posséder beaucoup d'excellents ouvrages indigènes, Canadiens, on peut dire, très propres à la propagation des sciences élémentaires dans les deux langues; puisque nous possédons des talens et des lumières que tous les jours un certain encouragement pourrait utiliser beaucoup dans ce sens, ou que nous pourrions nous procurer d'outre mer de semblables ouvrages dont la réimpression pourrait se faire facilement dans notre pays, laquelle permettrait aux éditeurs et aux imprimeurs de les offrir à grand marché aux parens [sic].

Il ne peut y avoir là dessus qu'un sentiment, qu'une opinion, car il est très certain que si l'usage de nos propres livres, ou de ceux d'outre mer que l'on jugerait à propos de faire réimprimer, était universel parmi nous, ils pourraient être vendus à très grand marché aux parens qui, en contribuant à encourager les talens et la presse Canadienne, trouveraient encore leur avantage à acheter les productions de leurs compatriotes ou de leurs co-sujets.

Nous avons encore l'avantage d'avoir parmi nous des fonderies de caractères, et de presses à imprimer et à copier, d'une très belle qualité, ainsi que des litographes [sic], des graveurs et des manufactures de papier et des ateliers qui sont à l'égal de ceux des Etats-Unis et de l'Europe.

Nous n'avons donc qu'à inviter les hommes de lettres et amis de l'éducation, ainsi que les imprimeurs, les commerçants et les négocians [sic] à mettre à contribution leurs lumières, leurs connaissances, leurs moyens et leurs efforts pour fournir aux enfans [sic] du pays les livres dont ils ont journellement besoin, et j'ôse [sic] croire que par un encouragement libéral dans le public, et dans la loi une disposition convenable à cet effet, nous pourrions sur ce point, presque nous suffir [sic] à nous-mêmes honorablement.

Or, quant à la disposition législative à laquelle je viens de faire allusion, j'ôse me flatter que Votre Excellence voudra bien recommander au Parlement Provincial qu'on l'effectue, en statuant qu'un fort impôt soit prélevé sur les livres Américains, et que l'usage de ces livres soit explicitement prohibé dans les Ecoles établies en vertu de la loi, sous peine de perdre l'allocation.

Le pays possède des intelligences et des talens dont l'exploitation pourrait grandement contribuer à la gloire du pays, comme au bien de ses habitans [sic], et la prohibition des livres Américains serait le moyen d'offrir aux talens et à l'industrie du pays, un encouragement et une protection extrêmement désirables qui, dans peu d'années, accéléreraient [sic] beaucoup l'avancement littéraire et commercial.

Cette mesure importante aurait encore le bon effet de limiter beaucoup l'usage des livres différens [sic] sur les mêmes sujets, et serait ainsi le moyen de préparer les voies à l'adoption d'un système de livres, dont chacun, unique sur le même sujet, suffirait à l'élève étudiant, ce qui serait une grande épargne de temps et de peines pour les enfans, et d'argent pour les parens, car les changemens [sic] fréquens [sic] de livres autant que de Maître dans les Ecoles, entraînent à une grande perte de temps et à beaucoup de dépenses inutiles.

Les Commissaires d'Education étant libres de choisir parmi les livres, que la loi laisserait à leur disposition, ceux qui leur conviendraient le mieux, feraient probablement tomber leur choix sur une seule espèce pour chaque sujet, s'ils prenaient là dessus l'avis du Surintendant qui, dans tous les cas, n'aurait toujours qu'une voix consultative et rien de plus.

Au reste, les rapports de l'an prochain feraient [sic] voir quels seraient les livres les plus en usage, ce qui mettrait le Surintendant à même d'en recommander l'adoption universelle dans le pays, chacun sur le sujet particulier dont il traite, et dans chaque langue."

[p. 13]

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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