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Sources imprimées

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1833

Lebrun, Isidore. Tableau statistique et politique des deux Canadas. Paris; Londres, Treuttel & Würtz, 1833. 538 p. ISBN 0-665-37217-5

"L'instruction publique

[...]

On annonçait [vers 1830] que au-dessous de Québec et de l'île d'Orléans jusqu'à l'île Verte, on apercevait le long du fleuve qui a de 18 à 20 milles de largeur, des troupes d'enfans cheminant avec des livres; (p. 182).

[...]

On espère que ces inspections [instituées par la loi de 1829 dite Loi des écoles de syndic] feront supprimer de mauvaises classes et pourvoir les écoles syndicales des livres et du matériel convenables. A 4 lieues de Saint-François, dans les profondeurs, de pauvres enfans, fort mal vêtus, ont paru à l'examen public de l'école que tient une femme, n'ayant que des fragmens de livres, qu'ils se passaient les uns les autres: les plus heureux possédaient quelques feuilles de papier pour écrire. (p. 186).

[...]

Et tandis que la routine entretient les préjugés du cultivateur, en publiant comme guides, des almanachs à la Matthieu Laensberg, elle réimprime pour les commençans de mauvais alphabets. En voici un dont l'auteur fait l'érudit pour les gravures de l'abécédaire, K, Koran, X, Xerxès; le théologien, en apprenant à des enfans 14 oeuvres de miséricorde corporelle et spirituelle, une prière de saint Ignace de Loyola, avec les quatre élémens qui composent notre globe. (p. 188).

[...]

L'écriture exécutée avec netteté, est plus [188] anglaise que française: on soigne beaucoup l'orthographe: comme dans nos écoles, on enseigne l'arithmétique sans application aux affaires usuelles: le calcul décimal ne prévaut point encore sur le vieux calcul français et britannique. Actif, laborieux, indolent par saison ou infatigable, le Canadien ne connaît pas bien l'emploi du temps: quoique positif, son esprit ne se concentre pas assez sur des intérêts actuels et sur un même sujet: il ignore l'arpentage et le tracé qui lui serviraient incessamment, ou il les connaît par l'usage, comme l'indigène par l'instinct; enfin, il lui faudrait des notions de la statistique agronomique, et il n'a encore sur l'économie rurale que des observations que la tradition a mêlées de préjugés.

L'enseignement élémentaire comprend les élémens de la grammaire française, aussi de la langue anglaise, des notions de géographie, d'histoire et d'arithmétique. Mais à en juger par les livres rédigés pour les enfans, la routine, plus que des méthodes raisonnées, préside à la classe; et des articles complaisans de gazettes annoncent des succès un peu suspects. Le Maître français, des abrégés de géographie, d'histoire, entretiennent les écoliers plutôt des pays étrangers et de l'antiquité que des annales et de la topographie de l'Amérique du Nord. En France aussi, des livres traduits de Franklin parlent de la Delaware à des villageois qui ne connaissent de tout le globe que la partie de l'Adour, de l'Orne ou de la Meuse qui traverse leur canton; et l'on croit faire de la morale pratique pour le Provençal et le Picard, avec des historiettes dont le lieu de la scène est un quartier de Paris. (p. 190).

[...]

Au séminaire de Québec, les commençans traduisent l'Epitome historiae sacrae, et récitent le jeu de la main chaude: ceux de la huitième débitent de l'Athalie de Racine, et discutent la mythologie. Les élèves de la sixième ont aussi leur discours d'entrée; et un dialogue. Un des discours de la quatrième traite de Napoléon. Les humanistes déclament des dissertations sur les divers genres de poésies, et des scènes du Bourgeois gentilhomme. Quoique l'étude du grec se réduise à traduire Ésope, ils se livrent à un examen de l'école grecque.

[...]

Et des maîtres instruits d'après le haut enseignement de Paris et de quelques universités allemandes ou britanniques, manquent dans le Canada. Des Français qui y ont cherché des ressources en improvisant des cours et des écoles, n'étaient élèves ni de l'école polytechnique, ni de l'école normale, ni de celle des mines: aucun n'avait pris des grades dans nos facultés. On a refait des grammaires, des traités d'arithmétique, de géographie, etc., mais sans les améliorer: c'est sans doute à cause de ces plagiats que la législature vient d'adopter en faveur de la propriété littéraire, un bill qui, autrement, semblerait être une anomalie avec l'état [201] présent dans le Bas-Canada. Plusieurs de ces institutions contribuent néanmoins à apprendre au pays les défauts de l'enseignement de ses séminaires-collèges: en général les méthodes britanniques, surtout celle de MM. Lancaster et Feinaigle de Dublin, sont plus suivies que les méthodes françaises." (p. 202).

[On peut consulter le texte intégral de cette publication dans le site Notre mémoire en ligne].

Page modifiée le : 17-05-2016
 

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